mirror of truth

(( appartement des nagao ))

le manque de sommeil, le manque de patience, yury était très souvent à fleur de peau, prisonnier de cet engrenage dont il ne parvenait pas à sortir, situation qui le tourmentait, qui jouait un peu trop sur son comportement parfois, sans même qu’il s’en aperçoive. il mangeait de moins en moins, cela devenait bien difficile pour lui, certaines journées étaient plus difficiles que d’autres. mais pas un jour ne passait sans que le dj ait besoin de ces petites pilules, il en prenait même de plus en plus fréquemment, fermant les yeux pour ignorer le fait que, peut-être, il y devenait accroc. ça n’avait pas d’importance pour lui, tout ce qu’il voulait, c’était assurer. assurer pour ses cours, pour son travail, tout en gardant un minimum la face, mais c’était parfois bien trop difficile pour lui, d’autant plus depuis que son couple commençait parfois à battre de l’aile. il n’avait pas spécialement très bien dormi, la nuit dernière, ces cernes présents sur son visage le prouvaient bien, il était même un petit peu à côté de la plaque mais il profita de son temps libre pour venir voir tadashi. leur relation ne vivait pas de très beaux jours en ce moment, ils se disputaient plus souvent que d’habitude mais ça n’empêchait pas le jeune chu de vouloir voir son petit-ami, après tout, des disputes et des périodes difficiles, tous les couples en vivaient, pas vrai ? kin l’avait fait entrer, l’avertissant de la présence de tadashi dans la salle de bain, yury se dirigea vers cette dernière, non sans lancer un regard vers la cuisine dans l’espoir d’y voir la mère de tadashi pour la saluer. elle n’était pas là, elle devait sûrement travailler, alors sans plus attendre, il toqua à la porte de la salle de bain. « tada? » pour être honnête, il ne prit pas le temps d’attendre une quelconque réponse qu’il poussa la porte, son regard se posa aussitôt sur le reflet dans le miroir, face à lui. le reflet du visage de son petit-ami, un peu trop abîmé à son goût. il fronça les sourcils d’inquiétude, refermant aussitôt la porte derrière lui. il s’approcha vivement de lui, ses pupilles s’écarquillèrent. « mais qu’est-ce qu’il s’est passé?! » lui demanda t-il. par réflexe, il approcha sa main de son visage avant de la retirer brusquement avant de le toucher, il ne voulait pas lui faire du mal, bien au contraire, mais l’inquiétude commençait à prendre le dessus, alors sans plus attendre, et rapidement, il vint se saisir d’un gant de toilette qu’il humidifia sous l’eau. « j’vais t’aider, attends. » il approcha doucement le gant toilette de son visage, formant une petite bosse grâce à son doigt se trouvant dessous, et frotta doucement le coin de sa bouche. là où se trouvait du sang un peu séché, grimaçant quelque peu. « mais c’est pas possible, tu t'es battu ?! qui t’a fait ça ?! » on pouvait y entendre toute la contrariété qu’il ressentait dans sa voix, lorsque la question fût posée.

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(( appartement des nagao ))

il y eut un bruit dans le couloir. des chuchotements, des paroles à peine audibles. tadashi n’y faisait pas attention, trop occupé à regarder l’état de son visage meurtri par quelques coups de poings qu’il n’a pas su esquivés. la boxe ça épargne pas, ça laisse pas de cadeaux quand on est pas concentré. ça vous loupe pas, et le mec en face de lui, il l’a pas loupé. pourtant, il les a encaissés les coups tadashi --il encaisse toujours-- mais voilà, les quelques uppercuts et les quelques droites ont laissés des traces. alors oui, il saigne, il a la lèvre coupée, un bleu sur la pommette droite, des marques qu’il va devoir cacher pour son boulot. un videur avec la gueule balafré, ça l’a fout mal. mais il pense aussi à sa mère qu’il veut pas inquiéter, parce qu’elle va s'inquiéter, il le sait ça aussi. elle sait bien que son fils se castagne pour ramener un peu d’argent pour payer des dettes qu’elle ne peut rembourser. la culpabilité elle la ressent mais elle connaît son fils, une vraie bourrique: impossible de le faire changer d’avis. tada? la douce voix de yury le fait tourné la tête vers la porte qui s’ouvre. pas le temps de cacher les dégâts que les yeux de son petit ami se posent sur lui. prit en flagrant délit. le plus jeune s’approche, tadashi ne sait pas quoi lui répondre. qu’est-ce qu’il s’est passé? il s’en doute, une bagarre comme toujours. mais c’est pas ça qui inquiète le plus vieux. lui ce qu’il redoute, c’est une nouvelle engueulade, un autre conflit. alors quand son petit ami s’approche timidement de lui, tadashi baisse la tête comme un enfant. yury attrape un gant qu’il humidifie et vient relever la tête du plus vieux pour apaiser sa coupure. le geste soulage, apaise une crainte qui grandissait dans ses tripes. yury semble si calme, si doux, tout le contraire de ce qu’il renvoyait ces derniers jours. le brun plonge son regard dans le sien, il lui offre un léger sourire. un silence et puis l’inquiétude revient dans le ton de sa voix. tadashi ferme les yeux un court instant avant d’attraper son bras et le baisser. « non… » dit-il en attrapant le gant qu’il déposa sur l'évier. « je veux pas qu’on s’engueule, pas aujourd'hui. » rien ne poussait à croire qu’ils allaient s’engueuler mais il avait peur de voir la situation dégénérée. il se recule jusqu’à l’évier contre lequel il s’appuie. une longue inspiration. « je vais tout t’expliquer, mais promet-moi qu’il y aura pas de dispute. » il relève la tête vers lui alors qu’il reprend le gant humide pour le coller contre l'hématome. il ne savait rien, yury, rien de tout ce qu’il faisait parfois les soirs où ils ne pouvaient se voir. tadashi a gardé le secret jusqu’ici, il n’aurait pas dû, c’est pour ça qu’il craint l’engueulade.

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(( appartement des nagao ))

et pourtant, avoir les bonnes réactions n'est plus quelque chose qu'il sait faire, plus ces derniers temps. irritable, parfois paranoïaque, de mauvais poil, un brin impulsif, tout ce qu'il ne le représente pas habituellement. il ne s'en rend pas compte, yury, il ne se rend pas compte du mal qu'il fait autour de lui, en portant ce lourd secret. mais il a peur, peur d'affronter les choses, peur de s'avouer être accroc à ces pilules, peur de sombrer. pourtant, l'inquiétude parvient à balayer tout ça, pendant un instant, il vient se saisir du gant de toilettes, retirant le sang quelque peu séché se trouvant au coin des lèvres du plus vieux. concentré sur sa tâche, il relève le regard au moment où il peut sentir la main de tadashi se poser sur son bras, baissant sa main et rompant ainsi tout soin qu'il peut lui apporter. il fronce quelque peu les sourcils, il veut savoir ce qu'il s'est passé, pourquoi retrouve t-il tadashi dans cet état ? il suit le gant de toilette du regard un court instant, ne sachant pas vraiment où est-ce que tadashi souhaite en venir, mais le mystère s'évanoui bien vite au moment où tadashi reprend la parole. voilà, où ils en sont arrivés. pourtant, rien ne laisse à croire que cette conversation allait partir dans tous les sens, mais c'était ce qu'il se passait, le plus souvent. une habitude? une mauvaise habitude. la mine du dj se décompose quelque peu, alors que tadashi lui confirme tout lui dire, seulement sous la promesse qu'il n'y aurait pas d'engueulade. yury n'a malheureusement aucun contrôle sur ça ─ tout comme tada, ils étaient victimes de leurs engueulades devenues presque quotidiennes, et c'est attristant d'en arriver là. ça le rend fou, yury, il a l'impression de ne rien contrôler, quoi qu'il fasse, la dispute sera inévitable, pourtant, lui non plus n'a pas envie de ça. il n'a jamais eu envie de ça. « non, on ne va pas se disputer. » commence t-il, cette boule de tristesse coincé au fin fond de son ventre, alors qu'il ajoute, se rapprochant de lui: « promis. » il doit savoir ce qu'il se passe, coûte que coûte, mais quelque chose lui dit qu'il a toutes les raisons de s'inquiéter. peut-être que tadashi avait besoin de cette promesse, parce que sa révélation allait rendre yury dans tous ses états ? ou peut-être que ce n'est pas si grave que ça en a l'air. d'un coup, le voilà à réfléchir à ses moindres paroles. « dis-moi ce qu'il se passe, tada. » de la douceur, de l'inquiétude, une certaine supplique, voilà ce qu'on peut entendre au timbre de sa voix.

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(( appartement des nagao ))

se battre, tadashi l’avait toujours fait. que se soit sur le ring, dans les bars ou contre ses propres démons, il n’avait jamais cessé de le faire. ses poings avaient toujours été des armes pour lui, un moyen de se défendre contre tout ce qui lui arrivait en pleine gueule. c’était même une qualité --ou un défaut pour certain-- que son père lui avait transmit sans le savoir. même si ce dernier s’était assagi au fil des années pour montrer l’exemple à ses fils, il était tout aussi bagarreur que pouvait l’être tadashi. et, bien qu’il avait essayé de dompter la rage de son fils, il n’avait pu calmer la colère qui bouillonnait dans ses tripes. le japonais n’avait jamais su exprimer sa colère que par les poings ou les insultes sûrement parce qu’il était bien trop impulsif pour prendre du recul sur la situation. les années avaient beau avoir défilées devant ses yeux, c’était une habitude qu’il n’avait pas perdu. hors aujourd’hui, tadashi se battait pour sa famille, pour sa mère et un peu pour lui aussi. il n’était plus question d’évacuer une rage d’adolescent mais de faire vivre une famille qui ne tiendrait pas sans argent sale. malgré tout les efforts qu’il faisait pour gagner sa vie honnêtement, le brun se rendait bel et bien compte que l’illégalité rapporterait toujours plus que les petits boulots honnêtes. ses poings, ses muscles et sa sueur pour quelques biftons. c’était risqué d’aller contre les lois, il lui arrivait de se faire quelques frayeurs parfois mais rien ne l’empêcherait d’aider sa famille. pas même les coups qui lui brûlaient la peau à cet instant. des marques qu’il ne pouvait cacher à yury qui était entré quelques minutes plus tôt. tadashi ne lui avait rien dit, il était resté muet sur cette activité qu’il pratiquait en secret. maintenant qu’il était là, face à lui, inquiet, le japonais redoutait une nouvelle dispute. alors il lui fit promettre de ne pas s’énerver, de ne pas créer une nouvelle discussion qui se finirait dans un conflit dont ils n’ont pas besoin. yury ne mit pas longtemps à lui promettre, d’une voix douce, que tout irait bien, qu’il pouvait lui parler. tadashi afficha un sourire tendre le remerciant pour ça. d’un coup, il se sentait bien plus libre de lui avouer ses mensonges qu’il garde pour lui depuis quelques semaines. « tout ce que je gagne en étant videur, c’est pas assez pour aider ma mère… » son sourire s’efface baissant le regard vers le sol, triste de ne pas réussir à sauver sa mère des dettes sous lesquelles elle se noie. yury le sait, rien n’est plus important aux yeux de son petit ami que sa famille et sa mère en particulier. « j’ai pas trouver d’autres solutions que d’me battre pour un peu d’argent. » tadashi regrette de dire tout ça, il sait à quel point ce genre de chose inquiète son entourage mais il n’a pas d’autres options. les gens comme lui, ceux qui n’ont rien, n’ont pas d’autres choix que de prendre le chemin de l’illégalité. rongé par une culpabilité soudaine, il ne trouve pas le courage de relever la tête vers lui. « avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps entre nous, j’ai pas trouvé le bon moment pour t’le dire. » il était honnête, les tensions entre eux et les réactions parfois extrêmes de yury l’avait poussé à ne rien dire par peur qu’il s’enflamme bien trop vite. ça n’excusait en rien ce mensonge et n’effaçait certainement pas la culpabilité qu’il ressentait.