Sori était épuisée, fatiguée. La journée avait été longue et autant dire qu'elle avait bien besoin d'un bon bain, quelque chose pour se relaxer du moins. Son lit l'intéressait énormément aussi mais elle savait parfaitement qu'elle ne s'endormirait pas dans la foulée. La jeune femme s'étira doucement, entrant dans le dortoir avant de tomber sur une personne. Elle n'y fit au début pas vraiment attention, juste intéressée par son propre besoin à assouvir. Mais pourtant, elle s'arrêta tout de même pour observer la personne devant elle. Quelque chose clochait, du moins, ne semblait pas correct. Ses yeux scannèrent la silhouette qui se dessinait dans la cuisine, silhouette qui ne l'avait toujours pas remarqué ou qui comme elle, s'en moquait complètement. Mais Sori se dirigea vers la cuisine, bien décider à observer et comprendre. « Bonsoir. » Lança-t-elle un tantinet polie avant de prendre un verre dans un des placards. Elle se dirigea par la suite vers le frigo avant de se tourner vers la personne pour observer son visage par la même occasion. « Besoin de quelque chose ? ». La tatoueuse n'avait aucune idée de qui était la personne devant elle, elle fuyait la fraternité, établissait peu de lien avec eux. Et elle n'avait surtout pas appris chaque visage et prénom bien qu'elle observait énormément. Oui, elle avait appris des noms, des visages à force de les voir ou de les entendre hurler comme des animaux en rûte. Mais elle passait outre, se moquant complètement du monde. Son intérêt se regroupait à l'heure actuelle que sur une personne, celle qui se trouvait devant elle.  

tu ne te mêles pas à la vie de ta fraternité pas parce que tu ne veux pas, mais parce que tu es timide. tu ne connais absolument personne ici. tu sais que tu devrais aller vers les autres, mais tu es tellement effrayé à l’idée qu’on découvre ton secret que tu ne veux pas te mêler à la foule. puis au moins tu peux te balader comme tu l’entends en tant que jinhwan ou nana. personne ne te connait, personne ne sait qui tu es. et aujourd’hui, tu es habillée en fille, mais pas avec une jupe. pas cette fois. c’est un pull et un pantalon avec des petites bottines. et tu rentres dans le dortoir avec la légère appréhension d’être découvert. alors, tu te faufiles dans la salle commune pour aller dans la cuisine. tu as envie de manger un bout. tu te mets sur la pointe des pieds pour récupérer un paquet de gâteau quand tu entends une voix. tu sursautes et te tournes vers la personne la saluant à ton tour. « bonsoir. » elle reprend la parole en baissant le visage parce qu’elle t’observe et que ça te met mal à l’aise. « j’avais juste une petite faim… » tu laisses ta voix en suspens, évitant à tout prix de croiser son regard. tu es mal à l’aise avec elle parce qu’elle passe son temps à te reluquer. t’as l’impression de passer au rayon x avec elle. « et toi, tu avais besoin de quelque chose ? » non parce que ça commence réellement à te gêner. tu voudrais qu’elle arrête mais tu te doutes qu’elle ne le fera pas si tu ne lui dis pas. « j’ai quelque chose sur le visage ? » murmures-tu encore tout gêné.

Sori ne savait pas quoi penser. Plus elle le voyait, plus elle se doutait de quelque chose. Et plus elle trouvait ça intéressant. Évidemment, elle n'était pas assez chaleureuse ou conviviale pour que ça puisse passer. Non, elle voyait bien que la personne devant elle était gênée. À cause d'elle. Et de son regard porté sur sa personne. Sori voyait bien la jeune fille sous ses yeux. Et pourtant, quelque chose clochait. Un petit grain qui la faisait douter. « J'avais aussi faim. » Répondit Sori avant de fermer le frigo et d'avoir sorti plusieurs yaourts. Elle reposa son regard sur elle avant de plisser yeux face à sa question. Elle avait du cran et ça lui plaisait. Elle se déplaça dans la cuisine, sans répondre plus que ça, prenant une cuillère. Elle ouvrit son premier en-cas avant de tourner la tête vers elle. « Tu t'appelles comment ? » Elle porta sa cuillère à sa bouche avant de reprendre. « Je suis malpolie, je m'appelle Sori. Nan Sori. » Ses yeux froids disséquèrent la pauvre jeune fille devant elle. « Je suis nouvelle, c'est pour ça, je ne connais pas tout le monde. Et je vois bien qu'il y a... » Elle laissa sa phrase en suspens, encrant ses yeux dans ceux de la pyo. « des personnes tout à fait intéressantes ici. Pleine de surprise. » Elle finit son premier yaourt, tournant le dos à la jeune femme pour jeter son pot à la poubelle.
 

son regard te gêne, autant parce qu’il est inquisiteur que curieux. tu sais qu’elle doit se demander si tu es une file ou un garçon. tes vêtements sont clairement féminins mais tu as le physique d’un homme et après une journée dehors ton maquillage n’est plus aussi frais qu’il l’était avant que tu ne quittes le dortoir des pyos. du coup, ça te gêne qu’elle te regarde. tu rougis encore plus quand elle te demande comme tu t’appelles et qu’elle se présente à son tour. « enchanté sori… je suis nana. » vu que tu es habillé en fille aujourd’hui, tu te présentes avec ton alter-égo féminin. tu n’as pas envie de subir des questions par rapport à ce que tu portes et à comment tu le portes. tu l’écoutes te parler du fait qu’elle est nouvelle et tu hoches la tête à ses mots. si elle est nouvelle, tu peux comprendre qu’elle se comporte ainsi. pourtant, quand elle enchaîne avec le fait qu’il y a des personnes intéressantes et pleines de surprises chez les roses, tu comprends qu’elle parte de toi et tu te crispes. « pourquoi tu dis ça ? » que tu lâches sur la défensive. ça te fait peur qu’elle puisse se rendre compte que tu n’es pas une vraie fille et que ton corps te trahisse. tu as peur que ton secret soit révélé et que tout le monde se moque de toi. tu n’as pas envie de prendre des remarques ou de revivre l’enfer de busan. tu as assez donné, tu ne veux plus souffrir comme tu as souffert.

Est ce que Sori avait dû tact ? Un semblant d'empathie pour les personnes ? Pas vraiment. Elle regardait juste ce qui l'intéressait. Et à l'heure actuelle, cette pauvre personne l'intriguait. Rien de bien méchant en réalité. Même une empathie pour elle. Il ou elle d'ailleurs. A sa tenue, elle pencherait pour demoiselle mais elle n'était jamais sûre de rien.
Elle partit dans la cuisine, souriant en l'entendant. Elle parle doucement, cherchant à avoir le moindre indice. Sori lui sourit en retour. "Une petite faim après le boulot." Mais apparemment son regard avait été un peu trop intense. Ou dérangeante. Ou les deux. À voir. Elle le fixe en souriant. "Désolée. Mon regard était trop appuyé, n'est ce pas? Juste que j'aimais bien tes bottines, Nana."  Elle se détourna le temps de boire un coup avant de reprendre. "Tu sembles avoir un bon style vestimentaire. Et être très... intéressante" dit elle en laissant planer le doute.