Tes yeux coulèrent sur son dos. Tes doigts se serrèrent. La même scène qui se répétait encore et encore. C’était comme une malédiction que tu ne pouvais pas empêcher. Tu revoyais toujours la même chose se répéter et tu ne pouvais rien y faire. Tu restais faible, incapable d’agir ou l’empêcher. Encore une fois il allait partir, encore une fois tu serais seul dans cet appartement trop grand pour deux personnes, autant dire que c’était une torture dès que lui s’en allait pour te laisser face à ta solitude. Tu voulais avoir la force de le rattraper. De faire comme le bon mari que tu aurais dû être pour lui, entourer tes bras autour de son corps pour le serrer contre toi, lui demander de rester de ne plus jamais t’abandonner. Parce que tu n’avais plus la force de vivre loin de l’homme que tu aimais. Tu aurais aimé lui dire toutes ces choses. Que tu voulais qu’il te touche, qu’il t’aime vraiment, comme au premier jour. Tu voulais te sentir désiré. Mais tout restait coincé dans le fond de ta gorge, à jamais noué sans que ça puisse sortir. Les faits étaient là et la réalité bien amère. Maverick, ton époux, ton mari, celui pour lequel tu avais tout abandonné, cet homme là, il n’en avait rien à faire de toi et toi tu avais cessé de l’aimer. Ce mariage n’était qu’une erreur, un caprice de gosse de riche, une excentricité pour attirer l’attention et te rendre plus unique aux yeux des autres. Il ne restait que les apparences, les apparences à sauver, pour ne pas alimenter les langues de vipères et autres grenouilles de bénitier. Parfois quelques sentiments, mais tu savais depuis deux années que ton amour pour lui n’était plus là. Il n’y avais que la stabilité financière qui te faisait rester, le qu’en dira-t-on et tout ce qui faisait que tu voulais désespérément encore t'accrocher à lui. Juste encore un peu. Pourtant ce soir tu en es incapable. Ce soir comme les autres soirs, il s’éloigne inévitablement un peu plus, ne faisant que creuser le fossé qui s’était créé entre vous deux. Cet éloignement qui s’était installé insidieusement, ce gouffre impossible à combler maintenant. Il fallait faire semblant, simplement faire semblant. Il n’y eut pas d'étreinte. Pas de gémissement plaintif. Rien de tout cela. Le fait était que tu ne voulais plus le rattraper. Tu ne voulais plus son attention. Tu ne la cherchais plus. L’amour s’était envolé. Alors simplement ta voix finit par résonner dans cet appartement trop grand. Trop grand surtout pour cette période que tu allais vivre en solitaire. Maverick ? Alors qu’il se retournait vers moi, tu avais déjà entrepris de t'approcher de lui avec ta démarche féline si caractéristique. A sa hauteur, ta main se glisse sur son bras, tendre, vestiges de tes sentiments pour lui - ou simplement l’envie de te faire croire que tout n’était pas mort entre vous - tu lui souris avant de simplement te mettre sur la point des pieds pour planter une bise sur sa joue. Tu voulais croire pendant un instant que ces belles apparences à un fond de réel. Juste pour une fois arriver à te mentir assez fort pour penser qu’il s'agisse de ta réalité. Bon séjour et ne te fatigue pas trop à la tâche mon amour. Un fin sourire sur tes lèvre, un faux sourire pour des paroles factices. Rien n’était réel. Ni Maverick, ni toi, ni vous.

Essoufflé le client avec qui tu avais passé ses quelques instants vins rouler sur le côté. Prenant place sur le lit douillet qui était au cœur de cette chambre réservée uniquement pour les plaisirs du client. Et par plaisir, on parlait bien de luxure. De prostitution classe comme certains se plaisaient à le dire. Cela faisait presque quatre année que tu vendais ton corps. Pas par manque d'argent, très loin de là. Maverick t’entretenait et tes parents payaient tout ce que tu souhaitais avoir de manière générale. Tu n’avais pas besoin d’argent, tu ne te prostituais pas obligation, mais par choix. Beaucoup t’auraient traité de fou, et c’était d’ailleurs ce qu’ils avaient pensé en te voyant arriver ici la première fois, toi petit prince des beaux quartier. Jeune homme éthéré et “pur”. C’était maintenant loin d’être le cas. Tu t’étais pris au jeu. Tu avais apprécié sentir le désir d’un autre homme pour toi, pour ton corps. Tu te sentais attirant dans le regard affamé des clients plus riches les uns au les autres. non tu ne faisais pas ça pour gagner ta vie mais pour calmer tes ardeurs. Ils voulaient, ces hommes te voudraient plus que ton mari. Tu n’étais pas Liêm ici, tu n’étais que Yeon. Alors que tu finis par rouler sur le dos à ton tour, la respiration erratique et une fine couche de sueur sur ta peau qui portait encore les traces d’un bronzage récent. Pendant quelques instants je me concentrais à reprendre le cours de ma respiration, puis après quelques minutes je me retournais vers le quarantenaire, un habitué, marié, avec des enfants, le cas typique de celui qui n’avait pas accepté son homosexualité et qui avait eu cette horrible vie rangée. Probablement pour sauver les apparences et plaire aux parents. Mais ce n’était pas ton travail de juger les vies de tes clients. Toi, ton travail, c’était de leur donner ce qu’ils voulaient, de te plier à tous les désirs. Et bien souvent c’était souvent un mélange de sexe que de tendresse. Alors doucement tu glissais tes doigts le long du sternum de ton aîné, le regardant avec un fin sourire sur les lèvres. Tu te penchais pour venir attraper la commissure de ses lèvres. Tu m’as manqué tu sais. Encore une fois c’était des mensonges. Mais tu préférais ce genre de mensonge à celui que tu vivais quotidiennement. Ici tu pouvais te permettre de jouer un rôle. Enfin un rôle, au fur et à mesure, la limite entre Yeon et toi était devenue floue. Inexistante. Mais encore une fois tu te berçais d’illusions, te disant que ta vie secrète était en sécurité. Que Yeon n’empiéterai pas sur ta vie. Mais tu avais faux. Tu avais tellement faux Lee Minh Liêm.