Il est seul, tout seul et devant lui ils se tiennent droit, ils sont cinq peut-être six il ne sait pas vraiment. Il avait tellement peur qu'il n'arrivait même pas à les compter, tremblant légèrement alors que sur leurs visages un immense sourire moqueur vient doucement prendre place. Puis soudain, ils avancent d'un pas obligeant Minseok à reculer à son tour, celui-ci tentant inconsciemment de les fuir mais très vite les larmes lui montent aux yeux et il peut clairement entendre leurs rires vicieux briser le silence du lieu. Il n'en peut plus .... Il ne peut plus.  Il veut que tout s’arrête, que tout ceci cesse, il ne veut plus entendre leurs voix, il ne veut plus voir leurs visages … Il ne veut plus vivre comme ça. La gorge nouée il se recule alors de quelques pas alors que ses bourreaux eux continuent d'avancer encore et encore.


Qu'ils disent et répètent encore et encore laissant leur venin acerbe se glisser dans les pensées du jeune homme. Il ne veut pas pleurer, mais pourtant les perles salées qui s'étaient accumulées aux coins de ses yeux se mettent à rouler lentement le long de ses joues. Il ne voulait pas pleurer, pas devant eux alors il baisse la tête. Il ravale ses larmes comme il peut, renifler discrètement alors qu'il murmure  « Lais…Laissez-moi. Je ne vous ai rien fait. » dit-il alors d’une toute petite voix avant de sursauter  lorsque l’un des sportifs s’approche de lui, la main levée s’apprêtant à le gifler pour les paroles qu'il venait de lancer. Mort de peur, il se recule soudainement, le corps tremblant alors qu'il font en larmes, celles-ci coulant abondamment le long de ses joues rosies. « Laissez-moi … Laissez-moi. » répète-t-il pour la seconde fois, sa voix tremblante sous le coup de la peur. Mais alors qu'il pleurniche, les yeux au sol, il n'entend plus rien et idiotement il pense les avoir convaincu. Bien triste erreur. La seconde suivante le silence se rompt « Très bien. On te laisse. » lance alors l’un d’eux d'une voix calme et posée, surpris Minseok redresse alors le regard vers eux tandis qu'une lueur d’espoir vient filer dans le regard. « Mais d’abord tu vas aller prendre ton bain, parce que bordel t’es tellement crade. Parce qu’après tout tu dois t’en prendre pas mal des bites dans le cul pas vrai ? » dit-il alors que Minseok peut clairement devinir le sourire narquois qu'il arbore fièrement. Mais tandis qu'il redresse enfin le regard vers lui, s'apprêtant à prendre la parole pour se descendre il sent son corps être violemment projeté en arrière ... Puis … Plus rien. Il n’entend plus rien et il ne les voit plus. Puis il commence à se débattre. Il a peur, terriblement peur alors que l'eau vient vicieusement tel un serpent s'enrouler autour de son corps et le tirer vers le fond. Encore et encore. Ses poumons sont en feu, sa gorge se fait douloureuse et finalement il se laisse aller parce qu’après tout mourir ne serait-il pas plus simple ?

Mais ce jour là, il a survécu. Il ne sait pas comment, ni pourquoi mais un ange s’est épris de lui et lui a sauvé la vie pour la toute première fois.

Cette vie il la détestait tant, beaucoup trop pour un jeune adolescent. Cette vie, il n’en pouvait plus, chaque jour était synonyme de peurs, d’angoisses, de stresse, de désespoir. Chaque jour il se rendait dans ce lycée qu’il détestait tant et chaque jour il revivait son pire cauchemar encore et encore. On le détestait, on l’insultait, on venait même jusqu’à le frapper et une fois de retour chez lui Minseok venait peindre ses bras d’une couleur synonyme de mort. Le rouge. Le sang. La douleur. Le bonheur. L’espoir. Le désespoir. Il oubliait tout, l’espace d’un instant. Il oubliait cette vie qu’il ne pouvait plus aimer, et ses parents qui n’avaient de cesse de lui montrer chaque jour un peu plus qu’il n’était qu’un fils indigne, qu’un enfant ayant dévié du droit chemin. Il n’était qu’une merde, une simple merde qu'il n'avait de cesse de se répéter jours après jours, heures après heures. Alors, une fois de retour chez lui il venait briser son corps chaque fois un peu plus. En se faisant saigner, il faisait saigner son âme et inconsciemment  il tentait de la purifier, de purifier cette âme qu'on disait perverse ... De se purifier lui. De faire disparaitre ces sentiments contre-nature. . Minseok était gay et il l’avait compris il y a bien longtemps, pourtant il s'était fiancé à cette fille cette fille refaite, cette fille parfaite aux yeux de sa famille. Peut-être avait-il eut peur de cette attirance nouvelle, peut-être avait-il tout simplement envie d'être un bon fils aux yeux de ses parents. Mais, il n'y avait que faire, il ne l'aimait pas, il n’aimait pas son corps, sa voix, ses cheveux. Il n’aimait rien d’elle. Ainsi, Minseok avait tout juste dix-huit ans lorsqu’il tenta de se suicider quelques mois après avoir avoué son homosexualité à sa famille et rompu ses fiançailles, un an à peine après l'annonce de celles-ci.

Et à nouveau, un ange se pencha sur son corps, cette nuit-là et une fois encore il survécut. Pour la deuxième fois.

Aujourd’hui Minseok a vingt-six ans, et à l’obtention de son diplôme de fin d’études il s’était dirigé vers la branche médicale parce que cette fois-ci il voulait être de ceux qui sauverait des vies. Il voulait être cet ange se penchant sur les autres. Parce qu’aujourd’hui, Minseok est vivant, souriant et épanoui, et ceci malgré une famille qui le renie. Minseok est heureux, tout simplement parce que pour la première fois depuis longtemps il a trouvé une raison de se battre. Son métier futur, son avenir, ses patients, et ces jeunes qu’il veut aider à s’assumer à leur tour dans cette société qui n’a de cesse de les faire se sentir si mal … Si différents des autres.