et elle s'en est allée. cette figure qu'il n'eût guère le temps de connaître. elle s'en est allée, sans un mot. parce que les choses devenaient bien trop compliquées, certainement. parce qu'il était plus facile de fuir, abandonnant fils, fille et mari derrière elle. et faisant comme si rien ne s'était passé. chaque trace de son existence, elle les effaça. et la seule chose résiduelle fut la détresse de son mari, une fois qu'il comprit que son amour ne reviendrait jamais. à croire que l'affection qu'elle était censée leur porter ne devait pas être assez forte. pas aussi forte que la haine que son mari éprouvait. il était abandonné. brisé. triste. et il ne comprenait pas. et par colère, il l'insulta, ternit son image à qui voulait l'entendre. la traitant de ceci et cela. alors qu'au fond, il était juste en colère contre lui-même. en colère pour être incapable de comprendre ce qui était passé par la tête de sa belle. pendant que kihyeon jouait dans sa chambre avec sa sœur, feignant ne pas entendre les complaintes répétitives de son paternel. et du jour au lendemain, il changea.

son père ? qui était-il ? un sentiment de compassion maigre. kihyeon ne s'en souvenait que vaguement. à croire que l'ignorance avait fini par triompher à l'égard de son paternel. quand il aurait pu prendre ses responsabilités, se ressaisir, se reconstruire, il préféra s'enfoncer dans l'alcool. éduquant ses enfants par une même parole ; l'amour n'est qu'un mythe absurde. la seule parole qu'il pouvait leur adresser entre ses nombreux états d'ébriété. entre deux de ses conquêtes. chaque jour, une nouvelle femme. une nouvelle tête que kihyeon ne daignait plus apprendre à connaître, ou simplement reconnaître. parce qu'il savait, que ce n'était guère fait pour durer. et il finit par y croire. 

beaucoup pourrait penser que le coréen reproduisait inconsciemment le même schéma que son père. certains se jugeant suffisamment psychologues pour même chercher à comprendre son seul comportement à l'égard d'autrui. kihyeon ne pouvait mentir, lui-même s'était déjà poser la question. sa pire angoisse étant de finir exactement comme son déchet de géniteur. et encore en cet instant, cette même intrigue lui revint à l'esprit. et pendant que la flamme consumant l'un des bout du cylindre nocif, porté à ses lèvres, l'enveloppait de sa chaleur, il réfléchit. ses onyx fixaient l'horizon, après un bref regard derrière lui. glissant sur ce corps dénudé étalait sur le lit. la mesquinerie alors visible sur son visage. de toute évidence, ils n'avaient rien à voir. kihyeon agissait en conséquence, ne sachant que trop bien combien l'attachement émotionnel pouvait être nocif. la seule personne sur qui il pouvait alors compter était lui-même. ses envies, ses besoins, ses plaisirs journaliers, il les cueillait. comme si tout ceci n'était rien. comme si la vie n'était qu'un terrain de jeu dont les autres servaient de pions. des pions bruyants. des pions parfois agaçants voire inutiles. mais chacun avait son rôle à jouer, au cours d'une opportunité que kihyeon seul définissait. manipulant au risque de mutiler des cœurs. se méfier des apparences est la première règle que tout parent devrait enseigner à leurs enfants. car le démon ne se révèle jamais avec ses cornes. il vient à nous, déguisé en tout ce que nous avions toujours désirés.