D'ennuyé à heureux, il n'y avait que Isaac pour me provoquer un tel sentiment. J'avais bien des personnes que j'aimais, comme ma mère, John et Athena... Mais, Isaac, c'était différent. C'était comme un grand-frère que j'aurais très bien pu avoir : un grand-frère presque de sang, et surtout, de cœur. Il remplaçait un peu le père qui avait disparu de ma vie, figure masculine sur qui je pouvais absolument compter. Je lui vouai une confiance aveugle et une admiration sans limite. J'aimais Isaac, et je n'avais jamais été aussi content que de le revoir, quand il avait fini son tour du monde. Enfin... Peut-être que ça égalisait le jour où j'avais eu un Tiplouf à Pokémon Go. Ok, je plaisantais. Mon esprit s'éloignant de mes devoirs, j'étais absorbé par mon grand-frère, heureux qu'il soit là. Sourire niais sur le visage, je pouffai de rire comme un garçon de sept ans alors que je le laissai ébouriffer mes cheveux. « C'était mes cours. Super intéressant mais ennuyant en même temps. Les cours, quoi. » Je haussai rapidement des épaules avec un petit sourire en coin, avant de recommencer à rire. Les années avaient fait de moi quelqu'un qui ne savait plus rire naturellement, sauf en présence des gens que j'aimais. Et Isaac faisait partie de ce cercle restreint de gens qui me voyaient parfaitement naturel. Il ne se doutait probablement pas que je jouais à faire semblant d'être celui que les gens voulaient voir en face d'eux. Mais je ne me doutais pas non plus que mon aîné me cachait des choses. « Aaah, me rappelle pas ça... » répondis-je en grimaçant. « Sinon, ouais c'est cool l'université. Je me suis fait des amis, je me suis bien intégré... C'est cool. » Je lui gratifiai un sourire tout en me recoiffant. Il était au courant de ce qu'il s'était passé au lycée. C'était le seul, d'ailleurs. Mais il savait aussi que je m'étais bien intégré à mon nouveau lycée et que maintenant, tout se passait vraiment bien. C'était notre secret, à tous les deux. M'asseyant quand Isaac s'assit sur le tabouret, je souris légèrement. Le tabouret, je m'en servais jamais mais il restait dans cette chambre. Juste pour lui. Quand il n'était pas là et que je regardais le tabouret, ça me rappelait de bons souvenirs. Il aurait très bien pu s'asseoir sur le lit, mais... non, il avait toujours préféré ce tabouret. Et en souvenir, je le laissai là. Ça me rendait nostalgique. « Bonne année à toi aussi ! Et pour toi aussi, Isaac ! Tu vas devenir plus connu, les gens vont encore plus aimer ce que tu fais... Oh, je peux t'entendre jouer un truc ? Ça fait longtemps ! » J'avais des étoiles dans les yeux jusqu'à ce que je réalise quelque chose. « Ah, mais t'as pas ta guitare... On a pas de guitare ici, je crois... T'en as laissé une tu penses ? Maman doit savoir... »