Le front contre la paroi froide de la table, les cheveux cachant son visage épuisé, la jeune femme semble totalement désespérée, ses pensées venant parasitées son pauvre cerveau endolori. Elle a déjà passé une nuit éprouvante, la nuit dernière, elle ne veut pas recommencer cette nuit mais elle semble bien partie pour entamer une nouvelle nuit blanche. Un petit cri de frustration s’échappe de ses lèvres, son poing cognant brutalement la pauvre table qui n’a rien demandé de tout ça. Elle s’ébouriffe nerveusement les cheveux, râlant contre elle-même. Et dire que tout ça c’est à cause de lui. Lui et seulement lui. Pourtant il n’y a pas de raison de réfléchir autant, elle ne comprend même pas pourquoi son visage ne cesse d’apparaître depuis quelques temps dans ses songes, pourquoi elle ne cesse de penser à lui à chaque heure qui passe, pourquoi sa respiration s’accélère chaque fois qu’elle doit le voir. Elle a même fini par l’éviter, ou du moins elle essaye de l’éviter, tout en restant naturelle. Mais ce n’est pas facile. Surtout quand elle est autant perdue. Perdue dans ce qui lui arrive. Perdue dans ses pensées les plus profondes. Elle s’est demandée plusieurs fois si elle n’était pas malade, si elle ne faisait pas de tachycardie, elle est même allée plusieurs fois chez le médecin, qui a fini par lui dire gentiment que ce n’était pas à lui de régler ça et qu’elle n’avait rien, du moins pas médicalement parlant, mais peut-être qu’il ne voyait juste rien, et qu’elle avait réellement quelque chose. Ou alors est-ce juste elle qui se voile la face, depuis bien trop longtemps déjà. Elle ne sait pas, et ne préfère sûrement pas savoir. La seule chose qu’elle sait c’est que quelque chose ne va pas. Quelque chose cloche. Quelque chose n’est pas comme d’habitude. Elle ne peut pas expliquer ce qu’il y a de différent, c’est juste un ressenti. Et elle n’est sûrement pas la seule à ressentir ce changement. Lui aussi doit le percevoir. Elle ne peut pas être la seule, n’est-ce pas ? Poussant un long soupir, Olympe finit par se cogner de nouveau contre la table, comme pour réveiller son esprit et tenter de comprendre, mais rien ne vient. Et elle se sent terriblement déprimée. Elle n’en a parlé à personne encore, parce que tout est flou dans son esprit et elle ne saurait pas expliquer ce qu’il se passe. Mais aussi parce qu’elle a certainement peur d’entendre l’avis des autres. Elle sait pourtant qu’elle a besoin d’en parler, et surtout d’avis. Elle sort alors son téléphone, le fixe quelques secondes et finit par envoyer un message à Chun Hua, sa meilleure amie. « T’es au dortoir ? Si oui rejoins moi dans le salon, j’ai de la glace à partager ». Elle n’attend pas sa réponse et s’en va prendre l’énorme pot de glace qu’elle n’a pas encore entamé pour faire passer sa déprime. Certes ce n’est pas la période des glaces mais à son sens il n’y a pas de réelle période, quand elle en a envie, elle en prend. Elle part ensuite s’asseoir au coin du salon, près de la cheminée, prenant un plaid au passage, et s’installant confortablement, attendant sa meilleure amie.