Dress + Je savais que ce moment allait venir… Je m’y préparais doucement, mais je pense qu’on ne peut jamais être serein avec le fait de dire adieu à quelqu’un qu’on aime. Ça reste toujours aussi violent. On a beau se dire que c’est pour le mieux, c’est juste contre la nature humaine de ne pas avoir de peine. J’ai lentement apprivoisé la mort à ses côtés dans les dernières années et surtout depuis quelques mois. Ou plutôt, en solitaire. Elle se faisait de plus en plus sentir. Sa présence était palpable. Mais de l’entendre dire que c’était la fin m’a brisé le cœur. De savoir qu’elle se rapprochait nous aura au moins permis de se dire ce qu’on avait besoin de se dire pour libérer nos cœurs. De se dire au revoir à mots couverts. De se regarder, de se toucher.

Tu essayais de me faire rire, j’ai réussi à te sourire au travers de mes larmes.

Il disait : les miracles ça arrive des fois . Plus pour me consoler que parce qu'il y croyait vraiment. Je lui répondais que oui, bien sûr, mais on savait très bien tous les deux que le temps des miracles était révolu et que j’étais fatiguée de me battre. Que je méritais enfin un peu de repos. J’ai tenu sous silence mes regrets où j’aurais pu venir te visiter, mais que je ne l’ai pas fait.

Tu sais la vie, elle nous aspire dans son tourbillon et on ne réalise qu’une fois qu’il est trop tard tout ce que l’on perd et le temps qu’on ne pourra jamais rattraper.

Je me suis simplement excusée en pleurant doucement. Les yeux clos, il a souri. Je savais qu'il comprenait, et que j’étais déjà toute pardonnée. Parce que l’amour que l’on avait l’un pour l’autre allait bien au delà de la distance, du temps, des mots et même de la mort. Alors pourquoi ais-je si peur de partir toute seule ?

- Non. Viens avec moi ! Je t'en conjure, Floriant. Viens avec moi...

Prince Charming + Je sais que la retrouver pour lui dire de partir n’est pas ce que j’aurais voulu. Rester près d’elle pour continuer à la protéger comme je lui avais promis que je le ferais. Seule, elle l’a été trop longtemps et voilà que je lui demande de l’être à nouveau. Est-ce qu’elle me fait toujours suffisamment confiance pour me laisser la protéger alors qu’elle fuit. Mais je ne peux pas prendre le risque de la suivre et que les gardes nous poursuivent encore dans la forêt. Je veux être certain que Blanche soit en sécurité et je sais qu’en faisant diversion, elle sera sans aucun doute sortie du palais avant que les gardes ne puissent la récupérer. Elle me demande de venir avec elle et je me tourne vers elle et prends avec douceur son visage entre mes mains. Je m’approche et joins nos lèvres ensemble quelques secondes avant de m’éloigner.

-Fais-moi confiance. Fuis. Je t’aurais retrouvée avant que la nuit n’arrive.

Je caresse sa joue et m’éloigne d’elle. Je la regarde et referme le passage secret derrière elle. Je pose ma main sur la petite porte et ferme les yeux. Faites que tout se passe bien pour elle. J’entends les bruits se rapprocher et me mords la lèvre alors que je vais sûrement devoir trouver un moyen de m’échapper par un autre endroit tout en attirant l’attention des soldats. Sans moi, ils ne pourront jamais savoir où j’ai conduit la princesse. Je sors de la cuisine et pense directement à l’entrée principale. Elle doit être surveillée, c’est parfait pour attirer les gardes et c’est à l’opposé de l’endroit par où Blanche va sortir.

-BLANCHE, SUIS-MOI VITE !

Je crie ces mots et les gardes hurlent directement que nous sommes par là. Ils croient que la princesse est toujours avec moi, c’est parfait. Je pars en courant, direction les écuries pour retrouver mon cheval. Je n’ai qu’un seul objectif : sauver Blanche et je n’hésiterais pas à être blessé pour elle. Je les entends à ma poursuite, ils sont de plus en plus proches, j’ai pu les apercevoir derrière moi mais je n’ai pas le droit de m’arrêter. J’arrive aux écuries mais ils sont déjà là, ils devaient surveiller mon cheval au cas où je venais le rechercher. Je dégaine mon épée et des bruits de combats résonnent. Je prends le dessus mais ils sont nombreux et je suis forcé de prendre la fuite en montant sur mon cheval pour partir au galop vers la sortie….

Blanche… Je vois son visage alors que ma vue se floute de plus en plus. La flèche plantée dans mon dos m’affaiblit de secondes en secondes et je ne sais même plus où je suis. Je dois la retrouver, c’est tout ce que j’arrive à me dire jusqu’à ce que je finisse pas tomber de mon cheval avec deux mots qui résonnent dans mon esprit…

Excuse-moi…

Dress + J'étais prête à pleurer de chagrin et d'effroi mais il réussit à me calmer en joignant nos lèvres. Ce doux contact fut si court qu'il me déstabilisa. Le passage se referma ensuite sans que je n'ai pu réagir ni dire quoi que ce soit au Prince qui venait de m'embrasser. La terreur prend alors part de mon coeur et je tente de rester forte pour pouvoir vite le retrouver. Je dois lui faire confiance. Après tout, il risque sa vie pour moi. Je ne dois pas le décevoir. Je me dépêche donc de sortir de cette prison qui m'a trop longtemps retenue.

Alors que j'essayais de courir pour préserver ma faible et petite vie, je me mis à prier pour Floriant. Faites qu'il ne lui arrive rien. Notre amour aura raison. J'attendrai, donc, son retour. Car je l'aime toujours d'un amour fort et sincère. Et cette fois, personne ne pourra le contrer.

J'entendis des hurlements et bruits de pas résonnant tout autour de moi et lorsque je fus, enfin, dehors, tous mes doutes s'envolèrent. Le soleil, cependant, m'aveugla de longues minutes, n'étant plus habituée à le rencontrer. Lorsque je fus de nouveau apte à ouvrir les yeux, je pus revoir le monde dans lequel j'avais grandi et appris tant de choses. Mais les cris des gardes, au loin, me ramenèrent au présent. Dépensant toutes les forces que je possédais encore, je sortis de l'enceinte du château de mon enfance et m'enfuit dans les bois. Avec pour seul objectif, rejoindre le point de rendez-vous que m'a donné Floriant.

Je t'attends. Rejoins-moi, vite...

Prince Charming + Lorsque je me réveille, la première chose à laquelle je pense, c’est elle. Blanche. Je me redresse, ma tête me fait mal, une douloureuse et lancinante blessure me rappelle pourquoi je suis étendu à terre. Je lève le nez, la nuit est proche et je ne suis toujours pas au lieu de rendez-vous. Je me relève, j’essaye de retirer la flèche plantée dans mon dos mais je n’y parviens pas. Elle n’est pas plantée profondément. C’est pour ça que je ne suis pas mort, bien heureusement, sinon je n’aurais jamais pu espérer la retrouver plus longtemps. Je sais qu’elle m’attend encore, je suis sûr qu’elle m’attendrait toute une vie en espérant mon retour.

J’arrive ma princesse… Attends-moi encore un peu…

Je me redresse péniblement, la douleur ne disparaît pas mais je vais devoir faire avec au moins le temps de la revoir. Je me lève et une fois sur pied, je me rappelle que mon cheval ne m’a sûrement pas attendu le temps de mon évanouissement. Je vais devoir continuer à pied mais ça ne pose pas de problème. Je ferais tout pour la rejoindre et ce, le plus vite possible. C’est d’un pas pressé que je prends le chemin que je connais toujours par cœur. Elle y sera déjà, je veux croire qu’elle y sera et que nous pourrons reprendre notre histoire là où nous avons été obligé de la laisser il y a plusieurs années.

J’y suis presque… Blanche, je suis presque là.

J’ai mal mais son souvenir me pousse à courir. Je peux voir la maison au loin, plus que quelques mètres et je suis auprès d’elle. C’est l’amour qui me guide dans mes gestes, c’est grâce à l’amour que je peux rester fort. Je pensais n’être plus que la moitié de moi-même, un robot qui se contentait de faire la guerre et d’exécuter les ordres. Je n’avais plus de cœur et je l’ai retrouvé aujourd’hui dans une cellule, amaigri, affaibli mais vivant. Et ce cœur n’est plus qu’à quelques mètres de moi. J’arrive enfin et je m’arrête devant la porte.

-Blanche… Blanche je suis enfin là…

Dress + L'attente. C'est le compte à rebours et le temps qui s'égrène. En minutes ou en jours, en années, en semaines. C'est la période où encore tu peux imaginer ce que réserve le sort, ce qui va t'arriver. L'attente. C'est la joie ou la peur de ce que sera demain. L'enfer ou le bonheur, le rire ou le chagrin. C'est le moment où tu te poses mille questions. Plus tard serais-je déçue, j'ose croire que non. L'attente. C'est ces heures éternelles que je viens de passer. Avec déjà un goût de miel, de parfum d'oranger. L'attente fera partie aussi de mes beaux souvenirs. Je l'apprécie, à sa manière, elle a su m'éblouir. Pourtant, aussi, elle vrille, au fond de moi tu sais, Floriant, que parfois elle nous laisse assez désemparés. Alors reviens moi au plus vite.

Quelques heures plus tard lorsque Floriant arrive enfin... Les nouveaux propriétaires de la maison ont surveillé son approche et lui tendent, alors, un piège. En l'assommant.

- Non ! Pourquoi avez-vous fait ça ? Il est mon ami, il est un homme bon et gentil, il ne vous fera aucun mal !

Je regarde mon Prince et avec l'aide de mes nouveaux amis, je vais l'installer à l'intérieur de la maison afin de prendre soin de lui. Soin de sa blessure. En commençant par retirer cette maudite flèche. Je m'applique. Je souhaite qu'il se remette au plus vite et je serais, ainsi, fière de mes actes. Je ne m'en voudrais plus pour l'avoir entraîné dans cette folie.

Quelques heures plus tard lorsque Floriant se réveillera... Il verra sept visages. Mais n'y verra pas celui de la femme qu'il est venu rejoindre...

Prince Charming + C’est le noir total. Je me suis présenté à la porte puis plus rien. La pénombre. Comme une longue chute sans fin, un trou noir dans lequel j’ai été inspiré. Il n’y a qu’une chose pour ramener la lumière dans ce cauchemar : Blanche. Mais elle n’est pas là. Je le sens depuis ce lieu noir dans lequel je suis emprisonné. Je ne voulais qu’une chose : sortir de cet enfer vide. C’est ce que je pensais en tout cas mais je me suis rendu compte que je me trompais quand les douleurs dans ma tête et dans mon dos se révèlent encore pire que ce sommeil dans lequel j’ai été plongé malgré moi. Je me redresse immédiatement et me retrouve devant sept visages inconnus. Je fronce les sourcils et les premiers mots qui échappent à mes lèvres sont :

-Où est la Princesse Blanche ?

Je me redresse d’un coup, paniqué à l’idée de ne pas voir la princesse que je dois protéger. Pourquoi n’est-elle pas à mon chevet ? Est-elle ici ou n’est-elle jamais arrivée ?? Les soldats l’ont peut-être rattrapée et je n’aurais rien pu faire pour la protéger encore… Peut-être qu’elle est morte à cette heure-ci et j’aurais été dans les pommes. Je m’assieds sur mon lit, les inconnus, d’une petite taille, reculent et ils semblent tous méfiants.

-Répondez-moi, où est la princesse ??

Je m’énerve et me lève mais, pris d’un vertige, je suis forcé de m’appuyer sur le mur pour me reposer une seconde. Alors que mon mal de crâne me reprend un peu, je ne veux qu’une chose : revoir Blanche.

Dress + Floriant. Tu ne sais pas à quel point j'ai changé. Laisse-moi te montrer tout ce que j'aime maintenant. Je suis là. Je te regarde en silence, pendant que tu te reposes. Quand je te vois, mon souffle s'arrête. Je chercherais un moyen d'être juste à côté de toi, pour le restant de ma triste vie. Je ne sais tout simplement pas ce que je ne peux pas faire. Car depuis que tu es revenu dans ma vie, je sais exactement ce que je souhaite et ce que je recherche. Je veux te revoir. Encore et encore. Je veux t'avoir comme un rêve. Je déteste l'amour, tu le savais ? Surtout depuis que mon père s'est retrouvé une nouvelle femme si odieuse. Mais toi, je t'aime. Tu me donnes envie d'aimer, de nouveau, l'amour. Un amour qui ne finira jamais. Je vais effacer tout le temps que j'ai sans toi. Pour ne garder que nos souvenirs les plus beaux. Ouvre les yeux, allez !

- Faites attention à lui, je reviens vite !

Je prépare, actuellement, un bon potage. Histoire de redonner force et courage au brave et valeureux prince qui est venu me sauver. Lorsque j'entends du mouvement et crois entendre la voix de celui qui fait battre mon coeur. Je vais donc apporter le bon plat que je viens de préparer, tout sourire. Je croise le regard de Floriant et continue de sourire.

- Repose toi, n'en fais pas trop ! Je viens de préparer un potage pour te réchauffer et te redonner des forces.

Prince Charming + Où est-elle ? Pourquoi est-ce que ce n’était pas elle qui me bordait lorsque j’ai ouvert les yeux. Je suis entouré de 7 inconnus et je ne sais même pas si Blanche est vraiment arrivé dans cette maison. Elle n’est pas là, c’est la seule chose que je me répète alors que je tente de me lever pour aller la chercher. Et c’est à ce moment précis que mon regard croise le sien. Ses yeux bleus dans les miens, je m’apaise directement. Elle sourit et je me rassieds directement quand elle me dit que je dois me reposer. Je suis touché lorsqu’elle me dit qu’elle m’a préparé un potage pour me réchauffer et j’avoue que je ne vois plus qu’elle.

-Merci Blanche… J’ai cru que tu n’étais pas ici…

Je me rappelle alors de la présence des 7 petits hommes et je les regarde alors en ne comprenant pas ce qu’ils font ici. J’interroge Blanche du regard alors qu’elle s’approche de moi pour me donner ce fameux potage. Je le prends entre mes mains et grimace un peu alors que la douleur à mon épaule continue de me faire souffrir. Je regarde la jeune femme et mille questions me viennent à l’esprit : combien de temps ai-je dormi ? Est-ce qu’elle est arrivée jusqu’ici sans complication ? Est-ce elle qui a pris la peine de me soigner ? Qui sont ces nains ? Est-ce que maintenant, elle veut rester ici ou venir dans mon royaume et devenir ma Reine ? Je commence à boire ce qu’elle m’a préparé, restant un premier temps silencieux avant de l’inviter à s’asseoir à côté de moi. C’est ma princesse… Le voit-elle dans ma façon de la regarder ? C’est de l’amour qu’il y a dans mes yeux bruns et je veux croire qu’elle le sait déjà parce que je ne serais jamais assez doué pour le lui dire comme elle mériterait de l’entendre. Après sa prétendue mort, je n’ai jamais cessé de lui être fidèle. Je me suis enfermé dans les combats, devenant presque comme un soldat juste bon à se battre. C’était une façon d’oublier que la seule femme avec qui je voulais passer ma vie m’avait été arrachée. Mais ce cauchemar est terminé et je peux encore m’étonner de l’avoir retrouvée. Ma main vient chercher la sienne et je me rends compte que le contact de sa main dans la mienne m’avait vraiment manqué.

-Tu me présentes tes amis ?

Dress + Les larmes sont dans mon coeur. Des larmes de joie. De bonheur intense. Nous sommes de nouveau réunis. Et, je l'espère pour toujours, cette fois. Cacher et effacer des souvenirs. Les plus mauvais. Les plus tristes. Pour ne garder que le meilleur. Je ne pouvais pas finir là-bas. Tel était écrit mon destin. Il est venu me sauver car ma vie devait se poursuivre à ses côtés. Dans ses bras. Il m'a tant manqué. Même si nous avons vécu dans les larmes, c'est comme un vent dispersé. C'est comme une route que je n'ai pas pu trouver. La relation distante. Je ne pouvais pas l'attraper. Mais tout ceci fait, désormais, parti du passé. Depuis que nos regards se sont, de nouveau, croisés. Nous revoilà. Réunis. Ensemble. Je veux tout prendre dans mes yeux. Tout l'amour qu'il semble m'envoyer à travers les siens. Les larmes coulent sur mon coeur alors que mon sourire grandit. Je dois en finir avec tout ça. Désormais, nous ne nous quitterons plus. Plus jamais. Et demain, nous pourrons continuer à écrire notre histoire. Mon amour.

- Où voulais-tu que je sois ? demandai-je, simplement, en le laissant prendre ma main. Je me tourne ensuite pour regarder nos hôtes et acquiesce doucement. Bien entendu.

Je lui présente, ainsi, à tour de rôle, chacun des sept nains, comme ils s'appellent eux-mêmes.

- Le plus mignon, celui qui a son bonnet violet et... Oh ! Il vient de l'enlever ! Dis-je, avant de rire, doucement, de bon coeur. Il se nomme Simplet. Juste à côté de lui, tu as Atchoum, qui éternue sans arrêt, puis Timide, qui rougit dès lors que l'on s'intéresse un peu à lui ! Je continue les présentations en gardant mon doux sourire retrouvé. Celui aux lunettes s'appelle Prof. Et son voisin, Joyeux. Ils portent bien leurs noms ces deux-là ! Mais... Il nous en manque deux... Je regarde un peu partout et ris en trouvant les deux derniers, cachés. Celui qui dort se nomme, tout simplement, Dormeur. Et celui qui nous tourne le dos, se prénomme Grincheux.

Une fois les présentations, de ce côté, faites, je décide de présenter Floriant à mes nouveaux amis et la plupart le saluèrent respectueusement. Je les remercie du regard, très reconnaissante qu'ils aient accepté de nous recueillir tous les deux. Je me tourne, alors, vers mon Prince.

- Repose toi et mange un peu. Je dois aller finir... quelque chose ! Je reviendrais vite te revoir, je serais en bas des escaliers !