you make me mad ♢ Cela fait dix huit ans... Dix huit ans que je vis avec l'espoir de pouvoir venger mes parents un jour. Dix huit ans que j'espère pouvoir faire tomber les connards qui les ont abattu de sang froid, sous mes yeux. Et dix huit ans que je rassemble n'importe quel indice, n'importe quel témoignage susceptible de pouvoir m'aider dans cette entreprise...

Aujourd'hui, c'est de quelques dealers dont il est question. A première vue, une affaire assez banale c'est vrai. Cependant, j'ai appris que certains de ces petits cons entretiendraient ou auraient entretenu des liens plus ou moins étroits avec le gang qui a tué mes parents. Ainsi, quand il a été question de désigner quelqu'un pour aller effectuer une planque, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion. Il fallait que je sois sur le coup... Certes, je ne suis pas sûr que cela m'aidera, même un minimum, dans mon enquête. Mais toute piste, aussi insignifiante soit-elle, est bonne à prendre. D'autant plus que celle sur laquelle je bosse depuis des mois ne s'est pas montrée particulièrement concluante jusqu'à présent. Vêtu de vêtements plutôt sombres, histoire de passer inaperçu, je prépare donc rapidement un sac contenant tout ce qui me sera nécessaire durant ma planque – qui risque de durer plusieurs heures, voire même peut-être toute la nuit – et m'apprête à enfiler mon manteau. Toutefois, je suis stoppé net dans mon élan quand mon portable se met à sonner, tandis qu'un numéro inconnu s'affiche sur l'écran de ce dernier. Numéro inconnu auquel je décide néanmoins de répondre...

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you make me mad ♢ Espionner son propre détective est un véritable comble. Mais comme on dit, aux grands maux les grands remèdes. Mon impatience est à deux doigts de se transformer en harcèlement. Je me sens à court de moyens et de recours pour obtenir satisfaction. Pourtant, le ton léger du détective sur mon affaire m’a poussé à croire que je remporterai la victoire facilement. Maintenant, des mois et des mois se sont écoulés et je n’ai pas encore en visuel un bon compte bancaire bien rempli. Sa réputation le précède, quand moi je vais finir par le voir comme le roi des fainéants. Les lumières de son appartement sont allumés, ce qui prouve qu’il est encore en vie. Il ne pourra pas mettre mon affaire de côté éternellement. Je ne comprends pas à quoi il joue et c’est ce qui me désespéré le plus, enfin je crois. J’ai besoin de le voir, de me faire mon propre avis en oubliant que Yeonseok me fait perdre mon temps, et plus important encore mon argent… Le divorce a été prononcé depuis quelques temps mais ma motivation reste identique ou alors elle a augmenté. Cette soif de vengeance ne s’arrêtera jamais. Je vais finir vieille fille sans m’en rendre compte. Je devrais commencer mes recherches pour trouver un autre larbin au lieu de mettre mon numéro de téléphone en inconnu. Yeonseok doit filtrer mes appels à la longue. Je ferais sûrement la même chose si j'étais à sa place. La différence, c'est que je sais faire  mon travail correctement. Dans la voiture que j’ai empruntée pour l’occasion, je contacte le jeune homme. « Décroche. » Je soupire, peu convaincue par cette tentative et finalement les planètes s’alignent. « Salut. C’est Jinhee. » Je pourrais presque l’entendre râler, y compris à des kilomètres d’ici. « Tu es disponible ce soir ? Je dois te parler. »

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you make me mad ♢ Et merde... Quand je reconnais la voix qui résonne à l'autre bout du fil, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un soupir lourd de sens. Cette femme ne me laissera donc jamais respirer ? Cela fait deux semaines, voire même un peu plus, que je ne passe pas une journée sans voir son prénom apparaître sur l'écran de mon portable. A croire qu'elle n'a pas l'intention de décollée son oreille du sien, tant qu'elle n'a pas obtenu de réponse de ma part. Et très, franchement, ça devient de plus en plus gonflant. En plus, voilà qu'elle se met à m'appeler en inconnu, à présent. De quoi m'agacer encore plus... D'ailleurs, je dois avouer être quelque peu frustré et particulièrement blasé de m'être fait avoir aussi facilement, moi qui jusqu'à maintenant avais réussi avec brio à éviter toutes les tentatives de la jeune femme pour venir me parler, et ce, même lorsqu'on se croisait à la Yonsei. « T'en as pas marre, franchement ?! A force, j'vais finir par croire que t'es tombée amoureuse de moi. » Quelle bonne blague... Comme si cette femme était capable d'éprouver pareils sentiments pour une personne. Mais soit. Pressé d'en finir avec cette conversation qui n'a même pas vraiment commencé, je soupire de nouveau, avant de m'empresser d'ajouter : « Désolé mais non. Ce soir, j'ai pas le temps, je travaille. » Et sur ces mots, je raccroche, sans même attendre de réponse de la part de la jeune femme. Je n'ai pas que ça à faire, après tout. Revêtant d'ailleurs mon manteau en cuir, je quitte l'appartement, sac à dos sur l'épaule, et me dirige vers la voiture que j'ai loué pour l'occasion dans laquelle je m'installe rapidement, avant de me mettre en route, direction Itaewon...

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you make me mad ♢ Harceler le jeune homme n’est pas un indice de moralité. Ceci s’ajoute donc à la longue liste de mes nombreux défauts et délits. D’un égoïste sans nom, je me moque de déranger le détective privé, et ce, à plusieurs reprises. Dans ces moments, il est facile de réaliser l’impact de l’argent dans ma vie. Je devrais décrocher, peut-être abandonner mais malheureusement, ce n’est pas non plus dans mon vocabulaire. J’avais beaucoup misé sur Yeon Seok mais celui-ci ne m’avait pas prise au sérieux. Pourrais-je lui en vouloir ? Je me comporte comme une enfant ou alors de manière plus sévère, comme une droguée. Les billets sont mes médicaments, un remède à la vie monotone que je m’impose. Mais je suis bien trop perdue dans une colère noire et l’inquiétude pour réaliser la stupidité de mes agissements. Au lieu d’aller de l’avant, je m’enfonce dans des situations qui ne sont pas saines. Accueillie par une réplique bien sûr inexacte, je pourrais être prise d’un fou rire. Qui sait. Je voudrais surtout tomber amoureuse d’un travail bien accompli. Une nouvelle orientation sexuelle qui serait beaucoup moins stimulante que la précédente mais pourquoi pas ? « Att.. » Je n’ai même pas eu le temps d’en placer une que le jeune homme a déjà raccroché. Il ne me laisse pas le choix. Si j’en avais l’intérêt, je lui demanderai de me rembourser de suite mais il sait très bien de ce que j’ai besoin. Frustrée, je m’enfonce dans mon siège et réfléchis plusieurs minutes. Qu’est-ce que je fais ? Je suis en bas de chez lui, je ne vais quand même pas… Or, et pour changer, je suis prise au dépourvue quand j’aperçois Yeon Seok entrer dans sa voiture. Il se barre, pour de vrai mais où ? Le comble serait de suivre son propre détective privé. Je ne sais pas ce qui est le plus drôle : c’est le fait de démarrer subitement la voiture ou simplement cette remarque… Le trajet dure une bonne vingtaine de minutes pour rejoindre le quartier d’Itaewon. Qui traîne dans ce quartier franchement ? Affichant une grimace de dégoût, je me dis que je devrais peut-être déposer mon cv sur son bureau. Plutôt efficace pour une novice… J’esquisse un sourire satisfait tout en mettant le frein à main. Et maintenant Jin Hee ? Les feux éteints, je veille à savoir quel est le chemin qu'il emprunte... Il a peut-être une course à faire. Je vais attendre un petit peu avant de me décider. 

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you make me mad ♢ Installé sur la banquette arrière de la voiture, je regarde le cadran de ma montre que seule la lumière d'un lampadaire, situé à plusieurs mètres de là, parvient à éclairer tant bien que mal. Il est vingt-deux heures passées et cela fait plusieurs minutes maintenant que je suis à l'arrêt, garé non loin de l'immeuble que j'ai pour ordre de surveiller mais assez loin, cependant, pour ne pas être repéré. Un spot que j'avais localisé lors de ma première « expédition » sur place, quelques jours auparavant, et autant dire que je me suis plutôt bien débrouillé. En effet, de ce dernier, pourtant à l'abri de ces regards que je souhaite à tout prix éviter, j'ai néanmoins une vue presque entièrement dégagée sur la totalité de la rue. Un peu plus loin, il m'est même possible de distinguer quelques silhouettes en train de discuter. Des silhouettes encapuchonnées qui n'étaient pas encore sur les lieux lorsque je suis arrivé et que je n'ai pas quitté des yeux depuis qu'elles sont entrées dans mon champs de vision, les observant alors sans sourciller, tel un prédateur surveillant sa proie. Et, pour l'instant, on ne peut pas dire qu'il y ait grand chose à signaler, pour ne pas dire rien du tout. Ceci étant dit, la nuit ne fait que commencer...

Attrapant mon sac, sans toutefois lâcher mes « cibles » des yeux, j'en extirpe ma thermos que je commence à dévisser. Comme à chaque fois, je me suis préparé de quoi tenir toute une nuit, s'il le faut, et pour ça rien de mieux qu'un bon café bien chaud dont je bois une rapide gorgée. Cependant, et alors que je risque un regard dans le rétroviseur, histoire de surveiller également mes arrières, je remarque la présence d'une voiture, non loin. Voiture qui, j'en suis certain, ne se trouvait pas là il y a encore quelques minutes...

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