Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP)
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Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Dim 10 Fév - 0:27 Citer EditerSupprimer
Un contact peut en cacher un autre
DOO LEAP & PARK EUN KI
Immergée dans sa nouvelle université, Eun Ki n’avait pas eu beaucoup de temps libre. Elle était occupée toute la journée entre les cours et les balades au sein de ce campus aux proportions gigantesques. Elle n’avait pas un mauvais sens de l’orientation, mais il lui était arrivé assez souvent de se perdre dans un couloir. Le temps filait à une vitesse incroyable, et les soirées qu’elle prenait la peine de se libérer, elle les passait en compagnie de ses amis qui partageaient la même vie de débauche qu’elle, ou qui en abusaient encore plus. Fumer, boire, chanter faux était devenu un réel besoin pour calmer ses crises d’angoisse qui s’étaient encore plus accentuées depuis quelques temps. Certainement causée par un nouvel environnement dans lequel elle s’était retrouvée plongée seule. Enfin, seule mais pas trop puisqu’elle savait qu’elle y connaissait une tête.
Qu’elle connaissait, au passé seulement. Elle avait connu un petit garçon, plus âgé et qui prenait toujours soin d’elle à une période de leur vie, et qui l’avait ensuite détruite, une première fois, puis complètement anéantie la seconde fois. Il était la source de ses angoisses ici, elle ne l’ignorait pas mais se voiler la face en se disant juste qu’elle était juste déstabilisée par l’unicité de l’endroit était plus facile à admettre aux autres et pour éviter de broyer du noir. Les coups de blues, elle en avait assez comme ça, alors si elle pouvait éviter d’y repenser, pour se retrouver une nouvelle fois dans un état léthargique, allongé seule dans la noirceur de sa chambre, recouverte d’une épaisse couverture qui lui donnait des bouffées de chaleur, en ne faisant rien d’autre que de regarder le vide, elle le faisait bien.
Cette sensation de vide, elle la connaissait bien. Quand elle n’avait plus plaisir à rien, que ses passions les plus profondes ne lui redonnaient plus le sourire, qu’elle se répétait sans cesse tout ce qu’elle était ou ce qu’elle ne pourrait jamais être, quand elle faisait la liste de tous ses défauts et ses regrets, la seule chose qui pouvait la faire sortir de cette situation n’était que la perspective de noyer la pauvre personne qu’elle était dans des breuvages qui lui brûlaient la gorge, qui coupaient son cerveau dysfonctionnel et qui la faisait complètement disjoncter. Surtout que les compléments alimentaires qu’elle prenait en plus d’anxiolytiques légers ne faisaient pas bons ménages. Ils la faisaient planer d’autant plus. Les lendemains étaient toujours très difficiles pour elle, non pas qu’elle ait la gueule de bois - elle n’avait jamais connu vertiges, nausées ou migraines - mais elle reprenait le cours de la réalité. De sa pauvre existence. Et elle recommençait à s’en excuser. De vivre, d’être née, d’être là, de tout de même faire partie de ce monde.
Elle était sortie l’avant-veille, alors elle était en plein dans cet état d’esprit. Demander pardon, à tous et pour tout. Et la personne à qui elle avait le plus envie de présenter ses excuses était une de ses amies qu’elle n’avait pas revu depuis qu’elle avait débarqué dans cette université. Juste un message le jour de sa rentrée, et depuis, plus rien. Alors, dans l’espoir de pouvoir la voir, ou au moins de lui parler, parce qu’elle ne méritait pas plus finalement, elle attrapa son téléphone pour l’appeler, quand elle quitta l’amphithéâtre de son dernier cours de la journée, pour tenter de rattraper cette amitié dont elle n’était pas digne. Un soupir pour se donner du courage, et elle appuya sur l’icône de téléphone verte en implorant de toute son âme pour que la personne de l’autre côté ne la rejette comme tant d’autres l’ont fait.
Qu’elle connaissait, au passé seulement. Elle avait connu un petit garçon, plus âgé et qui prenait toujours soin d’elle à une période de leur vie, et qui l’avait ensuite détruite, une première fois, puis complètement anéantie la seconde fois. Il était la source de ses angoisses ici, elle ne l’ignorait pas mais se voiler la face en se disant juste qu’elle était juste déstabilisée par l’unicité de l’endroit était plus facile à admettre aux autres et pour éviter de broyer du noir. Les coups de blues, elle en avait assez comme ça, alors si elle pouvait éviter d’y repenser, pour se retrouver une nouvelle fois dans un état léthargique, allongé seule dans la noirceur de sa chambre, recouverte d’une épaisse couverture qui lui donnait des bouffées de chaleur, en ne faisant rien d’autre que de regarder le vide, elle le faisait bien.
Cette sensation de vide, elle la connaissait bien. Quand elle n’avait plus plaisir à rien, que ses passions les plus profondes ne lui redonnaient plus le sourire, qu’elle se répétait sans cesse tout ce qu’elle était ou ce qu’elle ne pourrait jamais être, quand elle faisait la liste de tous ses défauts et ses regrets, la seule chose qui pouvait la faire sortir de cette situation n’était que la perspective de noyer la pauvre personne qu’elle était dans des breuvages qui lui brûlaient la gorge, qui coupaient son cerveau dysfonctionnel et qui la faisait complètement disjoncter. Surtout que les compléments alimentaires qu’elle prenait en plus d’anxiolytiques légers ne faisaient pas bons ménages. Ils la faisaient planer d’autant plus. Les lendemains étaient toujours très difficiles pour elle, non pas qu’elle ait la gueule de bois - elle n’avait jamais connu vertiges, nausées ou migraines - mais elle reprenait le cours de la réalité. De sa pauvre existence. Et elle recommençait à s’en excuser. De vivre, d’être née, d’être là, de tout de même faire partie de ce monde.
Elle était sortie l’avant-veille, alors elle était en plein dans cet état d’esprit. Demander pardon, à tous et pour tout. Et la personne à qui elle avait le plus envie de présenter ses excuses était une de ses amies qu’elle n’avait pas revu depuis qu’elle avait débarqué dans cette université. Juste un message le jour de sa rentrée, et depuis, plus rien. Alors, dans l’espoir de pouvoir la voir, ou au moins de lui parler, parce qu’elle ne méritait pas plus finalement, elle attrapa son téléphone pour l’appeler, quand elle quitta l’amphithéâtre de son dernier cours de la journée, pour tenter de rattraper cette amitié dont elle n’était pas digne. Un soupir pour se donner du courage, et elle appuya sur l’icône de téléphone verte en implorant de toute son âme pour que la personne de l’autre côté ne la rejette comme tant d’autres l’ont fait.
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Mar 5 Mar - 11:40 Citer EditerSupprimer
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Quelle heure était-il ? Leap essuya les traces noires qu’avait laissé son mascara sous ses yeux pendant qu’elle dormait. L’esprit embrumé, la tête serré dans un étau, la nausée qui remontait, séquentielle. Les yeux rivés sur le plafond parce que tout autour d’elle tanguait. Lointain souvenirs d’un temps qu’elle passait dans un navire militaire, quand elle revenait sur terre mais que les vagues continuaient de bercer ses sens. Toujours un peu désagréable de ne pas retrouver son équilibre quand on est un soldat en mission. A jamais horrifié de ne pas pouvoir se sortir de cette oscillation dans laquelle son être entier s’était perdu. Elle attrapa un cachet qu’elle avala avec difficulté, l’envie de le recracher avec tout l’alcool que son estomac essayait de gérer. Mauvais mélange les antidépresseurs et les boissons pour adulte. Il fallait croire qu’elle aimait se faire du mal. Ce n’était pas bien gênant, après avoir blessé tant de gens. Après en avoir tué certains. Pourquoi ne pouvait-elle pas se faire subir le même sort ? Maintenant qu’elle n’était plus qu’un déchet de la société, un poids, comme elle avait longtemps été, comme on lui avait souvent répété. S’étouffer à petit feu. Disparaître, enfin, sans regret. Expier ses pêchés. Dès qu’elle fermait les yeux, les visages torturés de ces êtres humains dont elle avait creusé la tombe revenait en hurlant, attaquant son âme. Alors, la nuit, elle n’osait dormir. Elle s’assommait de drogues prescrites médicalement et de liqueur jusqu’à ce que son esprit la quitte. La plupart du temps elle ne savait même pas où elle se réveillait. Parfois à l’hôpital, parfois dans la rue. Depuis quelques temps c’était dans cette chambre qui apaisait ses sens. Un parfum amical, habituel, y flottait constamment. L’impression d’être aimé, que quelqu’un se soucie d’elle.
Mais toujours plus, la sensation d’être un fardeau.
C’était dans son ADN d’être une horrible personne. Sa propre mère ne l’avait-elle pas vendu à un réseau de prostitution pour de l’argent ? Quel monstre ferait cela. Elle ne s’était même jamais senti triste de la savoir morte. Elle s’en souvenait même, cette petit excitation qui avait envahi ses entrailles, sa soif qui s’était tue, les commissures de ses lèvres qui s’étaient relevés dans un rictus. Et elle avait pensé : Le monstre est mort! Ses cauchemars cesseraient, la douleur imaginaire à son poignet disparaîtrait, n’est-ce pas ? Mais l’âme de sa mère avait continué à la hanter toutes ces années jusqu’à ce que finalement elle devienne ce monstre. Elle n’en pouvait plus, elle voulait que tout cela cesse. Cela comprimait son cœur, déchirait les quelques sentiments purs qui lui restaient. Elle voulait les étouffer ceux là, ils la gardaient en vie. Elle n’arrivait pas totalement à se convaincre qu’elle était mauvaise. Mais son esprit s’était éteint. Fichu cœur qui continuait de battre, fichu poumons qui continuaient de respirer. Qu’il était douloureux de vivre dans un corps quand on était déjà morte. Elle ne le savait pas encore. Non elle ne le savait pas.
On pouvait mourir intérieurement bien longtemps, contrairement au corps, il n’y avait pas de temps limité pour réanimer un esprit, une âme. Mais elle n’avait pas le force de prendre le défibrillateur. Son courage, son endurance, des années de vie en enfer les avait épuisé. Elle regardait ce même coin du ciel à travers la fenêtre. Quelle heure était-il ? Et si elle partait maintenant ? Elle se sentait plus légère, elle s’élevait, elle s’élevait et la douleur disparaissait, elle partait loin si loin… Elle se trouvait désormais au dessus du bleu nuit du Golfe Persique et elle s’élevait vers les étoiles… Une larme, lourde de réalité, coula lentement de ses yeux béants jusqu’à s’écraser sur son oreiller. Puis une autre, et une autre encore. Des spasmes la secouèrent, elle ne pouvait s’arrêter de pleurer. Elle avait mal, si mal…
Une lumière qui s’allume, un bruit qui retentit. Son portable. Elle le laisse sonner, un peu. Elle se calme, sèche ses larmes, respire. Inspire, expire, souffle régulé. Elle attrape le plastique noir, décroche. Elle renifle et puis d’une voix faible :
« … Allô ? Qui est-ce ? » demanda-t-elle.
Elle n’avait que quelques numéros enregistrés dans ce vieux téléphone, celui qui s’était affiché lui était totalement inconnu. Sûrement une erreur. L’espoir de tomber sur une autre voix que la sienne, une déception supplémentaire qu’elle apporterait à l’innocente personne qui se trouvait de l’autre côté du combiné. Mais elle exprimait une pointe de curiosité pour la personne qui l’avait tiré d’un moment de perdition si douloureux. Bizarrement, elle se sentait un peu mieux, un peu moins seule, au moins l’espace d’un instant.
Mais toujours plus, la sensation d’être un fardeau.
C’était dans son ADN d’être une horrible personne. Sa propre mère ne l’avait-elle pas vendu à un réseau de prostitution pour de l’argent ? Quel monstre ferait cela. Elle ne s’était même jamais senti triste de la savoir morte. Elle s’en souvenait même, cette petit excitation qui avait envahi ses entrailles, sa soif qui s’était tue, les commissures de ses lèvres qui s’étaient relevés dans un rictus. Et elle avait pensé : Le monstre est mort! Ses cauchemars cesseraient, la douleur imaginaire à son poignet disparaîtrait, n’est-ce pas ? Mais l’âme de sa mère avait continué à la hanter toutes ces années jusqu’à ce que finalement elle devienne ce monstre. Elle n’en pouvait plus, elle voulait que tout cela cesse. Cela comprimait son cœur, déchirait les quelques sentiments purs qui lui restaient. Elle voulait les étouffer ceux là, ils la gardaient en vie. Elle n’arrivait pas totalement à se convaincre qu’elle était mauvaise. Mais son esprit s’était éteint. Fichu cœur qui continuait de battre, fichu poumons qui continuaient de respirer. Qu’il était douloureux de vivre dans un corps quand on était déjà morte. Elle ne le savait pas encore. Non elle ne le savait pas.
On pouvait mourir intérieurement bien longtemps, contrairement au corps, il n’y avait pas de temps limité pour réanimer un esprit, une âme. Mais elle n’avait pas le force de prendre le défibrillateur. Son courage, son endurance, des années de vie en enfer les avait épuisé. Elle regardait ce même coin du ciel à travers la fenêtre. Quelle heure était-il ? Et si elle partait maintenant ? Elle se sentait plus légère, elle s’élevait, elle s’élevait et la douleur disparaissait, elle partait loin si loin… Elle se trouvait désormais au dessus du bleu nuit du Golfe Persique et elle s’élevait vers les étoiles… Une larme, lourde de réalité, coula lentement de ses yeux béants jusqu’à s’écraser sur son oreiller. Puis une autre, et une autre encore. Des spasmes la secouèrent, elle ne pouvait s’arrêter de pleurer. Elle avait mal, si mal…
Une lumière qui s’allume, un bruit qui retentit. Son portable. Elle le laisse sonner, un peu. Elle se calme, sèche ses larmes, respire. Inspire, expire, souffle régulé. Elle attrape le plastique noir, décroche. Elle renifle et puis d’une voix faible :
« … Allô ? Qui est-ce ? » demanda-t-elle.
Elle n’avait que quelques numéros enregistrés dans ce vieux téléphone, celui qui s’était affiché lui était totalement inconnu. Sûrement une erreur. L’espoir de tomber sur une autre voix que la sienne, une déception supplémentaire qu’elle apporterait à l’innocente personne qui se trouvait de l’autre côté du combiné. Mais elle exprimait une pointe de curiosité pour la personne qui l’avait tiré d’un moment de perdition si douloureux. Bizarrement, elle se sentait un peu mieux, un peu moins seule, au moins l’espace d’un instant.
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Dim 17 Mar - 3:02 Citer EditerSupprimer
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Le temps semblait s’allonger, la relativité prenait sens, encore une fois. Les secondes ressemblaient à des heures tandis que son coeur semblait battre deux fois plus vite que la normale. Il lui semblait avoir appuyé sur ce bouton vert la veille, et elle entendit enfin le bruit caractéristique de début d’appel. La patience n’avait jamais été un problème pour elle en temps normal, seulement la peur, l’appréhension était monnaie courante dans son quotidien. Pourtant, elle les ressentait si intensément.
La première tonalité. Toujours pas de réponse. Était-ce étonnant même ? Cela faisait tellement de temps qu’elle n’avait pas prit de ses nouvelles, son amie était légitime de la faire patienter elle aussi. Elle ne pouvait pas s’en plaindre. Tout était de sa faute, une fois encore. L’amitié à ses yeux était éternelle, pas besoin de s’appeler tous les jours. Comportement déviant pour beaucoup. Si l’on ne préoccupe pas explicitement des autres assez régulièrement, la considération que vous éprouvez pour les autres est réduit à néant. Plus jeune, ça lui avait paru logique cette manière de penser, quand elle avait sept ans. Les années ont passé, l’embarquant avec elles, et l’ont aidé à grandir.
Deuxième tonalité. Jamais elle n’avait décidé de la laisser tomber. Elle s’était juste laissée déborder. Par l’inédit, le nouveau. Par la crainte, l’inquiétude. Par son spleen, son asthénie. Ses amis la connaissaient. Enfin, Eun Ki le pensait. D’ailleurs, certains d’entre eux avaient insisté quand elle s’était replongée dans un silence aussi réconfortant que destructeur. Elle ne choisissait pas de se couper du monde. Elle n’allait pas vivre dans une grotte pendant quelques semaines. L’inconscience de ce mutisme se faisait si aisément qu’elle ne se rendait même pas compte qu’elle n’avait prononcé un mot depuis des jours, que son téléphone était éteint parce que déchargé. Seule, avec un livre au bord de sa fenêtre ou juste à regarder la vie qui défile sans elle, emmitouflée dans un plaid, un cappuccino ou une cigarette à la main.
Troisième tonalité. La vie défile sans nous, comme un train quitte la gare, peu importe qui se trouvait sur le quai, un billet à la main. Si l’on n’a pas prit place dans le wagon, aucun autre passager ne sera impacté. C’est cette impression d’inutilité qui la tiraille le plus, l’impression de ne pas faire partie activement de la société. étudiante, elle ne sert à rien finalement. Elle ne gagne pas d’argent, ne rend pas de service. Simplement dépendante encore de ses parents, à plus de vingt ans. Depuis l’enfance, elle s’est toujours imaginée étudiante à ce stade de sa vie, mais jamais elle n’aurait imaginé que cela puisse ne pas la rendre aussi heureuse que tous les autres autour d’elle. Qu’a-t-elle de moins qu’eux pour ne pas être heureuse ? Juste du bon sens, en fait. Elle a de l’argent, de la nourriture, un toit, des vêtements. Elle peut dépenser sans vraiment regarder. Elle a toujours pu choisir ce qu’elle voulait faire, a toujours reçu de l’amour de la part de ses parents. Et pourtant, la voilà à regarder vivre les autres pendant que la vie la submerge.
Quatrième tonalité. À bord de la rupture, elle hésite à raccrocher. Peu courageuse, elle se résolut à l’idée de ne plus jamais parler à son amie, ou en tout cas de ne plus jamais avoir le droit de la qualifier ainsi. Pourtant, sa main ne se baissa pas, dernier signe de révolte entre son corps et sa tête. Ses nerfs étaient crispés. Impossible qu’ils abandonnent avant d’entendre l’horrible voix du répondeur. Qu’elle n’écouterait même pas d’ailleurs, parce qu’elle ne laisserait pas de message. Sa voix tremblerait tellement que personne ne comprendrait rien.
Surprise. Elle a décroché. Son amie a prit l’appel.
Espoir. Elle a une autre chance. Son amie ne lui en veut peut-être pas finalement.
Déception. Elle entend une toute petite voix de l’autre côté, à travers les légers grésillements. Qui est-ce ? Son nom n’est donc plus enregistré dans son répertoire. À quoi s’attendait-elle après tout ? Des effusions de joie ? Comme si quelqu’un pouvait vraiment se réjouir de la revoir, de la ré-entendre.
Tristesse aussi d’entendre une voix aussi faible de la part de son amie. Elle se sentait coupable de ne pas savoir pourquoi elle se trouvait dans cet état, et surtout de ne pas avoir été là au moment où elle aurait dû avoir besoin d’elle visiblement. Elle savait qu’elle n’était pas seule tout de même et qu’elle avait dû trouver quelqu’un d’autre, mais c’était toujours difficile de savoir que quelqu’un que l’on apprécie souffre et que l’on ignore pourquoi.
Elle se racla la gorge, dans l’espoir de trouver un timbre de voix assez grave mais surtout stable. Elle savait que sa voix avait tendance à s’éteindre quand elle partait dans les aigus et elle voulait être sûre de se faire entendre.
« C’est Eun Ki… elle inspira pour se donner confiance. Je m’excuse de ne pas t’avoir appelé avant, j’étais débordée entre les nouveaux cours, le nouveau décor. Il faut le temps que je m’habitue, tu me connais. J’ai eu un peu peur au début, même si c’est puéril, mais je peux pas contrôler cette crainte de l’inconnu, des autres aussi. J’ai toujours l’impression qu’on me regarde toujours, qu’on me juge, comme si c’était écrit nouvelle sur mon front. Tu me connais hein ? Ça risque de passer dans quelques semaines si je me force un peu. »
Elle rit nerveusement. Elle avait parlé, beaucoup plus que ce qu’elle aurait voulu, assez vite également. Ce besoin de tout dire très vite, comme si le temps d’attention de son interlocuteur était beaucoup trop précieux pour lui permettre de le perdre à trop l’écouter. Faire vite, aller à l’essentiel. Une mauvaise habitude dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, comme beaucoup de pensées qu’elle ne savait pas se défaire.
La première tonalité. Toujours pas de réponse. Était-ce étonnant même ? Cela faisait tellement de temps qu’elle n’avait pas prit de ses nouvelles, son amie était légitime de la faire patienter elle aussi. Elle ne pouvait pas s’en plaindre. Tout était de sa faute, une fois encore. L’amitié à ses yeux était éternelle, pas besoin de s’appeler tous les jours. Comportement déviant pour beaucoup. Si l’on ne préoccupe pas explicitement des autres assez régulièrement, la considération que vous éprouvez pour les autres est réduit à néant. Plus jeune, ça lui avait paru logique cette manière de penser, quand elle avait sept ans. Les années ont passé, l’embarquant avec elles, et l’ont aidé à grandir.
Deuxième tonalité. Jamais elle n’avait décidé de la laisser tomber. Elle s’était juste laissée déborder. Par l’inédit, le nouveau. Par la crainte, l’inquiétude. Par son spleen, son asthénie. Ses amis la connaissaient. Enfin, Eun Ki le pensait. D’ailleurs, certains d’entre eux avaient insisté quand elle s’était replongée dans un silence aussi réconfortant que destructeur. Elle ne choisissait pas de se couper du monde. Elle n’allait pas vivre dans une grotte pendant quelques semaines. L’inconscience de ce mutisme se faisait si aisément qu’elle ne se rendait même pas compte qu’elle n’avait prononcé un mot depuis des jours, que son téléphone était éteint parce que déchargé. Seule, avec un livre au bord de sa fenêtre ou juste à regarder la vie qui défile sans elle, emmitouflée dans un plaid, un cappuccino ou une cigarette à la main.
Troisième tonalité. La vie défile sans nous, comme un train quitte la gare, peu importe qui se trouvait sur le quai, un billet à la main. Si l’on n’a pas prit place dans le wagon, aucun autre passager ne sera impacté. C’est cette impression d’inutilité qui la tiraille le plus, l’impression de ne pas faire partie activement de la société. étudiante, elle ne sert à rien finalement. Elle ne gagne pas d’argent, ne rend pas de service. Simplement dépendante encore de ses parents, à plus de vingt ans. Depuis l’enfance, elle s’est toujours imaginée étudiante à ce stade de sa vie, mais jamais elle n’aurait imaginé que cela puisse ne pas la rendre aussi heureuse que tous les autres autour d’elle. Qu’a-t-elle de moins qu’eux pour ne pas être heureuse ? Juste du bon sens, en fait. Elle a de l’argent, de la nourriture, un toit, des vêtements. Elle peut dépenser sans vraiment regarder. Elle a toujours pu choisir ce qu’elle voulait faire, a toujours reçu de l’amour de la part de ses parents. Et pourtant, la voilà à regarder vivre les autres pendant que la vie la submerge.
Quatrième tonalité. À bord de la rupture, elle hésite à raccrocher. Peu courageuse, elle se résolut à l’idée de ne plus jamais parler à son amie, ou en tout cas de ne plus jamais avoir le droit de la qualifier ainsi. Pourtant, sa main ne se baissa pas, dernier signe de révolte entre son corps et sa tête. Ses nerfs étaient crispés. Impossible qu’ils abandonnent avant d’entendre l’horrible voix du répondeur. Qu’elle n’écouterait même pas d’ailleurs, parce qu’elle ne laisserait pas de message. Sa voix tremblerait tellement que personne ne comprendrait rien.
Surprise. Elle a décroché. Son amie a prit l’appel.
Espoir. Elle a une autre chance. Son amie ne lui en veut peut-être pas finalement.
Déception. Elle entend une toute petite voix de l’autre côté, à travers les légers grésillements. Qui est-ce ? Son nom n’est donc plus enregistré dans son répertoire. À quoi s’attendait-elle après tout ? Des effusions de joie ? Comme si quelqu’un pouvait vraiment se réjouir de la revoir, de la ré-entendre.
Tristesse aussi d’entendre une voix aussi faible de la part de son amie. Elle se sentait coupable de ne pas savoir pourquoi elle se trouvait dans cet état, et surtout de ne pas avoir été là au moment où elle aurait dû avoir besoin d’elle visiblement. Elle savait qu’elle n’était pas seule tout de même et qu’elle avait dû trouver quelqu’un d’autre, mais c’était toujours difficile de savoir que quelqu’un que l’on apprécie souffre et que l’on ignore pourquoi.
Elle se racla la gorge, dans l’espoir de trouver un timbre de voix assez grave mais surtout stable. Elle savait que sa voix avait tendance à s’éteindre quand elle partait dans les aigus et elle voulait être sûre de se faire entendre.
« C’est Eun Ki… elle inspira pour se donner confiance. Je m’excuse de ne pas t’avoir appelé avant, j’étais débordée entre les nouveaux cours, le nouveau décor. Il faut le temps que je m’habitue, tu me connais. J’ai eu un peu peur au début, même si c’est puéril, mais je peux pas contrôler cette crainte de l’inconnu, des autres aussi. J’ai toujours l’impression qu’on me regarde toujours, qu’on me juge, comme si c’était écrit nouvelle sur mon front. Tu me connais hein ? Ça risque de passer dans quelques semaines si je me force un peu. »
Elle rit nerveusement. Elle avait parlé, beaucoup plus que ce qu’elle aurait voulu, assez vite également. Ce besoin de tout dire très vite, comme si le temps d’attention de son interlocuteur était beaucoup trop précieux pour lui permettre de le perdre à trop l’écouter. Faire vite, aller à l’essentiel. Une mauvaise habitude dont elle n’arrivait pas à se débarrasser, comme beaucoup de pensées qu’elle ne savait pas se défaire.
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Sam 6 Avr - 12:27 Citer EditerSupprimer
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Qu’est-ce qu’il se passe ? Il y a une voix nasillarde qui résonne dans sa tête. Non, pas dans sa tête. Elle est réelle celle-là, toute robotique qu’elle sonne sortant de son téléphone. Et les sons, ils rentrent dans son oreille, tapent sur ses tympans les transpercent pour finir dans sa boîte crânienne à ricocher partout. C’est affreusement douloureux et le pire, c’est qu’elle continu. Sans une pause, sans un souffle. De longues minutes passent, Leap se crispe. La personne a l’autre bout du fil imaginaire a décidé de l’assassiner. Une sensation de panique, de remords l’envahit mais ce sentiment ne vient pas d’elle ; ces émotions sont contenues dans cette voix qui d’un coup les déverse sur elle comme un torrent. Insupportable. Elle se tord violemment une mèche de cheveux pour tenter de dissoudre cette douleur lancinante qui s’empare de sa tête, de sa pensée. C’est la seule chose à laquelle elle peut penser. Elle veut hurler mais ses peines sont si intenses qu’elles en restent silencieuses. Comme toutes celles qui ne sont pas physiques.
Un cauchemar. L’espace d’un instant, elle avait mis toute sa joie, tous ses espoirs dans ce simple appel. Et c’était regrettable. Rien n’était agréable dans le ton angoissée qui débitait à une vitesse folle des paroles trop longtemps pensés, refoulés. Et puis soudain. Le silence revint. Leap fixe son plafond dans le noir le temps d’une grande inspiration. Expiration. Elle glousse discrètement, rapidement. Son interlocutrice n’avait même pas pris la peine de vérifier qu’elle s’adressait à la bonne personne. Quelle déception allait-elle avoir ! A moins que… Ce soit-elle qui délire ? Elle essaya de replacer les mots dans l’ordre, une amie qu’elle n’aurait pas vu depuis longtemps, une amie qui saurait qu’elle n’allait pas bien… Avait-elle seulement une amie ? Pas sûre. Elle devait remonter dans des souvenirs lointains, des bribes flouées de sa mémoire qui lui demandait un effort considérable pour ne serait-ce retrouvé. Sa nausée remontait. Une triste pensée lui vint : avait-elle oublié cette amie ? Elle haït son cerveau, sa maladie merdique, les cachets, les larmes qui séchaient sur ses joues. Elle maudit sa vie, sa situation, son corps pourri. Soupire, long, douloureux.
C’était trop pour elle. Tant pis.
« Hum.. Ecoutez, je ne suis pas sûre qu’on se connaisse… Je suis désolée, j’ai du mal à me rappeler de certaines choses dernièrement. Je… euh… Vous avez dit vous appeler comment déjà ? Moi c’est... » essaya-t-elle de prononcer de sa voix endolorie, rassemblant les trois quatre mots qui avaient bien voulu se former dans son crâne avant d’être coupée par une quinte de toux et par un bruit guttural, à deux doigts de balancer sa bile sur le parquet de sa chambre.
Elle soupire, roule ses yeux. Qu’est-ce qu’elle va faire là, à deux doigts du malaise, son sauveur de colocataire parti travailler pendant qu’elle continue de s’enfoncer plus bas vers la mort. Il retrouvera son corps inerte à son retour, la pleurera sûrement, au moins elle aura le droit à des funérailles digne de ce nom et pour ses anciens camarades, quelques temps pour se recueillir. Les endeuillés porteraient de beaux uniformes, ils auraient tous des postures très droites. Sa vraie famille qu’elle ne pouvait désormais plus voir. Tous ces soulards rencontrés dans des bars, les orphelins de chez les bonnes sœurs, aucun d’entre eux ne viendraient, pourquoi leur donner autant d’importance ? Et pourquoi elle dramatisait même ? Elle n’allait pas clamser en ligne avec cette pauvre demoiselle qui n’avait rien demandé ! Un courage immense s’empara d’elle, elle aurait voulu se laver et jeter toutes ses pilules dans les toilettes. Seulement elle était incapable de se lever. Elle massa sa jambe et la douleur que sa blessure lui procurait lui suffit à rester consciente.
« Désolée pour ça. » gloussa-t-elle, un peu stone et surtout très gêné d’une situation incongrue alors que son interlocutrice ne pouvait ni la voir, ni savoir qui elle était.
C’était ridicule. Leap se sentait ridicule. Un moment de lucidité, allait-elle finir ses jours comme ça jusqu’à clamser ?
Un cauchemar. L’espace d’un instant, elle avait mis toute sa joie, tous ses espoirs dans ce simple appel. Et c’était regrettable. Rien n’était agréable dans le ton angoissée qui débitait à une vitesse folle des paroles trop longtemps pensés, refoulés. Et puis soudain. Le silence revint. Leap fixe son plafond dans le noir le temps d’une grande inspiration. Expiration. Elle glousse discrètement, rapidement. Son interlocutrice n’avait même pas pris la peine de vérifier qu’elle s’adressait à la bonne personne. Quelle déception allait-elle avoir ! A moins que… Ce soit-elle qui délire ? Elle essaya de replacer les mots dans l’ordre, une amie qu’elle n’aurait pas vu depuis longtemps, une amie qui saurait qu’elle n’allait pas bien… Avait-elle seulement une amie ? Pas sûre. Elle devait remonter dans des souvenirs lointains, des bribes flouées de sa mémoire qui lui demandait un effort considérable pour ne serait-ce retrouvé. Sa nausée remontait. Une triste pensée lui vint : avait-elle oublié cette amie ? Elle haït son cerveau, sa maladie merdique, les cachets, les larmes qui séchaient sur ses joues. Elle maudit sa vie, sa situation, son corps pourri. Soupire, long, douloureux.
C’était trop pour elle. Tant pis.
« Hum.. Ecoutez, je ne suis pas sûre qu’on se connaisse… Je suis désolée, j’ai du mal à me rappeler de certaines choses dernièrement. Je… euh… Vous avez dit vous appeler comment déjà ? Moi c’est... » essaya-t-elle de prononcer de sa voix endolorie, rassemblant les trois quatre mots qui avaient bien voulu se former dans son crâne avant d’être coupée par une quinte de toux et par un bruit guttural, à deux doigts de balancer sa bile sur le parquet de sa chambre.
Elle soupire, roule ses yeux. Qu’est-ce qu’elle va faire là, à deux doigts du malaise, son sauveur de colocataire parti travailler pendant qu’elle continue de s’enfoncer plus bas vers la mort. Il retrouvera son corps inerte à son retour, la pleurera sûrement, au moins elle aura le droit à des funérailles digne de ce nom et pour ses anciens camarades, quelques temps pour se recueillir. Les endeuillés porteraient de beaux uniformes, ils auraient tous des postures très droites. Sa vraie famille qu’elle ne pouvait désormais plus voir. Tous ces soulards rencontrés dans des bars, les orphelins de chez les bonnes sœurs, aucun d’entre eux ne viendraient, pourquoi leur donner autant d’importance ? Et pourquoi elle dramatisait même ? Elle n’allait pas clamser en ligne avec cette pauvre demoiselle qui n’avait rien demandé ! Un courage immense s’empara d’elle, elle aurait voulu se laver et jeter toutes ses pilules dans les toilettes. Seulement elle était incapable de se lever. Elle massa sa jambe et la douleur que sa blessure lui procurait lui suffit à rester consciente.
« Désolée pour ça. » gloussa-t-elle, un peu stone et surtout très gêné d’une situation incongrue alors que son interlocutrice ne pouvait ni la voir, ni savoir qui elle était.
C’était ridicule. Leap se sentait ridicule. Un moment de lucidité, allait-elle finir ses jours comme ça jusqu’à clamser ?
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Dim 14 Avr - 3:18 Citer EditerSupprimer
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Les fins rayons de soleil vinrent chatouiller délicatement la peau de sa joue quand elle quitta enfin les couloirs de l’université. Elle regrettait qu’il n’y ait pas un peu plus de vent ce jour-là, peut-être aurait-elle pu reprendre son souffle plus rapidement alors. Cela aurait peut-être aidé à ce que l’air rentre plus vite dans ses poumons. Eux qu’elle malmenait à fumer plus de la moitié d’un paquet par jour. C’était certainement pour cela qu’elle se sentait aussi étouffée alors qu’elle marchait à son rythme. Ou alors son essoufflement était causé par cette respiration qu’elle avait coupé en attendant une réponse.
Une réponse qui arriva quelques minutes plus tard. Quoique. Peut-être moins. Depuis qu’elle avait appuyé sur ce maudit bouton vert le temps semblait s’allonger. Elle se demandait même si ce n’était pas proportionnel à la durée qui la séparait de la dernière fois où elle avait parlé avec cette amie qu’elle appréciait tant. Elle méritait certainement cette foutue impression. Celle qui avait une odeur amère, qui sentait la trahison, d’un certain côté. Et qui sentait la pourriture d’une culpabilité infinie.
Et quand finalement la réponse arriva, elle inspira longuement. L’air remplit ses poumons au même rythme que l’inquiétude remplissait sa tête. Des problèmes de mémoire ? Était-ce une façon de lui dire qu’elle l’avait complètement zappé de sa vie ? Serait-elle maintenant qu’une inconnue parmi tant d’autre, entièrement identifiée par une série de chiffre ? Et cette voix, si faible, qui se mourra en une toux. Longue. Douloureuse. Étouffante. Inconnue.
Inconnue, oui. Maintenant qu’elle y pensait, elle ne voyait pas comment son amie aurait pu choper une maladie aussi grave en si peu de temps. La relativité du temps encore. Certes, il était long depuis la dernière fois qu’elles s’étaient parlées de vive voix, mais trop court pour qu’elle puisse être aussi amochée. Aussi abîmée que la voix qu’elle avait entendu.
Il serait donc possible que celle qui était au téléphone avec elle, à s’étouffer dans son propre corps, l’oreille collée au téléphone à travers lequel elle lui parlait, n’était pas celle qu’elle avait voulu appelé. Malgré cette option, elle ne se sentit pas soulagée. Parce que la voix n’allait pas mieux. La toux pas encore passée.
Désemparée, elle s’était arrêtée. Nulle part, à un moment tout aussi indéterminé. Plus sensible à l’environnement. Comme en stand-by. Et le monde recommença à tourner à l’instant où la quinte de toux s’arrêta pour être remplacée par une autre voix. Toujours aussi abîmée. Tellement plus belle. Une voix malade, par une voix vivante.
« C’est… C’est rien, elle était hésitante. Tu… ou vous… enfin, euh… ça va ? »
Question idiote. Peu importe à qui elle était en train de parler, il était presque certain que toute personne à cette place répondrait que ça allait, même si ce n’était pas le cas. Surtout si ça n’était pas le cas. Son ancienne amie parce qu’elle lui avait alors bien fait comprendre qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Et une inconnue parce que personne ne raconte ses problèmes à la première personne entendue.
« C’est pas ce que je voulais dire. »
Elle tentait de se reprendre, la voix toujours tremblante. Elle soupira avant de reprendre.
« Ok, je m’appelle Park Eun Ki et je ne suis plus sûre d’avoir appelé le bon numéro. Je vais reposer ma question autrement : avez-vous besoin d’aide ? »
Elle se sentait toujours aussi désemparée, inutile aussi. Parce qu’au final, même si elle avait besoin d’aide, le dirait-elle ? Probablement pas. Ou alors elle se chargerait elle-même d’appeler un médecin, ou les secours. Eun Ki ne saurait même pas expliquer ce qu’il se passe ou l’endroit où elle se trouve si elle le faisait. Elle s’insulta encore d’idiote, mais c’était au-dessus de ses forces d’entendre une chose aussi violente et ne pas proposer son aide. Le contraire lui paraissait tellement inhumain. Et Eun Ki se trouvait trop humaine à cet instant.
Une réponse qui arriva quelques minutes plus tard. Quoique. Peut-être moins. Depuis qu’elle avait appuyé sur ce maudit bouton vert le temps semblait s’allonger. Elle se demandait même si ce n’était pas proportionnel à la durée qui la séparait de la dernière fois où elle avait parlé avec cette amie qu’elle appréciait tant. Elle méritait certainement cette foutue impression. Celle qui avait une odeur amère, qui sentait la trahison, d’un certain côté. Et qui sentait la pourriture d’une culpabilité infinie.
Et quand finalement la réponse arriva, elle inspira longuement. L’air remplit ses poumons au même rythme que l’inquiétude remplissait sa tête. Des problèmes de mémoire ? Était-ce une façon de lui dire qu’elle l’avait complètement zappé de sa vie ? Serait-elle maintenant qu’une inconnue parmi tant d’autre, entièrement identifiée par une série de chiffre ? Et cette voix, si faible, qui se mourra en une toux. Longue. Douloureuse. Étouffante. Inconnue.
Inconnue, oui. Maintenant qu’elle y pensait, elle ne voyait pas comment son amie aurait pu choper une maladie aussi grave en si peu de temps. La relativité du temps encore. Certes, il était long depuis la dernière fois qu’elles s’étaient parlées de vive voix, mais trop court pour qu’elle puisse être aussi amochée. Aussi abîmée que la voix qu’elle avait entendu.
Il serait donc possible que celle qui était au téléphone avec elle, à s’étouffer dans son propre corps, l’oreille collée au téléphone à travers lequel elle lui parlait, n’était pas celle qu’elle avait voulu appelé. Malgré cette option, elle ne se sentit pas soulagée. Parce que la voix n’allait pas mieux. La toux pas encore passée.
Désemparée, elle s’était arrêtée. Nulle part, à un moment tout aussi indéterminé. Plus sensible à l’environnement. Comme en stand-by. Et le monde recommença à tourner à l’instant où la quinte de toux s’arrêta pour être remplacée par une autre voix. Toujours aussi abîmée. Tellement plus belle. Une voix malade, par une voix vivante.
« C’est… C’est rien, elle était hésitante. Tu… ou vous… enfin, euh… ça va ? »
Question idiote. Peu importe à qui elle était en train de parler, il était presque certain que toute personne à cette place répondrait que ça allait, même si ce n’était pas le cas. Surtout si ça n’était pas le cas. Son ancienne amie parce qu’elle lui avait alors bien fait comprendre qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Et une inconnue parce que personne ne raconte ses problèmes à la première personne entendue.
« C’est pas ce que je voulais dire. »
Elle tentait de se reprendre, la voix toujours tremblante. Elle soupira avant de reprendre.
« Ok, je m’appelle Park Eun Ki et je ne suis plus sûre d’avoir appelé le bon numéro. Je vais reposer ma question autrement : avez-vous besoin d’aide ? »
Elle se sentait toujours aussi désemparée, inutile aussi. Parce qu’au final, même si elle avait besoin d’aide, le dirait-elle ? Probablement pas. Ou alors elle se chargerait elle-même d’appeler un médecin, ou les secours. Eun Ki ne saurait même pas expliquer ce qu’il se passe ou l’endroit où elle se trouve si elle le faisait. Elle s’insulta encore d’idiote, mais c’était au-dessus de ses forces d’entendre une chose aussi violente et ne pas proposer son aide. Le contraire lui paraissait tellement inhumain. Et Eun Ki se trouvait trop humaine à cet instant.
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Dim 28 Avr - 17:37 Citer EditerSupprimer
Un contact peut en cacher un autre
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Pourquoi était-elle si pathétique ? Elle se sentait mal pour la jeune femme à l’autre bout du fil qui désormais se souciait d’elle alors qu’un instant plus tôt elle semblait sur le point de s’évanouir d’inquiétude pour son amie. Elle accaparait son attention. Bravo. C’était beau tout ça. D’ailleurs, elle avait l’air d’avoir fini par comprendre qu’elle s’adressait à une inconnue. Cela rassura un peu Leap, cette voix lui était bien inconnue, ce n’était pas sa mémoire qui la trompait encore.
A travers le rideau électrique, qu’elle avait entrepris d’entrouvrir en élançant sa main avec difficulté jusqu’à la télécommande, quelques doux rayons de soleil venait caressé sa peau avec douceur. La réchauffant puisqu’elle avait si froid. Elle aurait voulu se noyer sous les draps de son lit, y enfouir sa tête et se réfugier comme une enfant dans le ventre de sa mère. Pas le monstre qu’elle avait à peine connue, une vraie mère qui l’aurait protégé, qui l’aurait réconforté dans ce moment particulièrement douloureux de sa vie. Comme tant d’autres finalement. Elle avait résisté à bien pire, pourquoi devait-elle s’effondrer de vivre en tant que citoyenne tout ce qu’il y a de plus banal. Leap se rendait petit à petit compte que jusque là elle avait surtout voulu survivre, maintenant qu’on lui donnait l’opportunité de vivre : elle ignorait comment faire cela.
Et puis comment ils faisaient, eux, les autres ? Elle ne les comprenait pas. On l’apprenait avec le temps mais ceux qui souriaient le plus cachaient les plaies les plus béantes. Comme un bouclier, ce sourire. Était-elle aussi comme ça la jeune fille qui l’avait appelé par erreur ? A toujours sourire et puis, elle, avait-elle vu -ou plutôt entendu - une de ses fissures ? Un privilège que la plupart de ses proches ne connaîtraient jamais. Elle lui donnait une bonne impression, douce, gentille, soucieuse. Qui qu’elle soit, Leap pensait, ressentait, qu’elle était une bonne personne. Elle s’accaparait de la faute des autres, prenait le temps d’encore s’inquiéter pour eux et tenait à réparer les erreurs qu’elle avait commise. Elle était si différente de tous ces hypocrites qui remplissaient la Corée du Sud et bien au-delà, ce monde même. Elle était vraie. Et pour Leap c’était… rafraîchissant.
La dame réfléchit un instant à la réponse qu’elle allait donner et un silence s’installa ponctué d’un « Hum... » pensif qui laissait sous-entendre qu’une réponse plus sophistiquée arrivait.
« Oh… Je suis revenue en Corée il n’y a pas si longtemps, votre amie a dû changer de numéro et je l’ai repris, j’en suis navrée... » murmura-t-elle.
Elle avait refermé les yeux pour souffler, faire disparaître ce bateau qui tanguait. Bizarrement, la voix de la jeune femme qu’elle devinait plus jeune qu’elle à sa fraîcheur et à sa façon de parler, lui donnait le courage de se reprendre un peu en main. Un sentiment de culpabilité. Si elle en arrivait à emmerder une parfaite étrangère avec ses soucis de santé de lendemain de cuite, elle allait devoir vraiment se reprendre en main. Elle finit par poser ses deux pieds sur le sol et se leva. Un petit « Ooooh ! » lui échappa. Le monde tournait fortement autour d’elle. Elle ferma à nouveau les yeux, les ré-ouvrit. C’était mieux.
« Je suis désolée de vous faire vous inquiéter pour moi… Non, honnêtement, ça ne va pas fort. » lui avoua-t-elle avec une honnêteté qui devait sûrement surprendre les petites habitudes coréennes.
Elle se dirigea vers une bouteille d’eau qui traînait par terre et en avala le dernier quart. A nouveau, déglutir, souffler.
« Rien de bien grave, j’ai quelques problèmes de santé donc je prends une médicamentation et je me suis encore permise de boire… Très mauvaise décision. Je vous la déconseille…. Mademoiselle ? »
Pourquoi lui faire la conversation ? Elle ferait mieux de lui demander de raccrocher et de s’enquérir de son amie qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Tiens… Elle avait quand même réussit à comprendre la longue tirade que lui avait sorti son interlocutrice quelques minutes auparavant.
Non, elle n’allait pas lui dire de raccrocher. Elle voulait continuer à discuter un peu, son colocataire était parti, elle était dans un sale état et sa solitude lui pesait. Elle n’y avait jamais été habituée. Même à l’école militaire, même en mission, elle avait souvent insisté pour dormir avec les troupes masculines quand elle se retrouvait seule être féminine… La solitude, bien sûre l’avait-elle connue, mais pas physiquement parlant. Le bruit de sa seule respiration se répercutant sur les murs la mettait mal à l’aise. Leap ne comptait pas accaparer son interlocutrice pendant des heures mais… quelques minutes de plus à discuter ne feraient pas de mal, n’est-ce pas ?
A travers le rideau électrique, qu’elle avait entrepris d’entrouvrir en élançant sa main avec difficulté jusqu’à la télécommande, quelques doux rayons de soleil venait caressé sa peau avec douceur. La réchauffant puisqu’elle avait si froid. Elle aurait voulu se noyer sous les draps de son lit, y enfouir sa tête et se réfugier comme une enfant dans le ventre de sa mère. Pas le monstre qu’elle avait à peine connue, une vraie mère qui l’aurait protégé, qui l’aurait réconforté dans ce moment particulièrement douloureux de sa vie. Comme tant d’autres finalement. Elle avait résisté à bien pire, pourquoi devait-elle s’effondrer de vivre en tant que citoyenne tout ce qu’il y a de plus banal. Leap se rendait petit à petit compte que jusque là elle avait surtout voulu survivre, maintenant qu’on lui donnait l’opportunité de vivre : elle ignorait comment faire cela.
Et puis comment ils faisaient, eux, les autres ? Elle ne les comprenait pas. On l’apprenait avec le temps mais ceux qui souriaient le plus cachaient les plaies les plus béantes. Comme un bouclier, ce sourire. Était-elle aussi comme ça la jeune fille qui l’avait appelé par erreur ? A toujours sourire et puis, elle, avait-elle vu -ou plutôt entendu - une de ses fissures ? Un privilège que la plupart de ses proches ne connaîtraient jamais. Elle lui donnait une bonne impression, douce, gentille, soucieuse. Qui qu’elle soit, Leap pensait, ressentait, qu’elle était une bonne personne. Elle s’accaparait de la faute des autres, prenait le temps d’encore s’inquiéter pour eux et tenait à réparer les erreurs qu’elle avait commise. Elle était si différente de tous ces hypocrites qui remplissaient la Corée du Sud et bien au-delà, ce monde même. Elle était vraie. Et pour Leap c’était… rafraîchissant.
La dame réfléchit un instant à la réponse qu’elle allait donner et un silence s’installa ponctué d’un « Hum... » pensif qui laissait sous-entendre qu’une réponse plus sophistiquée arrivait.
« Oh… Je suis revenue en Corée il n’y a pas si longtemps, votre amie a dû changer de numéro et je l’ai repris, j’en suis navrée... » murmura-t-elle.
Elle avait refermé les yeux pour souffler, faire disparaître ce bateau qui tanguait. Bizarrement, la voix de la jeune femme qu’elle devinait plus jeune qu’elle à sa fraîcheur et à sa façon de parler, lui donnait le courage de se reprendre un peu en main. Un sentiment de culpabilité. Si elle en arrivait à emmerder une parfaite étrangère avec ses soucis de santé de lendemain de cuite, elle allait devoir vraiment se reprendre en main. Elle finit par poser ses deux pieds sur le sol et se leva. Un petit « Ooooh ! » lui échappa. Le monde tournait fortement autour d’elle. Elle ferma à nouveau les yeux, les ré-ouvrit. C’était mieux.
« Je suis désolée de vous faire vous inquiéter pour moi… Non, honnêtement, ça ne va pas fort. » lui avoua-t-elle avec une honnêteté qui devait sûrement surprendre les petites habitudes coréennes.
Elle se dirigea vers une bouteille d’eau qui traînait par terre et en avala le dernier quart. A nouveau, déglutir, souffler.
« Rien de bien grave, j’ai quelques problèmes de santé donc je prends une médicamentation et je me suis encore permise de boire… Très mauvaise décision. Je vous la déconseille…. Mademoiselle ? »
Pourquoi lui faire la conversation ? Elle ferait mieux de lui demander de raccrocher et de s’enquérir de son amie qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Tiens… Elle avait quand même réussit à comprendre la longue tirade que lui avait sorti son interlocutrice quelques minutes auparavant.
Non, elle n’allait pas lui dire de raccrocher. Elle voulait continuer à discuter un peu, son colocataire était parti, elle était dans un sale état et sa solitude lui pesait. Elle n’y avait jamais été habituée. Même à l’école militaire, même en mission, elle avait souvent insisté pour dormir avec les troupes masculines quand elle se retrouvait seule être féminine… La solitude, bien sûre l’avait-elle connue, mais pas physiquement parlant. Le bruit de sa seule respiration se répercutant sur les murs la mettait mal à l’aise. Leap ne comptait pas accaparer son interlocutrice pendant des heures mais… quelques minutes de plus à discuter ne feraient pas de mal, n’est-ce pas ?
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Re: Un contact peut en cacher un autre (feat. DOO LEAP) | Sam 11 Mai - 22:30 Citer EditerSupprimer
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Une nouvelle lui apparut enfin aux oreilles : la personne à qui elle parlait n’était pas l’amie qu’elle avait tenté de joindre. Nouvelle pas si étonnante que cela puisqu’elle n’avait pas vraiment reconnu son amie. La voix semblait plus faible et en même temps plus grave que celle qu’elle cherchait à contacter. Elle s’était attendue à ne pas tomber sur son amie. Certes, elle avait plus prévu qu’elle ne lui réponde pas plutôt que de tomber sur une tierce voix qui appartenait à quelqu’un d’autre mais qui avait héritée de ce numéro par un incroyable hasard. Pour qui elle commençait à s’inquiéter , parce qu’elle n’allait pas bien. Et si Eun Ki n’avait pas encore été diplômé et donc n’avait pas encore prêté serment, elle se l’était faite à elle-même. D’aider le plus de personnes possibles. Quand c’était en son pouvoir.
Mais le fait de l’entendre dire qu’elle n’allait pas bien, aussi surprenant que cela puisse lui paraître, amplifier d’autant plus son sentiment d’inutilité et de culpabilité. Elle ne souhaitait à personne d’endurer l’angoisse qu’elle ressentait chaque minute, de chaque heure, de chaque jour qui était crée. Alors, qu’elle puisse ne pas aller bien, lui en parler à elle une inconnue, qui ne pouvait physiquement pas lui venir en aide, la faisait culpabiliser d’autant plus. Au-délà d’avoir dérangé une personne qui ne lui avait rien demandé, elle avait eu l’affront de demander si elle allait bien. Or ce n’était pas le cas. Pour avoir passé des journées et des soirées sombres, elle savait que c’était l’une des pires sensations au monde. Et elle ne souhaitait à personne de connaître pareille situation.
Pour autant, elle savait tout autant qu’il était plus simple de se livrer à quelqu’un d’autre. A quelqu’un qui ne nous connaissait pas, histoire de ne pas se sentir jugé.
Mais le fait de l’entendre dire qu’elle n’allait pas bien, aussi surprenant que cela puisse lui paraître, amplifier d’autant plus son sentiment d’inutilité et de culpabilité. Elle ne souhaitait à personne d’endurer l’angoisse qu’elle ressentait chaque minute, de chaque heure, de chaque jour qui était crée. Alors, qu’elle puisse ne pas aller bien, lui en parler à elle une inconnue, qui ne pouvait physiquement pas lui venir en aide, la faisait culpabiliser d’autant plus. Au-délà d’avoir dérangé une personne qui ne lui avait rien demandé, elle avait eu l’affront de demander si elle allait bien. Or ce n’était pas le cas. Pour avoir passé des journées et des soirées sombres, elle savait que c’était l’une des pires sensations au monde. Et elle ne souhaitait à personne de connaître pareille situation.
Pour autant, elle savait tout autant qu’il était plus simple de se livrer à quelqu’un d’autre. A quelqu’un qui ne nous connaissait pas, histoire de ne pas se sentir jugé.
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