A l'autre bout de la grande table ronde, le vieil homme continue de parler. "...ET LEVER LES EPÉES POUR FAIRE COULER LE SANG DE L'ENNEMI-" Un petit homme à côté de lui tire sur la manche de sa grande toge blanche. Mal à l'aise, il lui susurre quelque chose d'incompréhensible à l'oreille pour le remettre dans le droit chemin. "Quoi ? Encore ? C'est la dernière saison de Game of Thrones, ça me rend un tantinet trop nerveux, je m'emporte, je m'emporte ! Bien, où j'en étais moi..." Il fourrage dans sa pile de papier mal rangée. Luna s'avance et brise le silence. "Maître Zeus. Vous étiez sur le point de vous exprimer sur l'avenir de la planète Terre." La plus jeune s'impatiente. Elle roule des yeux et soupire à la sénilité affichée du grand dieu tout puissant de la foudre. "Ah ! Exact !" Il pointe son doigt vers elle, rappelant le ton enjoué d'un papy-gâteau. "C'est terriblement dommage, cette civilisation me semblait tellement prometteuse ! Des molécules, des dinosaures, le big bang ! le plot-twist était parfait, les singes, l'évolution, la conquête de l'espace, le presse-purée... où est-ce que ça a déraillé ?" Il se demande en introspection avec lui-même. "Peu importe." Et subitement, il reprend sa voix imposante dont l'écho redresse la posture de chacun ici présent. "Olympe, Déesse de la Folie et des Passions, et Luna-" le vieil homme s'arrête et son air grave se transforme en une expression de contentement gaga et absolument ridicule "ma petite pralinette" oh. mon. dieu. l'intéressée jette un œil tueur à son grand-père "Déesse de l'Illusion et du Chaos." Les deux jeunes femmes se redressent, attendant le fin mot avec autant de hâte que l'assemblée réunie. "Détruisez la Terre."

Dans les minutes qui suivirent le prononcé du verdict, un champ de force transcenda le temps et l'espace et envoya les deux Déesses sur la planète Terre avec une seule mission : la détruire entièrement.

Ses lèvres se déforment en une expression de dégoût. "Je m'en fiche." Elle ne voulait pas paraître rustre mais encore une fois, elle aurait pu s'en charger seule. S'encombrer d'Olympe n'était qu'ajouter un fardeau à sa mission car elle le savait, elle n'était pas connue sur le Mont pour être parmi les plus gérables des dieux et des déesses. Lorsque Olympe la touche, enroulant son bras autour de ses épaules pour la rapprocher, Luna se crispe instantanément, regardant dans le vaste rien du tout qu'elle indique avec sa main avant d'attraper son bras un peu trop amical pour le remettre à sa place ; c'est à dire loin de son espace de vie à elle. "Non. Faisons ça vite, je m'ennuie déjà." Elle avait lu quelques rapports sur les humains qui peuplaient la Terre et le peu qu'elle avait appris l'avait fait bâiller jusqu'au sommeil.

Les réflexes de l'autre déesse la tirent de sa nonchalance. La personnification du danger réside en cette petite chose poilue, aux oreilles triangulaires dressées sur le haut de sa tête tandis qu'il émet des sons évoquant l'hostilité. "Tu crois que c'est ça, un humain ?" Elle demande perplexe en jugeant la petite chose ridicule qui leur courbe le dos. "J'imaginais ça plus grand. Différent. Cette chose-là a l'air stupide." Luna le regarde avec un peu plus d'intensité, penchant doucement la tête sur le côté tandis que l'humain la regarde en retour avec de petits yeux ronds. Il avait l'air tout sauf terriblement menaçant.

Luna roule des yeux. "Evidemment." Elle est la déesse de la folie et des passions, celle qu'un rien fascine et qui se laisse distraire par le moindre petit clapotis de l'eau. "Dois-je te rappeler que tu es une déesse ? Rien ne peut te tuer." Lui rappelle la plus jeune non sans esquisser après ses remontrances un soupir absolument lassé. "C'est étrange. Je pensais que les humains étaient comme nous, avec deux jambes et deux bras, une tête ronde..." est-ce qu'ils ne sont pas censés être une création intelligente des dieux ? Mais cet humain-là n'a pas l'air malin à se trémousser entre les jambes de la déesse, ses feulements hostiles ressemblant à un petit ronron apaisant.

Paumes tournées vers le ciel, un gros bouquin aux allures d'encyclopédie se matérialise à bout de bras. Des poils, des moustaches qui frétillent, des oreilles triangulaires et un vrombissement silencieux qui fait penser à un petit moteur. Mais quelle bande d'andouilles. Elle referme le bouquin qui fait un gros plop et le renvoie paître dans un autre espace temps en frottant ses mains couvertes de poussière. "Laisse tomber ! C'est pas un humain, c'est un chat. Ils utilisent ça comme animal de compagnie, un genre de compagnon de vie." Parfaitement inintéressant. Elle cherche dans sa petite bourse un truc rectangulaire qu'ici, on appele un téléphone portable. "Bon, ça marche comment ce truc." Hermès, Messager des dieux, lui a dit que c'était le mode de communication préféré des humains. "Qu'est-ce qu'ils trouvent d'intéressant dans cette petite boîte noire au juste ?!"