Le temps emporte et nos peines et nos plaisirs, chaque instant nous enlève une partie de nous-même, toutes choses entrent dans l'abîme du passé, d'où elles ne sortiront plus jamais. Ce n’était pas la première fois qu’elle se perdait dans ses pensées tout en observant l’un de ses frères et soeurs. Cela faisait pourtant déjà deux ans qu’elle était sortis de prison, deux ans de liberté, de retour à la vie normale mais rien n’y changeait, rien ne saurait lui rendre ces années perdues, ces années qu’elle n’avait guère passé aux côtés de ses cadets, incapable de les voir grandir et de les soutenir dans l’épreuve complexe que représentait l’adolescence. sana regrettait son absence tout autant qu’elle en était reconnaissante. la sana qu’elle eût eu été auparavant n’aurait su apporter du bon à ses cadets. sana n’aurait sans doute jamais osé les pousser dans le conflit de sorte à imposer leur façon de pensée et leur libre volonté, peut-être même les aurait-elle pousser à faire profil bas, ignorer et passer son chemin. et dieu sait que cela était ce qu’il y avait de plus inutile à faire. l’absence de caractère entrainait la domination, la soumission, le contrôle et les coups. son absence ne remontait pas seulement à son emprisonnement, elle remontait à l’instant même où elle avait quitté le domicile familiale du haut de ses seize ans et demi, persuadé que le grand amour existait dans les yeux que posait sur elle jae. la jeune nippone était passé de la grande soeur absence à la grande soeur peut-être un peu trop présente, trop curieuse, ou bien même trop à l’écoute. elle n’était ni sur de bien faire ni bien sur de déranger ses cadets mais elle essayait, elle essayait de rentrer dans le moule, de s’adapter à cette fratrie de jeunes adultes qu’elle n’avait connu que lorsqu’ils étaient encore enfants, innocents et naifs.

La tête dans l’embrasure de la porte, elle plissait les lèvres, inspirant par le nez avant de ne venir frapper délicatement contre le bois de la porte entrouverte. eunae n’était plus une jeune enfant, elle n’avait plus rien d’une collégienne craquant bien trop facilement pour son enseignant. elle avait perdue ses petites joues rebondies et avait pris des formes que l’ainée aurait pu envier. Sa seule et unique soeur de sang était devenue une femme, femme que sana avait refusé de voir ces deux dernières années, se refusant à l’idée que celle-ci n’avait plus tant besoin d’elle, qu’elle était à présent en âge de faire ses propres choix et plus encore de fréquenter qui bon elle désirait fréquenter. « hello ma jolie ! » souffle t-elle un doux sourire sur les lèvres. tout semblait si étrange depuis qu’elle était revenue, depuis qu’ils avaient annoncé leur relation à la famille, elle et jasun. lui frère des jumeaux tout autant que elle ne l’était. comment le vivait eunae et sangae, eux bien plus touché que les autres membres de la famille? après tout ils étaient les seuls à partager le même sang qu’elle et jasun. « je ne te dérange pas? » elle n’avait pas peur d’essuyer un vent, bien au contraire, la jeune nippone préférait cela que d’imposer sa présence à sa cadette. avec l’overdose de senji pendant son emprisonnement, sana avait encore du mal à savoir sur quel pied jongler. au fond, tout ce dont ils avaient besoin c’était de ré apprendre à se connaître, avec un passé différent mais un futur commun.