all with style - Silence pesant, presque anormal tant il était puisant. Pourtant naturelle, la pièce qui en elle-même se forgeait de la réticence au bruit. Bouquins poussiéreux pour la plupart, délicatement déposés sur le bureau libre face à lui. Combien d'heures pouvait-il se perdre dans les vestiges de l'imprimerie ? Encre noire qu'il connaissait sur le bouts des doigts à force, Keona. Mais jamais, ô grand jamais ce n'était déplaisant ; cursus littéraire pour preuve, l'étudiant se serait abîmé à lire des algorithmes si on l'y avait forcé. Alors il s'y plaisait bien, là. Assis silencieusement sur une chaise qui connaissait son postérieur mieux qu'une autre … Terrible son nom.

Mais c'était sans compter les difficultés rencontrées. Parce qu'il n'y aurait plus d’intérêts à étudier si tout se savait dans l'immédiat. Non, il n'y aurait plus d'intérêt à vivre. Les mots qu'il rencontrait alors quelques fois, synonyme d'inconvénient à ses yeux. Inconvénient abordé avec peine, mais la joie de l'abolir.

Alors il avait levé les yeux. Regarder le monde qui l'entourait en se figurant que Jahseh avec lui, tout aurait été plus facile. Mais il n'était pas là, le garçon. Et il devait se débrouiller seul à présent … Sourire aux lèvres, doigts qui tapotaient alors l'épaule de l'inconnu. « Excuse-moi, est-ce que tu connais ce mot ? » Car la jeunesse insouciance pesait souvent sur son corps. Doux rappel pour dire qu'il n'avait pas la science infuse.

gabi le loup

all with style - Yuuma avait toujours aimé les bibliothèques. S’il était de nature extravertie, il appréciait néanmoins les endroits au calme solennel, comme les temples au Japon, ou plus simplement les bibliothèques. D’autant plus qu’il n’avait guère pu y aller autant que l’envie avait pu lui prendre lors de ses jeunes années, faute des entraînements et des compétitions de patinage. Alors, maintenant qu’il avait au bout des doigts maintes ouvrages incalculables grâce à cette formidable université, sa soif de lecture et de découverte pouvaient être assouvies. Voilà pourquoi lorsqu’il n’avait ni cours, ni tutorat de japonais, ni activités externes, ni rendez-vous avec Hwa Ran, le nippon s’y trouvait. Lui n’avait pas sa place attitrée, il allait au gré des livres qui attiraient son regard. Et cette après-midi là ce fut un livre d’histoire général sur la formation de la Corée, doublée de son fidèle dictionnaire électronique coréano-japonais dont il ne se séparait jamais. En effet, si sa première année d’échange c’était principalement focalisée sur la langue, cette deuxième - déjà bientôt terminée – elle traitait de l’histoire et de la culture du pays. Alors autant dire que certains mots bien spécifiques de la matière lui étaient difficilement compréhensibles. Plongé dans ses lectures, il sursauta légèrement quand un inconnu lui tapota l’épaule. « Mh ? ». Tournant la tête, Yuuma regarda en premier lieu l’autre garçon, avant de baisser les yeux sur le dit-mot. Mais rien. Rien du tout. Lui non plus n’en comprenait pas la signification. « Désolé, je ne comprend pas… ». Faisant une petite moue, peiné de ne pouvoir aider l’inconnu, il se pencha alors légèrement pour s’excuser. « Je ne suis pas coréen… Mais, si tu veux, je peux chercher dans mon dictionnaire et tenter de t’expliquer ? ». Il lui désigna alors de la main son petit dictionnaire électrique.

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all with style - Il n'avait ressenti aucune gêne, Keona. A dérangé un camarade étudiant pour son propre confort. Presque égoïste de ne pas s'être posé plusieurs fois la question avant de se lancer dans sa démarche. Mais il ne pouvait plus revenir en arrière à présent, pris dans la machination d'une conversation qui se lançait. Alors il n'avait pas oublié de sourire poliment, heureux qu'une âme généreuse lui répondre. Car il aurait pu se faire envoyer balader, Keona. Seulement ça n'avait pas été le cas. Et il l'en remerciait silencieusement.

Déçu qu'on ne comprenne pas à son tour, il avait affiché une mine boudeuse. La lippe légèrement gonflée en avant pour faire la moue. Pourtant, ses yeux s'étaient immédiatement illuminée à l'annonce d'un dictionnaire coréen qu'on avait sous la main. Se sentant presque bête de ne pas y avoir lui-même pensé, les bouquins regorgeant dans les quatre coins de la bibliothèque. « Moi non plus je ne suis pas Coréen … Enfin, pas totalement. J'ai des origines laotiennes, j'ai appris les deux langues. Parfois les mots se mélangent et je m'y perds … » Sociable au possible, Keona. Il racontait sa vie sans gêne. Peut-être trop exister à l'idée de rencontrer une âme similaire – ou presque. « Merci de m'aider ! Je suis heureux. » avait-il fini par dire sans se préoccuper du silence maintenant inexistant dans la pièce.

Le reflet d'un enfant.

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