tenue /\ Tardive. Sa sortie. Son placard est vide au dortoir donc il passe la nuit chez les Yu. Demain il n'a pas cours, et Eun Ae est absente, va falloir où elle est encore. Ces derniers temps, elle dort moins qu'avant avec lui. Ca pue. Il la connait mieux qu'il ne se connait lui-même et quand elle commence à faire ça c'est que y'a un mec qui la convoite et avec qui elle dort. S'il le choppe... Un peu nerveux ces derniers temps mais il tient encore la route. Il commence à comprendre ce qui lui arrive, mais c'est pas pour autant qu'il en est fier. Il doit arranger ça au plus vite. Jogging nocturne? Pas tant que ça, une promenade  pour se remettre les idées en place, une bouteille de coca acheté sur le pouce, et des beignets de crevettes pour son errance qu'il bouffe en observant autour de lui au fur et à mesure que ses pas avalent les pavés trop illuminés à son gout. Il va bifurquer vers un espace vert d'ici dix minutes, les néons lui bousillent les yeux. Au moins la couleur n'a pas grande importance dans ce cas, puisque ça lui pète quand même les rétines, rouge ou vert, rose ou orange... et ce bruit... Il aime cette ville mais il la trouve trop bruyante quand il est un peu grognon. Le sommeil lui manque dernièrement et comme d'habitude, il va tirer sur la corde. Il maîtrise. C'est ce qu'il fait d'habitude, mais est-ce qu'il maîtrisera éternellement, c'est la grande question. C'est pas comme si ça avait de l'importance.

Il croise deux demoiselles, bras dessus dessous qui lui sourit en se murmurant des trucs à l'oreille, et il sourit en coin à son tour en les croisant. Elles s'arrêtent et l'interpellent, lui disant qu'elles le reconnaissent du campus. Et merde, des petites malines qui en veulent à son porte monnaie? Il reste néanmoins poli, parce que Sang Ae, c'est pas le genre à dire: "va te faire mettre poufiasse." Elles pensent l'aguicher. Bon, c'est vrai qu'elles sont mignonnes, et puis deux pour le prix d'une, merde, on dit pas non quand on est un mec équilibré. Il commence à discuter tranquillement avec elle, quand son oeil capte par hasard deux types qui sortent d'un hôtel, derrière elle. Sans intérêt à priorité, juste un regard jeté au pif, comme quand on regarde un bus passé alors qu'on discute à l'arrêt de bus. Oui, oui, les filles c'est comme un arrêt de bus. T'y restes jamais bien longtemps. Et pour cause ici, l'un des types qu'il a vu sortir, il le connait. Qu'est-ce qu'il fout ici celui là... et avec un type à la sale gueule et au bide qui en dit long sur son hygiène. Sang Ae s'arrête de discuter direct. Il plisse les yeux, levant son index devant le nez des filles qui se stoppent, subjuguées par sa réaction un peu impoli. Une impolitesse qu'il rattrape gentiment. "Désolé, je dois y aller. On se revoit au campus, ok?" un sourire léger, qui disparait bien vite quand il s'esquive.

Il voit Donghun s'écarter pour vider ses tripes dans l'ombre d'un pilier du l’hôtel à l'abri des regards. Quelque chose ne va pas. C'est le meilleur ami de sa jumelle. Ce qui est à sa jumelle est aussi à lui. Qu'est-ce que ce porc lui a fait? Sang Ae accélère le pas et interpelle le type qui s'éloigne tranquillement en finissant d'ajuster sa veste. "Hey. Attendez." Le gros se retourne et le détaille de haut en bas. Un sale sourire se dessine sur sa gueule de picasso. Sa voix enrouée fait saigner les oreilles du Yu. "On verra demain pour ton cul mon petit gars, je me suis déjà vidé dans ton pote." Pardon? Choqué. Pire. Il en faut pour le brusquer mais ça...il a la gueule à faire le trottoir? C'est quoi ce karma pourri qu'il a en ce moment? Il échappe un léger rire sous la stupeur et la colère l’irradie en silence, comprenant alors ce qui vient de se passer. "Retouche-le, et j'te fais bouffer c'que tu viens de vider..." Le gros se rend compte qu'il s'est planté et que Sang Ae n'est pas une pute. Encore heureux. Et il lui referait bien la gueule le Yu. "Tire-toi connard..." Son ton est froid, insipide, son regard en dit long.

Le petit prince s'est refroidi. Le son du vomi de Donghun plus loin le ramène à sa principale préoccupation... Il tourne les yeux sur lui, et s'approche, échappant un soupir, son regard inquisiteur se posant sur lui. Il lui en veut, non pas de vendre son corps, mais de n'avoir rien dit. Si Eun Ae l'apprend c'est encore dans ses bras qu'elle va pleurer. Il lui foutrait bien son pied au cul, histoire qu'il foute les mains dans ce qui vient de sortir de son estomac, mais il sait aussi qu'il ne peut pas faire ça. Donghun vient de subir ce type... normal qu'il vomisse. Ça lui fait presque mal au bide pour lui. Sang Ae, démon silencieux au cœur trop gros. Il se maudit lui-même. Il s'arrête à coté de Donghun, virant son foulard de son cou. Il s'accroupit à coté, levant les yeux sur ce visage baissé vers le sol, et le détaille. Ouais, il est vraiment mal. "Tu t'es vraiment foutu dans la merde hein..." qu'il dit simplement lui donnant le foulard plié pour qu'il s'essuie le visage avec. Il s'en fout , il en a d'autres. Il se relève et lui passe une main sur les épaules, soupirant de nouveau avant de mettre les mains dans les poches. "Tu veux prendre une douche? Eun Ae est pas à la maison ce soir si tu veux, elle en saura rien..." Il peut clairement pas le laisser comme ça. Il rentrera dans le vif du sujet un peu plus tard. Quand il croise enfin son regard, il lui tend le quart de bouteille de coca qui reste. "Tiens. Vire toi tous ces goûts de la bouche..." Ouais. Ces gouts. Pas ce gout.

tenue /\ le mal être arrive généralement plus tard. c’est d’abord un inconfort qui peut être oublié assez rapidement si on se focalise sur quelque chose d’autre. ça arrive que tu penses à des choses plus joyeuses que la bite de ton client dans ton cul. tu penses à ta famille, à ces personnes qui t’ont recueilli et ont fait de ta vie quelque chose de bien. c’est bien mieux que de penser à ce porc dont les mains touchent ton corps sans relâche cherchant à te faire gémir de plus en plus fort. mais tu retiens ta voix, plongeant ta tête dans un des coussins miteux de cet hôtel où il a réservé une chambre pour faire votre affaire. tu n’aimes pas ce qu’il te fait, clairement pas. mais ton corps a des réactions que tu ne peux pas contrôler. c’est physique et lui pense que tu aimes ça. jamais tu ne pourras aimer ça, surtout quand tu sens cette boule dans ta gorge qui te coupe presque le souffle tellement elle est pesante. on aurait pu croire que depuis le temps, depuis que tu as commencé à te prostituer, tu serais habitué à tout ça. mais ce n’est pas le cas. tu as du mal à rester dans les bras de ces inconnus et à être pris pour un vide couilles. cependant, tu n’as malheureusement pas le choix. tu ne peux pas faire autre chose, parce que tu n’as pas les capacités pour. il faut dire que rester quatre dans le coma n’aide pas à trouver un job. du coup, tu subis en silence tout ça, attendant simplement que ça passe. cette fois-ci c’est rapide, quelques coups de reins et il vient en toi tandis que tu te retiens comme tu peux de vomir le repas que tu as pris quelques heures plus tôt. il te lèche l’oreille pour te dire que ton cul est vraiment appréciable et il se retire pour se rhabiller, te lançant tes affaires pour que tu fasses pareil. tu enfiles tes vêtements rapidement, ravalant la bile qui menace de passer la barrière de tes lèvres. tu voudrais aller te doucher pour enlever cette sensation de saleté que tu ressens. mais avec ce client ce n’est pas possible. il ne veut pas que tu te nettoies, comme s’il prenait un malin plaisir à savoir qu’il était encore en toi, même après que vous vous soyez quitté. tu ne peux donc rien dire parce que le client est roi, et tu attends qu’il ait fini de s’habiller pour quitter la chambre à ses côtés. vous sortez, lui fier comme un coq, un sourire satisfait sur les lèvres alors que toi tu baisses la tête. tu te sens comme une merde, comme à chaque fois que tu vends ton corps. tu poses une main sur ton torse alors que tu es encore une fois pris de haut le cœur et tu n’attends même pas qu’il soit parti pour venir vomir tout ce que tu as dans l’estomac. tu te moques bien qu’il le voit, qu’il apprenne l’effet qu’il te faisait. tu ne te soucies plus de lui tandis que tu renvoies tout ce que tu peux. ça brûle ton œsophage et ta gorge et tu sens quelques larmes perler à tes yeux. t’aurais peut-être du mourir dans cet accident de voiture ! ça aurait été mieux que de vivre cette vie de merde. tu ne fais pas attention à ce qui se passe autour de toi et tu sursautes presque en entendant la voix de quelqu’un à côté de toi. tu la reconnaitrais entre mille cette voix. c’est celle de sangae, le jumeau de ta meilleure amie. putain c’est bien ta veine ça. toi qui ne voulait pas qu’elle apprenne la merde dans laquelle tu te trouvais, il fallait que tu tombes sur son frère. tu craches pour essayer d’enlever ce goût ignoble que tu as dans la bouche, attrapant son foulard pour essuyer tes lèvres. la main de sangae sur tes épaules te crispe et tu tends tous tes muscles quand tu entends le prénom de eunae. aussitôt tu te relèves levant les yeux vers lui, scrutant son visage. pourquoi tairait-il ce qu’il vient de voir ? ils étaient proches les jumeaux yu, ils se disaient tout. alors pourquoi ? tu ne comprends pas et tu prends la bouteille de coca sans un mot. tu dévisses le bouchon, mettant une gorgée dans ta bouche, la rinçant avant de recracher en tournant la tête pour ne pas le faire sur le plus grand. « merci. » que tu lances simplement en lui rendant la bouteille. « j’ai pas besoin de me doucher. faut que j’y aille. » t’as pas envie de répondre à des questions, pas plus que donner des explications. tu veux simplement qu’il te laisse tranquille. sauf que tu le connais sangae, il est comme sa sœur, aussi têtu. il ne lâchera pas l’affaire comme ça malheureusement. alors, tu prends les devants, le contournant pour partir, pour qu’il comprenne que la discussion, ou du moins, le peu de discussion que vous aviez eu était terminé.