en sous-vêtements dans ta chambre, devant le miroir, tu observes ce corps meurtri qu’est le tien. les bleus disparaissent peu à peu, mais cette vilaine cicatrice restera, elle, toujours là, souvenir de cette fois où jinsun a été trop loin. quatre ans, c’est le temps que tu as passé avec lui. quatre ans avec l’homme que tu aimais, qui t’aimait aussi probablement, tu l’espères, tu essaies de t’en convaincre. quatre ans où plus des trois quart n’a été que pleurs, coups et humiliation. tu n’avais pas mal, tu n’as jamais eu mal. ta maladie t’en empêchait. était-ce un bien ou un mal ? tu ne sais pas. ce que tu sais c’est que tu avais honte, terriblement honte. ta relation si idyllique, celle dont tu rêvais depuis des années n’était pas celle que tu avais.

jinsun était le premier homme que tu avais réellement aimé. le premier homme a qui tu avais donné ton cœur et ton corps. tu avais eu des petits amis avant, mais rien d’aussi fort, rien d’aussi magique. parce que oui, ça l’était au début. il était parfait en tout point avec toi et tu l’aimais si fort. le petit ami attentionné, celui qui faisait des cadeaux, des compliments, qui te faisait te sentir spéciale, désirée et terriblement aimée. et puis d’un coup, tout à changer. il a changé.

la jalousie a pris le dessus. mais jalousie de quoi ? tu ne voyais et ne voulais que lui. c’était jinsun et ça aurait été lui jusqu’à la fin. sauf qu’il y avait moon dans l’équation, ton meilleur ami, l’homme que tu aimais presque autant que jinsun, mais d’un amour différent. jamais tu n’avais envisagé de coucher avec lui, de lui offrir ne serait-ce qu’un geste romantique. vous étiez amis c’était tout. sauf qu’il ne le voyait pas comme ça jinsun. il pensait que tu le trompais dès que t’en avais l’occasion avec moon. il pensait que tu faisais la pute à donner ton corps à celui qu’il considérait comme son frère. et c’est là que tout a commencé. tout ça pour une histoire de jalousie.

les coups pleuvaient. la douleur n’arrivait pas, ton insensibilité à la douleur masquant tout ça. puisque tu n’avais pas mal, il frappait plus, plus fort. mais tu ne ressentais rien. juste de l’humiliation et de la honte. tu avais toujours dit que tu partirais si on levait la main sur toi. mais tu n’es pas partie. tu es restée. ce n’était pas aussi facile à dire qu’à faire. t’es restée parce que tu l’aimais, parce que tu pensais que tu pouvais le sauver, et pire que tout parce qu’il t’aimait. tu minimisais ses actes, te disant que c’était parce qu’il était stressé, parce qu’il avait eu une mauvaise journée. et à force, tu as commencé à penser que c’était normal. que cette forme de couple était normale et que tu le méritais.

tu as tout caché à ta famille et tes amis. personne ne savait que jinsun était violent, qu’il te rabaissait et que bien souvent, tu t’évanouissais à cause de la pluie de coups. ta famille n’en a jamais rien su. tu ne voulais pas les mêler à ça. tu ne voulais pas qu’ils aient honte de leur fille. alors, tu t’es murée dans le silence, disant que tout allait bien. tu arrivais à cacher tout ça, à rester la hojin que tout le monde connaissait et aimait. personne n’a jamais rien vu, pas même jiho dont tu es la plus proche. tu as réussi à mentir, à cacher tout ça. peut-être que si t’en avais parlé, tu aurais pu t’en sortir plus tôt. peut-être.

ta famille ne se rendait pas compte, mais c’est grâce à eux que tu as tenu, parce que tu les voyais, parce que tu pouvais sortir de cet enfer quelques heures par jour, pour tes cours et pour le restaurant familial. jinsun était assez intelligent pour ne pas te couper de tout le monde. il savait que ça ne ferait qu’alerter les kang et il ne voulait pas que ça se sache. sauf que lorsqu’il te voyait si joyeuse et si souriante avec eux, il devenait jaloux. il est même devenu jaloux de jiho, de ton propre frère. comme si tu pouvais aimer ton frère, ton propre sang de la même manière que tu aimais un homme. c’était insensé et improbable et pourtant il l’a cru. encore plus quand tu as finis par faire une dépression parce que jiho s’en allait aux états-unis. il te manquait ta moitié, la personne qui te faisait le plus tenir. tu pleurais souvent, pour ne pas dire tout le temps. et ça, ça l’a rendu fou parce que tu n’étais plus qu’à lui, tu regardais et attendais le retour d’un autre homme.

et c’est là que tout à dégénéré. il t’a menacé, un couteau à la main. c’était la première fois qu’il prenait autre chose que ses poings et c’était la première fois que tu avais eu si peur de lui. il a lancé le couteau et pour l’esquiver, tu as trébuché sur une de ses chaussures et tu es tombée au sol. une règle d’or que tu avais apprise avec lui, ne jamais tomber. pourtant, tu le savais. tu t’arrangeais toujours pour vérifier si c’était dégagé pour éviter de trébucher. une fois au sol, il t’a donné des coups de pieds et tu as réussi à te relever. tu n’aurais pas du. le poing est parti, fendant ta lèvre. le goût du sang était intolérable et tu as senti les larmes couler sur ton visage. jinsun ne les supportait pas. il a pris le couteau et t’as encore une fois menacée avec avant de te pousser violemment. ta cuisse a rencontré le coin d’un meuble ébréché et s’est enfoncé dans ta chair. tu n’as rien senti, tu as juste vu le sang au sol. il a continué de te frapper avant de considérer qu’il en avait marre et il est parti.

c’est ce jour-là que tu as décidé de partir alors que tu te rendais à l’hôpital te faire soigner. tu as menti aux médecins, faisant passer ça pour ta maladresse et ta maladie. ils n’y ont pas crus, mais n’ont rien dit. tu es rentrée chez toi après quelques heures et jinsun était là, il t’attendait. tu l’as regardé dans les yeux et pour la première fois, tu étais déterminée, pour la première fois l’amour que tu lui portais n’a pas été assez forte. « je m’en vais jinsun. » que tu lui as dis en allant dans la chambre faire tes valises. tu as tout pris ce qui était à toi pendant qu’il ricanait. « tu reviendras hojin. comme toujours. » mais non cette fois tu ne reviendras pas. pas cette fois. t’es rentrée chez tes parents dans la nuit, sans leur dire, sans faire de bruit et tu t’es déshabillée lentement pour prendre des photos de ton visage et de ton corps…

tu ne reviendras pas… mais son emprise sera encore là bien longtemps… trop longtemps.