Le froid glacial a envahi la Corée depuis bien des semaines et pourtant une douce chaleur se propage dans cette chambre d’hôpital. Ce petit garçon aux yeux pétillants fait le bonheur d’une mère. Le regard remplie d'amour maternel contraste avec l'air froid du père. Tu seras un homme, mon fils, les premiers mots qu'il lui dit avant de sortir de la chambre. Il être un père aimant ne l'intéresse pas puis est-ce vraiment le rôle du patriarche ? Son éducation ne l'a pas habitué aux démonstrations d'affection ni aux longs discours. Son fils sera un homme qui un jour reprendra sa place, c'est dans l'ordre des choses un point c'est tout. Les années passent et le père ne considère pas plus sa progéniture. L'entente est cordiale l'affection inexistante. Marche la tête haute et ne laisse rien paraître jamais une devise qui du haut de ses quelques années Kang Dae se force à respecter. Sourire, s'instruire, exceller, c'est tout ce qui importe. Nulle place pour le jeu ou la liberté. Bien que brimé, le petit garçon ne se sent pas malheureux tout ce qui l'importe dans le fond, c'est décrocher un mot, un geste de ce père bien absent. Parfois, c'est dur alors il y a les bras réconfortant de la mère qui murmure que tout ira bien. Pourtant, il n'est pas idiot, il le sait, c'est des inepties rien ne va et rien n'ira et pourtant, ne rien laisser paraître jamais.



C'est la première fois qu'il le voit ainsi troublé, le père est installé sur un fauteuil du salon une lettre à la main. Son visage d'ordinaire fermé est néanmoins contrasté par un voile sombre. De la douleur ? De la peine ça le petit n'en sait rien néanmoins, il sait que quelque chose de grave est arrivé. Le père le regarde pour la première fois depuis bien longtemps. Ses pupilles se dilatent sous l'effet de la surprise, il observe ce jeune garçon qui a grandit s'en qu'il s'en aperçoive. Quel âge a t-il maintenant ? 10 ans ? 11 ans ? Il ne saurait pas dire. Il prend conscience qu'il est temps maintenant d'assumer son rôle de père et de former cet enfant au devoir qui sera le sien. Elle ne reviendra pas, il répond aux questions de l'enfant qui n'a pourtant pas ouvert la bouche. Il sort de la pièce sans se retourner laissant alors cet enfant vivre seul le plus gros cauchemar de sa vie. Cet enfant souriant et joviale perd de son éclat cherchant une mère partie reconstruire sa vie ailleurs. Il y pense souvent dans son lit, il la voit malheureuse et malgré son jeune âge, il ne peut s'empêcher de l'imaginer sourire et ça lui fait du bien. Quelque part, elle pense à lui, il n'est pas seul. Cette solitude, il devra y faire face le reste de son enfance. Bien sûr des amis, il en a beaucoup, mais comment faire confiance quand la personne que l'on aimait le plus nous a abandonné. Comme il l'a si bien apprit il ne laisse rien paraître. Il cache sous un sourire espiègle une blessure pourtant profonde.


Il est beau, il le sait et il en profite. Aussi populaire que charmeur, Kang Dae, c'est le genre de garçon que l'on adore malgré qu'il nous exaspère. Il est bon partout, serviable et jamais un mot plus haut que l'autre. Son éducation quasi parfaite lui donne une maîtrise implacable de toutes les situations. Il sait tirer profit de chaque personne et se construit peu un monde à lui. Solitaire bien que sociable le soir dans sa chambre, il rêve à son avenir. Il sait qu'il n'a pas le choix et pourtant il repense encore à ce moment qui a bouleverser sa vie. Il n'a pas le courage de le dire à son père qu'il veut danser. C'est plus qu'une envie, c'est un besoin vital. Pourquoi devrait-il renoncer à son rêve sous prétexte qu'il est le fils de.. Un père, ne devrait-il pas encourager son enfant à poursuivre ses rêves ? L'entreprise ne l'intéresse pas. Il veut danser, il veut être comme l'est sans doute sa mère aujourd'hui. Je veux danser, je veux vivre, il finit par l'avouer au détour d'une conversation. Il ne s'attend pas à un soutient, il sait que cela sera difficile d'obtenir la bénédiction d'un père élitiste. Bien sûr, il refuse, il s'y oppose fermement et brise alors les rêve d'un jeune en plein envol. Mais pour la première fois de sa vie, il se rebelle. Il ose entrer en contradiction et impose ses idées. Surprit le patriarche ne dit rien, il écoute ce fils qu'il a formé à devenir son successeur. Après l'armée, je reviendrai et je danserai avec ou sans ton approbation, ce sont les derniers mots qu'il prononce avant de s'engager pour son service militaire. Il le fera qu'importe les obstacles, il suivra sa propre voie.



Il la regarde, il l'observe sans pouvoir détacher ses yeux d'elle. Lorsqu'elle danse, il peut ressentir toute l'émotion et la fragilité qui se cache derrière ses boucles brunes. Elle n'est pas vraiment la plus belle, des femmes, il en a connu beaucoup. Certains le traiteront de coureur de jupon à tort ou à raison, il est simplement impossible pour lui de s'attacher à quelqu'un. Elle n'est pas la plus belle, mais elle est spéciale et c'est exactement ce qu'il recherche. Il ne la connaît pas tant que ça, il sait juste qu'elle ne tient pas l'alcool et qu'elle a une fâcheuse tendance à bouger durant son sommeil. Il lui a laissé son lit une fois, sans se douter qu'elle puisse lui amener ce qu'il désire tant.. La victoire. Il travaille sans relâche pour le gagner ce concours, il veut prouver au monde entier qu'il avait raison de poursuivre ses rêves. Il veut prouver à son père que comme il lui a si bien apprit, il est le meilleur encore aujourd'hui. L’abandon de sa mère, le froid de son père l'ont rendu faible. Il déteste ce sentiment d'insécurité, et si je n'avais pas fait le bon choix ? C'est la question qui trotte encore et toujours dans sa tête. Il a peur de tout, de l'échec, de l'abandon, de l'amour de la vie. Et si le remède à ses blessures, c'était ça ? Danser et gagner, ensemble. Et si dans le fond tout simplement, c'était elle. Danse avec moi..