Sang Hyun 16 ans

Le coup de sifflet sonne. Fin du match d’entrainement. Mon équipe termine vainqueur avec plusieurs buts d’avance. J’étais essouflé comme pas possible, transpirant mais je m’en moquais. Je n’avais qu’une seul et unique idée en tête. Rapidement je serrais la main des joueurs du centre de formation. Le match avait été beau, et clairement j’avauis montré mon plus beau jeu. Et je devais toujours le faire si je voulais m'assurer de faire partie de la liste des titulaire. Mais je savais que j’avais aussi le meilleur des soutiens au monde pour me permettre de tenir moralement. D’ailleurs à peine eus-je terminé de serrer la main des adversaires que j’étais parti en foulée jusque dans les gradins pour retrouver ma motivation, la fameuse. La plus belle. Les autres meufs  me tournaient autour au lycée, normal vu ce que je faisais pour devenir footballeur professionnel.  Mais les autres je m’en fichais complètement. Parce que depuis le premier jour je n’avais vu qu’elle et que je ne voyais plus qu’elle. Je me pressais pour sauter par dessus la rambarde avec agilité avant de foncer vers elle et de la soulever comme si elle ne pesait rien. je souris sincèrement en la voyant, toujours là pour me soutenir, malgré tout. Malgré les conneries de mon père, du sien, des gens qui nous taillaient. Je m’en foutais. Parce putain qu’est-ce que je pouvais l’aimer. Ma Bae, soufflai-je tout bas avant de poser mes lèvres sur les siennes, chastement mais non sans montrer tous mes sentiments pour elle. T’as vu ? J’ai assuré hein ? Je voulais la rendre fière, je voulais y arriver pour elle. Je voulais la remercier chaque jours, parce que je savais bien une chose, je n’y serai pas arrivé sans elle. Je t’aime Miree, je la serrai contre moi, je ne la lâchai pas. Je ne voulais plus la lâcher. Plus jamais.


Sang Hyun 18 ans

Je voulais pété un câble, tout bonnement péter un câble. En vérité j’avais déjà craqué plusieurs durites et pas qu’un peu. J’avais foutu des coups de poings, j’avais provoqué des bagarres au lycée, j’avais même été exclus à cause de mes conneries. Mais je m’en foutais, j’en avais plus rien à foutre. Tout ça, c’était plus important. Plus rien n’était important parce que Miree…. ma Mil, ma Bae. Morte. Et ça, ça je ne voulais pas l’accepter. Je le refusais. Elle m’avait quitté et juste après elle était morte ? Vous y croyez vous ? Moi non j’y croyais pas. Disparue, simplement portée disparue et puis morte ? Non ils se foutaient de moi. Le père cachait des choses, le père était un requin un vrai requin. Pourtant les faits étaient là, elle était morte c’était ce que les flics nous avaient annoncés et moi, je refusais d’y croire. Parce que je refusais de me dire que cette saloperie de monde pouvait encore tourner sans elle. Je ne tolérais pas que les gens puissent continuer de vivre alors qu’elle avait poussé son dernier souffle. Je serrais dans ma main ce bandana noir. On me l’avait amené en disant que c’était ce qu’elle aurait voulu que je le garde et ça m’avait ravagé. Si elle avait voulu me le donner c’est qu’elle m’avait aimé encore, et c’était ça le pire. Ses sentiments, je n’y aurai plus jamais le droit. Et ça me détruisait. Je finis glisser le tissus entre mes doigts avant de l’approcher de mon visage pour le sentir. Putain il avait encore son odeur. Comme si elle était encore là. Comme toutes ces fois où je la prenais dans mes bras pour sentir ses cheveux fraîchement lavés, imbibés de l'odeur de shampoing préféré. J’eus un tremblement, je ne devais pas me laisser aller, je ne devais pas pleurer. Je sentis une main sur mon épaule, mais j’étais trop engourdi pour réagir. Je ne tournais mon visage alors que j’entendis la voix de Rae Hyun. Sang… tu sais que je suis là. Je posais la main sur son épaule. M’man m’a dit que t’as pas mangé, faut que tu manges avant d’aller à l'entraînement. Je secouais la tête en me relevant, automatiquement je vins nouer le bandana de Mil autour de mon bras. Mon grand frère savait, il savait que c’était le putain de chaos en moi, mais moi…. moi je ne voulais pas l’assumer. Je ne voulais pas encore fondre en larmes dans ses bras. Je refusais. Alors je me fermais, je me fermais aux sentiments, à la vie, à tout. Rae … j’ai pas le temps, faut que j’y aille, faut que je m’entraîne. Je finis par sortir de ma chambre en mettant mes écouteurs sur mes oreilles, encore une fois j’allais faire le trajet jusqu’à Suwon, encore une fois j’allais m’enfermer pour échapper à ce que je ressentais. Je voulais pas ressentir toute cette tristesse, je ne voulais pas pleurer, parce que le faire, ça aurait été accepté la réalité. Bae Miree, la femme que j’aimais depuis quatre années n’étais plus de ce monde. Je l’avais lâché et elle, elle ne reviendrait plus jamais.


Sang Hyun 20 ans

Et ton entraîneur il te dit rien quand on te voit la une de la presse à scandale ? Non papa, ils payent pour des putain d’avocat et ils s’en foutent papa, parce que je suis doué papa, parce qu’ils veulent la garder leur star papa. Je savais que tu pouvais rien me dire parce que je ne faisais plus partie de ton club, parce que moi j’étais pas Rae Hyun, t’avais plus rien à me dire et que quand bien même tu l’ouvrais ta gueule, je comptais bien de la faire fermer ta grande gueule papa. Parce que tu vois papa, on a ça en commun, la grande gueule. Et moi je savais très bien que je n’avais rien à risquer avec toi, t’étais pas mon entraîneur. Pauvre Rae Hyun, tu devais vraiment pas être un cadeau pour lui. Je soupirais longuement en fermant l’eau de la douche, l’équipe avait encore une fois brillé, encore une fois j’avais porté le le numéro 8 fièrement. Ce qui me permettait de faire de l’ombre la star de Seoul. Et oui Re, il y avait deux membre de la famille Jo qui portaient ce numéro aujourd’hui et je comptais bien être celui dont allait se souvenir. Les autres étaient déjà partis, moi j’étais resté dans les douche pour avoir un moment de solitude. Je sortis avec uniquement une serviette noué sur les hanches. Je retournais à mon vestiaire. Une fois devant je passais une main dans mes cheveux encore humides, je les recoiffais en arrière alors que je récupérais le bandana noir de ma tenue de sport. Je le fixais quelques instants. Je ne l’oubliais. Ca ne passait pas. Ces sentiments, ils ne s’estompaient pas. Je l’aimais. Encore et toujours. J’avais gardé contact avec Min Ji, personne ne l’oubliait, personne n’avait envie de l’effacer. J’avais envoyé tellement de messages sur son téléphone, tous ces messages jamais reçus et par réflexe je pris mon téléphone pour en composer à nouveau. Encore une victoire grâce à toi. Je souris tristement en recevant cette erreur, jamais reçu. Je soupirais en reposant le téléphone dans le vestiaire. Je humais le bandana, ça faisait bien longtemps qu’il n’avait plus d’odeur, mais ça me réconfortait. Mais alors que je pensais être seul, je sentis des mains se poser sur mes hanches. J’eus un sourire amusé. Tu es venu féliciter le champion ? Je me tournais avant de poser mes mains sur ses hanches pour la rapprocher de moi. Akiko. Je souris en me penchant vers elle, je râlais, mais le fait était que j’aimais qu’elle vienne me surprendre à la fin des matchs. Parce que l’espace d’un instant, j’arrivais à oublier le reste, juste un reste. Elle n’était pas Miree, Akiko n’était pas Miree, elle ne le serait jamais. Je ne pouvais pas lui en vouloir, on prenait du bon temps et juste un peu de bon temps. Je me penchais avant de glisser ma bouche à son oreille. Et si tu me montrais comment tu veux me féliciter Akiko. Deux années. Deux longues années sans la femme que j’aimais et que j’aimerai probablement toujours. Et ce monde qui tournait toujours. Si j’avais refusé de suivre le mouvement, je savais bien que je ne pouvais plus rester statique. Je devais apprendre à marcher à nouveau, à avancer. Je devais me rendre à l’évidence, je devais continuer de vivre, reprendre le cours de ma vie. Parce qu’elle, elle ne reviendrait jamais. Et moi je vivais, je survivais. Mais je voulais apprendre à nouveau à vivre.