Yuchan,

Je ne pense pas que tu le saches, mais sans toi. Je ne sais pas ce que je serai à l’heure actuelle. Je sais que tu l’ignores, mais tu m’as sauvé la vie. Je pèse mes mots tu m’as sauvé la vie. Quand je me sentais seul, toi t’étais là. Ce n’était pas volontaire, je sais, mais t’as toujours été là pour moi et pour ça, je t’en serai éternellement reconnaissant. Et ça, je veux que tu le comprennes. Parce qu’aujourd’hui, je compte tout te dire.

Mes parents. Tu te souviens de mes parents hein ? Moi j’étais le deuxième de la famille, juste après mon frère. Ji Yeong. Il était parfait Ji Yeong. Il était beau, il était intelligent, surdoué qu’ils disaient. Il était grand, populaire. Tout lui réussissait. Moi j’étais là, petit, normal, je n’étais que moi. Pourtant je me raccrochais à lui à Ji, je l’admirais plus que tout au monde. Alors que les parents, les profs - tout le monde en bref - ne faisaient que me comparer à lui, dire que j'étais moins bien que lui. Mais moi, malgré tout, je le voyais comme mon héros. Je voulais être comme lui. Alors j’ai bossé. J’ai bossé très dur à l’école. J’ai fait du sport même. Je me suis donné à fond, je voulais être comme lui. Je voulais les rendre fiers tous. Mais rien ne marchait. Bien sûr les améliorations étaient là, mais j’étais toujours moins bien que lui. Et alors que je pensais que j’allais craquer. C’est tes histoires qui m’ont permis de tenir le coup. Je me souviens, j’ai lu ton premier manhwa. Je m’évadais, je n’y pensais plus. Je trouvais le courage de continuer mes efforts et de me faire mieux. Merci pour ça.

Mais ça ne s’est pas arrêté là. Ton imagination n’a pas été la seule chose qui m’a porté. avec un peu de courage j’ai commencé à te parler. Pour parler de tes histoires, puis doucement les choses sont devenues plus… personnelles. J’ai appris à te connaître et moi, plus le temps passait, plus je me dévoilais. Sur moi, mes soucis avec ma famille, mon homosexulité. Tu n’étais plus celui que j’admirais, tu devenais un confident. Pendant ce temps-là tout devenait horrible pour moi. J’avais parlé à mon frère de ce garçon que j’avais rencontré. Quelle erreur. Je pensais que je pouvais lui faire confiance et…. je n’aurais pas dû. A cette époque je ne m’en doutais pas, mais mon frère était loin d’être bienveillant avec moi. Et ils ont fini par le savoir, savoir que j’aimais les garçons. Le cauchemar, j’étais plus leur fils. Ils m’ont filé de l’argent, pour sauver les apparences et m’ont dehors, pour soi disant me faire vivre comme un adulte. Pourtant Ji, il restait. C’était injuste. Et moi j’ai pleuré en te parlant. T’étais là. Et comme je voulais pleurer sur ton épaule Yuchan. Comme je voulais te prendre dans mes bras. Et tu m’as parlé. Et sans le savoir. T’étais là. T’étais encore là pour moi. J’aurais pu me foutre en l’air Chan. Mais t’étais là et je voulais plus me foutre en l’air.

C’est à ce moment que je me suis rendu compte, que t’étais plus qu’un ami. C’est à ce moment-là que je suis tombé amoureux de toi. Pendant que je survivais pendant que je me suis vendu pour avoir de l’argent pour payer mes études. Parce que même avec une année d’avance, je n’avais pas eu de bourse. Et je galérais pour vivre. Je devais manger, j’ai honte, mais j’ai fait ce travail. Coucher devant une caméra. T’y crois ? Moi j’ai honte aujourd’hui. Mais je devais survivre et ça… ça m’avait donné beaucoup d’argent. Non je ne t’en ai pas parlé, je m’en veux Yuchan, j’ai pas été complètement franc avec toi. Mais je voulais pas que tu me trouves dégoûtant. Parce que je t’aimais et que je voulais que tu m’admires pour le futur médecin que je voulais devenir. Je m’en veux, je me suis toujours juré de tout te dire, toi mon confident. Mon meilleur ami ? L’homme que j’aimais éperdument. Cette fois-ci c’était toi que je voulais rendre fier. Et sans le savoir, tu étais là. Mes sentiments pour toi m’ont fait tenir le choc. Face à la solitude, face à l’abandon et là honte. T’étais là. Et je supportais, parce que je t’aimais Yuchan.

Et le fait est que j’ai jamais cessé de t’aimer. Et ma vie est allé mieux, j’ai arrêté ce job. je me suis consacré a mes études, comme j’étais externe je gagnais de l’argent et je prenais de petits boulot à côtés. On continuais de parler et moi je t’aimais et tu as avancé. Quelque chose s’est cassé en moi quand tu m’as parlé de lui. Cet homme, plus âgé que toi. Tu l’aimais. J’ai souffert, comme j’ai souffert. Alors que je me forçais à être présent pour toi. Toujours. Comme tu l’avais été pour moi. Mais tu souffrais parce que lui, lui ne t’aimait pas comme toi. Tu sais ce que c’est Yuchan ? De voir la personne que tu aimes de tout ton coeur en aimer un autre ? Probablement. Mais c’est ce que tu m’a fait Yuchan. Et je l’ai supporté. Parce que je t’aimais Yuchan. Parce que je ne voulais que toi. J’étais là quand ça n’allait pas, parce que je t’aimais, mais toi, tu étais mon ami. Juste mon ami.

Pourtant je t’en voulais pas. C’était comme ça. Moi j’ai jamais cessé de t’aimer Yuchan. Et tu m’a sauvé la vie Yuchan. J’étais ton ami et c’était suffisant, c’est toujours suffisant. Le plus important pour moi c’est d’être à tes côtés. Si je ne serai jamais l’homme de ta vie, alors que je contenterai d’être le plus fidèle de tes amis. Surtout maintenant que nous sommes vu irl. Maintenant qu’on se fréquente. Je sais que tu ne m’aimes pas comme moi je t’aime. Mais il n’empêche que je chérie chaque instant à tes côtés. Chaque banalités de la vie me semble merveilleuse dès que je la passe avec toi, celui que j’aime. Je sais que je vais souffrir, que je te verrai oublier tes sentiments pour cet homme. Mais en développer pour un autre et cet autre ne sera pas moi. Ce n’est pas grave, parce que moi je serai toujours là avec toi Yuchan. Je ne pourrais jamais goûter à tes lèvres, ou te prendre dans mes bras pour te serrer contre mon torse, mais ce n’est pas grave. Si tu ne m’aimes pas, moi je t’aime et…. je veux te le dire. Je veux te le crier, mais je n’y arrive pas. Alors je te l’écrirai.

Yuchan tu es toute ma vie. Je t’aimais. Je t’aime. Et je t’aimerai.
Soo Yeong

Je reniflai, jetant un dernier coup d’oeil à mon écrit. Je me mordis la lèvre inférieure. Putain. J’étais stupide. Pourquoi j’écris ça moi au juste. T’es stupide Soo. Jamais il t’aimera. Puis en plus elle était nulle cette lettre. Et puis merde. Je pris mon stylo et barra la feuille de mon carnet enragé contre moi, contre la vie, contre ces sentiments à sens unique. J’étais trop stupide. Je rêvais trop. Une lettre d’amour ? Mais quel cliché, jamais ça ne marcherai. Je finis par laisser mon front retomber sur mon bureau. Je me détestais. je reniflai une nouvelle fois, retenant mes larmes. Mais bien rapidement mon biper sonna, une bonne raison de ne plus penser. Je fermais mon carnet de cours avant de sauter sur mes pieds. On m’appelait aux urgences.