Damon se retrouvait finalement adossé au mur, le regard perdu dans le vide, songeur, ses mains accrochées à celle de son petit ami. Pourquoi avait-il aussi peur ? De quoi avait-il peur ? Damon humidifie ses lèvres et soupire. Il avait peur de voir de la déception dans son regard, de la voir furieuse qu’il l’ait quitté pour ça, pour une histoire d’amour bancale, pour un garçon qu’il avait pourtant si souvent martyrisé. Il avait peur qu’elle ne comprenne pas, qu’elle ne comprenne pas à quel point Damon pouvait aimer Indiana, à quel point le plus jeune était important pour lui et à quel point il imaginait plus sa vie sans lui … et il avait peur du regard des autres, des moqueries, des provocations … il avait peur qu’on s’en prenne à Indiana, qui irait s’en prendre à lui ? Il avait la carrure et la force de dissuader les gens de s’en prendre physiquement à lui, mais que pourrait-il faire contre les regards condescendant et jugeant … ? Que pourrait-il faire aux remarques haineuses ? Aux regards remplis de dégoût. Damon avait beau dire qu’il se foutait bien du regard des autres, il mentait. Bien au contraire, il était là, à les fuir. Il aimait quand tout allait dans son sens, il n’était pas sûr d’être encore capable de leur tenir tête. Il masse sa nuque et lève son regard vers son petit ami, lui laissant le temps de tout comprendre par lui-même. Son regard était éloquent et presque désolé. La petite sœur de Damon était tout pour lui. Avec Indiana ils représentaient son monde, son univers et Damon ne se serait battu pour rien d’autre au monde … C’était peut-être pour ça qu’il avait envie de parler d’Indiana à sa sœur. Parce qu’il avait envie de se battre pour qu’on puisse reconnaitre leur amour. Qu’on l’accepte. C’était dingue qu’en 2019 on puisse encore trouver des hommes qui craignent de se dévoiler … Damon détestait l’idée qu’on pouvait se faire de lui, qu’on puisse lui coller à la peau ce genre de stéréotype qui lui donnait la nausée. Il ne voulait pas être vu comme une folle. Quelle connerie. Il détestait plus encore de penser ainsi et attrapa le bras de son petit ami pour l’attirer à lui. Damon voulait le sentir contre lui et poser sa joue sur le haut de sa tête. Il s’allonge dans son petit lit et soupire « Parce que je n’ai pas envie de voir du dégoût, de la tristesse dans son regard … je n’ai pas envie qu’elle s’en prenne à toi … que ma famille nous sépare … parce que j’ai peur de te perdre … mais que je n’en peux plus de mentir … » Il avait fini par le dire. Il frémit et déglutit en le serrant un peu plus fort contre lui « Et parce qu’elle compte pour moi, c’est ma sœur, la seule qui compte réellement de ma famille … je veux qu’elle puisse … l’accepter, t’accepter, m’accepter comme je suis … » et ce que je suis c’est un garçon amoureux de toi. Et ça compte ça. C’est important. Tu es important. Voilà tout ce qui se tramait dans la tête de Damon quand il posa son regard dans celui de son petit ami et qu’il avait juste besoin de soutient …

Il était encore un peu étourdi par la fougue de Damon et sa soudaine envie de lui. Son petit ami avait pris ses distances depuis plusieurs semaines, et même si son absence le blessait parfois, Indiana avait appris à rester à sa place. Parce qu’il revenait toujours. Parce qu’il avait traversé le monde pour lui. Son amour, il lui avait prouvé à plusieurs reprises même s’il ne voulait pas l’exposer aux yeux des autres. Il savait, qu’il lui appartenait, alors il n’avait pas besoin de plus. Peut-être qu’il était trop docile parfois ? Et il aimait trop son grand brun pour lui demander de choisir entre sa petite sœur et lui. Il préférait s’effacer. La famille. C’était important. Il se laissait aller dans ses bras, contre son corps brûlant, et si puissant qu’il pourrait le briser en quelques secondes. Il s’y sentait en sécurité, alors qu’il avait été celui qui l’avait poussé dans la spirale infernale de l’anorexie. Il lui pardonnait tout. Tellement tout. « Damon...» Il adorait prononcer son prénom, le soupire, comme un secret, et même le gémir de temps en temps. Depuis quand est-ce qu’il réfléchissait autant ? Il était pourtant le maître du monde. Il n’avait peur de rien son prince charmant. Mais il avait mûri. Et son inquiétude le touchait. « J’ai l’habitude qu’on s’en prenne à moi, alors c’est pas ça qui va m’arrêter.» Il l’avait dit sur le ton de la plaisanterie, mais les souvenirs douloureux restaient ancrés dans sa mémoire. « De quoi t’as peur ? T’as tout quitté pour venir ici... pour moi... Comment veux-tu que quelqu’un puisse nous séparer ? » Ils étaient faits pour être ensemble. Pour le restant de leur vie. « Si tu ressens le besoin de le dire, tu devrais le faire... Je peux me défendre tout seul maintenant tu sais. Fais ce qui est bon pour toi. » Il glissait ses doigts fins dans ses cheveux, pour essayer de le rassurer. Damon était toujours passé avant lui. Son bien-être, ses envies. Il pourrait ramper à ses pieds s’il le lui demandait. « Je t’aime. Je partirais pas. Jamais. Et s’il faut, je t’attendrais...» S’il avait besoin de temps. Pour réfléchir à ce qu’il voulait, ce dont il avait besoin. Du temps pour faire ses propres choix. « C’est ta sœur, elle t’aime aussi... Alors tu devrais lui faire confiance.» Malgré tout ce qu’on avait pu lui faire subir quand il était plus jeune, il continuait de croire que le monde était beau. Malgré les coups, les semaines à l’hôpital, les terreurs nocturnes. Il était naïf Indiana. Trop. Et c’était ce qui le rendait si doux et attachant. « C’est pas toi tout ça bébé... Toi t’es... Invincible. Rien ne t’effraie parce que t’es capable de tout. T’es sûr de toi. Même que parfois t’es un sale con aussi mais... ça te rend sexy.» Un petit rire tendre lui échappait. Il l’aimait si fort. Il représentait son monde. Parce qu’il n’avait rien d’autre. Il se dégageait de son étreinte pour venir s’assoir sur son bassin, sa jambe pliée, et le genou douloureux. Ses mains glissaient sur son torse, des caresses timides, qui lui ressemblaient. « Reprends toi beau gosse.» Parce qu’il n’était pas faible, et qu’il pouvait compter sur lui.