on mate sa destinée se distiller dans une eau de vie ⬪ ji han
Invité
Invité
on mate sa destinée se distiller dans une eau de vie ⬪ ji han | Dim 24 Mar - 0:10 Citer EditerSupprimer
guowei & ji han on rencontre toujours des êtres à part la nuit. beaucoup errent, cherchent à partager leur peine ou leur joie, toi tu fuis la solitude. si cela signifie écouter les discours insensés et pleurnichement de d'alcooliques geignards, au moins tu n'es pas tout seul. le coucher du soleil rend les gens émotionnels. Imbibés d'alcool, on commence à t'aimer. certains te plaignent, disent qu'après avoir passé une journée auprès d'enfants mourants, tu as toutes tes raisons de boire, de vouloir oublier. on essaie de forcer en toi une certaine sensibilité à se manifester, on n'arrive pas à comprendre quand tu avoues sans gêne que ça ne te touche pas. la mort, les larmes, le malheur des autres. tu te fous bien de tout ça, tu n'écoutes qu'à moitié les gémissements des étrangers aux visages troubles. mieux vaut en rire que pleurer, tu te répètes silencieusement. mais parfois, l'ennuie sort avec toi, il se dilue dans le verre de tes voisins et les empêche de tenir une conversation un tant soit peu divertissante. parfois ça t'agace et tu préfères jouer au sourd. pas très compliqué quand la musique résonne dans la salle et couvre les complaintes des clients. ce soir encore tu fuis la conversation, tu te concentres sur ta boisson. t'as le regard trouble et la gorge en feu, dans tes oreilles résonne la voix de la chanteuse mêlée au brouhaha des clients qui t'entourent et tu ne sais pas quoi faire. envie de silence pour ne pas suffoquer, besoin de plus de bruit encore pour fuir ce quinquagénaire qui te tient la jambe depuis le début de la soirée. faire le sourd de suffit pas, tu as simplement envie de lui coller ton poing dans la figure : tu ne le feras pas, tu aimes bien ce bar, ce serait dommage de te voir interdit d'accès. quand au bout d'un quart d'heure un peu trop court à ton goût, le chant des guitares s'estompe, tu te dis qu'il est temps de prendre la fuite. sans adresser un regard à celui qui te prend sûrement pour son compagnon de beuverie, tu t'éclipses aux toilettes. ta tête tourne, tu as du mal à te concentrer sur ton reflet dans le miroir et ça te fait rire. impossible de mettre un terme à ta soirée maintenant, rentrer te coucher quand l'alcool danse dans ton corps, ce n'est pas ton truc. tu décides de reprendre un verre, si l'autre te colle un peu trop et qu'il finit avec un œil au beurre noir, tu mettras ça sur le compte de ton ébriété. tu reviens sur tes pas pour récupérer ta place au comptoir et c'est avec une certaine irritation que tu constates que quelqu'un est assit là où tu te tenais il y a quelques instant. tu prends sur toi, tu es là pour t'amuser, pas vrai ? « salut, j'crois que t'es assise à ma place là, j'sais pas quoi faire. Peut-être que tu devrais me payer un verre pour te faire pardonner ? », tu plaisantes à moitié, ton éternel sourire malicieux accroché aux lèvres. devant toi, c'est une jeune femme qui sirotes tranquillement. si tu ressentais quelconque attirance pour ceux qui t'entourent tu la trouverais sûrement attirante, vu les regards portés sur elle. toi la seule chose qui pique ta curiosité, c'est son visage familier. un visage plus mature que dans tes souvenirs embués, mais familier. et la seule conclusion que tu peux tirer, c'est que tu l'as effectivement vue il y a quelques minutes, sur scène. oui, voilà, impossible que tu l'aies vue ailleurs, tu t'en souviendrais. « t'es chanteuse ? vous auriez pu jouer un peu plus longtemps hein, j'essayais de fuir un type... » tu marmonnes assez fort pour que l'homme derrière elle entende, ton regard plongé dans le sien. il vous tourne le dos, tu es peut-être enfin débarassé. « bon du coup, ce verre ? » on mate sa destinée se distiller dans une eau de vie beerus |