tenue + désillusion. c'était enfin le week-end, mais son frigo demeurait vide. plus une seule goûte de bière, pas même un fond de soju. le rouquin le savait, il allait devoir aller en chercher à la petite boutique du coin de rue, il devait sortir de chez lui ; quel calvaire, il allait devoir se mélanger à la société l'espace d'un instant. et c'est un soupire qui passait la barrière de ses lèvres, résigné. pas la peine d'en faire des tonnes, il allait mettre une casquette sur sa tête et une grosse veste, baisser la tête et faire comme si il était invisible. son téléphone dans la poche, sa carte bancaire comme simple assurance vie, il sort, descendant les marches deux par deux en sautant ; tel un enfant qui se rend tout droit en enfer. une fois dans la vie réelle, il baisse sa casquette au maximum. il fait déjà nuit alors les ruelles ne sont pas trop bondées. tant mieux. il frôle quand même les murs par habitude, pressant le pas jusqu'à la supérette.. et...

désillusion numéro deux : elle est fermée pour travaux. il soupire longuement, et il se dirige automatiquement vers la seconde, celle qu'il évite parce qu'il a déjà couché avec le caissier et qu'il ne lui lâche jamais la grappe. avec un peu de chance il ne travaille plus ici, ce bon à rien. il entre, traçant tout de suite jusqu'à l'alcool. il prend deux pack de bière et deux bouteilles de soju, il cède aussi pour un paquet de bonbon, il fait volte face et... le voilà nez à nez avec namwoo qui le fixe avec ses grand yeux. ça va pas la tête de surgir comme ça derrière les gens?, disait-il avec une moue honteuse : il n'avait pas pu retenir un petit cri de surprise, son coeur ayant loupé un battement. bon... c'était pas le caissier lourdingue, mais c'était encore pire ; c'était juste la personne qu'il évitait le plus en ce moment à cause de ses sentiments trop fort, qui l'effraient... le karma, luan... le karma ; fallait pas partir comme un lâche.

tenue + Il ne sait pas trop pourquoi il est passé par là Nam. Ses pas l'ont guidé jusqu'à son quartier après qu'il soit sorti de ce bar, mais pas par le chemin habituel, déambulant presque au hasard au milieu des ruelles vides, puis des plus grandes allées peuplées de quelques oiseaux de nuit comme lui. Il n'est pas perdu pour autant, à vrai dire il connait trop bien la ville pour ça. Il avance simplement, ses pas claquent aussi calmement que fermement contre le bitume froid, laissant derrière lui un sillon éphémère de la fumée qui s'échappe de sa cigarette pour mourir dans l'air.  Et il ne croit pas au destin Nam, mais il y a ce quelque chose, ce frisson qui dévale sa colonne vertébrale lorsqu'il entre dans une supérette au hasard, une pas si loin de chez lui mais à laquelle il ne va pourtant que rarement. Ce frisson provoqué par une silhouette si bien cachée par les vêtements, pas assez cependant pour le tromper lui.

Il l'observe malgré tout plus attentivement pour être certain de l'identité de ce garçon, le suit sans vraiment se faire discret, ne broche pas lorsqu'il se retourne, l'attaque avec ses mots accusateurs. Au lieu de ça Nam se contente de chercher son regard le temps d'une demie seconde, ne prenant pas la peine de lui répondre ou même de le saluer. Au lieu de ça il récupère les articles de son vis à vis, de  Luan, s'avance vers la caisse en l'entrainant à sa suite par la main. Et lui qui d'ordinaire calcule à peine les caissiers, celui face à lui l'interpelle. Parce qu'il regarde avec trop d'intensité son... son quoi déjà ? Qu'importe. Il tire Luan derrière lui, toise l'employé de toute sa taille, paye sans un mot et sort finalement, sa main toujours dans celle du plus petit. J'imagine que c'était pas pour venir me voir que t'étais par ici hm ? Question réthorique soufflée nochalement avant qu'il ne soulève le rouquin Accroche toi, j'ai qu'une main de libre Pas une question, pas une suggestion. Et relax, on va chez moi.

tenue + détresse. le chinois n'a pas forcément le temps de comprendre ce qu'il lui arrive. il attendait une réponse sèche, une pique cinglante, un mot de travers. mais rien de tout ça, et le silence quelque part a été un peu plus blessant qu'il ne l'aurait imaginé. il sentait un petit pincement à son coeur lui arracher une petite moue triste. lorsqu'il attrape sa main, il tente de s'en défaire sans grande force. le rouquin sait que c'est peine perdue, il ne pourra pas l'éviter une fois encore. namwoo... tu me fais mal..., disait-il de sa petite voix alors que le caissier en question l'interpellait. il ne manquait plus que ça...  il l'ignorait, lui et ses regards indiscrets, et baissait un peu la tête, un peu honteux. il n'avait même pas eu le temps de se placer devant son... son...? bref, peu importe. il voulait payer mais il ne l'avait pas pu, plus vieux ayant prit les devants. il se sentait alors encore plus coupable, sans comprendre pourquoi.

il tira encore sur sa main, et luan tentait encore de vouloir le faire lâcher. puis la voix de l'aîné résonna, un ton accusateur, il s'y attendait... mais il ne comprenait pas ce reproche. il ne s'attendait pas à le croiser c'est vrai, mais il ne s'attendait pas à croiser quelqu'un d'autre non plus. et pas le temps de répondre qu'il lui ordonnait presque de le suivre. luan était persuadé qu'il voudrait le punir d'avoir fuit. tu me détestes, pas vrai?, disait-il faiblement. et le chinois se résigne, il traîne un peu le pas, voulant le faire ralentir. il savait parfaitement comment ça allait se finir, ça lui faisait terriblement peur. l'angoisse montait et le secouait de l'intérieur. et pourtant... ses doigts venaient tout juste de serrer les siens. il avait baissé la tête, ralenti un peu la cadence pour profiter, il savait que ça n'allait pas durer... et il se rendait compte que ce simple contact lui avait manqué, il en avait besoin. avec namwoo. pas avec un autre garçon... alors oui, il le suivait jusqu'à chez lui... et peut-être qu'il allait le regretter. mais là, tout de suite, à l'instant présent : lui tenir la main lui faisait tellement de bien. un tout petit rien.

tenue + Nam ne s'est jamais vraiment remis de l'abandon soudain de son cadet. Il est tombé de si haut lorsque Luan s'est mis à le fuir. Et il n'aime pas les sentiments Nam, déteste l'impression d'appartenir à quelqu'un, comme une entrave à sa liberté qu'il chérit tant. Mais avec lui c'était différent. Tout était différent. Était-il amoureux du chinois ? Non, mais l'attachement qu'il ressentait envers lui dépassait tout le reste. C'est que les deux garçons faisaient tout comme un couple, hormis en être un. Alors il en veut à son cadet d'être parti comme ça, sans un mot, sans un regard. Il lui en veut oui, mais est bien incapable de lui faire payer pour son abandon. Et il ignore ses plaintes, sa main pressant même un peu plus son poignet lorsqu'il prononce son prénom. Autrefois ces syllabes dans sa bouche étaient si familières, il avait cependant oublié depuis ce que ça faisait.

Mais il ne fait pas de commentaires, l'entraine à sa suite hors de la supérette, marchant activement car pressé d'arriver chez lui pour qu'ils ne soient que tous les deux, tranquilles. Sa question le fige cependant pendant une fraction de seconde et le voilà qui grogne, vexé qu'il puisse penser ça Si seulement Luan, si seulement oh oui, tout aurait été si simple s'il l'avait juste détesté, s'il lui en avait juste voulu d'être parti comme ça, assez pour l'oublier, passer à autre chose. Mais ça ne s'est pas passé comme ça, et la seule chose que Nam déteste aujourd'hui, c'est le sentiment d'être le seul heureux de revoir l'autre. Mais une fois de plus il n'ajoute rien, avance simplement, l'envie de s'allumer une clope et de libérer la tension dans la fumée le démange, mais pour ça il lui faudrait lâcher la main du plus petit. Hors de question. Alors tant pis, les voilà déjà arrivés de toute façon. Il pose les boissons au sol le temps d'ouvrir la porte, les pose sur la table une fois à l'intérieur sans jamais lâcher Luan et se tourne finalement vers lui pour l'embrasser sans crier gare, sans justifier son geste avant d'enfin laisser filer sa main. Je t'écoute. Il s'appuie contre la table, bras croisés, son regard lui n'est malgré tout pas du tout hostile Pourquoi t'es parti Lu ?

tenue + l'appartement du coréén lui semblait à la fois tellement loin, et tellement près. il n'avait pas forcément peur de ce qu'il allait lui arriver, s'il y avait bien une personne au monde qui ne lui ferait jamais de mal, c'était bien namwoo. même si sa main se voulait ferme et qu'il lui faisait un peu mal à contracter aussi fort ses phalanges l'une contre l'autre, il savait que c'était de sa faute et qu'il n'avait pas le droit de se plaindre. luan ne pouvait pas le nier, il avait bien cherché. alors il ne bronchait pas et il le suivait, regardant leur pieds aller de l'avant et les faire inévitablement avancer vers leur lieu presque secret ; l'appartement du coréen était sans nul doute l'endroit où ils avaient passé la plupart de leur temps, à s'aimer un peu plus qu'ils ne le devraient, comme si c'était interdit. et lorsqu'il se retrouvait enfin devant la porte, luan avait senti une petite boule se nouer dans son ventre. il ne voulait pas que cet endroit devienne le lieu d'un mauvais souvenir, il avait d'ailleurs fuit en partie pour cette raison : la peur que tout soit gâché. mais il ne lui avait pas laissé le choix, il l'avait attiré à l'intérieur, bazardé les boissons sur la table et... s'était retourné pour l'embrasser.

les mains du plus jeune s'étaient alors posées par réflexe sur le cou de celui-ci. il avait l'impression qu'il n'avait pas le droit à ce genre d'attention, surtout pas après être parti. et alors qu'il rompt le contact, luan ne peut s'empêcher de baisser la tête, le regard vers ses pieds, il tire même sur ses manches. il avait le don de le rendre nerveux, lui qui pourtant d'habitude a du répondant, en prenant son air glacé qu'il utilise pour envoyer balader les autres. mais namwoo, il ne fait pas les choses à moitié, il frappe dans sa sensibilité, en plein dans le mille, et le chinois se montre plus fragile, plus timide. c'est... c'est pas contre toi... j'ai juste... eu peur., disait-il avec une petite voix. il savait que c'était inutile de lui mentir, de tourner autour du pot. le coréen savait comment le déstabiliser... et de toute façon, il en avait marre de fuir, de le fuir lui... j'avais peur... que tu me repousses parce que... ce que je ressens pour toi... c'est trop...,  avoue-t-il avec une voix de plus en plus faible. il baisse encore plus la tête la tête, se mordant la lèvre inférieure. c'était dit.

tenue + C'est étrange pour Namwoo tout ça. Étrange d'avoir cette sensation qui a commencé à lui chatouiller l'estomac dès l'instant où ses doigts ont naturellement retrouvé leur place entre ceux de Luan, étrange d'être soulagé, heureux même de le revoir, étrange de sentir son coeur rater un battement puis cogner un peu plus fort lorsque son prénom roule sur la langue de son cadet. Aujourd'hui c'est une myriade d'émotions qui l'engloutissent. Joie, appréhension, doute, colère, confusion, et un peu d'amour aussi, surtout. Et sans doute Luan pense que le plus grand ne réfléchit pas à ce qu'il fait, après tout c'est toujours ce que l'on imagine de lui : qu'il agit à l'instinct, sans vraiment penser. Ce soir c'est pourtant l'exact opposé, et chaque pas qui les rapproche de son appartement s'accompagne d'un milliers de questions en plus qui se bousculent dans son esprit. Quoi faire, quoi dire, quoi penser. Que sont-ils l'un pour l'autre. Qu'est ce que ça représente, cette petite étincelle entre eux. Ça s'agite dans sa tête, puis dans son coeur, et aussi partout ailleurs. Ça s'embrase lorsque leurs lèvres se retrouvent, se redécouvrent, dansent ensemble. Quand Luan répond à son baiser, s'accroche à lui comme il en avait l'habitude. Et ah, c'est si difficile de reculer.

Mais il lui faut des réponses à Namwoo, des explications à propos de tout ça, lui qui d'ordinaire n'est pas du genre à dialoguer veut aujourd'hui parler, écouter. Prêt aussi à justifier son geste par une envie soudaine plutôt que d'avouer qu'une tornade secoue ses pensées. Et il la pose sa question, cette question qui ne laisse pas à son vis à vis l'opportunité de la détourner, de la fuir. De le fuir, lui. Il attend, anxieux malgré lui, détaillant avec minutie le langage corporel de Luan. Mais sa réponse le laisse un instant silencieux, le fait froncer les sourcils et réfléchir sans doute trop. C'est tout ? il soupire, serre la mâchoire, reste appuyé contre la table. T'avais peur que je te repousse... alors c'est toi qui m'a repoussé ? Il ne comprend pas Nam (refuse de comprendre à vrai dire) et s'avance finalement pour se rapprocher du plus petit, détruire la distance entre leurs corps. Ça fonctionnait bien entre nous, non ? Ce qu'on avait... pourquoi t'as fait ça Lu ? Pourquoi t'as tiré un trait sur tout ça ? Ses doigts abimés glissent sous le menton de Luan pour lui faire relever le visage, chercher son regard Comment t'as pu croire que j'te repousserai abruti

tenue + sa réponse et sa réaction. elle déstabilise un peu plus le jeune chinois, il se serait attendu à une tout autre réaction... qu'il crie parce qu'il était terriblement déçu, qu'il l'utilise et se venge une dernière fois ou encore qu'il ignore ce qu'il avait à dire. mais rien de tout ça. s'il le fait qu'il soit agacé ne surprenait pas luan, sa question l'avait laissé l'espace d'un instant sans réponse ; il était mit à terre avec une logique simple... et il devait bien reconnaître que son comportement était inutile, qu'il s'était lui même imposé toute cette situation... sans aucune doute par habitude, par lâcheté, pas simplicité. et s'en rendre compte c'était comme se prendre une gifle... car luan avait toujours agit de la sorte. je sais c'est idiot... j'avais tellement peur d'être abandonné et jeté, que j'ai préféré prendre le rôle d'un méchant garçon... j'aurais préféré que tu me déteste..., disait-il en gardant la tête baissée. sa logique était ainsi, même s'il voulait agir autrement, il finissait toujours par prendre la fuite face aux sentiments profonds et aux responsabilités qui iraient avec. je savais que tu ne voulais pas de ce "genre de sentiments" entre nous. mais... c'est plus fort que moi., ajoutait-il.

et luan avait regardé cette main abîmée, namwoo était toujours blessé quelque part... il y avait un petit être en lui qui ne pouvait jamais s'empêcher de s'inquiéter pour se garçon. il s'était encore battu? il avait encore eu des problèmes...? il avait détruit la distance, brisé le mur invisible que le chinois avait lui même instauré entre eux, et tout ça en une fraction de seconde, d'un simple geste. luan n'avait pas d'autre choix que de plonger ses iris dans ceux du plus grand, se perdant dans leurs reflets marrons. je sais pas pourquoi, nam... j'étais persuadé que... ça ne te ferait rien, que j'étais un garçon comme un autre... alors... comme j'ai prit peur, j'ai pensé qu'à moi même..., avouait-il. toujours incapable de mentir au coréen, il détourne le regard, il avait trouvé sa question un peu bête. bien sûr qu'il y avait pensé. sans arrêt... comment n'aurait-il pas pu avoir peur de l'abandon en sachant que ressentir de la jalousie ou une envie d'avoir plus pourrait poser problème. leur relation était simple, basée sur le désir et le plaisir charnel... ils s'étaient interdit de ressentir d'avantage. et luan avait passé cette règle. je pensais que tu ne voulais pas que je sois plus qu'un plan cul... et je pensais que savoir que je commençais à avoir de l'affection, à m'inquiéter et même à être jaloux pour toi ... te pousserais à me rejeter., ajoutait-il.