i'm always there for you

Il le sait bien Yibo que son attitude n'est pas normale. Qu'à son âge, que depuis le temps qu'il vit en Corée il devrait à présent être comme tout le monde, ne pas avoir peur et pleurer face à la moindre situation qu'il ne comprend pas. On dit de lui qu'il est une cause perdue, que même avec tous les efforts du monde, il restera trop marqué par son passé pour avoir un futur normal. Multiples syndromes post-traumatiques, difficultés d'apprentissage, dépendance envers les autres, c'est autant de conditions qui font que Yibo ne progresse pas. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui encore, le simple fait d'entendre des cris et des fracas à l'étage d'en dessous le tétanise. Il a beau avoir l'âge d'être un adulte, comme un enfant il se cache sous ses couvertures, pleurant jusqu'à ce qu'on vienne le sauver. Et c'est Sungjoo qui doit subir ce fardeau, Sungjoo que le mannequin appelle même s'il ne peut pas l'entendre. Sungjoo qui arrive pourtant rapidement pour le calmer. Mais Yibo ne s'apaise pas instantanément comme à l'accoutumée, parce que son petit frère est barbouillé de peinture, que c'est trop inhabituel pour être rassurant. Pourtant il s'accroche à lui comme si sa vie en dépendait, cherche son réconfort, cherche son affection. Chose que son cadet lui offre immédiatement, ajoute même des explications. Mais c'est encore si confus, et chaque nouveau bruit sourd fait un peu plus sursauter Yibo. Évidemment qu'il a confiance en Sungjoo, sa confiance en lui est aveugle même, mais ce vacarme lui rappelle tant de mauvais souvenirs que ses peurs ne peuvent pas se calmer si simplement, chaque cri lui rappelle la férocité de leurs contremaitres, chaque son d'objet qui se brise lui remémore ses maladresses à l'usine qui lui ont valu tant de coups, de repas interdits, d'isolation. Alors il s'accroche un peu plus fort, cale son nez dans le creux du cou du plus jeune pour s'imprégner de son parfum rassurant. Et comme un enchantement, sa voix attire toute son attention, absorbe tout. Sungjoo a toujours eu un incroyable pouvoir relaxant sur Yibo qui cesse progressivement de pleurer, obnubilé par la voix de son petit frère. Jusqu'à presque somnoler dans ses bras. Les chansons, la main qui caresse son dos, les battements de coeur contre son oreille, tout ça lui rappelle une autre situation vécue il n'y a pas si longtemps qui le fait frissonner et le mannequin se force à ne pas y penser pour ne pas replonger. Il s'accroche simplement à Sungjoo, les yeux clos pour ne pas voir toute cette peinture. « Tu m'abandonneras jamais pas vrai ? » c'est à peine murmuré, pourtant pensé si fort. « Je t'aime Joo, je t'aime pour toujours »

lu sungjoo ✗ ahn yibo