T'en as donné des coups, quand t'étais en cage. T'en as reçu aussi. Parfois même jusqu'à finir à l'infirmierie. Parfois même à en faire couler trop de sang. Parce que c'est ça aussi, une vie de prisonier, savoir se défendre quoi qu'il en coûte. Une violence bien différente de celle que t'as toujours connu. Une violence obligatoire pour rester en vie. Et peut-être que c'est ça qui te manque le plus. Un combat ou il n'y a jamais de véritable vainqueur. Ou les coups pleuvent sans se rappeller ce qui a provoqué la haine chez l'un et chez l'autre. Ou simplement la soif de violence fait continuer le combat. Mais tu ne retrouveras pas ça, dehors. Rien n'égale ce que t'as pu vivre là bas. Un enfer jonché de sang où même les surveillants s'amusent à parier sur celui qui finira à terre. Alors la réponse de celui qui te fait face t'amuserais presque, un léger sourire se dessinant sur tes lèvres. « J'ai l'air de faire des combats amicaux ? » demandes-tu, le regard impassible, l'envie de combattre bien plus forte que le reste. Tu soulignes tes mots d'un sourire empli d'ironie, finalement. Comme si la prison t'avais rendu insensible depuis trop longtemps. Comme si les coups que tu pouvais recevoir ne te faisaient plus rien ressentir. Comme si t'avais ce besoin irrépressible de te sentir encore en vie, et que la seule solution possible était finalement de combattre le mal par le mal. Du sang pour éloigner les démons, pour laisser ces pensées néfastes s'envoler et ne plus rien ressentir, le temps d'un instant.

Sang Jae le fixe, lui, ce mec assez fou pour le provoquer. Les gens avaient fini par comprendre que s’approcher de Sang Jae ne servirait ni leur égo ni leur fierté. Sang Jae était le genre de fou qui n’avait rien à perdre (si ce n’est Soon young) et combattait encore après que la cloche est signifié la fin du combat. Un homme pouvait être à terre, Sang Jae continuait de lui assener des coups. Il ne terminait un combat que lorsque le démon qui sommeillait en lui était repus de violence. A l’inverse, quand il était celui au sol il quémandait les coups, jusqu’à ce que le démon qui sommeillait en lui assouvisse ses envies de douleur. Sang Jae était ce qu’on appelait quelqu’un d’instable. D’irritable. Mais il était d’une douceur sans pareil avec Soon Young et lui offrirait la lune s’il le pouvait. Il avait eu une idée stupidement romantique et s’était renseigné pour savoir si tout ce qu’il avait vu dans un film pouvait être possible. Il n’attendait plus que la confirmation … avant d’offrir son cadeau. Peu de personnes connaissait cette facette de sa personnalité, non pas qu’il en avait honte ou qu’il craignait que ça puisse entacher sa réputation, Sang Jae n’avait fit de ce genre de stupidité. C’était simplement car il n’y avait qu’une seule personne qui ne méritait de voir cette facette de sa personnalité. Soon Young était la seule personne qu’il aimait réellement dans ce monde, il lui semblait alors logique qu’il n’y ait que lui qui ne mérite de recevoir son attention. Il retrouve son souffle, essuie la sueur qui coule sur son front et lui fait signe d’aller sur le ring. « Tu veux un vrai combat ? » lance-t-il un rictus agaçant sur les lèvres. « Tu veux jouer ou jouer vrai ? » Lentement il fait sauter les sangles sur ses gants et s’en débarrasse pour dévoiler des poings nus seulement entouré d’un bandage protecteur. Il se glisse avec une souplesse étonnant sur le ring, retirant au passage son débardeur dévoilant un torse finement dessiné que Soon Young aimait particulièrement. La boxe n’avait pas que de mauvais travers. Il toise l’homme en face de lui de haut en bas seulement pour s’amuser et rendre le combat un peu plus piquant. « Prêt ? » soudain les regards semblent se porter sur eux, cessant les entrainements, curieux de voir le déroulé de ce combat …

il y a toujours eu une certaine violence en toi. t’as grandi comme ça, à frapper pour t’en sortir. à ne pas être celui qu’on tabasse, mais celui qui défend son honneur. et dans ce milieu ou tu vis, t’en as besoin, à chaque instant. montrer que t’es loin d’être faible. qu’il ne faut pas chercher les emmerdes. ça t’a conduit au trou, un moment, mais avec tout ce que t’as déjà pu faire dans ta vie, il n’y a rien d’étonnant. et cette soif de violence s’est accrue quand t’as été obligé de côtoyer ces personnes aussi démentes que toi. quand t’as du faire tes preuves pour arrêter qu’on te cherche derrière les barreaux. ça ne te rend pas plus fort, mais plus dérangé, plus fou quelque part. et t’as encore besoin de cette dose d’adrénaline qu’un combat peut te procurer. t’as encore besoin de sentir les coups tomber un à un. t’as encore besoin de faire face à tes démons, aussi nombreux soient-ils. « un vrai combat » assures-tu de ce regard carnassier. t’as du mal à oublier tout ce que t’as vécu en prison, mais tu sais aussi que t’auras du mal à vivre sans ces combats qui te maintiennent éveillé dans cette vie que t’as du mal à contrôler. dans un geste rapide, tu enlèves ton tee shirt, dévoilant un corps sculpté par des années de musculation et de boxe. des muscles marqués et des cicatrices qui prouvent encore tous tes méfaits. toutes les attaques que t’as subi à être ce mafieux qu’on ne soupçonne pas. tu grimpes à ton tour sur le ring, ton sourire qui s’est effacé. t’es pas là pour jouer, mais pour combattre, comme si tu ne l’avais jamais assez fait. tu ne prêtes aucune attention à ceux qui vous observent déjà, te concentrant uniquement sur celui qui te fait face. pieds encrés dans le sol, tu te mets déjà en position. « c’est quand tu veux » pas besoin de cloche pour signifier le début du combat. tes poings protégeant ton visage, tu t’approches, recule, sautille sur tes jambes. tu ne sais pas encore si tu seras le premier à frapper, mais t’as bien l’intention d’être le dernier.

Le combat s’annonce sans filtre. Sans retenue. Sans faux semblant. Juste un combat, de poings, de sang, de sueurs. Un combat qui soulagerait Jae. Qui lui ferait du bien. Il n’avait trouvé que ce simple compromis avec Soon Young pour se libérer de ses démons. Même si le gosse détestait ça il acceptait cependant que Sang Jae s’entraine à la salle et frappe dans un sac de sable … ce que le plus jeune détestait surtout c’était que son petit ami se batte et rentre le visage abimé. Il ne supportait plus de voir les traces sur le corps de Sang Jae, ces traces visibles qui témoignaient de sa détresse. Parce que c’était ce que redoutait le plus Pyo. De voir à quel point Sang Jae sombre et qu’il ait bien incapable de l’aider. Ces traces de coups ne sont que le miroir des états-d ’âme bouleversant du jeune étudiant. Mais Jae a besoin de sentir ses poings s’enfoncer dans les chairs, casser des pommettes et briser des os (même les siens) pour se sentir en vie. Pour se sentir un poil plus en vie. Il crache au sol et ne prend pas la peine de mettre sa protection alors qu’il fait face à Il Kwon. Il n’a pas de temps à perdre, le premier coup part. il frappe, fort, il est vif, rapide, précis. Jae aime se battre, il est doué pour ça. Il se bat avec les tripes, avec la rage de vaincre. Il y mettait tout son corps, il faisait pleuvoir les coups et la douleur qui se réveille alors doucement dans son corps lui arrache un sourire rougie de sang. « C’est tout ce que t’as ?! » provoque-t-il il kwon avant de se redresser pour lui envoyer une droite bourrée d’une colère sourde que Jae gardait en lui depuis son enfance.