La lumière clignote dans cette rue mal famée. Toi, tu t'y tiens comme si tu étais le roi de ces pauvres gueux, qui errent ici comme des âmes en peines. Ça faisait quelques temps que tu n'avais pas mis les pieds dans ce coin, ça t'avais manqué. T'es un peu le magicien de ces pauvres gens, tu leur offre leur petit moment d'euphorie. Jamais assez pour qu'ils arrêtent de venir te voir. Tu les embobines autour de ton petit doigt comme tes marionnettes, et tu aimes ça. Tu as toujours aimer manipuler et mentir, te sentir maître de la situation et des gens qui t'entouraient. Tu sais pas vraiment quand ça a commencé...

Peut-être quand t'étais qu'un môme, quand tu as compris que t'aurais jamais rien de personne d'autre que toi-même. Faut dire que t'étais pas aidé dans la vie, tu partais avec un sérieux handicap : deux abrutis comme géniteurs. T'étais vu comme la solution à leur couple qui battait de l'aile, parce que ta mère avait pas sut avorter à temps. Tu fus sûrement la plus grande preuve que entre eux, c'était partit pour tout, sauf coller. T'étais le gosse braillard de l'autre, parfois pas nourris parce qu'ils se gueulaient dessus. T'étais le petit garçon, au regard trop défiant qui montrait à quel point il avait prit les mauvais côtés de l'autre. T'étais juste l'erreur de l'autre, mais pas toi. Ça tu l'as pas supporter. T'étais pas une marionnette, t'étais pas un simple pantin, un jouet qu'on se refilait à l'autre quand t'étais plus assez intéressant. Tu te rappelles, tu devais avoir six ans quand tu t'étais promis, en te regardant dans le miroir de la salle de bain, que tu laisserais plus ces gens qui se disaient parents décider pour toi. Tu laisserais plus personne décider pour toi et à cette décision, tu t'y étais tenu.

Tes doigts pianotent maintenant contre le mur, tu t’ennuie. Y'a rien pour t'occuper dans cette ruelle paumée, juste ces putains de camés qui attendent leur dose miracle. Tu peux comprendre, cette daube t'y avais été addict' pendant un temps. Mais t'es plus fort que ces mirages, plus fort que ce que l'on veut te faire croire. Tu peux remercier celui que tu considère comme ta moitié pour ça. Il t'a aidé à te façonner. Il est le seul qui voit à travers tous tes mensonges, multiples et sans fin. Il est le seul qui connaît le « vrai » toi, pas la face que tu donnes au monde.

Lui, c'est Moon, ce gars que tu connais depuis aussi loin que tu puisse te souvenir. Faut croire que tout vous destinait à être important l'un pour l'autre. Vos nom déjà : Moon, Sun. Deux dualités qui ne peuvent pas vivre l'une sans l'autre. Puis vos dates de naissances aussi, et le lieux. Même hosto, même jour, même année et surtout même heure. Alors forcément, au jardin d'enfant, vous vous êtes rapprochés. Comme une évidence. Vous vous êtes jamais quittés. Votre temps, vous le passiez ensemble, à comploter contre le monde entier et surtout tes parents que tu faisais tourner en bourrique pour le plaisir de les voir s'engueuler. T'aimais ça, et t'aime toujours. Foutre la discorde, c'est ton truc. Sûrement parce que tu as jamais sut ce que c'était d'aimer, t'as jamais réussi à rien faire d'autres que tout casser. Tes mains si adroites pour dealer et manier les armes blanches, elles deviennent synonyme de malheur quand y'a des sentiments derrière. Même sans d'ailleurs.

Faut dire que à aimer détruire et à te créer des personnage, tu as finis par te faire avoir. Une fois. Une unique fois et tu t'es juré de ne plus te laisser avoir encore une fois. Rien que d'y penser, tu sens ton poing prêt à frapper et ta mâchoire se serrer. Tu fais même fuir un gars qui pensait te taper la causette à cause de ton brusque changement d'expression. Mais faut dire que juste penser à elle, ça te rend fou. Pas fou d'amour, non. Fou de colère, de jalousie et de trahison. Ho Jin. Ce prénom qui autrefois roulait sur tes lèvres presque avec amour, aujourd'hui, il sort comme du venin.

Vous partiez bien, tu t'étais montré attentionné avec elle. Aimant. Faut dire qu'elle avait beau être plus vieille, elle n'avait rien à voir avec toutes les autres filles ou garçons que tu avais put approcher. Elle avait cette lueur dans le regard que tu avais adoré. Mais rien ne dure jamais avec toi. À part ton amitié indestructible avec Moon. À ce stade, ce n'est plus de l'amitié, ni des liens fraternels, c'est une partie de toi, une partie de lui que vous partagez l'un avec l'autre. Mais avec Ho Jin, tu y avais crut. Sauf que pour une fois que tout marchait, tu avais voulu la garder pour toi. Pour toi seulement et personne d'autres. Un an, ce fut le temps avant que tout dérape. Avant que tu n’arrives plus à faire la différence entre amour et possession. Parce que tu l'aimais tellement qu'elle était à toi non ? Faut croire que non, vu qu'elle s'est cassée. Ça a prit trois longues années. Trois longues années où tu étais à moitié fou, où dès qu'elle s'approchait trop des autres, tu te vengeais sur elle. Elle ne semblait même pas souffrir quand tu la frappais. Ça te rendait fou, mais y'avait pas que ça qui jouait. Les drogues sûrement. L'alcool. Puis y'avait eu ce jour où t'étais allé trop loin. Ou tu avais franchit la limite qui la retenait prêt de toi.

Un message sur ton téléphone te tire de tes penser. Il est temps de lever le camp, de rentrer chez toi. Pour une fois, t'en es content, tu as envie de penser à rien, et surtout pas à cette nuit où tu avais déboulé chez Moon, le sang d'Ho Jin sûr les mains. Elle était en vie, et même si tu avais fais le fier alors qu'elle aprtait, au fond tu n'en menais pas large. T'avais foncé chez ta seule famille, Moon. Ça faisait longtemps, depuis tes douze ans que tu vivais plus chez tes géniteurs et tu t'en portait pas plus mal. Ta famille, c'était Moon et son frère, personne d'autre. C'était Moon avant tout. C'est lui qui t'avais gueuler dessus, qui t'avais forcer à arrêter toutes les merdes que tu prenais. C'était encore lui qui t'avait parlé de ce gang dans lequel il venait d'entrer : les STAGS. Il t'avait offert une autre vie, une vie où tu faisais ce pourquoi tu étais doué, où tu avais pas à jouer le gentil garçon. T'étais pas un bagarreur comme Moon, même si on te craignait. T'étais le manipulateur, celui qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas et ton nouveau patron, il l'avait bien compris. Il te fis entrer comme dealeur et t'étais de loin le meilleur au bout d'une semaine. Jamais pris. Trop intelligent comparé aux autres. Tu gagnais bien ta vie, mais y'avait encore une fois ce vide, cette envie latente de faire du mal, de te venger, même si tu ne savais pas de quoi.

Tu rentres dans un bar, un sourire en coin sur les lèvres. Encore une fois, tu vas finir dans les bras d'un inconnu ou d'une inconnue, marquant ton territoire comme un conquérant victorieux humiliant son ennemi. C'était la seule solution que tu avais trouvé pour pas sombrer encore une fois. Coucher, décuvé, et ne plus laisser ton cœur entre les mains de n'importe qui. Tu touchais plus à la drogue sauf à la refourguer à ses faiblards qui pouvaient plus en sortir. L'alcool était un compagnon fidèle, mais c'était en couchant que tu restais les pieds ancrés sur cette terre. Un moyen comme un autre d'avoir ton équilibre. Une stabilité chèrement acquise, mais qui était la tienne. T'étais pas un enfant de cœur, t'étais même plus proche de l'être sans cœur. Mais tu t'en foutais, tu changerais jamais. C'était pas ton sourire séducteur qui dirait le contraire.