Tout semble encore bien trop étrange pour toi. Cette liberté dont t'as cruellement manqué ces derniers mois, des plaisirs simples qui s'offrent à toi. Pourtant, t'as parfois encore ce sentiment étrange que tu ne le mérites pas. Que tu n'as pas été enfermé pour rien, et que ce dont on t'a arraché, tu ne dois pas le retrouver. Mais tout a une saveur nouvelle, aussi. Différent, mais similaire à la fois. Et malgré cet air impassible, tu profites, au fond de toi. De ce que tu pourrais à nouveau t'offrir, de peur qu'on te l'arrache à nouveau. Peur incontrôlée alors que tu sais, que tu prends des risques, chaque jour, chaque heure. Un soupire qui s'échappe de tes lèvres avant de croquer dans cet hamburger, un bonheur certain de renouer avec de vieilles et mauvaises habitudes, en fin de compte. "J'avais oublié le goût qu'ça avait p'tain." et tu ponctues ta phrase d'un rire, léger. Qui se fait si rare quand on pense à toi. Pourtant il est là, discret. Il renoue avec le monde extérieur, pas à pas. Et tu le sens au fond de toi. "Ca, tu l'as dit." ajoutes-tu, ce rictus qui reste presque naturellement sur tes lèvres, brise quelque peu ce regard carnassier qui te caractérise tant. Tu te redresses sur toi-même, prends quelques frites, savoure ce repas qui parait pourtant si banal. Une gorgée de coca pour faire passer le tout, retrouver le goût de ce burger une fois de plus. Mais t'as ce sourcil qui se hausse en entendant la révélation de la demoiselle devant toi. "T'es sérieuse ? J'pensais pas que t'oserais t'faire tatouer." T'as pas forcément d'a priori, au contraire. Toi-même ta peau est marquée d'encre depuis bien longemps. Mais c'est toujours étonnant, quelque part, quand on sait à quel point cela peut être mal vu dans votre pays. "Rassure-moi. Tu vas pas t'faire tatouer un burger quand même ?" Un peu d'humour, à la volée. Une autre liberté oubliée. C'est pas forcément ton genre, pas souvent en tout cas. Mais tu te le permets, comme t'as déjà pu le faire par le passé avec elle. Pas avec n'importe qui, simplement certains de tes proches. Parce que dans ton milieu, on ne rit de rien, jamais. Et parfois, il faut savoir se lâcher, comme ce soir. Aussi étrange que cela puisse encore paraître.

« Ça fait du bien pas vrai ? » sourit-elle amusée en mordant dans son sandwich.  C’était son préféré de la ville. Peut-être parce qu’elle connaissait le gérant ? Quoiqu’il en soit-elle ne résistait jamais et ce dès la première bouchée. Elle frissonne de bien-être et se laisse tomber en arrière dans son fauteuil avant de s’asseoir en tailleur. Elle dépose son plat sur ses genoux et reprends son repas avec appétit. Elle rit à sa remarque et secoue la tête. « N’importe quoi. J’ai du goût quand même ! » elle prend une mine faussement outrée avant d’ajouter d’un air espiègle « Je vais plutôt me tatouer un cornet de frites. » elle reste sérieuse un moment avant d’éclater de rire. « Tu verrais ta tête ! » Le garçon n’était pas du genre crédule voir pas du tout. Mais elle s’amusait avec lui, naïve enfant, fière de pouvoir faire ses blagues. Elle lui lance un regard complice en croquant dans son bout de burger délicieux. Elle lève son regard vers lui et reste pensive quelques instants. Combien de gens lui avait posé des questions sur la prison ? Combien avait pu se montrer indiscret ? Répondait-il avec patience ou bien se montrait-il froid et distant ? Su Nah n’osait imaginer ce que devait lui coûter de vivre et revivre son enfer. Pire encore, de n’avoir finalement que cette étiquette du mec en taule … elle déglutit et secoue la tête en le fixant. Chassant ainsi ses pensées. Elle lui sourit, espérant qu’il n’est pas pu suivre le fil de ses idées. « Fini vite qu’on aille se faire un tour en moto. » conclut-elle simplement avec affection. Elle croque dans une frite et lui tends sa sauce « tiens goûte celle-là ! elle est délicieuse ! »