(tenue) La guerre était déclarée entre eux, et elle avait commencé depuis quelques jours déjà. Une colocation au bord du naufrage ; lourd de paroles et porteur de bien des silences. Et quand une bouée apparaissait soudainement pour les sauver, une vague plus grande encore venait les engloutir à nouveau. Seule l’incertitude semblait les rapprocher. Des meilleurs amis empoisonnés par le chaos des actes et des paroles, incapable de savoir ce qu’il en adviendra au bout du compte. L’arrière-goût d’une sérénade enflammée qu’ils ne pouvaient oublier, l’amitié pour sombrer. Seulement, il y avait les sentiments naissant et ceux qui cessaient de vivre dans la poitrine.

Complexe émotionnel.
Soupir éternel. Keona levait les yeux au ciel chaque fois que son regard croisait celui de son ami. Cette situation devenait insupportable, jour après jour. Et malgré le grand nombre de disputes, son cœur n’avait de cesse de critiquer son comportement. Il avait besoin de lui, plus que de lui-même. Il était son monde au-delà des apparences et qu’importaient les sentiments, cette amitié l’avait sauvé – inconsciemment. Alors il se persuadait que tout irait pour le mieux, bientôt. Que tout s’arrangeait toujours avec Jahseh, même s’il était celui qui en souffrait le plus – il voulait simplement lui faire comprendre, lui faire entendre sa douleur, au moins un peu.

« Ouvre. J’ai oublié mes clés à l’intérieur en partant ce matin. » C’était froid. Si peu ressemblant de ce qu’ils étaient à eux deux habituellement. Un quotidien qui avait soudainement disparu. Réduit à se parler sauvagement ou à s’ignorer continuellement. Il soupirait à nouveau Keona, se persuadant de ne pas avoir compris la situation. « Tu fais vraiment... T'es égoïste, j'espère que tu en as conscience. » avait-il dit en le regardant dans les yeux, iris détournés quelques secondes plus tard.
feat. @byun jahseh

(tenue) le tonnerre grondant au fin fond des âmes.  âmes troublées, souillées par des envies, des paroles inavouées. âmes tourmentées, blessées et torturées. oublié l'amitié enfantine, les sourires d'enfants rêveurs et les jeux taquins bordés d'innocence. auras dévastatrices, esprits mélancoliques, ils errent tous deux, silencieux, au beau milieu d'une nuit trouble et nuageuse. keona, paisible mais pourtant bien hargneux face à l'innocence perpétuelle du jeune grec. jeune enfant bercé par une douleur peu habituelle qu'il berce tant bien que mal, l'apaisant du mieux qu'il le peu.

amitié partie en éclat pour quelques actes dévastateurs. pour quelques mots soufflés, dissimulés derrière une barrière de chair. amour inavoué. et trouble continue. le trouble ronge l'enfant pourtant volage et je m'en-foutiste. et la balade inopinée se termine face à une grille scellée. le souffle de jahseh annonce alors un nouveau tourment. une douleur évacuée de façon des plus spontanée car les mots de son semblable le pèse. le brusque.

un peu trop.

alors il dit rien, jahseh. il reste silencieux, la première fois. l'orage s'annonce alors ici et là. sur terre comme dans les airs. l'air en devient irrespirable et jahseh n'en devient que plus irritable. l'humeur changeant au grès du temps. et keona. celui qui autrefois aurait pu être le sacre d'une vie instable et tortueuse que celle de jahseh, ne devient que démon baignant dans un mépris soudain. et la pluie, elle aussi, s'annonce par quelques caresses sur des visages rongés par une colère instable et destructrice.

et keona à nouveau, s'anime, s'exprime. et pour jahseh, ça n'est qu'une lame supplémentaire dans un myocarde en peine. hypersensible malgré la fierté vivant au fin fond de cet être. « Ferme-la un peu Keona. Ferme-la, ne serait-ce que quelques secondes. » qu'il marmonne dans sa barbe, le jeune grec. priant des dieux bien lointain, il réclame le silence pour ainsi regagner en paix intérieure. pour retrouver un semblant de respect et d'amour pour celui qu'il tient par la main depuis bien des années. mais en vain. « C'est quoi le soucis cette fois ? Tu baignes dans la frustration pour quelle raison au juste ? » agacé, le regard de velour s'envolant, laissant place à des sourcils froncés. colère étouffante. l'orage gronde à nouveau et les âmes n'en deviennent que plus électriques. douloureux supplice pour le grec.
feat. @moon keona