Crayon de bois à la main et calepin sur les genoux, Orion s’était installé à l’ombre d’un arbre isolé du monde mais pourtant assez proche pour laisser son regard divaguer à droite puis à gauche. Mais surtout à l’horizon, droit devant lui, là où deux belles aigues-marines n’avaient de cesse de l’obséder depuis bien trop longtemps. Beaucoup trop longtemps. « Bordel, ce mec … Ses yeux sont si beaux. » s’élève alors une voix que lui seul peu entendre, et un petit sourire se dessine alors sur les lèvres du jeune homme qui vient torturer celles-ci de ses dents, alors qu’il lance dans un murmure à peine audibles « Ils sont parfaits. Absolument parfait … Terriblement parfait. » Dangereusement parfait … Dit-il alors, son regard ne quittant pas des yeux le corps de son aîné un peu plus loin dont les tendres diamants bleus avait attiré son attention la plus pure. Ne le quittant pas des yeux Orion resta alors ainsi, dans cette même position durant de longues minutes à l’observer et de temps à autre venir gribouiller sur son carnet, mais très vite les croquis qu’il avait commencés ne faisaient pas grand feu se retrouvant raturés et déchiquetés en mille morceaux. Il n’en pouvait plus. Il n’en pouvait plus de ne pas réussir à capturer ces si jolies perles sur du papier dessin, rien n’était à la hauteur, ni le premier croquis, ni le dernier et encore moins les centaines d’autres reposant sur son bureau. Aucun de ses dessins n’étaient à la hauteur de la magnificence des yeux de celui qui portait le doux nom de Myung Min Jae. « J’y arriverais … Je le sais Corvus. J’arriverais à retranscrire ce si beau regard sur du papier, je te le promets. » murmure alors Orion qui avait abandonné depuis bien trop de temps le corps de celui qu’il n’avait eu de cesse de stalker ces derniers jours, bien triste erreur car il suffit d'une seule seconde pour tout chambouler.

Assis à une table, pris dans une révision pour le cours du lendemain depuis une heure déjà, pourtant ça ne m’avait pas empêcher de remarquer ce garçon qui semblait me fixer au loin. C’était pas la première fois que j’avais cet impression d’être épié par lui, je ne savais pas trop pourquoi et je trouvais ça un peu étrange … et flippant. Au final je n’arrivais plus à me concentrer sur mes fiches, j’avais donc fermé mon classeur et profité qu’il aie détourné le regard pour filer. J’aurais pu me barrer ailleurs, comme d’habitude, échapper à son regard épieur, mais pas cette fois. Ça m’intriguait trop à force et j’étais curieux de comprendre les raisons de son regard toujours sur moi. Alors pour une fois au lieu de fuir, j’étais venu discrètement derrière lui. Je l’avais entendu parlé, Corvus ? Il était peut-être au téléphone, mais je ne voyais pas d’écouteur, rien. C’était pas mes affaires après tout, il se parlait peut-être à lui-même. Il parlait de poser ce « si beau regard » sur papier et j’avais donc jeté un oeil sur le calepin de la table et le tas de payer chiffonné. C’était donc ça, sa raison de me fixé tout les jours, de manière que je trouvais presque invasive. Oubliant l’idée de l’espionner discrètement , je m’étais assis à côté de lui, sans plus aucune once de discretion.

« C’est donc çA que tu fais quand tu me regardes, dessiner mes yeux ? »

J’avais lever un sourcil en lui souriant. Je savais que mes yeux étaient particulier, qu’ils pouvaient en perturber certain, ceux qui n’était pas parti bêtement du principe que je mettais des lentilles tout les jours.

«  Peut-être que de plus près ça serait plus simple non? Tu m’aurais demander, j’aurais accepter que tu les dessines et le voient mieux …. c’est un peu flippant d’épier quelqu’un comme ça tout le temps »

Alors qu’Orion s’était laissé distraire par ses pensées son obsession lui en avait profité pour lui filer entre les pattes. Ainsi, lorsqu’il redressa les yeux vers les tables il découvrit avec stupeur que le jeune homme n’était plus là, et pire encore celui-ci avait élu domicile à ses côtés. Surpris, il sursauta lâchant alors ses croquis pour porter la main à son cœur. « Bordel ! » hurla-t-il avant de se tourner vers le jeune homme et de le fusiller du regard. Orion resta alors de longues minutes silencieux avant de se pencher pour ramasser ses croquis et lancer d’un ton plutôt détaché « Tu les as vu alors pourquoi tu me poses cette question idiote ? » questionna-t-il simplement en regroupant ses dessins pour finalement les ranger dans son sac et s’empresser de se lever. « Je n’ai pas besoin de les voir de plus près. J’ai ce qu’il me faut. » lance-t-il alors froidement en venant poser son sac sur son épaule droite tandis qu’il soupire bruyamment « Je ne t’épie pas. J’épie ton regard nuance. » dit-il avant de s’empresser de prendre la route pour fuir les questionnements du jeune homme. Il détestait avoir à se justifier et surtout à justifier ses actes auprès d’une quelconque personne, mais plus que tout il haïssait se faire si vite percé à jour, lui qui était par habitude invisible n’avait pas été assez discret. Et ça … ça le rendait fou de rage contre lui-même.