changmin coince entre ses lèvres, un joint fraichement roulé. le briquet dans la main s’allume et il approche la flamme du bout de la cigarette remplie d’herbe. il la voit qui tremble et remarque que ce sont ses mains qui sont prises de tremblements incontrôlables. il serre les dents et arrache sans ménagement le joint de sa bouche pour le fourrer dans sa poche afin de cacher ce qui semble animer ses mains. « putain de merde. » qu’il jure alors qu’il se laisse aller contre le mur, le dos complètement avachi dessus. ça ne fait que quelques jours que miree est morte et il n’arrive pas à s’y faire. il le sait que le temps n’aidera pas et qu’il ne s’y fera jamais. il ne peut pas accepter l’idée que sa meilleure amie, que la femme de sa vie, que sa moitié, que sa jumelle d’une autre mère soit partie. ce n’était pas possible. elle ne pouvait pas l’avoir abandonné. elle ne pouvait pas l’avoir laissé seul. chang serre encore une fois les dents et les poings dans ses poches. il a envie de frapper quelqu’un ou de s’en prendre à quelqu’un. sauf qu’il n’a plus les majors à ses côtés. à cause de la mort de mil, il les a laissé tomber, il en est parti. après tout, sans miree, qu’est-ce que sont les majors ? rien du tout. ils ont besoin de la jeune femme pour les tenir ensemble et elle n’est plus donc, ils n’ont plus de raisons de se retrouver. ça lui fait un grand vide, mais il s’y habituera. il a toujours été seul et aimé ça. ça ne changera pas grand-chose au final.

un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il prend le chemin de la sortie. il ne peut plus rester dans ce lycée. il a besoin de souffler et de partir loin. changmin ne regarde même pas les personnes sur son passage, les laissant ouvrir une sorte de haie pour le faire passer. il se rappelle que lorsqu’ils se déplaçaient en bande, les gens se poussaient sur leur passage. ils étaient les rois du lycée, et maintenant, ils n’étaient que des rois et reines déchus. certains avaient essayé de reprendre contact avec lui, mais comme ça chaque fois, il les avait envoyé chier. il ne voulait voir personne, ne souhaitait parler à personne. il entend vaguement son prénom et reconnait la voix. kim. elle le suit, il le sait, mais comme avec les autres, il n’a pas envie de lui parler. pourtant, elle est têtue. il pousse un soupir quand il sent sa main sur son poignet. le plus jeune de la famille nan se retourne vers elle pour darder son regard sur son visage. « qu’est-ce que tu veux kim ? si je t’ai pas répondu, c’est que j’ai aucune putain d’envie de te voir. » kim, c’est censé être sa petite amie. mais il ne l’aime pas vraiment. au mieux, il l’apprécie. il est gay chang, mais il le cache et kim l’aide à le faire même si elle n’est pas forcément au courant que la préférence de celui avec qui elle est en couple va aux hommes, et à un en particulier, un qu’il a martyrisé pendant des années.

elle soupire, kim, claque violemment la porte de son casier. en colère, elle a envie de tout péter. les gens autour d’elle la regarde bizarre, comprennent pas vraiment ce qui lui prend. un regard noir qu’elle leur lance. tous pigent bien qu’il vaut mieux rien lui demander. qu’elle est pas d’humeur à se livrer. elle pense qu’à une chose: retrouver changmin, son petit ami. deux jours qu’il lui répond pas. deux jours qu’il l’ignore. elle sait bien pourquoi, elle sait bien que c’est à cause de sa meilleure amie morte. il ont toujours été proches. trop de son point de vue et ça a bien souvent exploser dans le couple quand kim lui faisait la remarque. changmin et kim ça a toujours été comme ça. explosif dans le bon comme dans le mauvais. c’est pour ça qu’elle l’apprécie autant. on peut pas dire qu’elle l’aime, seulement avec lui, elle s’éclate quand ils s’engueulent pas. et ça, ça la fait kiffer. elle en oublie presque toute la toxicité de leur couple dans ce genre de moment. presque. la réalité la rattrape trop souvent. comme là, par exemple, c’est le genre de situation où elle a envie de lui dire d’aller se faire foutre, de passer à autre chose, que leur couple est fini. et c’est probablement ce qu’elle va lui dire si elle met la main dessus.
son sac sur le dos, elle quitte les casiers et file dans les couloirs. la gamine est certaine qu’elle le trouvera grâce aux murmures. la mort de miree a fait du bruit dans les couloirs. sujet à la mode depuis quelques jours. on a toujours trop parler d’elle à son goût… elle file à gauche dans le hall où il y a le plus de monde. quelque chose lui dit qu’elle devrait y trouver changmin au milieu de ce peuple. pas manqué, vers la sortie elle aperçoit une haie qui se forme pour laisser passer quelqu’un. elle se faufile dans la foule jusqu’à découvrir changmin qui s’en va vers la sortie. elle l’appelle une fois, puis deux et pas de réponses. y’en faut pas plus à la gosse pour attraper l’étudiant au poignet. pas de fuite possible, ils vont parler parce qu’elle en a des trucs à lui dire. changmin prend la parole l’empêchant d’en placer une. elle fronce les sourcils. la gamine a les nerfs à vif, suffit pas de grand chose pour qu’elle monte aux quarts de tour. « j’en ai rien à foutre que t’ai pas envie de me voir, je suis pas ta pute, tu viens pas m’voir que quand tu veux qu’on couche ensemble, je te signale. » qu’elle lui lâche cash. pas le temps pour tourner autour du pot, pas le temps pour les pincettes. à quoi bon? c’est peut-être leurs derniers mots échangés. « c’est parce qu’elle est morte que tu m’oublies? je passe après elle ou quoi? » un peu de jalousie dans sa voix, légèrement. de toute façon, kim a toujours été très jalouse avec ceux qu’elle aime. amitié, famille ou amour. même combat.