rooftop x moue renfrognée, cheveux ébouriffés par le vent coléreux, les bras couverts par la même vieille veste en cuir trop large qu’elle s’est offert pour ses vingt ans et les jambes dénudées à cause du short trop court qu’elle porte, la silhouette est recroquevillée sur elle même, protégeant ses mains.  Voilà le tableau que l’on pouvait observer. La journée se terminait et le manque de nicotine jouait doucement avec les nerfs de la japonaise qui se battait avec son briquet pour y faire jaillir une flamme suffisamment stable pour pouvoir s’allumer une clope, le tout fièrement posée sur le toit de la fac, un endroit qui n’était probablement pas franchissable mais elle n’en avait que faire.  Tout ce qui la préoccupait était sa clope et un léger soupir s’échappa de ses lèvres lorsqu'elle arriva finalement à allumer le poison, ne tardant pas à tirer une première latte, son corps se décontractant presque instantanément et la douleur du manque s’estompant. Elle se redressa pour faire face à la magnifique vue qu’offrait la hauteur de cet endroit, songeant à y retourner plus souvent pour prendre quelques clichés. L’esprit ailleurs, ce n’est que lorsqu’une nouvelle silhouette s'approprie les lieux que Haru daigne sortir de ses rêveries incessantes, observant le jeune homme qui semblait être dans le même état qu’elle quelques minutes plus tôt, avec un briquet tout aussi peu efficace que le sien. Sans un mot, elle n’attend pas que le jeune homme lui demande du feu pour se rapprocher, la démarche féline, le regard lumineux. C’est facile de deviner qu’elle a une idée derrière la tête, lorsque son regard s’illumine de cette façon.

“ Bouge pas. “ Qu’elle ordonne, clope au bec, allant poser une main sur la mâchoire du garçon pour rapprocher son visage du sien doucement, allant toucher le bord de la cigarette éteinte avec la sienne, yeux mi-clos, veillant à ce que son petit jeu fonctionne avant de s’éloigner et de souffler sa fumée de cigarette  juste devant son visage. Lorsque la fumée s’estompe, on peut voir un rictus amusé sur le coin des lèvres de la japonaise qui observe fièrement la clope maintenant allumée du jeune homme. Lentement, ses yeux se relèvent, transperçant ceux qui lui faisaient face, s’y perdant l’espace d’un instant.