Une nouvelle soirée est en train de se dérouler, et pourtant, aucune nouveauté à raconter demain matin. Je suis les mêmes et éternelles habitudes, comme si briser la tradition que j’ai moi-même composée pourrait me réduire à néant. Pourtant, à force, c’est certainement mon corps qui risque de lâcher. Après un énième shoot de vodka englouti à la vitesse de la lumière, ma tête prend appui sur mes deux mains. Mes doigts malaxent mon front alors que mon estomac ne cesse de tourner. J’ai une nouvelle fois trop bu, sombrant peu à peu dans une addiction qu’on nomme classiquement l’alcoolisme. Les boissons alcoolisées me déchirent, me brûlent de l’intérieur mais ce n’est rien comparé à ses souvenirs de voir ma sœur se consumer peu à peu dans un incendie. L’air était pourri jusqu’à la moelle, comme ce pauvre connard qui avait décidé de ruiner l’établissement universitaire pour un je ne sais quoi. Je suis fatigué de penser à ça mais heureusement mon état, bien que provisoire, me permet d’appuyer sur le bouton suivant. Une autre pensée me vient à l’esprit, plus lumineuse que la précédente. Or, je suis quelque peu pris au dépourvu quand j’entends une voix me parcourir jusqu’aux oreilles. C’est la première personne qui ose m’adresser la parole, ce soir. Je ne suis pas un grand bavard ce soir mais j’ai appris à nouer avec une relation tumultueuse avec l’alcool. Ce n’était pas comme si j’étais réellement tout seul. Sentant ma bulle éclater, j’enfonce ma tête dans mes mains avant de laisser mon bras glissé sur le comptoir collant. « Pour me poser une telle question, je suppose que tu n’as jamais vu un seul cadavre dans ta vie … » C’est vrai que j’en croise des certains de mon côté. La notion d’ironie m’échappe ce soir. « Un mort ne peut pas penser. » Quoi que si. Je soulève difficilement les paupières qui recouvraient mes yeux jusqu’à lors pour croiser le regard de l’inconnue. « Je pense que je devrais boire un dernier verre. Tu me l’offres ? » dis-je, avec un sourire arrogant malgré les circonstances.