Cette école était cruellement vide, sans Jaein et Aecha pour lui tenir compagnie. Aeyeon ne cessait de se le répéter, quand elle traversait les bâtiments ou se rendait au restaurant pour prendre ses repas. Chaque occasion était propice à se rappeler qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis dans cette grande école, et malgré son appartenance à une fraternité. Mais ce n’était pas grave : l’université, ce n’était pas l’endroit où les amis étaient les plus importants, peu importe combien elle pouvait ressentir ce vide qui s’installait à chaque fois qu’un de ses camarades parlait. Reprendre des études à ce point n’était certainement pas la meilleure idée qu’elle avait eue, mais au moins elle faisait ce qu’elle aimait, désormais.

Son livre d’anatomie coincé contre la poitrine, alors qu’elle traversait le campus, Aeyeon avait plein de temps pour observer les gens qui circulaient autour d’elle. Elle n’était pas très sociable, dans sa nouvelle classe, et avait tendance à ne pas se précipiter avec les autres quand ils avaient terminé les cours. Alors, tout simplement, la demoiselle prenait son temps pour rentrer au dortoir. De toute façon, ce n’est pas comme si elle y avait beaucoup à faire.

Tandis qu’elle continuait sa traversée du campus, Aeyeon crut apercevoir un visage familier. Ce garçon ne lui était en effet pas inconnu. Sans dire un mot, la demoiselle resta immobile pendant quelques secondes, le temps que le déclic ne se fasse. « Oh, Yuuma ! » Elle réalisa son éclat de voix et s’en sentit profondément honteuse. Ce garçon ne la connaissait même pas personnellement. Elle, cependant, le connaissait assez bien. Elle avait beaucoup regardé ses performances, avant sa blessure. C’est pour cette raison qu’elle se dirigea assez rapidement vers lui et s’inclina doucement.

« Pardon pour ce cri, je n’ai pas réalisé tout de suite. Je… Euh… Vous êtes bien Fujioka Yuuma, non ? » Peut-être exagérait-elle encore ? Elle était bien trop curieuse, et le simple fait d’avoir un patineur artistique devant elle, toute passionnée qu’elle était, était une chance à ne pas manquer. Restait à espérer qu’il ne la prendrait pas pour une folle furieuse.