Il était vingt-trois heures passées, et pourtant, Ji Han n'était pas encore couchée. Ça faisait une semaine, qu'elle tentait tant bien que mal de maintenant la fraternité sur pieds. Une semaine que Jiho et d'autres gumihos avaient été emmené et qu'elle s'était retrouvée à devoir faire l'intérim de la présidence, avec seulement deux jours de mandat de vice-présidente à son actif. En clair, la chanteuse, elle gérait comme elle pouvait et ne réfléchissait pas trop au lendemain, se concentrant sur les priorités de la fraternité. Actuellement, elle faisait le tour des pièces communes, le bordel de la descente des policiers enfin fini d'être rangé. Une dernière vérification pour la route.

Elle entrait dans une des salles de vies quand elle le vit assis sur un canapé. Peut-être qu'elle était trop fatiguée, ou encore secouée, mais Ji Han trouva que l'idée qui venait de traverser son esprit était la bonne, et ce fut pour cela qu'elle s'assit à côté du garçon, un léger sourire sur les lèvres.

« Namseon, je peux te déranger quelques minutes s'il te plaît ? »

Elle restait elle-même Jihan, demandant la permission avant de s'imposer, même si, pour une fois, elle avait un peu devancé ses paroles en s'asseyant à côtés du garçon. Avec l'accord du garçon, et un léger sourire sur les lèvres, elle ouvrit de nouveau la bouche, espérant avoir trouvé son sauveur.

« Tu as bien été vice-président pendant un temps, non ? Tu penses que tu peux me donner des conseils, m'aider un peu ? S'il te plaît ? »

Elle n'aimait pas déranger ainsi pour de l'aide, la coréenne. Mais pour les gumihos, elle était prête à tout, et il était hors de question de laisser couler la fraternité en l’absence de Jiho. Il la lui avait confié, malgré lui, il lui avait fait confiance, elle ne le décevrait pas. Elle priait juste pour que Namseon puisse effectivement l'aider comme il fallait.

Vivre dans un dortoir quasi vide, ça fout les jetons à Nam Seon. Le pauvre, la descente des policiers l'autre jour a eu de quoi le faire flipper, il n'a pas su où se mettre. Bien évidemment, il n'avait rien à se reprocher. Après tout, ils n'ont rien retrouvé dans ses affaires. Par contre, certains de ses camarades ont eu droit à quelques représailles de justice, et les voir en rang d'oignon quitter les lieux a eu de quoi le marquer. Depuis, il dort mal. Il n'ose en parler à personne parce qu'il sent qu'on le prendra pour un imbécile. La flippette. Le gars incapable de regarder la réalité en face. Depuis quand Nam Seon se soucie-t-il du jugement des autres ? C'est parce qu'il est insouciant, bien au contraire, qu'il est un homme entier. Mais Nam Seon a comme qui dirait perdu son peps, sa petite touche d'excentricité qui le rend si amusant et lourd à la fois. Le voici plus sage, plus dans la réflexion intérieure, à veiller jusqu'à tard le soir devant la télévision. Moins de monde, plus de chances de récupérer un poste libre. Télécommande à la main, sachet de chips ouvert dans l'autre main, le jeune Gwak zappe comme un pro. Il s'arrête à une chaîne quelques secondes avant de changer du tout au tout. Bon, rien ne semble l'emballer ce soir. Il finit par poser la télécommande pour s'attarder sur un dessin animé, plongeant sa main dans le sachet de chips. Personne pour l'interdire de se gaver l'estomac de saloperies, ça a de bons côtés finalement. Nam Seon commence doucement à fatiguer, s'abrutissant le cerveau devant ce cartoon. Mais la voix aiguë de Ji Han l'a d'un coup réveillé, et il se redresse sur le canapé vivement. « Hein ? Oh euh oui, je t'en prie. » Ji Han est là au moins. Elle n'a pas été piégée, elle n'a pas été emmenée. Il se décale sur le canapé pour faire une place à la demoiselle, toujours captivé par ses chips. Bah oui, il a faim. Il la regarde avec attention et l'écoute, avant de se mettre à réfléchir. Oui, c'est vrai, Nam Seon a déjà été vice-président, mais il n'a pas été un modèle. Comme dit précédemment, c'est un insouciant, et il n'a jamais su prendre au sérieux ses fonctions. D'où sa démission quelques mois plus tard. Un grand enfant reste un enfant après tout... Il s'est vite rendu compte de la difficulté du poste, ça ne collait pas avec sa personnalité, et il est bien plus heureux en tant que simple gumiho. « Et bien oui, si tu veux, par contre je n'ai pas été le plus brillant des vice-présidents hein... » Il se met à rire nerveusement. Il ne se prend pas au sérieux Nam Seon, et il doit bien manquer de confiance en lui. Il n'a pas été catastrophique à l'époque, loin de là, mais il en tire une conclusion mauvaise sur sa personne: il n'a pas su soulager Ja Sun quand ce dernier en avait besoin.

Elle se tordait les doigts Jihan, alors qu’elle dérangeait un de ses aînés. Elle détestait faire ça, la brune, aimant plutôt se fondre dans la masse à la base. Mais là, quand elle avait vu le garçon, elle n’avait put s’en empêcher, ça avait été plus fort qu’elle et elle s’était assise à ses côtés, lui demandant s’il elle pouvait le déranger pour quelques minutes. La musicienne n’était pas une tortionnaire non plus, elle ne comptait pas le retenir contre son gré, s’il ne voulait pas. Mais elle avait vraiment besoin de rapide et elle n’avait put penser qu’à Namseon de facilement contactable comme étant encore sur place.

« J’ai pas besoin du plus brillant, juste d’un vice-président, qui ai été formé totalement. »

Elle n’étais pas méchante dans ses mots la chanteuse, cherchant plutôt à montrer qu’elle avait vraiment besoin d’aide. Tellement que tant que ce n’était pas Jinyoung, elle écouterait. Elle se sentait juste dépassée, sous pression et elle voulait juste être sure de tout faire bien.

« Vraiment, tout ce dont tu peux te souvenir que tu faisais à la présidence ou que Jasun faisait… ça m’aiderait. J’y connais rien... »

La voix de la jeune femme, elle s’éteint un peu sur la fin. Elle savait qu’elle galérerait au début de son mandat, mais elle n’avait jamais pensé que ce serait à ce point.

On ne peut pas dire que Nam Seon a été parfait sous tous les angles. Pour mettre l'ambiance, il a su le faire. Mais pour comprendre l'envergure de sa fonction, il a eu plus de mal. Pauvre Ja Sun, quand on y pense il a dû faire le boulot de Nam Seon quasi tout le temps. Oh, bien sûr que le président a su lui rendre la pareille: le jeune homme se souvient encore de ces nuits à signer des papiers ou trier des dossiers dans le bureau. Il souhaite que cela n'arrive jamais à Ji Han qui semble encore plus confuse qu'avant. Elle n'a pas encore réellement pris conscience de l'ampleur de la tâche, ça doit lui faire peur. En même temps, elle est de nature moins extravertie que Nam Seon, et elle doit composer par elle-même. Alors le gumiho fait face à la demoiselle, une main toujours plongée dans son paquet de chips. « Etre vice-président, c'est déjà soulager le travail du président. Je pense que Ji Ho hyung a pas mal de paperasse au bureau et qu'il n'ose pas te demander de t'en occuper... » Il faut dire que Ji Ho est gentil. Ja Sun lui, à l'époque, n'avait aucun scrupule à refiler le sale boulot à Nam Seon. Pas que ça dérangeait ce dernier, mais il était utile au moins pour ça, pendant que Ja Sun recomptait probablement chaque won dans son portefeuille. Radin. Enfin bref. Nam Seon profite de l'accalmie pour tendre son paquet de chips à Ji Han, tout sourire, innocent. « T'en veux ? Vas-y sers-toi, tu dois avoir faim. » Ou pas. Il n'y a que Nam Seon pour manger à n'importe quelle heure. Il s'attend à quoi au juste ? Ji Han ne lui ressemblera jamais. Elle ne peut être que meilleure que lui. Alors il doit certainement faire preuve de justesse dans ses paroles. « Faut pas que tu culpabilises pour la descente des flics l'autre jour. T'y es pour rien, en tant que vice-président j'entends. »