× × × elle tire une taffe sur sa cigarette, le regard perdu sur les chambres de cet hôpital. quelle déprime, de rester ici, enfermée. par chance, elle ne restera pas longtemps, simplement le temps pour le personnel de s’assurer qu’elle s’était belle et bien remise de son opération. accoudée à la fenêtre, sora fait les gros yeux lorsqu’elle entend la voix de sa mère dans le couloir. ni une ni deux, elle s’empresse de jeter sa cigarette par la fenêtre, refermant cette dernière, elle a à peine le temps de tourner les talons qu’elle fait déjà face à celle qui l’a mise au monde. « sora! je peux savoir ce que tu fais debout ? » la jeune adolescente lève les yeux au ciel alors qu’elle file se remettre dans son lit. « ça va, j’vais pas mourir non plus. » ce n’était pas une lourde opération… mais tout de même, on lui a retiré son rein. sauf que voilà, à condition de faire très attention, vivre avec un rein n’est pas mortel, et elle ne veut absolument pas que sa mère commence à la traiter comme une infirme. un soupir passe la barrière des lèvres de sa maman, alors qu’elle dépose ses affaires sur la chaise présente à côté du lit, elle vient ainsi y prendre place pour s’approcher de sa fille. « comment tu te sens? » lui demande t-elle, plantant son regard dans le sien. « fatiguée, mais ça va. j’ai hâte de sortir d’ici… » une grimace maquille son doux visage alors qu’elle secoue la tête, un soupir, puis elle reprend: « comment ça va à la maison ? » ne peut-elle s’empêcher de demander. peut-être qu’elle se trouve en pleine crise d'adolescence, sora, peut-être qu’elle devient facilement ingérable, oui. peut-être qu’elle donne en permanence cette impression que plus rien ne compte, à part ses amis… seulement, ce n’est pas le cas. sa famille compte. « les jumeaux sont malades… à part ça, tout va bien. » rassure la mère, déposant une main sur son front. ça l’emmerde sora, d’être enfermée ici… et ça se voit. tout ce qu’elle veut, c’est sortir de cette chambre, retrouver ses amies, refaire la fête jusqu’à pas d’heure, retrouver son quotidien. elle gonfle ses joues, fixant un point invisible sur le mur. « sora… » la voix de sa mère vient la sortir de son observation. ses narines s’activent et gigotent, alors qu’elle jette un regard à la fenêtre avant de reposer son regard sur sa fille. « ne me dis pas que tu as fumé? » et en guise de réponse: sora roule des yeux. ça va être long.

× × × elle tire une taffe sur sa cigarette, le regard perdu vers ces nuages. accoudée à la fenêtre de sa chambre, sa main droite vient se lever pour venir essuyer une larme chaude roulant le long de sa joue. ce geste est devenu un pur réflexe depuis une semaine. sora s’isole dans sa chambre, se coupe du monde, et surtout, de ses fidèles amis. elle ne veut plus voir personne, sora, depuis la disparition de sungmin. elle a la haine qui lui colle aux tripes, sora, la haine contre ce monde qui lui a retiré son meilleur ami. ça douleur s'apaisera avec le temps, sans doute, mais pour le moment, sora survit à cette période des plus difficile. son absence, elle le ressent quotidiennement, et à la simple pensée qu’elle ne reverra plus jamais son visage, ses paupières se ferment, alors que d’autres larmes s’y échappent. elle renifle, tentant de ne pas faire trop de bruit. trop tard. « sora ? » la voix enfantine de sa petite soeur vient la sortir de son observation. elle se tourne vers elle, essuyant grossièrement ses joues humides, elle vient même écraser sa cigarette pour ne pas intoxiquer dahee, cette dernière qui vient s’asseoir silencieusement sur le lit de sa grande soeur. « je n’arrive pas à dormir. » avoue t-elle, honteusement, comme le ferait une enfant de son âge. sora ferme alors la fenêtre de sa chambre, avant de venir s’installer près d’elle: « tu veux rester ici ? » lui demande t-elle, de sa voix cassante, pesée par toutes ces larmes. dahee lui répond alors par un hochement de tête. « j’aime pas.. quand t’es triste… » les enfants ne sont pas idiots, si sa mère et son beau-père sont au courant de toute l’histoire et de la peine que sora endure, ses frères et soeurs, malgré qu’ils soient beaucoup trop jeunes pour le comprendre, le voient, eux aussi. « moi je serai toujours auprès de toi. toujouuuurs. » lui avoue alors la petite, ce qui fait décrocher un doux sourire sur les lèvres de la future tatoueuse, qui vient la prendre dans ses bras. « moi aussi, choupette. je veillerai toujours sur vous. » cette étreinte lui fait un bien fou. sa famille est la chose la plus précieuse que sora peut avoir, elle en a toujours eu conscience, même pendant ces années où elle a pu être absente, en vivant sa vie d’adolescente un peu trop intensément. « tu veux jouer à la console avec moi ? » demande t-elle, ajoutant rapidement: « je ne le dirai pas à papa et maman. » elle a bien besoin de rattraper tous ces moments perdus avec eux, surtout en ce moment. le temps apaisera la douleur, sora surmontera tout ça, elle le sait. ses frères et soeurs ont besoin d'elle, et elle saura être là. après tout, elle a tout autant besoin d'eux.

× × × elle tire une taffe sur sa cigarette, le regard perdu vers les passants. elle a le sourire sora, sa première journée de travail s’est super bien déroulé. ça y est, elle débute officiellement en tant que tatoueuse dans le salon de ses deux amies ! sora en a bien conscience, il lui reste encore pas mal de chemin à parcourir mais la jeune femme est prête à tout pour y arriver, cela fait partie d’elle : se battre, ne rien lâcher, jusqu’à arriver à ses fins, obtenir ce poste n’a pourtant pas été chose facile, mais elle l’a fait. elle a su prouver qu’elle méritait sa place, tout autant que les autres, elle a su leur prouver qu’elles pourront lui faire confiance, qu'elle était douée et que le temps l'aidera à gagner en expérience. alors oui, sora a le sourire étiré jusqu’aux oreilles. après avoir écrasé sa cigarette, la jeune tatoueuse se dirige vers la maison familiale. et lorsqu’elle pousse la porte d’entrée, le calme fait place à la tempête… une journée normale chez les hwang. ce brouhaha rappelle à sora à quel point elle se sent bien dans son propre appartement, et pourtant, dieu sait qu’elle aime sa famille… seulement, pouvoir se retrouver seule chez elle lui fait un bien fou. aussitôt à l’intérieur, sora n’a guère le temps de retirer sa veste, qu’elle vient attraper son petit frère dans son youpala « hé, bonhomme! comment tu vas? » lui demande t-elle, absence de réponse dû à son jeune âge et son incapacité de pouvoir bien s'exprimer. la mère de famille vient aussitôt la rejoindre dans l’entrée, aussi débordée que d’habitude : torchon sur l’épaule, presque essoufflée. « ma chérie! alors, cette première journée de travail ? » sora s’avance dans la pièce, profitant de sa seule main libre pour venir attraper quelques jouets qui trainent sur son passage. « super… vraiment, je vais m’y plaire là-bas. » avoue t-elle sincèrement, bien que, comme d’habitude, la conversation est quelque peu perturbée par la présence de tous ces enfants. « je te raconterai tout ça ce soir, je vais conduire minki chez le médecin. » hop, ni une ni deux, sora s’active d’ores et déjà habillant son petit frère afin qu’il ne prenne pas froid. elle ne veut pas louper le rendez-vous, sora… une journée comme une autre, chez les hwang. une journée où sora ne voit pas le temps passer, une journée où elle se laisse facilement déborder, si ce n’est pas pour son travail, ses passe-temps et projets, ou ses cours, c’est forcément pour sa famille. toujours pour sa famille.