La seule chose que j’ai envie de faire depuis ce matin, c’est retourner sous la couette et ne pas en sortir avant que le break estival ne soit fini. J’ai pourtant dû supporter une journée entière au boulot sans avoir eu le temps de respirer ni même de me poser cinq minuscules minutes de rien du tout pour revoir en mémoire tout ce qu’il s’est passé ces derniers temps. Premièrement ; Jiho, l’ancien président, est parti en Australie. Jihan – qui était donc vice-présidente – a prit sa place. Deuxièmement ; j’ai été désigné pour être le nouveau vice-président de la fratrie. Et c’est peu après ça que j’ai totalement perdu le fil des choses. Genre – je sais pas à quoi est-ce que je dois m’attendre ou toutes les choses que j’ai loupées depuis que je ne suis plus ce simple membre de la fratrie toujours heureux d’aider.

Right.

Quand on m’a proposé d’aller prendre une pause parce que j’étais foutrement à cran, j’ai pas hésité une seconde et je suis sorti par la porte arrière avec un autre de mes collègues. Je lui ai même demandé une cigarette pour relâcher toute cette pression monstre qui pèse sur mes épaules. Il s’est bien évidemment foutu de ma gueule puisque je suis étudiant en médecine, mais mon habituelle bonne humeur s’est changée en une remarque cassante sur fond d’accent de Busan. Pas très sympa, soit dit en passant, mais je n’en avais absolument rien à foutre à ce moment-là.

Alors voilà, il est vingt-et-une heure trente, je viens à peine de rentrer au dortoir, je pue la friture à m’en irriter le nez et j’ai simplement envie de me couler sous la douche puis de dormir. C’était le plan, jusqu’à ce que je m’échoue sur mon lit comme une baleine échouée sur la plage parce que je n’en pouvais plus. Je lâche un soupir, je plonge la tête dans l’oreiller, et je lâche un cri heureusement étouffé. « Pourquoi ça m’arrive à moi, bordel ? Bonjour la pression—et puis Jihan, elle pourrait pas faire un effort pour m’aider, un peu ? Urgh—sortez-moi de là. » La frustration maximale.

Je n’étais pas sorti ce soir, préférant de temps en temps le calme et ne pas avoir forcément de compagnie pour la nuit. Je ne m’attardais pas trop la dessus ces temps-ci. Je me contentais d’étudier de temps en temps, de lire des livres, regarder quelques drama et sortir un peu me balader quand il faisait beau. J’avais passez quelques jours à la villa de mes parents, surtout pour voir mes chats, parce que mes parents eux, ils étaient pas en Corée en ce moment. J’avais passé plusieurs jours là-bas avec ma soeur et je venais de revenir ce soir au dortoir.
J’étais seul dans la pièce, Nam Seon était je ne sais où, Dae Jung devait surement travailler, encore. Je confirmais d’ailleurs cette théorie quand ce dernier était entré dans la pièce, avec son odeur de frite. J’allais simplement l’ignorer, pensant qu’il allait prendre sa douche sagement, sauf que je venais de l’entendre s’écraser dans son lit en grognant. J’avais donc mis sur pause mon drama et avait posé mon téléphone avant de descendre du lit à étage et poser mes fesses sur le lit d’en dessous, celui de Dae Jung.

« De quoi tu te plains, c’est toi qui t’es proposé, tu veux pas arrêter de geindre 30 secondes? »

Bon j’avait tout de même un peu de compassion, j’avais bien compris qu’il était extrêmement stressé par ce nouveau rôle, et j’étais pas un connard non plus. Je posais une main sur sa nuque, massant légèrement en appuyant. Ses muscles étaient bien tendu, je le sentais parfaitement sous mes doigts.

« T'es tendu comme le string sur le cul d'une baleine »

Je retirai ma main, restant tout de même assis sur son lit.

«  Allez va te doucher j'ai pas envie d'avoir l'impression de dormir dans le friteuse. Et si tu reste allonger comme ça tes drap vont sentir la frite. »

Enfin c’est pas comme si il utilisait souvent son lit. Depuis son arrivée, depuis plus de 2 ans, il venait squatter le mien la plupart du temps, parce que monsieur n’aimait pas dormir seul. Le pire ? C’est qu’il ne s’était jamais rien passer … et croyez moi, en général quand on passe dans mon lit c’est pas pour faire la sieste.

« Enfin tu t'en fou sûrement tu dors jamais dedans ».

Quand j'entends du bruit juste au-dessus de mon lit, je me dis que Dowon est sûrement là, mais qu'il s'était montré silencieux jusqu'à maintenant. Je me redresse un peu en lâchant un grognement et je le vois au même moment poser un pied au sol. Je fais la moue en entendant sa remarque désagréable. "Et toi, tu veux pas arrêter de ramener des mecs tout le temps dans la chambre de temps en temps ? C'est même étonnant qu'il n'y ait personne, y'en a même pas un qui a fondu pour ta belle gueule ?" De toute manière, c'est certainement pas moi qui perdrait toute contenance devant lui. Quoique.

Je lâche un soupir de soulagement quand ses mains me massent doucement la nuque de manière terriblement efficace. J'ai presque la sensation que tous mes soucis s'envolent en même temps. Je ne prends pas en compte sa remarque bien que je le comprenne entièrement. Puis je couine quand il arrête. Un vrai bébé. "OK, ouais, je dois prendre une douche. Je suis déjà devenu incapable de bouffer un fast-food a force de travailler dedans, alors j'aimerais bien que mon lit soit encore dépourvu de cette odeur abominable." Je lâche un soupir lourd et je me lève tant bien que mal pour récupérer des fringues de nuit dans le placard. Je remarque par la meme occasion que je n'ai plus aucun uniforme de travail propre. Great, lessive a faire aussi. Je tourne la tête brutalement en entendant sa remarque. "Hé, je te permet pas de dire quoi que ce soit à ce propos !" Parce que ça, c'est franchement pas fair play.

J'avoue, je dors plus dans son lit que dans le mien, parce que je déteste dormir tout seul. J'évite celui de Namseon parce que j'ai la peur bleue d'écraser son chat au passage, et il m'en voudrait pour l'éternité si ça arrive. Je lève finalement les yeux au ciel en soupirant et je pars en direction de la salle de bain après avoir fait voler mes chaussures d'un coup de pied de chaque côté.

C'est au moment où je sors de la douche que je me rends compte que j'ai oublié de prendre un t-shirt. Mes yeux fixent mon tatouage au travers du miroir, je le cache presque immédiatement avec l'une de mes mains. Je ne tarde pas a me sécher et enfiler mon bas en plus de remettre ma montre et ma chainette avant de courir en dehors de la salle de bain direction la chambre pour que je ne croise absolument personne. Putain, faites qu'il soit reparti dans son lit.

Main dans le placard, je sors le premier tank-top que je croise et j'ai le malheur de tomber sur un qui appartient à Dowon. "Dis, tu m'en voudras pas si je te prends un haut en plus d'une partie de ton lit, hein ?" Je sens la remarque venir à des kilomètres là.

Un DaeJung fatigué était un DaeJung piquant. Malheureusement pour lui je n’étais pas vraiment blessé par sa remarque. Le cul sur son lit et la main dans sa nuque je lui répondit calmement.

« Qu’est-ce qu’il y a t’es jaloux? J’y peut rien si ta vie sexuelle est inexistante. Et crois moi, si j’avais voulu j’aurais ramener quelqu’un, j’avais juste envie de tranquillité ce soir … enfin au moins jusqu’à ce que tu rentre et que tu viennes prendre la moitié de la place. »

Il râlait sur les conquêtes que je ramenais fréquemment mais il se rendait vraiment pas compte que c’était majoritairement lui qui partageais mon lit. Malheureusement pour ma vie sexuelle, vu qu’avec lui, il ne se passait rien … chiant … il prenait juste de l’espace dans mon lit parce qu’il voulait pas dormir seul. Et j’étais un peu trop gentil pour l’envoyer bouler et avoir la paix. Même si je le faisais parfois, j’avais pas pu me résoudre à lui interdire l’accès à mon lit. Mon petit massage semble faire de l’effet vu son soupire, mais je me stoppe rapidement. Je ris même un peu en l’entendant couiner de désapprobation, heureusement il se contente de ce son et ne quémande pas plus, au moins pour le moment.

« Pourquoi tu t’es couché dedans alors au lieu de filer direct sous la douche comme un bon garçon? … et nous éviter cette horrible odeur de friture dans la pièce »

Je me lève un peu avant lui pour me diriger vers la fenêtre pour l’ouvrir, hors de question que ça sente encore la frite même après sa douche. Heureusement il avait pris l’habitude de laisser ses habits au linge sale et de ne pas les emmener dans la pièces ou l’on dormait. Amen pour nos narines ! Je ris encore un peu quand il se vexe. Facile de le faire réagir, surtout quand il rentre d’une longue journée.

« Il n’y a que la vérité qui blesse … et tu n’as aucune moyen de nié ce que je viens de dire. »

Mais bon, je suis sûre que si sa couette sans la frite, l’odeur pourrait remonter jusqu’au lit à étage, alors autant l’éviter. Je le regarde partir en direction de la salle de bain, du coin de l’oeil, avant de détourner mon regard à l’extérieur. Je reste appuyé près de la fenêtre et inhale l’air frais de la soirée. Le ciel est encore légèrement teinté, le soleil ne s’étant pas encore éteint totalement. Ce n’est qu’en l’entendant revenir dans la pièce que j’avais tourné la tête et refermer la fenêtre, m’appuyant contre le mur en l’observant. Je remarquais sa main plaquée contre son torse, me demandant pour quelle raison il la tenait comme ça. Je hausse les épaules à sa question et m’approche lentement de lui.

« Pour ce que ça change … les gens vont finir par croire que je suis ton mec! »

Ou pas vu que je suis souvent aperçu accompagner et rarement de la même personne. Le seul qui pourrait le croire c’est Namseon, mais bon là, il dort déjà paisiblement. Et puis lui aussi à bien vu que j’étais souvent accompagner dans mon lit et que c’était pas pour dormir. Une fois à sa hauteur je m’approche de son oreille, bloque son poignet d’une main, l’empêchant d’enfiler le haut qu’il tient.

« Qu’est-ce que tu cachais en entrant dans la chambre ? »

Je murmure la phrase, pas besoin de parler plus fort de toute façon, vu la distance qui sépare ma bouche de son oreille..

Dowon était parfaitement le genre de personne qui savait où taper pour m’irriter. Après plus de deux ans et demi à partager une chambre, de toute manière, c’était à prévoir. Mais là, avec tout le stress de mon nouveau poste de vice-président qui me tombe sur le coin du nez, je suis franchement à deux doigts de lui dire d’aller se faire foutre. L’emmerder bien profond et l’ignorer pour le reste de la soirée. C’était le plan, jusqu’à ce que je lui demande si je pouvais lui emprunter l’un de ses tank-top, parce que j’ai franchement pas envie qu’il voie le si petit tatouage qui passe pourtant pas inaperçu quand on le voit de plus près. « Comme si ça te gênait qu’on me prenne pour ton mec. Les gens seront même plutôt surpris de te voir fixé plutôt que de niquer tout ce qui bouge. La seule chose, jagiya... » J’insiste bien sur le mot et je lâche un rire en même temps alors que je m’affaire à ne pas défaire la pile de fringue en sortant le haut. « ...c’est que je n’ai certainement pas envie d’être comparé à un énième de tes plans culs. »

Au moment où je le sors enfin et que j’allais le mettre, il s’empare d’un de mes poignets pour m’empêcher de faire quoi que ce soit. Son murmure m’arrache un frisson. J’ai envie de lui écraser le bout du pied avec le talon. Vraiment, qu’est-ce que je le déteste. « C’est pas ton business, Sang. Retourne regarder ton vieux drama et fous-moi la paix, j’ai d’autres choses à faire que de perdre mon temps avec toi. » Je lâche un soupir et j’essaye de me libérer de son emprise en forçant un peu. « Et me fais pas répéter, je suis vraiment pas d’humeur. » D’un mouvement sec, je relève mon pied et je lui tape légèrement dans le tibia en plus de tirer au niveau de mon poignet. Je mets le haut sans perdre une seconde de plus et je me retourne enfin vers lui. Après seconde pensée, le haut est franchement trop large pour moi, faute d’être vraiment trop petit. « Alors maintenant que je sens plus la friture, je vais pouvoir aller me coucher, hein ? Et switche pas sur du porno, sinon je balance ton ordinateur par la fenêtre. »

Si moi ça me gênait, clairement pas non, j’en avait vraiment rien un foutre, c’était pour lui que je disais ça. Je lève un sourcil au surnom mais ne relève pas vraiment. Il a les nerf a vif le petit ce soir. Monsieur a du avoir des client aussi exécrable que lui en ce moment. Je sentais l’aura de colère à l’autre bout de la chambre, s’en était étouffant.

« Mes plans culs sont très satisfaits de mes performances. Et peut-être que si tu baisais un peu plus tu serais beaucoup moins chiant »

Je l’avais empêcher d’enfiler MON haut, curieux de savoir qu’est-ce qu’il pouvait bien cacher sur son torse quand il était entrer dans la pièce. J’aurais pu simplement le laisser tranquille ce soir vu son humeur de cochon, mais j’avais décidé de m’imposer un peu à lui. A la base je voulais le détendre mais bon vu comment il me répondait c’était tentant de juste l’emmerder un peu. J’essayais simplement de percer le mystère de pourquoi il semblait planquer quelque chose sur son torse si minutieusement. Un piercing peut-être?

« Oh ça va détend ton string un peu Jung ! »

Qu’est-ce qu’il pouvait être chiant quand il était énervé. Pourtant c’était le premier à venir chouiner pour squatter mon lit parce qu’il aimait pas dormir seul. Je roulais des yeux. Mais pas le temps d’en dire plus. Jung ne voulait pas se répéter et avait trouver le moyen de se dégager en me cognant le tibia. Il s’était enfin retourné, mais trop tard il avait déjà enfiler le haut, mais il était trop large donc facile pour moi de verifier ce qu’il cachait. Je n’écoutais qu’a moitié ce qu’il racontait alors que j’attrapais le bord du débardeur pour tirer dessus et faire apparaitre son torse, dévoiler son secret. Un tatouage, un prénom masculin, avec les lignes des lettres un peu tremblante. Je passais doucement mes doigts dessus, pas pour l’embêter, simplement curieux. Je relevais le regard avec lui, je ne voulais pas me moquer, ni rien, simplement comprendre ce qu’il cherchait à cacher, pourquoi il le cachait enfaite. Alors j’ignorais sa remarque sur le porno, pourtant très tenter de lui balancer que s’il préférait on pouvait le tourner nous même. Je continuais à passer mes doigts sur l’encre gravé sur sa peau.

« Pourquoi tu tiens tant à le cacher Jung ? … tu as honte de ce tatouage ou de l’histoire qui va avec ? »

Je parlais calmement, j’étais curieux. Je venais de me rendre compte que malgré ses deux ans passé dans la même chambre, ses deux ans à l’avoir dans mon lit bien trop souvent , eh bien je ne connaissais pas grand chose sur lui.