Et si c’était ça finalement la vie ? Le bonheur qu’il avait tant refusé. Il le pensait trop précaire, trop instable et pourtant … Ce soir il se dit que c’est possible. Qu’il peut être heureux, réellement. Qu’il n’aura ni besoin d’argent, ni d’une famille. Qu’il pourra se créer la sienne. Et sa vengeance Bom Chan l’oublie quand il fixe Dan Ha. Son cœur lourd d’une peine incommensurable se détache de ses souvenirs d’enfants abandonnés. Il en oublie son jumeau, il en oublie l’attitude de ses parents qui l’ont si souvent dévasté. Il n’oublie pas la mort de sa mère adoptive, mais avec le sourire de Dan Ha, son souvenir devient plus doux, moins douloureux. Bom Chan s’est battu avec elle jusqu’à la fin pour qu’elle survive, mais il n’avait su lui offrir que son dernier souhait, celui de tenir sa main alors qu’elle sombrait dans un sommeil éternel. Il l’avait soutenu, lui avait souris pour qu’elle puisse fermer ses yeux sur ce visage qu’elle avait tant aimé, un fils qu’elle avait aimé dès la première seconde. Elle lui avait tout donné, un amour inconditionnel pour combler l’horreur que ses parents lui avait fait subir. Elle l’avait apprivoisé, lentement, jour après jour, pour qu’il devienne cet adulte fort. Mais la torture ne s’oublie jamais et jusqu’à Dan Ha, Bom Chan s’en était drapé. Il s’était perdu dans les souvenirs douloureux d’une vie qu’il avait envie de venger. Il voulait tout détruire. Tout détruire jusqu’à Dan Ha, il n’était pas certains de savoir s’il lui en voulait de l’avoir changé à ce point sans le savoir, où s’il se détestait d’avoir abandonné. N’était-il devenu qu’un homme sans parole ? Il avait promis à sa mère qu’il vengerait sa mort et malgré le fait qu’elle était contre, c’était la seule chose qui l’avait fait tenir jusqu’à Dan Ha ; toujours jusqu’à Dan Ha. Elle avait fait voler en éclat cette conviction et cette noirceur qui l’habitait. Elle y avait placé sa lumière et lui avait succombé.

 

Il ne voulait rien d’autre à présent. Etait-ce mal ? Chaque jour il l’avait vu se débattre avec la vie pour être … ce qu’elle voulait être. Il l’avait vu bataillée, forte de ses convictions. Il l’avait admiré et de ce chemin qu’elle a parcouru il ne voulait plus qu’elle retombe. Non, il voulait qu’elle aille plus loin encore. Il voulait lui offrir la vie qu’elle méritait. Il voulait que cette argent qu’il détestait pourtant leur soit profitable. Il n’avait qu’un diner de famille, une fois par mois, ce qui n’était pas cher payé pour ce qu’il récoltait comme argent. Mais pour sa famille l’argent n’était rien. Ils en possédaient tellement qu’ils ne remarquaient même pas les sommes que leur prenait Bom Chan. Il voulait juste … qu’elle ne pense qu’à elle, qu’à son avenir. Il voulait lui offrir un appartement décent, un nouveau scooter. Il pourrait, s’il ne connaissait pas le caractère trempé de sa petite amie qui refuserait chacun de ses cadeaux indécents à ses yeux, alors il restait sage. Pourtant il avait fait une folie Bom Chan, parce qu’il voulait pouvoir lui tendre la main. Alors il avait longuement réfléchi. Il ne cherchait pas à lui faire un simple cadeau, mais de lui offrir une vraie chance. Il l’attire avec lui près de la table qu’il avait dressée pour eux après avoir croqué la fraise qu’elle lui tendait. Il lui vole un baiser, parce qu’il était beaucoup trop accroc à cette bouche. Il sourit en acquiesçant. « Tu ne pourras pas faire semblant d’avoir peur pour te blottir contre moi ? » la taquine-t-il amusé de ce clichée grotesque des femmes fragiles qui avaient besoin d’un homme.

 

Il s’assoit en face d’elle et commence à la servir avec un sourire. « Princesse ? » souffle-t-il en relevant le regard vers elle, passant une main sur sa nuque un peu nerveusement. Un peu plus et on pourrait croire à une demande en mariage, mais il était certain que ce qu’il allait lui proposer lui collerait bien plus de papillons dans le ventre … Il inspire doucement et plante son regard dans le sien pour lui dire « Je te l’ai jamais dit jusque-là mais … tu sais je suis fier de toi Dan Ha, parce que tu te bats toujours pour ce qui est juste même quand c’est dur … Tu portes ta famille à bout de bras depuis que je te connais, et depuis bien plus longtemps … t’as gardé un cœur pur et bienveillant et t’as une ténacité que j’admire. » il marque une pause pour la laisser prendre conscience de ce qu’il lui avouait. Il pouvait voir l’émotion dans le regard de sa petite amie et continua de peur d’être coupé et de perdre lui-même la voix. « Tu m’as changé princesse, en bien … je … j’ai encore beaucoup de choses à t’avouer sur moi, sur mon passé, mais ce que je sais c’est que dans mon présent et dans mon futur je te veux. Je veux être un homme bien, faire les choses bien avec toi … pour toi. Je n’ai pas l’habitude de faire ça … ça se voit non ? » rit-il nerveusement avant de se pencher pour attraper une enveloppe qu’il fait tourner entre ses doigts. « Ecoute je … J’ai toujours respecté tes choix, ce train de vie que tu mènes. Je l’admire même et c’est ce qui fait que … je … » je t’aime comme ça. Il n’arrive pas à finir sa phrase, bien trop pudique pour réussir à le souffler mais enchaine « Alors je voulais faire quelque chose pour toi. » il lui tend l’enveloppe « Il est temps que tu penses à toi princesse et je veux t’aider. » il marque une pose le temps qu’elle ouvre l’enveloppe et qu’elle lise le début des documents, quand son regard surpris se pose sur lui il explique « J’ai demandé un dossier d’inscription à mon université. Dans le cursus de ton choix, je t’ai mis les différentes brochures et … j’ai fait une demande d’ouverture de compte en banque à ton nom. Il ne manque plus que ta signature pour qu’il soit effectif. J’y ai mis dessus l’argent nécessaire pour le paiement de deux années pour commencer … pas plus. Je sais que l’argent tu n’aimes pas en recevoir aussi facilement mais … ce n’est qu’un coup de pouce Dan Ha, tu comprends ? Tu te bats férocement et tu t’en sors à merveille, mais tu as tellement de potentiel … je veux pouvoir t’aider à le réaliser. Je veux que tu puisses briller comme tu le mérites … » parce que c’est ainsi que je t’aime princesse. Bom Chan était nerveux, à l’idée qu’elle refuse, qu’elle lui en veuille de prendre autour de liberté pour elle … Mais vraiment, il voulait lui tendre cette main qu’on lui avait si souvent refusé …