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accio ta gueule

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accio ta gueule | Dim 1 Sep - 19:56
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Fébrile. L'opération a été difficile. L'annonce encore plus. Que dire à une femme et à son fils que le père de la famille viens de vous filer entre les doigts ? Que dire à une famille qui éclate en sanglots devant vous. Que dire à une famille qui vous demande de tout expliquer. Qui vous annonce que vous n'avez pas fait tout correctement. Que vous êtes en faute. Que vous avez tuer l'époux et le père. A quoi bon accabler les morts puisqu'ils sont morts. C'est toujours la faute des vivants. Et le vivant c'est toi Loïs. C'est toi qui l'avait entre les mains. Le problème des urgences. Le problème des internes. Appelés n'importe où, n'importe quand. Mais ça servait à rien de se dédouaner. Le mal était fait. Premier mort sur la conscience Loïs. Premier mort et première famille à avertir. Estime-toi heureux, chez d'autres ça arrivait en première année. Voire même en externat. Pour toi, non. Toi c'était arrivée à l'aube de ta troisième année. Signe que tu faisais les choses à peu près bien pas vrai ? Jusqu'à aujourd'hui en tout cas. Jusqu'à ce soir.

A l'heure qu'il est tu ne souviens même pas t'être excusé auprès de la famille. L'a tu fais ? L'a tu volontairement omis ? Tu n'en sais rien. Tu ne veux plus savoir. Foutu anévrisme de merde. S'il buvait pas autant et qu'il était pas aussi bien portant peut-être bien qu'il aurait survécu le bonhomme. Mais non. Il a préféré partir durant l'opération. Les chances étaient petites. Tu le savais. Mais une chance est une chance. Et elle est toujours bonne à prendre. Mais c'est trop tard puisque tu l'as tué. Ou tu ne l'as pas sauvé. C'est pareil non ?. Tu veux oublier alors tu relis les messages que tu lui as envoyé. Est-ce que ce cœur te réconforte ? Non. Non. Et Non. Tu ne sais plus ce que tu veux. Et ta main te fait mal. Quelle idée de relâcher sa tristesse et sa haine contre le mur carrelé d'une cabine de toilettes. Y a un punching ball mis à disposition dans le bureau des internes pourtant. Qu'est-ce qu'il se passe Loïs ? T'en veux à tes mains ? C'est la faute de tes phalanges si le cœur du gars a lâché ? Ça arrive à tout le monde de mourir Loïs t'es pas au courant ? Car je te mets en garde : on va tous mourir. Demain, après demain. Même maintenant en fait. T'es en train de penser et partout dans le monde, voilà que 10 personnes sont décédées. Un jour ça sera tes parents, puis toi, puis elle aussi. Elle aussi elle va mourir et tu seras pas là pour la sauver. Ou peut-être là pour la tuer qui sait. Alors est-ce que tes articulations valent les maux du monde ? Ou celles de ton défunt ? Non. Oui. Peut-être. C'est trop tard. Bravo. Comme si se faire du mal allait aider.

Voilà. C'est bien. Donne un coup de pied dans le pneu de ta voiture. C'est vrai que c'est à cause d'elle que le gars est mort. Ta main droit a pas assez souffert alors on se venge sur le pneu. Ça va être quoi après ? Peut-être bien qu'ils n'auraient pas du te laisser partir plus tôt. Après tout une garde est une garde. Interne ou pas, tu devrais le savoir. Finalement tu te décides enfin à démarrer. Tu restes calme. Lorsque tu te trouves à un feu rouge, tes doigts quelques peu douloureux composent le numéro d'Aecha. Ton cœur s'emballe. T'aimerais entendre sa voix. Et en même temps tu appréhendes. Un bip. Deux bips. Puis trois. Jusqu'à ce que la messagerie s'enclenche. Une larme, puis deux. « Je suis sur la route... » Un déglutissement. « Je suis désolé pour le temps que j'ai mis c'est juste que...c'est compliqué au boulot...j'arrive» Te voilà en train de tout faire pour garder ton calme. Tu t'essuies les yeux. Mais ça continue. Conduire, pleurer et parler, tout ça en même temps dans la nuit. T'es franchement trop fort Loïs. Tes larmes continuent de couler, ça sert à rien de lui envoyer un message. Tu coupes soudainement ton portable.

Une fois garé devant chez elle, tu presses le pas pour aller jusqu'à sa porte, toquant deux fois. Tu te serais bien évanoui là tout de suite si ça tenait qu'à toi. Tu toques de nouveau. T'es plus du tout patient. Tes yeux se brouillent de nouveau. Tu la revois. La mère qui pleure et qui prend son fils dans ses bras. Tu la revois demander ce qu'on a fait à son mari. Tu la revois demander à le voir. C'est peut-être la partie la plus déchirante. Elle a même pas eu le temps de lui dire au revoir ni peut-être bien de lui dire qu'elle l'aimait. Et c'est peut-être ta faute. Ça perle sur tes joues. C'est pas très beau à voir. C'est pas fait pour être beau de toute façon. Qu'est-ce qui t'as pris de faire ce boulot après tout ? C'est ta faute non ? Tu courais le risque de voir ça. Et c'est pas encore fini. C'est que le premier sur une centaine peut-être. Faut pas avoir pitié des morts disait ton grand-père. Mais c'est pas des morts dont t'as pitié. C'est de ceux qui vivent avec. Comment fait-on pour avoir une morte sur la conscience ? C'est censé guérir ? Ou peut-être qu'il faut pratiquer une politique négationniste ? Nier la mort ? Nier le fait de ne pas avoir fait le geste qu'il fallait ? Quel est le bon geste alors ? Peut-être celui d'embrasser Aecha au moment où elle t'ouvre enfin la porte. Et c'est ce que tu fais. Tu te jettes sur elle pour l'embrasser à pleine bouche. Comme si ses lèvres allaient te laver de tous les péchés naissant dans ta cervelle. Tu l'embrasses car t'as soudainement peur. Car tu repenses à cette famille. Et tu repenses à toutes les personnes de manière générale qui perdent des gens sans avoir rien dit, sans avoir rien montré. Car à force d'attendre c'est la mort qui nous attrape. Et tu veux pas qu'elle vous attrape maintenant.
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Re: accio ta gueule | Dim 1 Sep - 21:24
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démunie. complètement séchée par les messages qu’elle a reçu. il va mal. loïs va mal. il faudrait être complètement idiot pour ne pas sentir dans ses sms que quelque chose cloche. et que ça n’a rien de bon. elle stresse en l’attendant. incapable de comprendre. impossible de deviner. il ne dira rien au téléphone. elle le sait. et s’est encore plus effrayant. si cette chose qui le perturbe nécessite d’être dite de vive voix. aecha tente de s’occuper par tous les moyens. tourne comme un lion en cache dans son tout nouvel appartement. elle n’a pas le courage de continuer à déballer ses cartons. elle allume la télévision pour tenter de s’occuper. donner du grain à moudre à son cerveau pour qu’il pense à tout sauf à loïs. à cette chose qu’il doit absolument lui dire. elle part finalement se doucher. dans le but d’occuper son corps à défaut de pouvoir détourner son esprit. il ne va tout de même pas la quitter ? non. elle secoue la tête. refusant de donner du crédit à l’un des mille et un scénarios qui se forment dans son esprit. ça ne peut pas être ça n’est-ce pas ? pas maintenant qu’elle s’est accrochée au garçon. il ne peut pas vouloir la laisser tomber maintenant.

en peignoir elle sort de la salle de bain pour retourner dans la grande pièce à vivre. sur l’ilot central de la partie cuisine son téléphone clignote. il lui a laissé un message vocal. ses inquiètes reviennent de plein fouet. elle prend une grande inspiration avant de prendre l’appareil en main et d’écouter le message de loïs. elle reconnaît à peine sa voix. ce n’est pas normal. ce ne pas sa voix. elle refuse de croire qu’il puisse employé un ton pareil. sa gorge se serre. il pleure ? on dirait bien que oui. ses angoisses grandissent. d’abord soulagée. soulagée que ce n’est certainement pas pour la rejeter. elle se sent affreuse de penser ça à cet instant. ses ongles crissent contre le plan de travail. enfoiré. la faire se sentir si mal. elle abandonne son téléphone là où elle l’a trouvé. refusant d’avoir cet affreuse créature à portée de main. il ne fait qu’approfondir ses angoisses. elle le déteste pour cette façon qu’il a de tenir ses émotions. sa gorge. ses entrailles. (son cœur aussi mais chut) entre ses mains et d’arriver à les enserrer aussi facilement qu’ils la libère. c’est injuste. et pourtant elle donnerait tout pour qu’il soit déjà là.

elle termine de s’habiller lorsqu’on frappe à sa porte. pas besoin de se poser la question sur l’identité de l’arrivant. aecha a des sueurs froides malgré elle. tout en elle cesse de fonctionner entre le premier et le deuxième coup. elle court jusqu’à la porte d’entrée. ouvre dans la précipitation en appelant son nom. son cœur lui remonte dans la gorge. il pleure. loïs pleure. et ce n’est pas le roi lion ou n’importe quelle chanson qui l’a mis dans cet état. c’est une évidence.

elle n’a pas le temps de parler. ni même de le voir venir, qu’il vient l’embrasser. aspirant sa bouche. elle ne peut pas bouger. prise de court par la violence et le désespoir qui s’accrochent à ses lèvres. par réflexe elle recule de quelques pas. manquant de tomber à la renverse. elle se rattrape aux épaules du garçon. le sent pleurer contre elle. ses larmes viennent mouiller ses joues. mais merde qu’est-ce qui se passe. elle ne prend aucun plaisir dans cette étreinte mais décide de ne rien dire. c’est pas grave. c’est pas elle qui importe pour l’instant. elle finit par retrouver ses moyens et l’enserre. serre le plus fort possible. je suis là. tout va bien.

elle lui caresse le dos en essayant de retrouver son souffle. le laisse pleurer contre son épaule. elle ne sait pas quoi dire. peu douée dans ces moments-là. désarmée par le chagrin des autres. encore plus par celui de l’homme qu’elle aime. de celui qu’elle pensait solide comme un roc. « c’est fini. » murmure-t-elle. n’ose pas lui demander la raison de sa peine. « je suis là maintenant. » aecha s’improvise demoiselle délicate. « tu devrais boire un peu d’eau et te moucher. » ose-t-elle dire un sourire amer sur les lèvres.
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Re: accio ta gueule | Sam 7 Sep - 12:10
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A peine la porte ouverte, te voilà déjà contre elle, lèvres contre lèvres. Ça te rassure. Ça te rassure de savoir qu’elle est là, pour toi, à ce moment précis. Tes larmes redoublent d’intensité. Comme si toutes tes glandes lacrymales s’étaient passé le mot pour s’activer à cet instant. Comme si tout ce que tu avais retenu depuis des années dégoulinait le long de tes joues pour venir mourir contre la peau de ta copine. Elle t’offre même son épaule, et il t’en faut peu pour venir enfouir ton visage dans le creux de son cou. Elle et toi auraient sans doute préféré que ce soit pour de longs et doux baisers mais cette fois, c’était tout simplement pour tes larmes. Et tu pleurerais autant de temps qu’il le faudrait. Mais Aecha est là pour prendre soin de toi et elle tout ce qu’elle veut c’est que tu te ressaisisses un minimum. Tu secoues la tête à ses indications. Cette fois c’est elle le docteur. Se moucher puis boire. Tu prends le temps de retirer tes chaussures par les talons, les laissant à l’entrée de la porte pour ensuite te rendre dans la cuisine tel un zombie. Tu te prends au passage un des cartons de déménagement de la musicienne dans le pied. Mais tu ne te plains pas. Tu l’as sûrement mérité. Ça ne sera pas la première fois de la journée après tout.

Après t’être essuyé le visage à l’aide d’essuie-tout, qui ne feront qu’irriter ta peau, tu le sais très bien, tu finis par boire un grand verre d’eau et soupirer un peu, venant finalement t’installer sur une des chaises du salon. Les larmes semblent s’être calmées pour le moment mais ça ne saurait recommencer. Et à la place, c’est ton ventre qui te fait mal. C’est cette douleur insupportable au ventre et au cœur qui prend place petit à petit. L’envie de rien. Juste l’envie de rien. Tu clignes plusieurs fois des yeux, tes cils encore imbibés de larmes se collant légèrement les uns aux autres. «J’aurai besoin de… » de dormir. d’oublier. de pleurer. de tout réparer. d'elle. « pansements…si jamais t’en as...sinon c’est pas grave, je veux pas t’embêter» Il n’y a strictement aucun ton dans ta voix. Encore moins que d’habitude. Comme si on avait aspiré ton âme quelques heures auparavant et que pour le moment tu vivais simplement par ce que ton corps ne t’avais pas encore abandonné, lui aussi. Tu n’as pas envie de la déranger. Elle a déjà plein de cartons partout. Sinon si elle a de l’alcool à la place d’antiseptique tu es prenant aussi. A la guerre comme à la guerre. Tu veux juste désinfecter les petites blessures. C’est pas grand-chose mais l’hôpital est un nid à microbes et tu veux pas chopper une maladie nosocomiale à cause d’eux. «T’as passé une bonne journée ? » Ouais. Tu sais bien qu’elle ne va pas vouloir y répondre vu ton état. Mais t’as besoin de savoir qu’elle au moins elle a passé une bonne journée. T’as besoin là tout de suite de penser à quelque chose de bien.
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Re: accio ta gueule | Dim 8 Sep - 1:11
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son cœur se serre alors qu’elle passe machinalement une main sur sa poitrine trempée. inondée par les larmes de loïs. la jeune femme le suit de près. l’œil attentif elle observe chacun de ses mouvements. c’est une évidence qu’elle n’aime pas le voir comme ça. la situation lui échappe. alors elle feint le contrôle en lui donnant des directives. qu’il suit à la lettre. elle n’ose plus parler. ni même le toucher. de peur qu’il craque encore. c’est effrayant. de le voir si fragile. on dirait un enfant. un peu maladroit. perdu. pendant qu’il se nettoie le visage elle sort un verre d’un carton qu’elle remplie d’eau avant de le poser près de lui. elle ose à peine regarder son visage. parce que ce qu’elle voie ne va pas du tout. ce n’est pas vraiment lui. loïs n’est pas comme ça. qu’on le lui rende. le vrai. avec son air un peu blasé. sa logique à toute épreuve. ce garçon un peu énervant qu’elle a l’habitude de côtoyer. ils se sont séparés seulement quelques jours. tout aller bien à leur retour à séoul. et c’est comme ça qu’on le lui rend ? les yeux remplis de larmes et le visage ravagé par le chagrin et la douleur.

elle reste appuyée au comptoir tandis qu’il va s’asseoir. elle ne peut pas parler. aecha refuse de parler. les mots sont bloqués. elle fait barrière pour ne pas poser la question qui fâche. pas réellement prête à entendre la réponse. quand bien même ça lui brûle la langue. elle voudrait comprendre ce qui a causé toute cette peine. mais la vérité lui fait tout aussi peur. parce qu’il s’est passé quelque chose de grave. et qu’elle ne se croit pas capable d’avoir les épaules suffisamment larges pour endosser ça. quelque soit cette chose qui le ronge. aecha se redresse lorsqu’il ouvre la bouche. il peut demander ce qu’il veut elle sera prête à le faire. à donner tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il aille mieux. et c’est là qu’elle remarque sa main. mais putain qu’est-ce qu’il t’ai arrivé loïs ? « je dois avoir ça dans un carton. » c’est le bordel. elle n’a rien défait. et n’a pas encore déballé la petite trousse à pharmacie que sa mère a tenu à lui acheter pour son emménagement. « je vais te chercher ça. »

c’est la merde. le foutoir intégral. elle ne trouve rien et ça la frustre. il y a trop de cartons. trop de choses dans les cartons. aecha s’énerve toute seule dans sa salle de bain. maudit son incapacité à faire les choses méthodiquement. se maudit d’avantage d’avoir voulu ranger son appartement toute seule. sans l’aide de personne. pour montrer qu’elle est capable de se débrouiller. mais elle se retrouve au pied du mur. et panique de ne pas trouver les pansements qu’elle lui a promis. se sent si nulle de ne pas réussir à faire ça. perd patience. « connerie. » crache-t-elle en donnant un coup de pied dans un carton bien rempli. et se fait mal aux orteils. retient un grognement de douleur. en se tenant le pied elle regarde la porte de la salle de bain entrouverte. inquiète. qu’il ne l’ait entendue. de ne rien entendre non plus. peu sereine de le laisser seul trop longtemps. et puis zut. dernier secours. elle prend le carton et le vide sur le sol. ça fait un vacarme pas possible. mais au moins il ne lui faut pas plus de temps pour trouver la trousse. et revenir dans le salon.

« tu veux de l’aide ? » dit-elle en lui donnant la trousse. habituellement c’est lui le médecin. lui qui fait ce genre de choses. et elle qui tend plus à se faire mal pour une bêtise. elle regarde sa main blessée. se mord la lèvre inférieure. puis finalement recul de quelques pas. avant d’aller dans la partie cuisine. elle aussi a besoin de boire. regrette l’absence d’alcool dans ses placards. ils en auraient certainement bien besoin. au lieu de ça se sert un verre d’eau. ça a le mérite de la tenir occupée. elle masque un ricanement amer dans son verre. en buvant une gorgée d’eau. sa journée ? même lui semble prêt à tout pour détourner le sujet. « j’ai passé la journée dans les cartons. » elle aimerait bien être plus naturelle. lui raconter à quel point c’est galère. qu’elle n’est pas faite pour ça. que son manque d’organisation est flagrant. mais ça ne veut pas. ça ne marche pas. elle ne peut pas faire ça. pas même pour lui. finalement elle pose son verre à moitié plein. marche doucement jusqu’à loïs. sans dire un mot s’assoit sur ses genoux et passe ses bras dans son coup. elle le sort contre elle. « ça fait mal ? » ta main. toi. dis moi loïs.
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Re: accio ta gueule | 
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