lee woodstock. pour la blague on pourrait penser que mes vieux parlaient de leur dernière baise pendant que l'infirmière demandait mon prénom. eh bien figurez-vous que parfois la fiction dépasse la réalité puisque c’est, à quelques détails près, ce qui s’est passé. à cette époque on était encore bien loin des champs de patate et de tout le bordel d’hippie bio dans lequel nous a entrainé mama plus tard, non, à cette époque on était encore des hippies sophistiqués. enfin « on » , je veux bien sûr parler de mama et Bob, mon père. un ancien trader camé jusqu'à la moelle qui a tout lâché pour ouvrir un potager qui cartonne, ayant trouvé sa moitié dans la hippie qu’était à l’époque ma mère. j’ai longtemps cru qu’une femme devait montrer ses seins pour séduire mais malheureusement après avoir trop longtemps attendu j’ai fini par comprendre que c’était l’inverse qu’il fallait faire, que c’était à moi de sortir ma branche. passons.

childhood
j’ai vécu en Angleterre dans un trou paumé les dix premières années de ma vie, plongé dans la culture punk destroy à l’état brut c’est limite si j’ai pas grillé ma première clope à huit ans, sauf que j’avais trop peur de mama pour m’y risquer. comprenez, si Bob était limite à m’encourager elle était prête à me foutre à la récolte des tomates, là où pullulent les hirondelles c’t’oiseau de malheur. piafs de merde. bref je me voyais déjà président de mon propre potager moi aussi, à porter les k-way de Bob et fumer l’herbe de mama mais mes rêves de gosses se sont vite calmés quand on a rejoint le pays du matin calme. j’ai dû comprendre que ma maison c’était pas que chez les british mais aussi ce trou paumé, ce champ où y a qu'une ajumma autour en guise de voisine. ah tout de suite on se marrait moins. ça choque à dix ans. j’étais vénère. j’boudais dans mon coin mais tout ce qu’on trouvait à me donner pour m’amadouer c’était des bâtons de réglisse. j’ai fini par m’y faire, courant dans les champs pieds nus avec mes frères et soeurs en retrouvant la sensation de mes deux premières années. ouais, on m’a enfilé des chaussures pour la première fois à deux ans. ça m’arrive encore de me promener sans, juste pour me sentir vivant malgré ce goudron dégueulasse.

seoul junkshow
au lycée j’étais bateau. genre l’mec qu’on comprend pas mais qu’on aime bien parce qu’il est pas méchant. enfin j’pense parce qu’en fait j’en sais rien et je m’en tape. ce qui m’a vraiment marqué c’est mon arrivée à Séoul. une folie douce. J’ai retrouvé les prémices de l'Angleterre et je les ai incarnés comme j’le voulais. y en a qui se sont questionnés sur mon admission à la Yonsei, on pense que j’ai cogné le bord de la baignoire quand je suis né -j’suis né dans une baignoire, ouais-  mais, eh, fallait pas me sous-estimer les gars. bon depuis j’ai perdu méga de neurones avec la merde que je prends mais la défonce ça me rend vivant. ça dégage cette névrosité que je me suis auto-découvert puisque, pour rappel, j’suis pas aussi con qu’on l’imagine. bref j’suis parti en couilles chez les gumi mais en même temps j’vois pas quelle autre frat j’aurais pu intégrer. j’ai perdu la boule. en vrai j’pouvais pas espérer mieux : la défonce, la clope, les tulipes.