Assis au bureau de ma chambre, le grand sous-main comportant un calendrier dans lequel je consignais tous mes rendez-vous médicaux, je regardais pensivement le mur en face cherchant une brève illumination. Mon devoir ne faisait aucun écho dans mon petit cerveau. Mes neurones sont affreusement plats, aucune connexion électrique ne passait entre eux. Que faire ? Poursuivre ? Je devrais me changer les idées avant de reprendre mon travail. Malheureusement, les études ne me paraissaient pas être la meilleure solution pour moi. Sans je ne pourrais pas devenir basketteur pro… alors il me faut un bon coup de pied aux fesses. Cela ne fonctionne pas à tous les coups. Je me surprends même à dessiner des pandas sur mon sous-main. Soupirant, mon poing appuyé contre sa joue, je me demande bien comment attirer son attention sans me prendre un sermon juste parce que je ne veux pas me poser sérieusement sur mon devoir. Il est mon Jimmy Cricket ?! Ma conscience qui me rappelle, me souffle, me murmure ce que je dois faire. Ses agissements ne sont jamais empreints de douceur mais attendons-nous réellement une quelconque faiblesse de notre petite vie intérieure ? Je souhaitais passer un peu de temps en sa compagnie mais mon téléphone vibra furieusement. « Hôpital » Inscription qui me ramène brutalement aux traquas du quotidien. Mon genou me faisait souffrir de plus en plus. Mon médecin voulait me faire passer de nouveaux examens pour comprendre l’origine de ses douleurs qui ne se stoppaient pas. Je stressais… pourtant mon souci principal ne me concernait pas immédiatement. Mok me créait des ennuis. Je passais beaucoup de temps à protéger madame. Mon costume de Superman commençait à avoir quelques trous. Je ne suis pas invincible mais pour elle, je ferais tous les efforts possibles. Sa dernière lubie : trouver une excuse pour ne pas venir avec moi aux séances de rééducation. La première fois je me suis pas pris le chou contre son refus. La seconde j’ai fait la tronche pendant quelques jours. La troisième je ne laisserai rien passer mais elle dut le sentir car elle accepta de venir avec moi. Une sage décision !

Mok ne cessa pas de parler pendant tout le trajet. OMG ! Quelle pipelette ! Ce comportement me fit hausser un sourcil. Depuis quand parlait-elle autant alors que nous allions seulement aux séances de rééducation ? Avait-elle un secret dont elle ne souhaitait pas parler ? Cela éveillait ma curiosité mais pour le moment je respectais son silence là-dessus. Quand nous sommes arrivés dans le hall, elle me demanda encore pourquoi nous étions venus ici. Il lui arrive quoi ? Elle perd la mémoire ? « On est ici pour la rééducation. » Je m’approche de l’accueil pour nous annoncer avant de prendre le chemin de la salle. « Il se passe quoi ? Pourquoi tu es ainsi ? » Je discutais en attendant l’arrivée du personnel. Je retirai ma veste de jogging pour être plus à l’aise. Je saluais rapidement mon kiné puis lançais un regard vers Mok. « ça va ? »

Son petit nez se retrousse alors qu’elle acquiesce. Rééducation c’est vrai. Il était important qu’elle soit là pour son ami, qu’elle fasse la sienne aussi. Elle pince ses lèvres et le suit, elle acquiesce simplement à ses mots. « C’est rien je suis juste fatiguée en ce moment. » il y a du vrai dans son mensonge. Elle élude le pire. Elle cache ce qu’elle ressent réellement. Elle ne supporte plus d’être ici et cette odeur lui collait des nausées. Elle savait qu’elle devait faire des efforts, qu’elle devait passer au-dessus de ses peurs mais tout devenait trop compliqué pour elle. Maintenant qu’elle avait goûté à la vie en dehors de l’hôpital elle ne voulait plus revenir ici. Parce qu’elle savait, dans le fond, qu’elle s’était précipité elle-même dans cet enfer et qu’elle ne s’en réveillait jamais. Ses parents étaient morts. Par sa faute. Jamais ils ne reviendront. Jamais. Jamais. Sa respiration se fait sifflante alors qu’elle se stop sur le pas de la porte de leur salle de kiné. Elle ne peut pas. Elle ne peut pas faire ça. Elle ne veut plus faire ça. La voix de Young Min lui parvient à distance. Lointaine et quasiment inaudible. Elle sait très bien qu’elle fait une crise de panique, mais elle ne sait pas comment l’arrêter, ni comment l’éviter. Son souffle devient de plus en plus court alors qu’elle sent ses yeux se remplir de larmes. Non il est évident qu’elle ne peut pas. Pas faire ça. Elle secoue la tête et geint « J’peux pas faire ça Min … » elle se détourne brusquement et se met à courir, sa voix s’est cassée et sa phrase a mourut sur ses lèvres à la prononciation de ce surnom. Elle ne sait pas où elle va mais dès qu’elle voit une porte elle la pousse et sort dehors. L’air frais lui fait du bien mais ne l’aide pas plus que ça. Elle se penche en avant comme si elle allait vomir mais rien ne sort, rien ne sort jamais. Et tout pèse sur sa poitrine. Elle éclate en sanglot en cachant son visage dans son avant-bras. L’enfant fuit ses séances de psychothérapie et elle savait qu’en venant ici elle tout reviendrait de plein fouet. Dans le couloir qui mène à la sortie qu’elle a emprunté une infirmière vient stopper Young Min et lui souffle « Cela fait plusieurs semaines qu’elle n’est pas venue à ses séances … » et elle ne devrait pas lui dire ça, mais elle sait combien la jeune fille compte pour Young Min.