Ruelles plus familières, gratte-ciels qui lui rappellent l’air de son enfance et enfin des pancartes de signalisations qu’il arrive à lire d’un simple coup d’œil sans besoin d’en déchiffrer les lignes pendant de longues minutes.  Il apprécie Séoul et sa différence, mais il s’y sent toujours comme un étranger, peut-être que cette sensation changera avec les années, et puis, il y’avait Junji à Séoul. Il laisse ses pensées s’envoler, pour l’instant, il se concentre sur sa présence aussi et le réconfort que cela lui confère pour ces quelques jours de vacances improvisé. Nao avait passé plusieurs heures aux côtés de ses parents, ils n’ont cessé de l’étouffer de leur tendresse excessive et leurs baisers et lui, comme souvent, a prétendu détester ce genre de démonstrations tout en se laissant agréablement faire. La nuit est rapidement tombé et il était temps pour lui de sortir, Baekho devait l’attendre.
Ils avaient souvent le même endroit de rendez-vous quand ils se séparaient à Tokyo, et il ne lui faut que quelques minutes pour y arriver. En voyant que son ainé n’était pas encore là, Nao fait rapidement un détour à un starbucks et leur prend deux cafés. L’hiver a voilé de son manteau glacé l’air nocturne et la sensation du gobelet chaud contre sa paume lui fait le plus grand bien. Il en prend quelque gorgées réconfortantes avant qu’il ne remarque la voiture du coréen s’approcher de lui, il monte directement, grand sourire aux lèvres et lui tend son café. « Prêt à rencontrer de jolies mannequins japonaises ? » demande-t-il taquin.

feat. @"baekho"

La capitale japonaise est devenue comme une seconde maison, maison qui rime tout de même avec business. Toutefois, résumer mes séjours à Tokyo comme un passage obligatoire pour les affaires est trompeur. Je connais quelques quartiers comme ma poche, appréciant leurs ruelles festives et cette gastronomie qui achève ma fine bouche, dans le bon sens du terme. Ainsi, il m'arrive de m'offrir un jour supplémentaire sur l'archipel à condition que le bureau ne croule pas sous les papiers. Par chance, je n'ai pas spécialement peur des heures supplémentaires. Le patron est plutôt sympa et les revenus à la fin du mois sont intéressants. Il n'est jamais déçu par mes performances. C'est fou, n'est-ce pas ?! Esquissant un sourire prétentieux à cette pensée, je m'aventure dans les croisements et avenues de la métropole pour rejoindre notre point de vue habituel avec un de mes collaborateurs avec qui je ne vais pas certainement pas parler boulot ce soir. En effet, nous ne sommes pas à notre première virée entre potes avec Nao. Je me demande ce qu'il a prévu de nous faire faire ce soir. Je suis convaincu qu'il y aura une bonne dose de divertissement derrière... A voir si je l'estime de bon goût. Je peux être très chiant quand je le veux.

Ralentissant la cadence du véhicule que j'ai loué, je me range sur la droite du boulevard après avoir effectué un bref appel aux phares. Le jeune ne se fait pas prier pour entrer au chaud. D'ailleurs, il a eu l'excellente idée d'acheter des cafés... Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres à ce constat mais également dans l'entente de sa réplique. " Au pluriel ? Je ne suis pas si gourmand... " J'échappe un léger rire et prends le café qu'il m'a tendu juste avant. " De quoi tenir toute la nuit. " Je lève mon gobelet comme si j'allais trinquer, avant de boire, à mes risques et périls, le café brûlant. Finalement, ma langue ne se décompose pas avec cette température. Je pose ensuite le café dans le compartiment attitré du véhicule. " Alors, quelle adresse ce soir ? " Je demande, préparant le GPS pour la commande orale avant de me rappeler la barrière de la langue. " Quoi que, je te laisse faire. " C'est mon traducteur officiel après tout.

feat. @uehara nao

C’est la même sentiment qui l’étreint, à chaque fois qu’il retourne à sa belle tokyo natale ; l’envie de rentrer pour bon et oublier ces mois d’égarement à Séoul qu’il n’arrive toujours pas à voir comme réelle maison. Tant de fois, la pensée d’attirer Junji vers leur pays bercail vient le séduire. Il s’est entouré de beaucoup de personnes, que ce soit à travers l’université ou le simple hasard, à l’image de Baekho qu’il allait bientôt retrouver, mais il continuait à se sentir étranger, malgré lui. La pensée n’était pas entêtante, au contraire, il l’oubliait souvent. Trop pris par ses révisions, par ses dessins et ses créations ou simplement par la personne qui partageait son quotidien, c’était souvent quand il revenait dans ces ruelles et que les souvenirs refaisaient surface que le manque était le plus grand.

Les lumières des phares attirent son attention, rapidement accompagné par le visage de Baekho qui se distingue du reste et il ne tarde pas à le rejoindre à l’intérieur de la voiture. Il tend le café à Baekho, continuant à siroter tranquillement le sien. « Tu aimes tellement faire le difficile parfois, je préfère anticiper. » réplique-t-il avec confiance, le rire aux lèvres. Il est sur le point de donner l’adresse avant que l’ainé ne lui laisse finalement les commandes, attisant un énième rire de la part du jeune japonais. « T’es pas cool, je voulais me moquer de ton japonais. » Il finit par donner les directives aux gps, ce dernier affichant rapidement le chemin jusqu’à un quartier populaire de la ville. « J’ai passé la matinée avec mes parents, ça fait du bien de les revoir. » murmure-t-il distraitement en fixant la route. « T’as fait quoi de ta journée ? » Curiosité réelle, plutôt que d’être un simple moyen de meubler le silence entre eux.


feat. @"baekho"

il est difficile de rester insensible à son commentaire alors je l'accompagne et ris de bon coeur, appréciant nos échanges taquins. si le jeune homme était surtout un partenaire de business au début, maintenant je le considère comme un ami ou au moins comme un bon copain. nous avons une petite différence d'âge mais nous restons tout deux animés par nos passions. ainsi, détester nao me paraissait une tâche bien délicate et surtout inutile. en plus, il me donnait l'opportunité de découvrir les meilleurs lieux festifs de la capitale. mon camarade est donc une source de joie. buvant mon café, je prépare le gps pour justement filer vers l'un de ces endroits privilégiés. cependant, le rappel à la réalité se fait brutal. en effet, avec mon accent coréen, je suis certain d'écorcher quelques mots. bien sûr, je pense que nao aurait fait la réflexion si la destination était erronée mais je ne préfère pas prendre de risques. personnellement, à sa place, je serais un véritable vicieux et je le laisserais sûrement s'enfoncer. je suppose que ce type de comportement est une évidence entre amis. je retiens un sourire à cette pensée. " comment ça ? te moquer ? tu ne trouves pas que j'ai un petit peu progressé depuis le temps ? " mais je ne suis pas encore bilingue, ok, je l'accepte. je retiens un soupir, râleur et le regarde faire avec une aise prévisible. " je me moque de toi quand tu parles coréen ? " enfin, je finis mes plaisanteries et écoute les dires de mon camarade. " je suppose que c'était partagé. ils n'ont pas l'intention de venir te voir à séoul ? " peut-être qu'ils sont trop âgés pour ça. à vrai dire, je ne connais pas tout de nao. " je me suis perdu dans le quartier de mon hôtel. il y avait des stands de bouffe tous les deux mètres. je leur ai tous honoré de ma présence. " j'échappe un rire sans lâcher la route du regard. je suis les directions dictées par le gps comme un élève studieux. " mais je crois que je n'aurais pas dû. avec le poids que je vais faire, je crois qu'ils seront obligés de me mettre dans la soute pour le retour. " je surveille la réaction de nao. " et t'as fait quoi de ton après midi du coup ? tu as revu des amis d'enfance ? " dis-je avec une curiosité évidente.  

feat. @uehara nao