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Sentence + Fan Xiao Wei

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Sentence + Fan Xiao Wei | Mar 5 Nov - 1:29
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Jia Ming croyait être un homme plutôt sensé. Il avait les pieds sur terre et on ne le prenait jamais à rêvasser. Pourtant, quelque chose l’avait forcé à se mentir, ces derniers jours. Ce quelque chose, c’était la peur. Même lui, qui avait la peau épaisse, pouvait avoir peur. Ça avait été le cas de façon diffuse toute la semaine. En se convainquant qu’il était la victime de quelques hallucinations, c’était plus facile de la chasser. Mais maintenant, impossible de continuer ainsi. Alors qu’il frappait avec acharnement sur un sac de sable, dans ce vieux club de boxe miteux qui restait ouvert Dieu seul sait comment, son regard avait été attiré vers la grande baie vitrée un peu sale qui donnait sur la rue achalandée. Un jeune homme se tenait là, son regard longuement étiré sur les tempes bien ancré au siens. Aucun doute possible : il le regardait. Jia Ming reconnaissait là la silhouette qu’il avait vu du coin de l’œil plusieurs fois depuis un peu moins d’une semaine, comme s’il avait troqué son ombre pour cette silhouette-là. L’ombre s’était éclipsée à chaque fois sans qu’il ne puisse la voir clairement. C’était volontaire, il le savait maintenant. Parce que l’ombre s’était transformée en vieux démon du passé. Du genre que Jia Ming aurait aimé ne jamais revoir…

L’autre s’était éclipsé, mais cette fois pas sans s’assurer avoir été bien vu. Jia Ming s’était retenu au sac de sable, laissant tomber ses gants de boxe au sol au passage. Il terminait son entraînement en traînant un peu, repoussant ses limites. L’envie venait de lui passer. Il aurait probablement pu se faire mille scénarios entre le moment où il quitte le ring et celui où il se sèche de la douche qu’il prend autant pour se laver que pour se calmer. Mais si ce type-là avait fait un extra pour qu’il le voit, la rencontre face-à-face aurait lieu ce soir, probablement même en sortant du club de boxe. Le fuir était inutile : il avait changé de pays incognito. De nom. Et pourtant, il l’avait retrouvé… Alors Jia Ming, toujours aussi terre-à-terre, n’avait pas perdu d’énergie en confectionnant des plans qui n’aboutiraient jamais. Il s’était lavé, s’était habillé, calme comme toujours… Sac de sport hissé sur l’épaule, il pousse la porte. Mais pas celle de l’entrée. Il passe par la ruelle. Pas pour semer l’autre. Plutôt parce qu’il sait qu’il l’attend là. Ils se connaissaient un peu trop bien pour espérer pouvoir jouer à la cachette…

Jia Ming glisse une main dans la poche de son jeans, caressant du bout des doigts le métal froid du poing américain qu’il avait glissé de son sac à cette poche, par précautions. Il ne gagnerait pas un combat simple contre cet homme-là, mais il pouvait espérer s’en tirer honorablement au minimum. Au moins, il mettait toutes les chances de son côté… Et c’est là qu’il le voit. La porte se referme sèchement derrière lui. Ça lui semble être le seul bruit qui rompt la quiétude de la ruelle, laquelle était plongée dans une pénombre qui annonçait un soleil se couchant plus rapidement à ce temps-ci de l’année. Ils s’observent en chiens de faïence un long moment. Jia Ming réalise qu’il retient son souffle. Il prend une petite inspiration avant de suffoquer.

« Xiao Wei. »

C’est simple. C’est bref. Et surtout, ça tombe presque comme une sentence. N’était-ce pas ce que le jeune homme était ? Une sentence ? S’il n’ajoute rien, c’est qu’il n’a rien à dire. Il sait pourquoi Fan Xiao Wei a fait l’effort de se déplacer jusqu’ici après l’avoir cherché. Il avait encore le bon sens ou le respect (peut-être les deux) de le laisser l’expliquer…
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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | Mer 6 Nov - 9:40
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Xiao Wei n’allait pas mentir : ça n’avait pas été « facile ». En témoignait sûrement le temps que ça lui avait pris pour en arriver là. Feng Yi, ou Jia Ming comme il se faisait appeler, était donc entré en terre Coréenne lorsqu’il avait fuis la Chine. Et s’il l’avait fui, c’est sans aucun doute qu’il connaissait ses torts et le risque des représailles…

Le père de Xiao Wei n’avait pas balayé la triste expérience de sa sœur mais compte tenu du tempérament de cette dernière, il avait préféré éviter de chasser ce qu’il appelait du « petit gibier » et consoler sa fille en lui offrant une jolie voiture, une citadine d’une couleur un peu pétante qui semblait avoir parfaitement réussi à apaiser le courroux de la jeune femme. Mais ça n’avait pas apaisé celui de Xiao Wei, à qui sa sœurette avait raconté, en lui montrant ses bleus et ses griffures, toutes les douleurs infligées par ce type qu’elle avait fréquenté, ce voyou de petite envergure, ce racle-poubelle dont elle s’était amouraché…

Ho il savait ce qui avait pu plaire à sa sœur chez cet homme-là. Il était grand, longiligne, masculin à souhait dans un pays où même les hommes cultivent parfois, sans forcément le faire exprès, des traits plus féminins. Et puis il avait du chien, ce côté un peu sauvage, indomptable… Mais cette virilité allait visiblement de pair avec la brutalité. A le voir ce soir se donner dans un sac de frappe, Xiao Wei n’avait aucun mal à l’imaginer et chaque coup que le jeune homme avait porté avait comme claqué à ses oreilles tandis qu’il imaginait sa pauvre petite sœur à la place du sac.

Durant le courant de la semaine, Xiao Wei avait suivi sa cible sans se faire voir, se laissant deviner tout au plus. Le but était d’installer un climat de stress et lui il semblait y avoir réussi quoi qu’il n’aurait pu le certifier. Feng Yi (soit, disons donc Jia Ming) était ce genre d’homme difficile à sonder. Ils ne s’étaient que très peu croisés avant aujourd’hui, la faute à son propre emploi du temps surtout évidemment… Mais aussi parce que Jia Ming ne fréquentait clairement pas le milieu de sa famille. Sa sœur avait toujours eu un truc avec les animaux sauvages…

Bref. Voilà qu’ils se faisaient face dans une ruelle. Jia Ming était encore humide de la douche qu’il avait pris le temps de prendre et si Xiao Wei, dans la pénombre, ne la voyait pas vraiment, il la devinait aux quelques gouttes qui avaient imbibé le col de son t-shirt. Bien mis de son côté, au chaud dans un manteau trois quart, Xiao Wei gardait une distance respectueuse, rendant sans le savoir –mais s’en doutant !- sa méfiance à Jia Ming.

« Jia Ming. »

Il avait appuyé de manière ironique sur ce prénom, un petit sourire passant furtivement sur ses lèvres.

« Tu crois que la Corée c’était assez loin ? »

Ils savaient sûrement tous les deux, à ce stade, qu’aucun endroit n’aurait été assez éloigné pour que Xiao Wei se décourage d’aller le chercher. Mais voilà qu’ils se retrouvaient en face à face pour commencer à désamorcer une situation qui avait débuté il y avait un peu plus de deux ans.

« Je suppose que tu n’étais pas prêt à assumer la situation. C’était facile de s’en prendre à une femme fragile mais si quelqu’un s’interposait, un homme, tu ne pouvais pas faire face. »

Xiao Wei n’avait aucun doute sur les compétences de Jia Ming. Peut-être davantage sur son courage compte tenu de la situation, encore qu’il pouvait comprendre que la mafia en soi lui ait semblé être un problème des plus épineux. »

« J’ai réglé le problème pour toi : Je suis ici seul et personne ne sait vraiment quelle est ma motivation première. »

Xiao Wei penche légèrement la tête sur le côté, jaugeant toujours son vis-à-vis qui se tenait droit, potentiellement tendu mais malgré tout déterminé. Pas le genre à fuir si facilement, n’est-ce pas ? Tout était sans doute question de circonstances. Et s’il était bien venu avec Lian, cette dernière ne comptait pas dans une équation pour laquelle « seul » était synonyme de menace, Lian n’en représentant aucune.

« Est-ce que tu l’as seulement jamais aimé ? Ou est-ce que tu n’étais qu’un profiteur que l’argent de ma sœur a convaincu qu’un peu de maltraitance ne « pouvait pas faire de mal » ? »

Entendons-nous : Xiao Wei avait lui-même peu de scrupules, quoi qu’il puisse gifler une femme sans défense mais pas la battre non plus, à moins qu’elle soit coupable d’une faute impardonnable. Mais sa petite sœur ne méritait pas ce qui lui était arrivé.

« On dirait que le moment est venu de régler nos comptes. »

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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | Mer 6 Nov - 17:58
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Jia Ming ne répond pas alors que son nouveau prénom franchit le seuil des lèvres de Xiao Wei. Par contre, il soutient son regard. Laisser croire à la bête qu’on a peur, qu’on cherche la fuite, c’est la meilleure façon de perdre définitivement l’avantage qu’on a. Et puis, Jia Ming ne comptait plus fuir. Il savait qu’il n’avait nulle part où aller et qu’il ne pourrait mener une vie normale tant que cette histoire ne serait pas derrière lui. Ce qui ne voulait pas dire que ça arriverait. Mais il était prêt à accepter les conséquences d’un échec, même si ça lui tordait le ventre. Justement, Fan raille un peu sur son choix particulier de destination. Pas trop loin. Juste pas la Chine.

« Je ne savais pas qu’ils t’enverraient. », fait remarquer Jia Ming de sa profonde voix rauque. « Je suis prêt à parier que ton père croyait que j’étais en quelque part en Amérique du Nord… »

Pas d’imagination. De toute façon, ils devaient tous les deux penser la même chose : aucun endroit n’était assez loin pour échapper au courroux de la Triade. Il se tend à propos de la « femme fragile » dont il est question. C’en était presque ridicule, comment cette petite princesse réussissait à enrouler tous les hommes autour d’elle autour de son doigt. Elle avait du talent. Et lui-même ne pouvait jeter la première pierre à son frère : elle s’était joué de lui comme on joue d’un instrument de musique. Jia Ming était tout aussi coupable que Xiao Wei. Ou peut-être était-il temps de laisser tomber la damnée fierté masculine mal placée et de l’admettre : ils étaient des victimes.

« D’un homme, je n’ai pas peur. », déclare simplement Jia Ming, pas tant pour défendre son orgueil que la vérité. « Mais d’une machine infernale… »

Et il ne diabolisait pas l’homme devant lui, mais bien l’organisation à laquelle il appartenait. Toutes les Triades n’étaient pas comme celle à laquelle Fan appartenait de naissance. Mais celle-là était particulièrement bien huilée. Impossible à arrêter quand elle avançait et donc, par définition, mortelle. Dans sa poche, sa main bouche un peu. Ses doigts glissent dans les trous qui leur étaient réservés, revêtant le poing américain comme on revêtait un complet taillé sur mesure. Par contre, il n’attaque pas. Pas le premier. Pas dans cette situation même si ça aurait pu au moins lui donner l’avantage de la surprise. Mais voilà que l’autre Chinois lui fait froncer les sourcils. Une fraction de seconde pendant laquelle la confusion apparaît sur le visage de Jia Ming.

« Personne ? », demande-t-il, comme s’il avait craint avoir mal entendu. Mais il semblait que c’était bel et bien ce que Xiao Wei avait dit. Personne ne savait qu’il était ici. « C’est une vendetta personnelle que personne ne t’a demandé de régler ? Je peux admirer tes motivations, mais tu ne t’es pas demandé si ton père avait une bonne raison de ne pas me chercher ? »

Comme celle de connaître sa fille mieux que quiconque…? Ce n’était peut-être pas le cas. Elle avait été convaincante cette fois-là. Mais un père ne savait-il pas ces choses-là, au fond… Ou peut-être une mère qui savait parler au père ? Enfin… essayer de psychanalyser cette famille le rendrait fou de toute façon. Il a une petite grimace à propos de l’argent des Fan, néanmoins.

« Pour vous, un rat de la rue ne peut que vouloir devenir riche et s’élever dans la société, hein ? », raille finalement Jia Ming. C’était la façon obtuse dont les riches voyaient la vie, ça… « Je n’ai aucun compte à régler avec toi, Xiao Wei. Si tu veux te le faire croire pour te simplifier la tâche, vas. Mais c’est un mensonge. Vous y êtes sacrément doués, dans la famille… Pourtant, je le savais avant de me rapprocher d’elle. Moi aussi, j’ai été bête. »

Bête à en crever. Littéralement, de toute évidence…
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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | Mar 12 Nov - 8:30
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Aucune idée de ce à quoi son père avait bien pu penser au sujet de Jia Ming. Son paternel était un homme très occupé et il avait visiblement jugé que l’autre chinois n’était pas une priorité, pas un grand danger… Et que sa fille, à trop jouer avec le feu, s’était brûlée. Sûrement qu’il pensait qu’elle avait une leçon à tirer de tout ça… Qu’elle devrait plutôt aller jouer de ses charmes auprès de jeunes hommes riches plutôt qu’auprès de la plèbe si ce n’était de la fange à laquelle Xuan appartenait. Une part de Xiao Wei partageait cette idée mais l’autre part, de toute évidence plus importante, exigeait tout de même réparation pour ce que sa sœur avait subi.

« Quelle importance puisque je suis là ? »

Et sans la « machine infernale », comme il l’apprenait ensuite à l’autre homme. Il n’avait besoin de personne pour laver l’honneur de sa petite sœur et puisqu’au pays ses fonctions attendraient de toute façon une opportunité, il avait du temps libre devant lui. Sa formation elle-même, pour le moins complète, pouvait souffrir du fait qu’il vogue dans d’autres contrées pour poursuivre sa vendetta personnelle.

D’ailleurs Xuan fait écho à ses pensées, à propos de vendetta personnelle. Xiao Wei confirme d’un léger mouvement de la tête, soulignant :

« C’est ma sœur. Pourquoi crois-tu que j’aurais besoin de l’invitation de qui que ce soit pour la défendre ? »

Il l’aimait tendrement. Comme il aimait chaque membre de sa famille mais de manière différente à chaque fois. Sa petite sœur avait parfois besoin de repères et de leçons, mais ce n’était pas à un étranger de lui en donner. Et surtout pas de cette façon.

« Je crois que tu ne devrais pas présumer de ce à quoi mon père peut bien passer son temps. »

C’était un homme très occupé. Et de signaler d’ailleurs :

« Et tu n’es pas vraiment une proie intéressante à ses yeux. Qui plus est je me suis proposé alors pourquoi te chercherait-il davantage ? »

Xiao Wei commençait à voir venir le fuyard hein… Il se doutait d’où tout cela les menait et que Xuan soit sûr d’une chose : il n’allait pas être réceptif du tout si l’homme commençait à dénigrer sa sœur et à lui remettre sur le dos ses propres fautes. C’était le syndrome de celui qui bat sa femme en lui disant que c’était de sa faute à elle… Certaines femmes finissaient pas s’en convaincre. Dieu merci sa sœur ne faisaient pas partit de ces femmes-là.

Quant aux ambitions de Xuan, Xiao Wei a un léger mouvement d’épaules, à peine perceptible, pour témoigner de ce qu’il en pensait. Ça lui semblait évident que le chiendent ne pouvaient guère espérer mieux que de se hisser plus haut.

« Je crois que tu ne devrais pas t’en prendre à elle devant moi. »

A parler de mensonges et de ce genre de choses. Ne pouvait-il pas simplement la laisser en paix, à présent ?

« Je ne sais pas encore ce que je vais faire de toi. »

Il en était encore à chercher la meilleure tactique à adopter. Mais après avoir fait germer le doute en Xuan en le suivant sans se faire voir, il voulait passer de menace invisible à visible.

« Mais je sais que j’ai différentes options. Je vais sûrement en tâtonner plusieurs d’entre elles. »

D’ailleurs, histoire de se montrer plus clair si jamais Xuan ne voyait pas du tout où il voulait en venir, Xiao Wei questionne :

« Ce nouveau nom… J’imagine que c’est celui que tu as sur tes nouveaux papiers. Est-ce qu’ils sont réellement légaux ? »

Il avait le bras long mais pour mettre en évidence une usurpation d’identité ou une tricherie dans des documents d’immigration officiels, il n’en avait même pas besoin. Comme la plupart des pays asiatiques qui tendaient à quelques richesses, la Corée du Sud était répressive avec les ressortissants étrangers qui ne montraient pas pattes blanches. Disons que c’était une épée de Damoclès intéressante à tendre au-dessus de la tête de Xuan.

« Avoir fait tout ce chemin pour me battre contre un chien dans une ruelle, ce serait sincèrement décevant. »

Ce n’était pas de la peur, même s’il y avait toujours une boule au ventre à l’idée de se battre contre quelqu’un qui était habitué à la frappe, quel que soit notre niveau… Mais Xiao Wei savait que ça n’apaiserait pas la colère qu’il éprouvait et toutes les séances de méditation du monde n’y changeaient rien pour le moment. Il allait devoir trouver une forme d’apaisement avant d’assouvir pour de bon sa vengeance. Sinon ça entacherait une certaine forme de karma à laquelle il croyait malgré tout, éducation oblige.

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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | Ven 15 Nov - 8:06
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« En effet. », convient Jia Ming, peut-être sur fond de raillerie, mais ne se permettant pas d’avoir un ton moins monotone qu’à l’habitude pour autant. « Quelle importance. »

Au moins, ça lui avait appris une chose dont il ne pouvait être certain jusque-là : Fan Xiao Wei était bel et bien seul dans cette croisade. Croisade qui était donc personnelle. Il n’allait pas se dire soulagé si vite en présence d’un maître des arts martiaux, mais au moins il n’y avait probablement pas d’autres mafieux dans le coin, ceux-là armés jusqu’aux dents. Quant à la défense de sa petite sœur, Jia Ming arque un sourcil barré d’une petite cicatrice. Hm…

« Tu es bien empressé de me faire comprendre que tu es complètement seul. », fait soudainement remarquer le plus grand des deux. Son regard sombre ne quittait pas Fan. Il aurait été fou de porter son attention ailleurs. « Je vois la ressemblance… »

Entre les deux. Le frère et la sœur. Enfin…

« Sauf qu’elle, elle ne t’aurait pas défendu. »

C’était un peu dur. Peut-être trop. Surtout vu sa position actuelle, pas très reluisante. Mais c’était vrai et sans nul doute que l’homme en face de lui le savait. Il n’y avait peut-être jamais fait très attention puisque les grands frères doivent protéger les petites sœurs. C’est ainsi que les choses vont dans leur univers très compartimenté et plein d’étiquettes prédéfinies. Mais ça n’en restait pas moins vrai… Il n’en rajoute pas davantage au sujet du père Fan néanmoins. Ça pouvait vite devenir une pente glissante et celle sur laquelle il se trouvait l’était déjà un peu trop à son goût. Il se contente de hausser légèrement les épaules aux questions probablement rhétoriques de Xiao Wei.

Un avertissement suit. Mais il n’avait encore pratiquement rien dit… et il ne comptait pour le moment pas le faire. Certains verraient là un manque d’instinct de survie ou un surplus de je-m’en-foutisme qui tombait au pire moment. Mais lui voyait ça différemment. Même d’où il était, soit à une distance plus que raisonnable de l’homme qui voulait lui faire goûter le bitume, Jia Ming voyait briller une lueur assassine dans le gracieux regard étiré sur les tempes. Les yeux mentaient encore moins que les paroles. Rien de ce qu’il n’aurait pu dire aurait changé quoi que ce soit. Fan n’était pas décidé à l’écouter et pourquoi le ferait-il ? Pourquoi mettrait-il la parole d’un étranger devant celle de sa sœur ?

« Je n’ai rien à dire sur elle. », assure Jia Ming. C’était l’entière vérité. Il n’y avait rien à dire. Il n’avait pas envie d’expliquer que lui aussi s’était fait avoir comme un bleu. Il se sentait déjà bien assez con comme ça. « J’aurais cru qu’un homme qu’elle m’a tant vanté saurait user d’un peu plus de perceptivité, néanmoins. »

Des menaces fusent. Elles ne l’atteignent pour le moment pas vraiment. Oh, il ne les prenait pas à la légère. Il savait qu’il jouait sa vie sur ce coup-là. Mais il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que prendre les paris. Ses mains sont encore dans ses poches. Le métal du poing américain n’est plus froid. Mais il ne comptait pas le sortir. Il s’arrête toutefois à mi-chemin, malgré lui. Une réaction automatique. Comme de défense. Parce que ce petit con avait frappé là où ça faisait mal : les papiers.

« Alors tu te demandes si tu vas m’abattre en Corée ou en Chine, finalement ? », demande lentement Jia Ming. Ce n’était pas une mise au défi. Il n’était pas assez con pour ça. Mais il pouvait convenir que l’autre savait mener sa barque et n’avait pas envie d’être laissé au milieu du lac sans veste de sauvetage pendant qu’il la mènerait jusqu’à la berge… « Je suis peut-être un chien, mais je ne suis pas le genre de chien que tu crois. »

Il avait repris sa marche. Lente. Pour que Fan ne pense pas qu’il allait lui faire un sale coup. Il s’arrête pile devant lui, l’observant un long moment sans rien dire. Son regard se perd d’abord dans l’encre noire du beau regard en amande. Descend sur la ligne de la mâchoire, crispée. Puis, il s’attarde longuement sur les lèvres si délicatement dessinée. Il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait. Peut-être qu’il appréciait simplement le fait de pouvoir encore respirer, pour le temps que ça durerait. Il ne se rendrait pas sans se battre, mais… il était réaliste. Il remonte finalement au regard sombre… et fronce légèrement les sourcils. Il avait été attentif. Trop sûrement pour ce que Fan méritait de lui. Mais… Il n’était pas le seul à admirer.

« Je vois. »

Il n’avait rien à dire d’autre. Il voyait. Il avait apparemment eu le choix malchanceux en s’aventurant du côté des Fan…

« Je suppose que je saurai lorsque tu auras décidé. », fait-il finalement remarquer, tête juste assez baissée pour bien voir l’autre homme. « Lorsque ce sera fait et si tu décides finalement de m’abattre, promet-moi de me laisser parler avant. J’ai beaucoup de choses à dire, en fait. »

Mais pas maintenant. Ça ne servait à rien…
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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | Lun 18 Nov - 8:31
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Jia Ming raille et Xiao Wei ne relève pas parce que dans le fond il ne comprenait pas la raillerie. Quant à son empressement, Xiao Wei acquiesce, précisant néanmoins :

« Tu crois ce que tu veux. »

Et il pouvait même prendre le temps de vérifier un peu à sa façon si ça lui faisait plaisir. Ca n’avait aucune importance pour Xiao Wei. La seule personne qui l’accompagnait c’était Lian et encore, si lui avait bien débarqué en Corée il y avait quelques jours, sa fiancée n’arriverait pour sa part que dans quelques jours encore, le temps qu’il soit bien installé en ville.

Quant à sa sœur et à ce qu’elle aurait fait ou pas quand venait le moment de le défendre, ça ne fait pas beaucoup réagir Xiao Wei qui ne se sent pas spécialement insulté. Jia Ming semblait savoir que cette information ne servirait qu’à les faire éventuellement parler. De fait, même si c’était visiblement déjà attendu entre eux, Xiao Wei souligne :

« C’est ma petite sœur. C’est à moi de la protéger. Le contraire se déshonorable. »

Il n’avait pas besoin d’aller se cacher dans ses jupons. Elle, elle pourrait toujours compter sur lui. Ce serait difficile de la faire descendre dans son affection et probablement que même au plus bas il continuerait de se soucier d’elle à sa façon. C’était la famille, c’était important… Qu’importe si tous ceux qui composaient la sienne ne voyaient pas forcément les choses comme lui.

Jia Ming a pour lui qu’il comprend vite les règles du jeu en décidant de ne pas parler davantage de sa sœur. Ou peut-être n’avait-il vraiment rien à dire. Et visiblement, si sa sœur n’était pas le genre à le défendre, elle était au moins celui de le vanter.

« Je vois très clair. »

Et les tentatives de l’autre chinois ne seraient que des coups d’épée dans l’eau. A lui aussi elle avait parlé de Jia Ming. En des termes très élogieux avant que l’orage ne se mêle à cette histoire. Il était son rebelle en blue jean… Son mauvais garçon, son chien de garde. D’ailleurs il voyait tout ça de ses propres yeux ce soir. L’avoir rencontré autrement, Xiao Wei lui aurait peut-être bien proposé un job. Il devait faire un fier guerrier qu’on préférait avoir dans son camp. Et il avait ce genre de silhouette qui devait bien porter le complet, lorsqu’elle ne portait pas des vêtements street de seconde main.

« Je n’en suis pas encore à ce genre de questionnement. »

Il ne pouvait même pas prétendre savoir s’il tuerait effectivement Jia Ming. En fait, la finalité ne s’était pas encore dessinée dans son esprit. Il réclamait vengeance mais ça s’arrêtait là. Il y avait aussi que Xiao Wei cherchait ce jeune homme depuis un moment malgré tout, qu’il n’avait pas forcément pensé le retrouver tout de suite et que cette information l’avait prise plus au dépourvu qu’il ne l’avait imaginé.

Jia s’avance, Wei se tend imperceptiblement mais sans bouger, attentif au moindre geste de l’autre homme, prêt à intervenir, à répondre à toute agression, ne sous-estimant pas autant l’homme qu’il aimait peut-être le faire le croire.

Voilà qu’il est détaillé de pied en cape, lui permettant le même approfondissement. De si près, l’obscurité ne créait plus aucun tabou. Chaque trait de son visage était dévoilé, chaque ridule formée par la sévérité empreinte sur son visage… Il avait les yeux très noirs, très profond, plus que la nuit peut-être même. Une mèche tombait en travers d’un œil, une cicatrice barrait son sourcil…

Leur rencontre touche visiblement à sa fin et Xiao Wei esquisse un petit sourire mal-aimable sans en rajouter. Pas sûr qu'il ait grande envie de l’écouter… Et Xiao Wei n’était pas du genre à faire des fleurs à ceux qu’il mettait dans sa ligne de mire. Mais qui pouvait prédire ?

« Bonne soirée. »

Avec toute l’ironie que ça supposait, à présent qu’il venait de placer au-dessus de la tête de Jia Ming une épée de Damoclès qu’un fil trop fin et invisible tenait dans un équilibre précaire…

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Re: Sentence + Fan Xiao Wei | 
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