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Huis-clos | Mer 20 Nov - 8:33 Citer EditerSupprimer
Le Lotus. On lui avait vanté cet endroit comme lieu de détente et rapidement après y avoir mis les pieds, Xiao Wei avait compris que cette détente appartenait moins à la musique et aux cocktails dispendieux qu’au business sous-jacent d’escorte qu’on pouvait y dénicher… Et probablement plus si affinité, qu’importait de toute façon. Ho ce n’était en rien écrit sur la devanture de l’établissement ni quoi que ce soit du genre… Mais Xiao Wei venait de ce milieu quoi que du côté de la barrière où l’on pouvait vendre ce genre de services… Du coup son œil exercé avait eu tôt fait de repérer quelques indices qui laissaient peu de place à l’imagination.
Bref.
Il avait pris un cocktail au bar sans vraiment en profiter. Ce moment qu’il espérait détente avait été gâché par l’arrivée d’une de ces femmes plantureuses qui devait travailler sous le manteau. Ho il ne prétendait pas qu’elle n’avait aucun charme. Son maquillage n’était pas excessif mais fait pour le genre de lumières qu’on trouvait dans ce type d’endroit. Ses lèvres étaient d’un rouge sensuel et elle avait joué d’un œil de biche, moulée dans une robe qui sans être carrément provocante ne laissait elle non plus pas de place pour l’imagination, léchant chacune de ses courbes sans vergogne.
Xiao Wei n’était pas d’humeur à jouer à ce genre de jeu… Mais la curiosité aidant et après avoir renvoyé la jeune femme, il avait été tenté de voir ce qu’on pouvait trouver dans « l’arrière-boutique ». Ca l’avait fait emprunter un ascenseur réservé au personnel, non sans un échange de quelques mots avec le colosse qui s’occupait de le garder. Et avant qu’il n’ait pu dire ouf, un autre homme s’engouffrait. Xiao Wei l’avait reconnu tout de suite, évidemment. Mais cette fois c’était le hasard qui les faisait se croiser. Lui pour la visite et, à voir le sac estampillé du logo d’un bouiboui vendant des ramens, Jia Ming était là parce qu’il avait dû livrer un repas pour son employeur. Etait-il aussi livreur ou bien le restaurant manquait-il de personnel ?
Peu importait… Jia Ming semble aussi surprit que lui, quoi qu’ils se reprennent rapidement l’un comme l’autre et le colosse vient appuyer sur le bouton de l’étage pour eux, restant pour sa part à l’extérieur à garder sa porte comme un bon petit soldat.
En entrant, Jia Ming avait apporté avec lui un courant d’air froid. Il avait dû passer par une zone de service à l’ambiance moins électrique et surchauffée qu’en salle. Evidemment planait aussi l’odeur –il devait le reconnaître, délicieuse- de ramen à emporter.
« Le monde est décidément petit. »
A moins d’être parano à ce point et même si son esprit l’avait peut-être pensé une seconde, Jia Ming devait bien se douter à présent qu’ils ne s’étaient retrouvé que par le plus grand des hasards !
Xiao Wei ouvre la bouche… Mais un bruit sec de quelque chose qui se détache se fait entendre en même temps que la cabine de l’ascenseur a un brusque soubresaut. C’est limite si Xiao Wei ne tombe pas à la renverse par-dessus Jia Ming, se contentant de se rattraper d’une main à une des épaules de l’homme, de l’autre au mur derrière lui ! Il y a un instant de battement perplexe, de gêne un peu aussi tandis que son parfum lui arrive en plein dans le nez, sans artifice… Et Xiao Wei se détache de l’autre homme avant de revenir appuyer sur les boutons de l’ascenseur pour en tester le fonctionnement. Aucun n’allume et même le bouton d’appel des services d’urgence reste éteint lorsqu’il appui dessus.
« C’est une plaisanterie ? »
Elle était mauvaise ! La révision des ascenseurs, ils connaissaient pas dans de bouge ? En plus, si le bruit de la salle s’était tue lorsque les portes s’étaient refermées, Xiao Wei se doutait bien que de l’extérieur on avait probablement rien entendu non plus… Surtout avec la musique !
« Tu étais en avance ou en retard ? »
Sur la livraison ! En espérant que le client était du genre à surveiller sa montre pour avoir ses pâtes et son bouillon plutôt que de laisser le temps filer. Et puis si Ming était en retard, il viendrait peut-être aux nouvelles et quelqu’un se demanderait où le livreur avait bien pu disparaître !
Xiao Wei retire son long manteau, le repliant sur un de ses bras, se préparant malgré tout à l’attente et ayant définitivement trop chaud avec ça sur le dos. Jia Ming n’était probablement pas mieux.
« Autant te mettre un peu à l’aise. Même s’ils remarquent il faudra certainement plus d’une heure pour faire venir un technicien. »
Dans un établissement de la Triade il aurait eu plus de chance, on se serait mis en quatre… Mais là… Et de prévenir, si jamais Ming se posait la question :
« Inutile de sortir ton portable. Vu les activités de l’endroit, tu n’auras pas accès au réseau. »
Le B-A-BA.
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Re: Huis-clos | Dim 1 Déc - 5:42 Citer EditerSupprimer
Jia Ming était, comme d’habitude, à son poste au petit bar de ramens dans lequel il travaillait. Pour être franc, même si le restaurant ne payait pas trop de mine, la nourriture y était bonne. Ils servaient exclusivement des ramens, mais ils en servaient des très variés et ils étaient ouverts tard. Ça leur faisait une clientèle si pas grande, néanmoins acceptable. Ce soir par contre, c’était un peu mort. Et quand ils ont enfin une commande, c’est pour une livraison. Ça fait soupirer Jia Ming avant même que le proprio lui ordonne d’aller la porter, parce qu’il savait qu’il allait en hériter. Ils n’étaient jamais très nombreux et ce soir, il était le seul autre employé dans la place alors voilà… Ramen fraîchement faits en mains, Jia Ming monte sur une mobylette qui appartenait au propriétaire et qui n’était disponible que pour les livraisons et va en direction d’un un repère de vipères. Il connaissait les mauvais quartiers et les mauvais endroits. Le Lotus en était clairement un.
Ça ne le stressait pas néanmoins. Et quand la personne qui était avec lui le soir était la petite employée adorable qui arrondissait ses fins de mois au bar à ramens, il allait volontiers de lui-même dans ces endroits pour lui éviter tout malentendu. Et justement, parlant de malentendu… lorsqu’il grimpe dans l’ascenseur, il réalise qu’il aurait dû faire gaffe à qui venait juste d’y monter… Il ne le voit même pas quand il appuie sur le numéro de l’étage. Mais quand il réalise que l’autre n’appuie pas à son tour, il tourne la tête. Et c’est là qu’il réalise qu’il est avec le mafieux. Merveilleux… La voix de Xiao Wei se fait entendre. Elle possédait moins de dédain que la première fois qu’ils s’étaient vu à Séoul, mais Jia Ming ne comptait pas compter sur sa chance à ce point. Les hauts-placés des mafias chinoises avaient beaucoup de self control.
Il le salut toutefois d’un signe de la tête, ne répondant pas à son commentaire. Il avait de toute évidence raison… Le monde était beaucoup trop petit. Ça l’aide néanmoins à ne pas se tendre autant qu’il aurait pu. Fan lui-même semblait sincèrement surpris. Alors cette fois, il ne l’avait probablement pas suivi. De toute façon, dans quelques secondes, ça n’aura plus d’importance. Sauf que… c’était sans compter sur l’ascenseur qui décide soudainement de n’en faire qu’à sa tête. Lorsque le soubresaut se fait sentir, instinctivement il tend sa main pour retenir Xiao Wei, sa grande main se posant à demi sur une hanche et faisant à demi pression contre la chute de rein de l’élégant aspirant Bâton Rouge. Son regard passe des portes de l’ascenseur à l’homme. Comme d’habitude, il avait eu le réflexe de protéger. Et ça allait peut-être encore se retourner contre lui ! Il retire rapidement sa main, s’excusant d’un petit signe de la tête.
Il ne dit rien. N’a pas de réaction particulière. Ce qui ne veut pas dire qu’à l’intérieur, ça ne s’active pas à cent à l’heure ! Il était pris dans un ascenseur avec un type qui voulait le buter. Merveilleux… Et l’humeur de Fan n’irait pas en s’améliorant.
« En avance. », répond-t-il simplement comme le bon petit soldat qu’il aurait sûrement fait. Bref, clair, efficace. Mais finalement, il ajoute quelques mots de plus pour préciser la situation : « Très en avance, même. Ils étaient une de nos seules commandes de la soirée. »
Jia Ming a un regard pour son compatriote chinois alors que ce dernier retire déjà son manteau. Il gardait un calme qui lui faisait honneur, malgré l’agacement évident. Même lui ne pouvait prétendre le contraire. Finalement, Jia Ming se penche pour déposer les plats emballés au sol. Puis, il retire son écharpe et son manteau, les posant non loin de là. Lui ne portait pas un morceau de fringue à 1000$, alors il pouvait se permettre de les salir un peu. Il tend la main, invitation muette à prendre le manteau de Xiao Wei.
« Je vais le mettre par-dessus le miens. Il ne se salira pas. », explique-t-il simplement. Alors que leurs regards se croise, il y a peut-être pour la première fois quelque chose d’autre que du ressentiment. Cette aventure allait soit très mal se terminer, soit jouer en sa faveur, apparemment. Quant à son portable, il a un petit « hm » pour ponctuer sa phrase suivante. « Je n’ai pas de portable. »
Il n’avait pas les moyens pour avoir ce genre d’artifice. Quand on voulait lui parler, on savait où le trouver généralement. Il n’en souffrait pas particulièrement.
« Je ne t’aurais pas imaginé sensible à ce que cet établissement vend. », fait soudainement remarquer Jia Ming. Ce n’était non pas un reproche, mais une constatation. Par contre, vu le regard que lui décroche Fan, il ajoute : « Ah. Tu ne savais pas. »
Lentement, un sourire étire ses lèvres. C’est bref, mais aussi ponctué d’un petit rire.
« Excuse-moi. Mais tu as dû afficher une de ces têtes… Sûr qu’un homme comme toi, elles n’ont pas dû mettre beaucoup de temps avant de rappliquer. »
Lui-même avait parfois du mal à se frayer un chemin sans encombre. Alors un type séduisant et de toute évidence aux grands moyens comme Fan ? Il fallait oublier ça.