Je l’aimais… Une évidence qui vint me frapper de plein fouet alors qu’elle riait aux idioties d’une soirée placée sous le signe du jeu. Elle pouvait bien quémander, même ordonner, il m’en fallait peu pour lui céder, tout simplement parce que je voyais. Au delà de son sourire de circonstance, au delà de sa réserve, au delà de ses répliques cinglantes si elle se sentait menacée, bien au delà de cette fausse envie de solitude, je voyais cette petite étincelle qui luisait dans ses prunelles lorsqu’elle s’animait. Et même si je la refusais, je comprenais cette habitude à se fermer aux autres, se replier sur elle même en pensant qu’elle ne méritait pas même une once de bonheur. Je me fichais de ce que pouvaient penser les autres, ceux qui préféraient critiquer et juger plutôt que de s’arrêter un instant et de contempler. Et si à cet instant, je ressentais le besoin de lui avouer, je me résignais une nouvelle fois à garder le silence, trop effrayé à l’idée de la perdre. Qu’elle ne s’éloigne par peur d’une émotion dont je ne mesurais pas moi même l’intensité. J’attendais alors que la sentence ne tombe, mais d’un geste lent elle reposa la carte qu’elle venait de saisir. L’ambiance si joviale fit place à un air plus lourd en l’espace de quelques secondes, et dans le regard qu’elle rivait au mien, je pouvais à nouveau lire la douleur. « Faire quoi ? » lâchais-je. Mon cœur si léger semblait désormais de plomb, trop lourd à porter, une affliction qui fit écho à la peine qu’elle exhalait. Puis un aveu à demi soufflé vint franchir ses lèvres. La jalousie faisait des ravages, et j’en étais le témoin malgré moi, dès lors qu’elle arpentait un couloir et que, sur son passage, certaines se sentaient le besoin de commenter et de provoquer. L’image de ces filles qui l’avaient moqué, qui l’avaient piétiné par le biais de quelques phrases lancées juste pour accabler. Je décidais de ne pas répondre, les mots ne me paraissaient pas assez fort pour lui faire comprendre que, peu importait le regard des autres, peu importait leurs avis, je n’étais pas de ceux qui se rangent à la majorité. Mais sa dernière question me fit l’effet d’un poignard en plein cœur. Ses doutes me lacéraient tant ils étaient puissants, et je ne pus rester plus longtemps muet face à sa souffrance. Glissant une main sous son menton, je l’incitais doucement à relever le visage pour me faire face lorsque de l’autre je vins ramener derrière son oreille les quelques mèches qui barraient son regard. « Qui a dit que je perdais mon temps ? » Mon ton calme tranchait avec le muscle qui cognait contre mes côtes. Mais je conservais cet air faussement serein pour plonger mes onyx dans les siens. « Que j’aille ou non laver cette veste. Que j’entende ou non des absurdités dans les couloirs… qu’est-ce que ça change ? » Avec douceur, je vins encadrer son visage de mes paumes et sous la pulpe de mes doigts je sentais battre son cœur attristé. « Je ne ressens ni l’envie, ni le besoin de me mêler aux autres et leurs idées trop restreintes. » Je tentais de lui faire passer mon message, en plantant mes perles dans leur vis à vis noyée par des larmes qui ne coulaient pas. Je comprenais ce qu’elle essayait de faire, et je voulais lui faire savoir que je ne comptais aller nulle part. Elle pouvait bien s’évertuer à me faire fuir, il m’en allait davantage pour me repousser.

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« Only Human »

But I'm only human, And I bleed when I fall down, I'm only human, And I crash and I break down, Your words in my head, knives in my heart, You build me up and then I fall apart, Cause i'm only human...

©️crackintime

La jeune femme l’écoute, il n’en fait jamais trop, il ne ment jamais. Seo Joon a toujours les mots qu’il faut. Juste et équilibré. Ils sont sincères et c’est ce dernier point qui réchauffe le cœur de la jeune femme. Il ne lui dit pas que tout ira bien, ni qu’il sera toujours là pour elle. Cette nuance la rassure plus qu’elle ne pourrait le faire comprendre. Elle le regarde avec un petit air de chaton perdu. Elle renifle et ne peut détourner les yeux de ses orbes délicates et tendres. Comment fait-il ? Comment fait-il pour rendre tout plus facile ? Supportable ? Le poids de ses émotions l’écrase et l’oppresse. Pourtant tout semble moins douloureux, moins étouffant quand il est là. Elle ferme les yeux, laissant rouler sur ses joues deux grosses perles salées qui s’échouent sur le coin de ses lèvres. Elle frémit et le fixe, sa douceur l’enveloppe dans un cocon sécure. Elle arrive même a esquissé un léger sourire, le laissant lui appliquer ce baume à son cœur. Touchant et tendre.

 

Elle ferme ses yeux, revois encore leur première rencontre. Elle le trouvait maladroit, pas à l’aise dans son grand corps, peut-être même un peu nigaud. Mais Sawan a cette fâcheuse habitude de juger avant de connaitre. C’était plus facile pour elle. Comme une sécurité qui la protégeait. Les autres le faisaient bien avec elle pas vrai ? Elle avait pourtant bien vite abandonné ses préjugés et l’avait regardé avec un œil neuf à mesure qu’ils avaient interagit ensemble. Elle n’aurait été certaine de savoir si la discrétion du jeune homme était dû à une timidité, ou simplement à un tempérament calme. Elle qui n’était que trop voyante, volubile et exubérante avait appris à se faire plus discrète à son tour. Elle avait appris de Seo Joon tout comme elle savait qu’elle l’avait sortie de ses zones de conforts. C’était rassurant de savoir qu’il était à ses côtés bien qu’il semblait toujours courir après elle pour la protéger de ses folies. Illustré dans une BD, le garçon aurait été dessiné à constamment réparé les pots cassés de cette insouciante beauté qui restaient aveugles du carnage qu’elle laissait sur son passage. Et pourtant … pourtant, ces deux êtres arrivaient à trouver leur compromis. Leur équilibre.

 

La jeune femme se penche en avant et marche sur le petit mètre qui la sépare du garçon, à 4 pattes. Elle se blottit contre lui et pose son front contre le sien en soufflant « Merci … » elle aurait pu lui dire ce qu’elle pensait vraiment, qu’elle ne le méritait pas. Lui et sa douceur. Lui et sa bienveillance. Lui et sa tendresse. Elle ferme les yeux, reste ainsi blottit contre lui, caressant sa joue lisse de ses doigts délicats. Elle inspira doucement, se sent rassurée à la chaleur de son souffle qu’elle peut sentir tant leur proximité laisse peu de place au reste. C’est un instant de pur douceur, dans une bulle que Sawan refuse de casser. Elle ne se redresse que pour venir s’asseoir sur les genoux du garçon, à califourchon sur son bassin, elle caresse sa nuque délicatement, jouant avec ses petits cheveux et redresse son minois pour croiser son regard. Elle ne savait pas si c’était l’approche des fêtes qui la rendait ainsi, ou si c’était simplement son état général de déprime qui lui donnait plus besoin encore de la présence du garçon. Elle reste silencieuse, se contentant de croiser son regard sans cesser de le caresser. Elle se perd dans sa contemplation, dans ses pensées. Elle revient coller son front au sien, caressant son nez du sien avec un sourire tendre. Elle se rapproche de lui et laisse échapper un soupire de bien-être. Il ne manquerait plus qu’un plaide qui glisserait sur ses épaules pour les envelopper.

 

Son pouce glisse sans qu’elle ne le réalise vraiment sur la lèvre inférieure du garçon. Ce n’est que son regard qui se relève pour croiser celui de Seo Joon qui intensifie ce besoin soudain de goûter à cette bouche rosie et délicate.