jimbae lui avait demandé de le retrouver au studio dans le bâtiment des arts. ce n’était pas loin de sa salle de classe, mais il ne savait pas pourquoi il avait besoin de lui. un simple message, sans explication. ça avait eu le don de faire lever les yeux de donghun au ciel. c’était les artistes ça. l’essentiel ou alors des discours qui n’avaient ni queue ni tête. heureusement là c’était l’essentiel et ça avait assez attiré la curiosité de donghun pour qu’il s’y rende une fois ses cours terminés. il avait eu une journée éreintante. tout le monde avait été affreux avec lui et il n’avait eu le droit qu’à des remarques sur son état fatigué et le fait qu’il n’était pas d’humeur. en même temps, ce n’était pas loin de la vérité. il n’avait pas été d’humeur parce que la veille il avait du travailler, alors qu’il ne le voulait pas et que ce n’était pas prévu. cependant, il ne refusait jamais parce que ça lui ramenait plus d’argent et qu’il serait plus facilement débarrassé de sa tante et des dettes qu’il avait envers elle. deux clients, c’était ce qu’il avait eu et ça l’avait épuisé autant mentalement que physiquement. il n’en pouvait plus de laisser son corps à ses hommes et femmes qui ne voulaient qu’avoir du plaisir pour une seule nuit et se servait d’eux. mais il n’avait pas le choix. il se devait de continuer s’il voulait partir plus rapidement de sa famille. alors quand la fin des cours avait sonné, il n’avait pas tardé à rassembler ses affaires pour quitter l’amphithéâtre le plus rapidement possible. donghun n’avait accordé aucun mot ni regard à ses camarades et s’était précipité dans le studio que bae lui avait indiqué. il y était entré, pensant retrouver le jeune homme mais il était vide. « jimbae ? » appelle-t-il dans le vide puisqu’aucune réponse ne lui parvient. qu’est-ce qu’il foutait ? c’était lui qui l’avait appelé pour l’aider et maintenant, il n’était même pas là pour le rendez-vous. hun sort son téléphone pour le contacter quand la porte s’ouvre sur lui, les bras chargés de son matériel. il pousse un soupir alors qu’il se lève et aide le plus jeune. « vas y laisse-moi t’aider. » et sans attendre de réponse, il attrape ce qui a sur le dessus pour le poser sur la table un peu plus loin. il se retourne alors vers son ami. « tu voulais que je t’aide pourquoi ? » toujours aller à l’essentiel avec donghun parce qu’il n’aimait pas réellement perdre son temps.

En venir à l'essentiel, c'est ce qui compte avant tout. Perdre du temps à expliquer en long et en large une idée ou un projet qu'il a en tête n'est pas dans les habitudes de Bae qui tente au mieux de rationaliser son planning. Les cours prennent déjà beaucoup de place dans son emploi du temps, à cela s'ajoutent toutes les petites choses qu'il doit faire quand il a quelques heures de libre. Tel que, donner des cours à des élèves en difficulté ou qui ont envie d'apprendre des connaissances de Bae, il y a aussi les instants où il s'entraîne et fait de la musique, ainsi que ceux où il dessine, peint ou plus encore. Il a beau être pressé par le temps et avoir des tonnes de truc à faire, c'est impossible pour lui de négliger certains points. S'il a envoyé ce message bref à Dong Hun, c'est justement parce qu'il a besoin de lui pendant qu'il peut encore l'avoir à sa disposition. D'ici une heure ou deux, peut-être moins ou peut-être plus, il devra se concentrer sur une autre tâche totalement différente. Celle-ci est importante car elle compte pour ses études et aussi, parce qu'il sait à quel point Dong Hun est digne de confiance. Son cours terminé, Bae s'est précipité dans le studio qu'il a indiqué à son ami pour déposer ses affaires avant de se rendre compte qui lui manquait du matériel. Compliqué d'avoir tout sur soi, alors il doit emprunter ailleurs ou faire un détour par son casier où il range ce dont il a besoin à la journée -voire même à l'année. Les bras chargés, il a loupé de peu l'arrivée de l'autre garçon, mais ne manque pas d'ouvrir la porte sur lui en abaissant la poignée du coude et en poussant le battant de son épaule. Quelle surprise ! Il a failli tout lâcher en réalisant sa gaffe, désolé pour l'intrusion soudaine et son absence d'accueil. « Désolé! » lâche-t-il à la volée, ses bras rapidement déchargés du poids encombrant que sont ses affaires de dernière minute. Le souffle court d'avoir voulu se presser encore une fois, Bae reprend sa respiration après avoir déposé le reste de la pile à côté sur la table. Dong Hun ne perd pas de temps pour l'interroger, aussi bref que les messages de Bae. « J'ai besoin d'un modèle pour un projet. » aussi simple que ça. Le blond annonce l'idée sans tourner autour du pot, indiquant la montagne de matériel qu'il venait de ramener avec lui. « C'est plus facile pour moi de dessiner en ayant un modèle sous les yeux. Surtout quand le professeur demande quelque chose de "réaliste". » Dit-il, ajoutant les guillemets sur le dernier mot. Bae est doué pour dessiner le fantastique, les animaux et cela de mémoire, mais... Quand il s'agit de s'inspirer de l'être humain, ça bloque s'il n'a pas un modèle précis.

Aider ses amis n’était pas une corvée pour Donghun, au contraire. Il s’appliquait à toujours être disponible pour eux et ce sans jamais rechigner dès qu’on l’appelait. Alors quand Jimbae lui envoie un sms pour qu’il l’aide, il n’hésite pas une seule seconde. Pourtant, dans le message il n’y a qu’une heure de rendez-vous et un atelier où le retrouver. Pas plus d’indication qui pourrait permettre au plus vieux de comprendre ce qu’il voulait. Il n’en demande pas plus non plus quand il lui répond qu’il sera là. A quoi bon essayer d’avoir des informations qu’il ne comprendrait sûrement pas en message. Quand Bae lui en parlera de vive voix, ce sera plus facile pour Hun de comprendre. Alors il se dépêche quand la sonnerie marque la fin des cours. Il ne supporte pas d’être en retard et il arrive dans la pièce qui est vide. Celui qu’il doit aider n’est pas présent. Tant pis, Donghun est patient et sort son téléphone pour le contacter au moment où la porte s’ouvre sur Jimbae, les bras chargés de matériel. Il range son appareil pour se presser à ses côtés afin de récupérer ce qui menaçait de s’écrouler. Il dépose le tout sur la table et hausse les épaules aux excuses de son ami. « Pour ? Si c’est pour le retard, c’est que deux minutes. On va pas en faire tout une histoire. » En plus d’être patient, Donghun était aussi indulgent et ça ne le dérangeait pas plus que ça d’avoir attendu deux pauvres petites minutes. Cependant, il pose directement la question pour savoir ce que Bae avait en tête. Parce que même s’il avait accepté de l’aider, Hun n’avait pas toute la journée non plus. Il l’écoute et hoche plusieurs fois la tête à ses explications. « C’est que ça ? T’as juste besoin d’un model ? » Le plus vieux répète ses mots pour être sûr et il pose son regard sur Jimbae. « Okay, je me mets où ? Je fais comment ? T’as besoin d’une pose en particulier ? Je peux en savoir un peu plus sur le projet. Genre est-ce que ça va compter dans ta moyenne pour la fin de l’année ? Pour quand tu dois le rendre ect… C’est pour me faire une idée de la chose. » Il lui sourit, près à l’aider avec application. Il ne faisait jamais les choses à moitié parce que quand on lui demandait du soutien, ce n’était pas pour qu’il fasse de la merde. En plus, si c’était pour son année, Donghun était prêt à tout pour que ce soit bénéfique à Bae.

Dans sa précipitation, il en oublie les bonnes manières. C'est lui qui l'a contacté, pourtant il n'est pas dans la salle quand l'autre arrive. Ce n'est pas un gros souci, puisqu'il débarque peu de temps après, les bras chargés de matériel. L'art demande toujours des supports et des ustensiles, ainsi qu'un moyen de l'exercer car sans un crayon ou de la peinture, c'est peine perdue. Jim Bae a pensé à tout, sauf à avoir une deuxième paire de bras pour ne pas faire tomber la pile d'affaire. Heureusement que Donghun l'aide et réceptionne le haut de cette pyramide, pour la déposer sur la table. à bout de souffle, le blond s'est dépêché pour ne pas prendre trop de retard et surtout pour ne pas louper son ami. Il s'en excuse, plus par politesse que culpabilité. « Deux minutes peuvent changer une vie. » N'est-ce pas la vérité? certains se perdent en l'espace de deux minutes, d'autres peuvent trouver l'amour ou posséder la fortune en si peu de temps. Bref, Donghun a raison, ils ne vont pas en faire toute une histoire. Aussitôt interrogé, Bae répond qu'il a besoin de lui comme modèle. ça pourrait étonner ceux qui ne connaissent pas le jeune artiste, mais justement, Donghun sait pour ses études, pour ce qu'il fait au quotidien dans cette école. Alors ça ne doit pas le surprendre plus que ça. Que ça? Il hoche la tête, presque comme une évidence. « Je ne peux pas demander une telle chose à n'importe qui. » C'est un compliment, en quelque sorte. Donghun semble de suite emballé par l'idée ou alors il n'a juste aucune raison de repartir sans prêter main-forte au jeune homme. Tout sourire, Bae jette un coup d'oeil dans la salle avant de froncer les sourcils. Bah oui, il n'avait pas encore installé le décor... « ça compte dans ma moyenne, c'est peut-être la note la plus importante de ce trimestre. Le thème est sur le naturel, donc soit toi-même. » D'après son professeur, le naturel est le plus difficile à obtenir, surtout quand on demande à quelqu'un d'être un modèle. D'ailleurs, il a posé ce point comme une obligation. La personne doit savoir, l'élève ne peut pas choisir quelqu'un sans le prévenir, sans le mettre au courant du thème. « Tu peux te mettre où tu veux, tout ce dont j'ai besoin, c'est de ton corps. » Façon de parler... Bae se rend compte que cela peut être interprété avec ambiguïté. Il se racle la gorge, détournant ses yeux vers la pièce. « Je dois le rendre d'ici deux semaines, ça me laisse largement le temps de le finir si je parviens à faire les gros traits aujourd'hui. » évidemment, il ne va pas le dessiner au beau milieu d'une classe, mais il n'aura qu'à laisser parler son imagination pour l'arrière-plan.

Donghun était mal placé pour dire que Jimbae avait tort. En effet, quelques années plus tôt, il n’avait fallu qu’un dixième de seconde pour que la vie du plus vieux ne change. Il avait eu un accident de la route et donc dans un sens, ce que disait son cadet n’était pas totalement faux. Cependant, dans dans cas comme celui actuel, ce n’était pas deux minutes qui allaient changer grand-chose. Pourtant, Donghun ne prend pas la peine de le reprendre. Ils avaient autre chose à faire que ça. Comme par exemple, servir de modèle à son ami. Il ne peut pas s’empêcher de sourire en entendant le compliment à peine voilé qu’il lui fait. Ça lui fait chaud au cœur, même s’il n’est pas certain de mériter ce genre de flatterie. « C’est gentil Jimbae. Merci. » Le pyobeom est emballé à l’idée d’aider le plus jeune parce qu’il a toujours été comme ça à aider les personnes qui comptaient pour lui. hun semblait déjà totalement dans le projet, posant peut-être bien plus de question qu’il n’aurait du. Pourtant, Bae lui répondit, essayant de lui donner le plus d’informations possibles. « Naturel ? Tu veux dire nu ? » Parce que pour lui, cela voulait dire nu. Est-ce qu’il était gêné par tout ça ? Pas vraiment. Donghun vendait son corps et donc ce ne serait pas la première fois qu’on le verrait dans son plus simple appareil. Est-ce que ça changerait quelque chose parce que c’était un ami ? Oui très certainement, mais il n’aurait qu’à se dire qu’il était devant un client et ça changerait pas grand-chose au final. Le plus vieux lança un regard à son cadet quand il reprit la parole et se moqua légèrement en entendant la gêne dans sa voix et dans son regard. Il savait qu’il n’y avait aucune ambiguïté entre eux et pourtant, avec ces quelques mots, Jimbae avait réussi à en mettre un peu. « T’en fais pas, je vais pas te sauter dessus. » Donghun n’avait jamais vu son ami de cet façon. Certes, il était pas mal, mais il ne ressentait ni l’envie, ni le besoin d’avoir des contacts physiques sexuels avec lui. il préférait que leur relation reste comme elle l’était actuellement. L’étudiant en lettres hocha la tête aux dernières explications de l’artiste. « Donne moi les directives. Je m’adapterai. Et sache que le nu ne me fait rien si jamais. » Autant le prévenir qu’il n’avait aucune restriction à avoir avec lui et qu’il pourrait avoir ce qu’il voulait si jamais le nu était ce qu’il voulait.

Il le pensait vraiment en disant qu'il n'était pas n'importe qui pour lui. Un ami ne l'est pas, c'est évident aux yeux de l'artiste. Surtout qu'il se sent plus à l'aise avec Dong Hun qu'une autre personne dans ce bahut, si ce n'est son cousin mais là encore, il se voit mal demander à Nam Ja d'être son modèle pour un projet qui lui échappe à moitié. C'est quoi le naturel pour son professeur d'art? C'est à peine s'il s'est vraiment interrogé jusqu'à présent, surtout jusqu'au moment où son modèle émet une hypothèse à prendre au sérieux. Nu? Voulait-il vraiment demander à Dong Hun de se dévêtir pour le dessiner plus ou moins en détail? Cela voudrait dire l'observer sans scrupules, dans des zones intimes que certains donneraient tout pour ne jamais les dévoiler. Bae n'est pas prude, il se dit que son corps n'est pas totalement différent de celui de son ami... Enfin, ils ont les mêmes éléments. Bref. Le blond ne préfère même pas développer en son for intérieur, au risque de s'emmêler les pinceaux avec ses propres pensées. « ce serait bizarre? » Il demande, par précaution et parce qu'il n'a jamais fait une telle requête à qui que ce soit. Dong Hun est le premier, à avoir soulevé ce point mais aussi à recevoir cette interrogation en retour. Du point de vue d'un artiste, la nudité n'est pas gênante, ni insurmontable. Ce n'est pas dit que lui-même se mette à nu devant l'autre, mais l'inverse ne lui fait rien. S'il ressent de l'embarras vis-à-vis de ses paroles, c'est uniquement par crainte de déranger l'autre. Et Dong Hun le prenait mal? Et s'il n'était pas d'accord avec sa proposition? Et s'il ne voulait pas se mettre nu devant lui pour x ou y raison? Jim Bae pense à tout ça et cela se ressent dans son timbre de voix. « Ce n'est pas ce qui m'effraie. » Trouve-t-il à dire avec un sourire maladroit, mais franc. Ce n'est pas qu'il n'ait pas peur de se faire sauter dessus, mais plutôt qu'il n'imagine pas celui-ci le faire. Pour cela, l'artiste était plutôt confiant. Il accorde toute sa confiance à l'autre, autant qu'il en possède pour lui-même. « Hm, partons sur ton idée. Sans être vulgaire, même si de mon point de vue, un corps nu est une oeuvre d'art. Peut-être en prenant une position qui dissimule l'essentiel. » L'art n'est pas vulgaire quand il est bien manipulé, mais certains ne le comprennent pas de cette façon. « Tu préfères t'asseoir ou t'allonger? à moins que tu ne veuilles rester debout? » Tout en le questionnant, Bae songe à son dessin. « Le seul truc que j'aimerais vraiment, c'est que tu me regardes. » Qu'il soit de dos, de face ou de travers, la seule chose qu'il réclame est de pouvoir dessiner son regard, ses yeux, l'expression de son visage.

Proposer de lui-même du nu ne le dérangeait pas. Malgré le fait qu’il ne supportait pas qu’on le touche, Donghun n’était pas gêné par sa propre nudité. Certes, ce serait légèrement bizarre en face de son ami, parce qu’il le regarderait sous toutes les coutures, mais ce ne serait pas si bizarre que ça, du moins pas de son point de vue. C’était de l’art après tout, il n’y aurait rien de sexuel entre les deux amis. « Tu penses que ce le sera ? » demanda-t-il en haussant les épaules. Hun ne pensait pas que ça le serait autant, du moins, pas pour lui. Pour Jimbae, il ne pouvait pas le prédire, parce qu’il ne savait pas ce qu’il pensait de la nudité et encore moins de celle de ses amis. Peut être que malgré le fait qu’il soit artiste, c’était quelque chose qui le gênait. Donghun n’y avait jamais pensé et il attendit la suite, le rassurant par la même occasion sur le fait qu’il ne lui sautera pas dessus. Depuis qu’il avait commencé son métier de prostitué, il n’avait jamais eu l’envie ni ressentit le besoin de coucher avec quelqu’un juste pour coucher avec quelqu’un. Ça ne l’intéressait pas plus que ça. Il utilisait trop son corps et ça ne lui donnait pas envie du tout de l’utiliser pour ses propres besoins. Il en avait pas d’ailleurs pour tout dire. « Si ça ne t’effraie pas alors c’est parfait. » Donghun lui sourit et continua de lui poser des questions par rapport à son sujet. Il l’écouta lui donner des directives et hocha la tête à chaque fois. Nu mais cachant l’essentiel. Ça il pouvait faire, comme il allait le regarder. Hun commença à se déshabiller comme si de rien était, ignorant la plupart des cicatrices qui recouvraient son corps, portant les stigmates de sa vie d’avant. Il avait également des bleus et autres griffures que ses clients avaient laissé sur son corps depuis quelques jours. Il finit par se tourner de dos, lui montrant son tatouage de phénix pendant qu’il termine d’enlever ses vêtements. « Je sais pas vraiment. Ça me dérange pas d’être de face, comme de dos, assis, couché ou debout. C’est comme tu le sens toi. » Il se retourna, un léger sourire sur les lèvres. « Je peux faire plusieurs poses et quand tu trouves celle qui t’inspires le plus, tu me dis stop et je la garde ? » Le pyobeom ne savait pas réellement comment Jimbae fonctionnait mais il se disait que ça pourrait être quelque chose qui pourrait le faire ça. Alors, il essaya quelques poses, toujours le regard planté dans le sien. Après tout c’était ce qu’il voulait qu’il le regarde tout le temps. Il n’y avait aucune gêne de la part du jeune homme, juste de l’appréhension par rapport à ce qu’il pourrait penser de ce corps meurtri.