Un soupire, ton regard qui se lève vers la salle principale. Le bar est encore plein ce soir, rempli d'hommes d'affaires aussi riches et pervers. Comme d'habitude, finalement. Parfois, le poids de la culpabilité revient. Celui qui pesait sur tes épaules avant de finir en cage. Mais tu sais, que ce n'est là qu'un quotidien que tu n'as pas vraiment choisi, qui s'est imposé à toi comme une évidence. Alors t'y fait face, encore une fois. Un soir de plus, où les corps de ces femmes seront encore l'objet de nombreux désirs, cachés dans l'obscurité de la capitale. Elles défilent sur cette scène, offrant des danses, des baisers volés à qui voudrait bien les rattraper. Tu les observes, brièvement, une dernière fois, avant de t'assurer que le service se déroule comme il le faut. Ce soir, malgré l'énergie que tu laisses dans ce lieu, t'as d'autres projets, t'as besoin d'être éloigné d'ici, ne serait-ce que quelques heures. « J'ai un truc à faire ce soir, j'reviens dès que j'peux. » lances-tu à l'un de ces gardes, laissant sous-entendre qu'il n'est pas nécessaire de t'accompagner, te suivre, mais plutôt garder un oeil plus attentif sur ce qu'il se passe ici, tapis dans la nuit. Il ne t'en faut pas plus pour enfourcher ta bécane, garée à l'arrière du bar, et partir. Le chemin est rapide, pour arriver à destination. Une foule certaine cachée elle aussi, mais qui te signifie que t'es au bon endroit. Tu reconnais quelques visages, offre quelques signes de tête à ceux qui l'acceptent. Lentement mais sûrement, t'avances, te faufiles à travers ce groupement pour trouver une place non loin de la ligne de départ. T'es arrivé à temps pour la course, un soulagement quelque part. Et il ne te faut pas beaucoup de temps pour que ton regard ne se pose sur celle que tu es venu voir, Su Nah. Un sourire d'encouragement que tu lui offres, qu'elle te rend certainement à travers son casque. C'est tout ce que t'as besoin de savoir. T'as réussi à être là, pour une fois. Alors que tu sais que pour elle, ce moment est important. Tes mains que tu claques deux, trois fois, alors que le feu passe au vert. La voilà élancée, sous ton regard admiratif. Te voilà soulagé, de te dire que pour une fois, tu sais être là pour elle.

Su Nah se sentait pousser des ailes grâces à l’adrénaline. Plus encore en sachant que le garçon était là. Leur relation était … douce. Comme un secret. Ils ne s’exposaient pas, parce qu’ils savaient, tous les deux, qu’à l’instant où le monde découvrirait leur relation, les gens se chargeraient de tout détruire. Su Nah n’était pas dupe, leur relation était improbable et elle était certaine que personne ne pourrait les comprendre. Mais … c’était doux avec Il Kwon, c’était une pause de douceur qu’elle appréciait avoir. Ils se réparaient l’un l’autre. Pas de passé, pas de douleur, pas de blessures … juste eux. Eux et leur essence. Elle aimait le retrouver, elle aimait s’endormir dans ses bras. Elle aimait la façon qu’il avait de la déshabiller et de coucher avec elle. Parfois même elle osait se dire qu’il lui faisait l’amour. Parce que c’était aussi tendre que leur relation était discrète. Elle n’était pas certaine de savoir s’ils s’aimaient vraiment, mais l’affection qu’ils se portaient était des plus douce et des plus sincères. Cela leur suffisaient amplement pour l’instant. C’était peut-être cette constatation qui la rassurait. Ils n’attendaient rien de l’autre, si ce n’est des moments qui leur feraient oublier tout le reste. Alors pour cette course elle veut le rendre fier. Elle veut gagner, qu’ils gagnent ensemble. La course est dangereuse, et les hommes féroces. Mais Su Nah est habile, manque peut-être de force, mais sa moto elle la connait. Elle se penche, vrille, tourne. Elle fait ce qu’il faut. Il est là. Il a pu être là. Elle ne connait pas toute sa vie, mais suffisamment pour savoir qu’Il Kwon n’est pas un homme qui peut jouir de sa liberté comme il l’entend. Qu’il a des responsabilités sur des affaires qu’elle ferait mieux de ne pas connaitre. Su Nah respecte, ne cherche pas à savoir, ni à comprendre. Elle reste à sa place, et se contente de n’être qu’une douceur, un cocon réconfortant pour le garçon … Prochain virage, elle ne voit pas l’homme qui arrive furieusement sur elle avec l’intention de la déstabiliser. Mais Su Nah a de la ressource. Au dernier moment, elle pile, ne le remarquant que de justesse pour le voir voler contre un trottoir. La chute est dangereuse mais elle ne cherche pas à savoir s’il va bien. Elle reprend sa course sous son regard. Les drones qui les survolent permettent au spectateur de ne rien manquer de la course.