Ma très chère petite sœur,

Il fut un temps où seule une cloison nous séparait… mais ces années sont révolues depuis longtemps. Je ne peux plus pousser la porte de ta chambre, construire des forteresses de draps pour nous isoler du monde extérieur. Je ne suis plus le prince charmant qui bravait les méchants pour tes beaux yeux. Il n’y a plus de moment partagé avec toi au bout du monde. Nous évoluons tous les deux sur des routes bien différentes désormais. Comme je regrette mon départ… Non pas que cela aurait changé quoique ce soit avec nos parents. Non j’aurai seulement pu rester auprès de toi… mais je me suis montré terriblement égoïste.

Il y a une bonne façon de te demander pardon après toutes ses années ? Est-ce que tu seras capable d’entendre mes explications ? Est-ce que mon instinct de survie n’a pas ruiné de façon irrémédiable notre relation ? Je me sens parfois comme ses princesses Disney qui sont face à cette nouvelle voie. Celle qui changera pour toujours leur existence mais aura des conséquences. Je me suis aventuré sur cette route qui m’a éloigné de toi. Mon cœur en souffre chaque seconde passée sans toi. Personne n’est capable de te remplacer ! Personne ne peut comprendre ce que tu représentes à mes yeux. Le reste est toujours de passage mais tu restes ma lumière, celle qui me guide dans les ténèbres. Malheureusement cette lumière faiblit maintenant que nous ne sommes plus ensemble. Il y a plus personne pour me tenir la main pendant que j’avance vers cette liberté à laquelle je rêvai tant. Cet homme que j’aimais tellement au point d’avoir le courage de quitter la demeure familiale a fini par prendre une autre route aussi… Il est aujourd’hui fiancé avec cette fille fabuleuse que sa famille lui a trouvée. Il semble heureux… alors que son absence me fait souffrir. Nos parents n’ont-ils pas raison ? Je devrais me faire soigner… ainsi je reprendrai ma place auprès de toi. A quoi bon poursuivre dans mon entêtement ? Ne serai-je pas plus heureux uni avec une femme choisie par ma famille ? Une part de moi voudrait y croire. Je souhaiterai remonter le temps pour ne pas prendre cette voie… mais ai-je envie de renier la personne que je suis ?

Certes je me maudis chaque seconde de ne pas avoir pris cette décision folle de t’emmener avec moi. Nous aurions été heureux ? Est-ce que l’argent de nos parents ne nous aurait pas manqué finalement ? Possible ! Je constate tous les jours que la vie est un long chemin où nous devons survivre. Je ne compte plus les repas sautés parce que je ne peux pas me payer de quoi manger, encore moins les ennuis avec les propriétaires parce que mes finances sont au plus bas. Ne parlons pas des larmes inondant mon oreiller parce que je suis seul, que mon apprentissage a été douloureux. Il est difficile de quitter son château doré. Oh ! Dis-moi que tu es heureuse, que tu ris chaque jour qui passe, que tu aimes librement. Laisse-moi croire que mon départ a depuis longtemps disparu de ta mémoire, que tu vis chaque seconde passée comme si elle était la dernière. Je préfère apprendre que ton cœur me hait mais que tu es heureuse. Je peux vivre en imaginant ton rire s’envolé, tes yeux pétillés que l’inverse. Ne pose pas tes yeux sur ton grand frère qui comme un lâche a abandonné sa sœur aux mains des pires parents qui soient. Ne songe plus à cet homme qui n’a pas eu le courage de prendre contact avec toi pendant toutes ses années. Ne parle plus de ton prince charmant qui ne t’enverra pas encore une fois cette lettre. Vis ton existence comme si elle devait prendre fin demain ! Fais-moi la promesse que lorsque nous nous retrouverons, tu me riras au nez d’avoir été aussi bête. Montre-moi mille fois que tu es devenue une femme forte et indépendante.

Fais-moi oublier que nos parents ont détruit nos âmes innocentes pour en faire des oisillons blessés…

Ton frère.