Envie, séduction, provocation… Hwan aimait les femmes qui savaient y faire. Tout chez elle l’aurait conduit à fauter ce soir, même si la nuit était encore longue, quelque chose le retenait. Supplice qu’il avait su laisser de côté. Signe d’un destin qui n’était pas encore prêt à les accueillir. Il ne regrettait rien, blessé surtout, Hwan pensait à sa vie. Celle qu’il lui cachait… serait-il possible qu’elle prenne peur ? Pour la première fois de sa vie, Hwan n’avait pas envie de jouer. D’être celui qu’il n’était pas. Il craignait que la vérité ne la fasse fuir. Esprit perturbé de questions, il fronce les sourcils sur cette route qu’il connait par cœur. Palpitation, mains moites il évite pourtant de repenser à tout ça. Quelque chose ne va pas dans son esprit. Il le sait, mais il ne parvient pas à savoir quoi. Alors il se tourne vaguement vers elle, lui jette un regard et sent sa vie lui filer entre les doigts. Il ne maitrise rien, affronte des démons qui ne sont pas les siens. Que lui arrive-t-il ? Jamais une femme ne lui a fait cet effet-là. Il s’en veut, quelques secondes avant de sombrer à nouveau dans cette atmosphère qui leur appartient. Regard tourné vers la route, il la sent s’approcher, écoute sa voix si douce, si troublante alors qu’elle se confie à lui. Gêné surement, il n’ose pas la regarder… pareil confession qu’il pourrait lui faire. Il ne connait la douceur que grâce aux mains de sa sœur. Alors il se sent mal à l’aise, troublé aussi, mais à la fois flatté. Sawan lui ferait-elle assez confiance pour lui dire ces mots ? Il ose tout de même croiser son regard. Cette lueur dans ses yeux le fait chavirer. Il reste pourtant distant en lui glissant « Je suis d’accord. » il n’a pas besoin de lui dire que lui aussi ne connait que cette rage folle. Qu’il ne connait ni la tendresse, ni les sentiments… Hwan n’aime qu’une seule femme, il est prêt à tout pour elle. D’un amour aussi destructeur que beau, il donnerait sa vie pour Miso. Il détourne à nouveau les yeux, vibrant d’une envie de l’embrasser, il se remet pourtant en route. Poursuit son chemin et ne dit rien. Hwan est perturbé, il n’a jamais connu ça. Il se rend compte avec dépit qu’il ne maitrise rien. Sawan a sur lui un pouvoir captivant. Pourtant, il se surprend à aimer sa douceur. La sentir aussi proche de lui, ne le gêne pas. Au contraire, il s’imprègne d’elle, de sa chaleur. Ce n’est que lorsqu’ils finissent par arriver sur les lieux, qu’il se permet à nouveau de la regarder. Attrapant les plats il lui propose de sortir pour avoir une meilleure vue. Chose qu’il ne ferait avec personne, Hwan l’invite à s’assoir sur son capot. Il en fait de même, installe la nourriture entre eux et tente de calmer ses tremblements. Il a peur tout à coup… peur de partir trop loin et de ne plus jamais revenir. « Parlez-moi des hommes qui ont fait votre vie Sawan… » Voix sombre et à la fois rassurante. Hwan est curieux, il se fout de savoir qui sont les femmes de sa vie, mais il s’intrigue à vouloir connaitre les autres. Trouverait-elle sa question étrange ? Il veut en savoir plus, connaitre ceux qui n’ont pas su lui apporter ce qu’elle mérite. Baissant les yeux, il prend son repas, en mange une bouchée tout en observant devant lui. Puis quelques secondes plus tard, il finit par annoncer « Je n’ai jamais su être patient… je prends et je jette sans réellement prendre le temps… » Révélation qui pourrait lui faire peur. Hwan est un homme à femme, mais peut-être s’en doutait-elle. « J’aime les femmes seulement pour une nuit… mais… » Il cache une gêne, derrière son allure assurée et son visage fermé. « Je pourrais vous mentir, vous dire ces choses que vous voudrez entendre. Mais je ne peux pas… pas cette fois… » Regard qu’il relève vers elle, sombre et pourtant si sincère. Pourrait-elle déjà lire en lui ? Il n’en sait rien, reste figé à l’observer. Attiré, troublé… « Apprenez-moi Sawan… » Ce qu’est la douceur, ce que ça fait de vouloir retrouver quelqu’un. D’avoir envie de lui parler, de la serrer contre lui… 

Les hommes qui ont fait sa vie ? Il n’y a rien de bons à en dire … de son père à Il Kyang en passant par Moon. Tous ont détruit une partie d’elle. Ils ont gâché un pan de sa vie et pire encore, ont saccagé le peu d’estime qu’elle avait d’elle. Elle leur avait tout donné. Tout. Mais ils n’ont fait que prendre, la rendre coupable de tous les maux et l’ont puni. Sawan est d’une douceur à toute épreuve quand elle aime, mais dès l’instant où elle est blessée, elle rend les coups. Ont-ils encore l’indécence de s’en plaindre ? Pensaient-ils vraiment, en la connaissant aussi bien, qu’elle resterait sagement à se laisser détruire ? N’ont-ils jamais eu la présence d’esprit de se dire qu’elle leur aurait tout pardonner s’ils avaient su lui montrer un minimum de respect ? Sawan fixait la route, et se demanda, comme toujours, à quel moment tout avait volé en éclat. N’avait-elle pas dit les choses ? Ne s’était-elle pas montrée patiente ? Elle ne comprenait pas ce qu’elle avait fiat de mal ? Peut-être avait-elle était justement trop gentille … Ou bien trop naïve, trop clémente … trop en demande aussi, trop à l’affut … répétant sans cesse les mêmes heures sans surprise. Elle se savait ne pas être toute blanche dans cette histoire, mais ne comprenait pas ses faux pas. Non vraiment, elle ne comprenait pas. Elle tourna son visage vers Hwan quand il se mit à être sincère. Une sincérité qui aurait dû la faire fuir. Il lui disait tout, à cœur ouvert, c’était à cet instant qu’elle aurait tout arrêter. Peut-être était-ce là sa première erreur ? Rester quand un homme vous dit sans détour qu’il n’est pas capable d’aimer, qu’il prend et qu’il jette. Pourtant quand elle croise son regard elle n’a pas peur. Apprenez moi Sawan … Elle sourit, de ce sourire triste … elle sent son trouble, sa tristesse, peut-être même une pointe de détresse. Que sommes-nous sans l’amour ? Sommes-nous tous capable d’aimer ? D’un amour sincère … Elle porte délicatement sa main à sa joue et lui caresse avec une affection certaine. « J’aimerais pouvoir ... Mais je ne suis pas sûre d’être la femme la plus adéquate pour ça … » elle laisse sa main savourer la chaleur de sa joue puis la retire avec douceur. « Peut-être que si on commençait par être sincère et ne pas se mentir ça pourrait être un bon début … j’ai la fâcheuse tendance à trop donner aux hommes qui savent me parler … et leur pardonner même la pire des folies … » elle grimace tristement et retient un petit soupire mignon entre ses lèvres. « J’aimerais vous dire que je suis une femme de contrôle et qui sait gérer ses relations … mais je suis tout l’inverse … je ne suis qu’un chaton féroce, qui rend les coups au centuple si on me blesse… » elle laisse échapper un petit rire, se dévoilant beaucoup trop, elle le savait. « Vous savez tout de moi maintenant … » sourit-elle en coin avant de lever son visage vers lui, sans porter de masque pour la première fois. « Soit juste honnête avec moi Hwan … » murmure-t-elle utilisant le Tu pour la première fois entre eux afin de marquer la marque de confiance qu’elle lui accordait.

C’est comme si elle pouvait sentir sa sincérité et sa détresse. N’étaient-ils pas semblables dans le fond ? Apeurés de ce monde dans lequel on ne leur a que trop souvent peu appris à aimer … On leur a enseigné la docilité, l’efficacité, la force, on leur apprit à rendre les coups, à être intelligent, prévenant, anticiper et s’ajuster … Oh ça oui, il était devenu des armes efficaces pour combattre ce monde, mais jamais … jamais on ne leur avait appris à le façonner pour eux, pour qu’ils y soient à l’aise. Sans le savoir Sawan et Hwan n’était que les exécutifs d’un monde qui leur interdisait d’aimer … Aimer … pourquoi était-ce là la seule chose qui leur paraissait si tabou, si féroce et faible à la fois. Parce que cette force-là, qu’était l’amour, avec un double tranchant que Sawan détestait. Elle s’était si souvent blessé et se demandait si les gens se contentaient de se blesser et de se relever pour aller se blesser à nouveau jusqu’à rencontrer la bonne personne. Et si elle ne venait jamais ? Pourtant son regard se lève sur Hwan alors qu’il se montre des plus honnêtes … Sawan comprend finalement que derrière ce luxe apparent se cachait un homme au passé sombre, ses doigts sur son cou la font frémir et lui coupe le souffle. Etait-ce là encore son erreur de ne pas avoir fuir ? Avec le recul, se demandera-t-elle si tous les signes n’avaient pas été là depuis le début et qu’elle ne voulait pas les voir … ? Se réconforte-t-elle dans un déni qu’elle n’a que trop l’habitude de côtoyer. Son corps se tend, l’appel. Elle oublie tout Sawan. Elle oublie ces mois d’enfer. Elle oublie que dans le creux de son ventre se profil un avenir qu’elle n’a ni imaginé ni envie d’avoir. Ce soir, elle est … elle. Une enfant fragile qui accepte de se perdre sous la coupe du grand méchant loup pour peu qu’il continue de la regarder comme le fait Hwan … et son souffle si proche, et ses paroles … elle les aspire avec cette bonté et cette empathie qui la rendent douce et délicate. Ce soir elle n’a qu’une envie, comblée les peurs de l’homme en face d’elle. Comme si elle voulait le protéger, non, parce qu’elle voulait le protéger. Elle lève alors son regard vers le sien, son souffle s’écrasant sur la bouche du garçon. De sa main libre elle vient caresser son poignet et murmure « Je n’ai pas besoin de savoir d’où vient, ce que tu as fait ou ce que tu fais … » et cette bouche beaucoup trop près de la sienne lui fait perdre la raison. « On est tous obligé de faire ce qu’il faut pour survivre Hwan … » Dieu que sa voix est empreinte d’une tendresse entrecoupé d’un sentiment de désir. « Soit juste sincère avec ce que tu ressens pour moi … » conclut-elle « Pour le reste … on aura le temps de se dévoiler nos secrets … » sa main remonte alors le long de sa main pour venir se caler sur sa mâchoire saillante. Elle déglutit faiblement alors que son pouce vient caresser la lèvre inférieure de Hwan. Elle se stoppe au milieu de cette bouche et se penche vers lui pour embrasser la commissure de ses lèvres comme une promesse et une limite qu’elle leur impose. Puis dans un dernier souffle lui murmure « Je prends le risque … » parce qu’au final, ses paroles, qui se veulent rassurantes, n’auront pour but … que de pouvoir répondre à cette unique et seule question. Je prends le risque de vouloir rester, alors toi … prends le risque d’être sincère pour ce que tu ressens avec moi … Mais Sawan, en se reculant le regarde avec une infime tristesse, parce qu’elle sait que bientôt … tout va voler en éclat, dès l’instant où elle ne pourra plus cacher son ventre. Mais d’ici là ils auront le temps de se connaitre, de s’aimer, de se quitter. Parce que sa vie ne se résume qu’à ça … Et parce que ses pensées la rendent triste elle souffle « J’ai l’impression de ne pas rencontrer les gens au bon moment de ma vie … » elle colle alors son front au sien et ajoute « tu penses … tu penses que tu peux me prendre dans tes bras et me serrer ? Me serrer fort ? » sa voix est basse, faible, une supplique qu’elle savait ne pouvoir être comprise que par … lui.