La pénombre, le cliquetis de l'eau qui résonne dans cette cave. L'atmosphère lourd qui fait résonner les pleurs de cet homme à ses pieds. Le travail est le travail. Et pourtant, il ne sourcille pas face à cet envie de vivre. Il ne bouge pas devant ce rejet de fierté, cet homme qui rampe à ses pieds, le supplie. Il ne s'humanise pas face aux paroles d'un père suppliant. Qu'est-ce qu'un père ? Il ne sait pas ce que c'est. Il n'en a pas. Et n'en a jamais eu. Il ne peut comprendre l'amour que porte cet homme face à sa progéniture. N'est-il pas un mauvais homme pour se retrouver dans cette situation ? Se proclame-t-il père alors qu'il met en danger la vie de sa fille ? Risible. Audacieux.

Et pourtant, Sang Jun accomplit son travail. Comme toujours. Comme une arme sans sentiment. Il ne laisse place à aucun regret. Non. Il sait bien que cet homme sera avec lui toute sa vie. Contrairement aux personnes vivantes. Un mort. Il est immortel. Il ne rejoindra que son cercle de fantômes personnels. Il laisse le soin de nettoyer aux hommes près de lui alors qu'il ressort de cette cave, cette même expression éteinte sur son visage.

Est-ce qu'il a ce même visage quand il regarde les photos de son petit frère ? Petit frère qui ne connaît probablement plus son existence. Petit frère dont il n'a plus aucune relation à part celle du sang. Est-elle assez forte pour ramener quelque chose ? Un brin d'humanité ?

Ou bien cette jeune fille qu'il a rencontré au détour d'un voyage. Qu'il a gardé plus longtemps que prévu auprès de lui. Et qu'il semble continuer de garder dans un coin de sa tête. Un tiroir secret qu'il ne veut pas ouvrir. À quoi bon ? Elle est d'une pureté qui lui brûle les yeux et chaque sens. Il est la noirceur quand elle est la lumière.


Un bouquet de rose rouge, se mélangeant à la douce couleur de sang sur ses mains, il avance un tendre sourire sur les lèvres vers cette femme qui ne l'a jamais abandonné. « Mamie, regarde ce que je t'ai apporté ». Il pose un genou au sol alors que la vielle dame pose son livre de roman d'amour sur sa petite table, attrapant avec douceur ce bouquet. Une odeur acre, métallique l'entour. Il n'y a aucun doute sur l'origine. Et pourtant, un sourire sincère orne les lèvres de la grand-mère qui le remercie. Et Sang Jun se laisse aller dans les bras de sa douce mamie, de sa douce reine des cœurs. Il cherche comme chaque soir, rédemption dans les bras de l'âme la plus pure. Dans les bras de celle qui pardonnera toujours ses actes monstrueux.