La maison était pour une fois calme. Jihae n’avait pas à porter son casque pour se couper du monde comme il avait pour habitude. Il n’aimait pas quand le monde grouillait autour de lui et encore moins pour des bruits parasites. Il aimait la tranquillité et la sérénité. Alors, souvent, pour ne pas dire tout le temps, il enfilait son casque et laissait sa musique le transportait ailleurs. Ainsi, il pouvait bosser sans être dérangé, bien que la plupart du temps personne n’osait le déranger. Il était très souvent seul et même si sa famille ne savait pas s’il avait ou non son casque, personne n’osait venir pour voir s’il était occupé ou non. Il se sentait de trop dans sa propre famille et ce sentiment était complètement exacerbé par son père adoptif qui ne voyait que Minseok et pas lui. Oui, la jalousie brûlait en lui malgré tout ce qu’il essayait de faire et malgré ça, ça ne changeait pas. Elle était toujours là, comme une petite voix qui lui rappelait constamment qu’il ne serait jamais aussi bon que son grand frère. Jihae avait pourtant tout essayé et même si sa tentative de suicide n’était pas faite exprès, il avait pensé que ça les rapprocherait. En vain. Rien n’avait changé. Il était toujours dans l’ombre du futur médecin, toujours le second choix. Il ne devrait pas penser de cette manière, mais c’était plus fort que lui. Il avait besoin de reconnaissance, plus qu’il ne l’avouerait jamais. Cependant, ce n’était pas avec son frère dans les parages qu’il arriverait à se faire une place dans cette famille. Malheureusement, Minseok ne semblait pas vouloir lui laisser un peu de lumière. Après tout, comment aurait-il pu ? Il n’était pas au courant de cette jalousie tenace qui grondait en Jihae.

Alors, pour pallier à ça, le plus jeune passait son temps à essayer d’avoir des bonnes notes, histoire d’impressionner sa famille, mais ça ne fonctionnait pas réellement. Il passait son temps à se démener en vain. Il poussa alors, un soupir en refermant son ordinateur, massant ses tempes douloureuses du au fait qu’il avait travaillé pas mal de temps. Il lui faillait faire une pause parce que sinon, il deviendrait fou. Il se leva de sa chaise de bureau dans le but d’aller se chercher à manger quand il entendit la porte d’entrée claquer. Il fronça les sourcils et se dirigea vers la source du bruit. Il était tout seul dans la maison et personne ne devait rentrer avant plusieurs heures. Qui était donc entré de la sorte ? Jihae se rendit dans le salon et découvrit sa sœur, Kae, en pleurs. Aussitôt, il racla sa gorge pour indiquer sa présence. « Kae ? Ca va pas ? » Bien sûr que non ça n’allait pas. Il le voyait bien, il n’était pas con. Seulement, il ne savait pas ce qui se passait et ça l’angoissait un peu. « Tu veux en parler ? » Parce que si elle ne voulait pas, il irait simplement chercher un chocolat chaud et des biscuits. Cependant, même si elle ne voulait pas parler, elle aurait quand même tout ça. Il s’approcha un peu d’elle, attendant sa réponse.

Se penser seul pour au final se rendre compte que ce n’était pas le cas ne plaisait pas réellement à Jihae. Il aurait aimé avoir un peu de calme dans cette maison pour se reposer et faire ce qu’il savait le mieux faire, s’isoler dans sa chambre. Cependant, malgré l’isolation, la faim se fit ressentir et alors qu’il quitte son bureau pour se diriger dans la cuisine, il entend une porte que l’on claque. Il fronce les sourcils. Qui entrait de la sorte dans la maison des Yi ? Il se dirige vers la source du bruit et se rend compte qu’il s’agit de la benjamine de la famille. Elle est en pleurs et aussitôt, Jihae s’inquiéta. Que s’était-il passé pour qu’elle soit dans cet état. Il lui pose quelques questions et aussitôt il se rend compte que quelque n’est pas comme d’habitude. Certes, quand elle était mal, Kae pleurait mais là, c’était différent. Son instinct de grand frère peut-être, même s’il ne passait pas réellement de temps avec elle. En tout cas, il sentait que quelque chose clochait et différait de d’habitude. Encore plus quand elle lui crie dessus de ne pas s’approcher. Jihae est d’abord choqué par les mots de sa jeune sœur. Jamais encore elle n’avait eu ce comportement envers lui. Jamais encore elle n’avait été si réfractaire à l’idée qu’il vienne la prendre dans ses bras. Ce n’était pas souvent, et lorsqu’il le faisait, c’était parce qu’elle allait réellement mal et Kae allait réellement mal là. Il pouvait le voir. « Kae ? » Il s’approche quand même d’elle, restant tout de même à une certaine distance vu qu’elle ne veut pas de lui près d’elle. « Je sais pas ce qui se passe, mais tu me fais peur là. » Très loin d’être celui qui réconfortait quand ça n’allait pas, il le faisait quand il était le seul à pouvoir le faire, comme maintenant. Jihae s’approche encore un peu d’elle et vient s’asseoir sur le canapé. « Et si avant de crier contre moi, tu m’expliquais ce qui se passe ? Je comprends pas Kae… » Jihae était perdu avec sa petite sœur. Ce n’était pas rare qu’il le soit avec les gens autour de lui. Il ne se mélangeait presque jamais, préférant la compagnie de ses écrans que celle humaine. Cependant, là, il se rendait compte qu’elle n’était pas dans son état normal et qu’il fallait qu’il soit là pour elle. D’ordinaire, il aurait juste fui, la laissant se débrouiller. D’ordinaire il fuyait les contacts avec les membres de sa famille. Pas qu’il ne les aimait pas, mais il n’était pas de leur monde. Lui voyait les choses différemment et était un peu le paria de la famille. « Tu sais que tu peux tout me dire ma belle… Je ne te jugerai jamais… » Jihae aurait été hypocrite de la juger qu’importe ce qui se passait. Il était toujours dans son coin et jamais personne n’avait jamais rien dit. Encore moins Kae, alors il ne dirait rien non plus.

Voir sa petite sœur dans cet état n’enchantait pas du tout Jihae. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait avec elle et n’aimait pas ne pas savoir. Etait-elle malade ? Venait-elle de se faire larguer ? Ou avait-elle perdu une amitié ? Le plus vieux s’approcha d’elle mais ne reçu qu’une interdiction de le faire. Ses sourcils se froncèrent. Il ne comprenait vraiment pas la situation et tout semblait lui échapper. Il essaya de s’approcher d’elle une nouvelle fois, ignorant la peur qu’il pouvait lire dans son regard. Qu’importe ce qui se passait, il voulait être là pour elle. jihae ne se mélangeait d’ordinaire pas avec les membres de sa famille, mais là, c’était un cas exceptionnel. D’habitude, il restait confiner dans sa chambre, les yeux sur ses écrans, le casque posé sur ses oreilles. Il était un solitaire qui préférait la compagnie des objets électroniques que des humains. Pourtant là, il faisait un effort considérable et Kae ne semblait pas réellement s’en rendre compte. Il grimaça légèrement et s’assit sur le canapé près d’elle. La jeune femme cherchait des excuses. Il pouvait le voir à ses yeux fuyants, à la façon dont elle cherchait ses mots et surtout à ce qu’elle cachait derrière son dos. Elle continuait de lui mentir ouvertement et sans le montrer, ça le blessait un peu. Cependant, il ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, il n’était jamais présent pour sa famille, pourquoi prendrait-elle le temps de lui raconter ce qui se passait dans sa vie. « Kae… Tu mens. » soupira-t-il en la regardant dans les yeux. « Ecoute, je vais pas t’obliger à me raconter ce qui t’arrives… Mais sache que je suis là pour toi… Je suis ton frère. » Est-ce qu’elle allait lui dire ? Il n’en était pas sûr. Mais Kae savait qu’il était là pour elle. Ce n’était pas grand-chose, et il essayait d’être là pour elle mais si elle refusait son aide, il ne pouvait pas faire grand-chose. Jihae prit alors une décision et récupéra sa main pour l’amener dans la cuisine. Il ne la regarda pas, pas plus qu’essaya de prendre ce qu’elle lui cachait. « Assis toi. Je vais te faire un chocolat chaud et on va manger des gâteaux. » Il s’occupa de tout mettre en œuvre pour lui faire son chocolat chaud et ne parla pas. Il se disait, peut-être à tort, qu’elle pourrait lui parler si jamais elle en ressentait l’envie. Quand il eut fini, il déposa le tout devant la jeune femme, et lui sourit doucement. « Ça te fera du bien Kae. »