Le coeur serré - Nan twins
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Le coeur serré - Nan twins | Ven 17 Jan - 14:09 Citer EditerSupprimer
La pile de dossiers ne désemplissait pas, et, cacher derrière, je continuais inlassablement d’en compléter les pochettes des comptes rendus d’audience et de procès. Un véritable travail de fourmi dans lequel j’aimais me plonger et pourtant. Cette carrière n’était pas celle que j’avais envisagée, ce chemin par celui que je voulais emprunter, mais à force de m’y contraindre j’avais commencé à l’aimer. D’un geste las et fatigué je fis tomber mes lunettes sur le métal de mon bureau avant de m’étirer. Les muscles douloureux d’avoir été ainsi immobile, ankylosé d’être resté prostré sur ma chaise que je décidais enfin de quitter. Quand bien même je n’avais pas fini mon travail, il attendrait sagement le lendemain. Du bout des doigts j’attrapais ma veste pour la jeter sur mon épaule et saisissais ma pochette en cuir pour y ranger quelques rapports à peine survolés avant de plonger le bureau dans l’obscurité. J’offrais à cette pièce un repos bien mérité et en profitais pour regagner mon logement de fortune.
Là derrière cette porte en bois, se trouvait un univers dans lequel je dénotais, une organisation à laquelle je n’appartenais que pour une raison que je conservais jalousement. Sans jamais avouer ce qui m’avait poussé à remplir mon inscription, je poussais le battant et m’engouffrais dans le dortoir dont les occupants avaient sans aucun doute déjà succombé à l’appel de Morphée. Je suivais les couloirs pour ralentir le pas à l’approche de leur chambre. Sans aucun regard, je la dépassais pour me débarrasser de ce qui encombraient mes mains avant de m’accorder une fringale nocturne. Et si j’étais persuadé d’être la seule âme encore éveillée, je fus surpris de tomber face à celle qui avait partagé les premiers battements de mon cœur. « Salut. » Visage fermé, j’arborais une expression neutre, celle là même dont je me parais depuis de trop nombreuses années désormais. Mais mon cœur… mon cœur lui s’affolait en la voyant. Il souffrait d’une affliction que je parvenais à ressentir sans qu’elle ne m’appartienne. J’aurais voulu me montrer plus loquace, plus attentionné, plus aimant… mais le vernis de l’home insouciant demeurait lisse et brillant.
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Re: Le coeur serré - Nan twins | Sam 8 Fév - 23:54 Citer EditerSupprimer
Les journées longues et sans fin défilaient sous ses yeux sans qu'elle puisse faire quoique ce soit. Sori était perdu dans un tourbillon d'émotion qui menait sa vie difficilement. Elle voulait s'en sortir, arrêter de souffrir pour un rien. Arrêter de faire semblant de ne pas vouloir pleurer. Elle devait être forte Sori. Parce qu'elle l'avait toujours été. Elle avait toujours eu cette force d'esprit qui la poussait à aller de l'avant. Et pourtant, elle semblait la quitter peu à peu, les années avançant. Elle se sentait comme ses pierres usées, ses carcasses qu'on jetaient une fois utilisé. Autant dire que son estime pour soi même était très basse à l'heure actuelle.
Et cette nuit, elle n'arrivait pas à dormir. Lyvan devait probablement être avec In Ho, n'ayant pas besoin d'elle. Ou plus. Elle ne savait pas comment gérer la situation quand elle avait toujours été avec sa petite sœur depuis quelques mois, prenant soin d'elle comme jamais. Elle se dirigea vers la cuisine, décidant de se servir une infusion. Peut-être que ça l'aiderait à dormir. Après avoir choisi une infusion, orange, menthe, vervaine, pour être certaine de trouver le sommeil, elle attrapa sa tasse et partit mettre à bouillir de l'eau. Quand celle-ci fut prête, elle la prit. Fatale erreur. Elle n'aurait jamais du la prendre à ce moment-là. Elle entendit une voix, une seule voix. La sienne. Sori avait oublié que San était ici. Il était là. Avec elle, dans cette pièce. Son jumeau. Et le résultat fut horrible. Elle lâcha l'eau bouillante sur elle, hurlant rapidement de douleur avant de s'éloigner de celle-ci, osant à peine regarder son frère. Elle balança rapidement un torchon sur le sol alors que ses jambes dénudées rougissaient à vue d’œil. Mais la douleur n'était pas aussi importante que celle de son cœur déchirée. Elle regarda néanmoins qu'il n'avait pas été touché. Soulagée fut sa réaction quand elle vit que non. « Merde ! » Elle tournait dans tous les sens pour nettoyer.
Et cette nuit, elle n'arrivait pas à dormir. Lyvan devait probablement être avec In Ho, n'ayant pas besoin d'elle. Ou plus. Elle ne savait pas comment gérer la situation quand elle avait toujours été avec sa petite sœur depuis quelques mois, prenant soin d'elle comme jamais. Elle se dirigea vers la cuisine, décidant de se servir une infusion. Peut-être que ça l'aiderait à dormir. Après avoir choisi une infusion, orange, menthe, vervaine, pour être certaine de trouver le sommeil, elle attrapa sa tasse et partit mettre à bouillir de l'eau. Quand celle-ci fut prête, elle la prit. Fatale erreur. Elle n'aurait jamais du la prendre à ce moment-là. Elle entendit une voix, une seule voix. La sienne. Sori avait oublié que San était ici. Il était là. Avec elle, dans cette pièce. Son jumeau. Et le résultat fut horrible. Elle lâcha l'eau bouillante sur elle, hurlant rapidement de douleur avant de s'éloigner de celle-ci, osant à peine regarder son frère. Elle balança rapidement un torchon sur le sol alors que ses jambes dénudées rougissaient à vue d’œil. Mais la douleur n'était pas aussi importante que celle de son cœur déchirée. Elle regarda néanmoins qu'il n'avait pas été touché. Soulagée fut sa réaction quand elle vit que non. « Merde ! » Elle tournait dans tous les sens pour nettoyer.
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Re: Le coeur serré - Nan twins | Dim 15 Mar - 16:01 Citer EditerSupprimer
Je savais, ou tout du moins j’imaginais quelles auraient pu être leurs réactions de me voir ainsi débarquer dans leurs vies. Et pourtant, j’avais fait fi de l’embarras, envoyé balader la retenue et m’était délesté des quelques principes auxquels je m’étais astreint depuis tant d’années. Le fils prodige, digne représentant de la violence patriarcale dans laquelle ils avaient grandi se permettait de leur imposer sa présence… ma voix brisa le silence d’un simple mot, de simples notes graves et éraillées. J’avais voulu me montrer poli, peut être même entamer la conversation rompue depuis trop longtemps avec elle… et comme si le destin tentait de me remettre à ma place, Sori fit tomber la tasse fumante qui aspergea au passage l’épiderme dont l’opalin s’effaçait au profit d’une teinte écarlate. « SORI ! » Son nom résonna avec force dans la pièce, et je ne pus rester plus longtemps dans l’embrasure de la porte, me jetant presque à ses pieds pour lui venir en aide. C’en était presque risible d’ailleurs, je représentais l’image de la rédemption alors qu’aucune excuse ne parvint à passer l’ourler de chair. Mais plus que le pardon, il fallait avant tout soulager sa peau meurtrie. « Viens par là, il faut éviter que la brûlure n’aille en profondeur… » Sans lui demander son avis, je saisissais sa main et l’entraînais vers la salle de bain que j’ouvrais à la volée. Sans davantage la solliciter, je fis couler l’eau tiède qui résonna sur la porcelaine, et je lui intimais d’y plonger ses jambes endolories. Et je tournais vers elle un regard que je voulais bienveillant, loin, tellement loin de la froideur dont j’avais pu la gratifier. J’aurais voulu esquisser un sourire, lui offrir ce que j’étais censé lui apporter… le jumeau qu’elle méritait réellement, mais je ne pus afficher qu’une moue à mi chemin entre la douleur et l’affection que je lui portais malgré tout. « Est-ce que ça va ? » Je ne parlais pas de ses brûlures, mais de son cœur affligé. De toute la haine qu’elle me portait peut être, de cette lente et douloureuse trahison au travers de laquelle j’avais baissé les bras et qui m’avait rendu simple spectateur d’un quotidien fait de cris. « Je… » Orateur hors pair, je me retrouvais soudain incapable d’aligner deux mots sans ressentir ce pincement au cœur. Cette peur qui me figeait, la crainte qu’elle ne me congédie sans hésitation. Terrifié à l’idée de perdre définitivement cette partie de moi qui vivait en elle. « Si tu veux, je peux te laisser… » Elle n’avait qu’un mot à dire, un seul, et j’acceptais de m’effacer.
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Re: Le coeur serré - Nan twins | Dim 5 Avr - 12:06 Citer EditerSupprimer
Sori n'aurait jamais pensé revoir son jumeau. Le lien pourtant si magique avait été rompu par cette famille tourmentée. Et même par politesse, elle n'avait pas pensé qu'il la saluerait. Alors le résultat fut catastrophique. Son corps y goûtait une nouvelle fois à cette alléchante douleur qu'elle aurait préféré ne jamais vivre. Elle était euthanasiée sur le coup. Mais quand elle se réveillerait de ce rêve stupide, elle savait qu'il souffrirait. Et le cri de son frère la fit sursauter qu'elle laissa échapper un cri de peur avant de le voir à ses pieds. Ainsi. Sori le regarda, regarda son dos, sa petite tête bien trop concentrée sur ses jambes brûlées. Et sans comprendre, elle le laissa la tirer hors de la. Elle n'y mit aucune résistance, suivant comme une poupée de chiffon, ne bougeant pas. Non, elle le suivait, le laissait faire. C'était la première fois depuis si longtemps que San prenait soin d'elle Qu'elle ne savait pas comment réagir. Devait-elle profiter de la situation? Elle n'en savait rien.
Mais quand l'eau entra en contact avec sa peau, un cri de douleur ne put s'empêcher de s'échapper de ses lèvres, la faisant revenir à la dure réalité. Les larmes envahirent ses yeux alors qu'elle cherchait à se contrôler, comptant sagement dans sa tête pour se maîtriser. Elle ne montrait plus ses émotions à San. Alors autant continuer à les cacher.
Doucement, elle releva son regard vers lui, et elle fut surprise d'y lire cette telle affection qu'elle ne put le supporter, détournant la tête. A sa question, elle y répondit franchement. "Non" Parce qu'il n'était plus là. Pour elle. Pour son frère. Pour sa soeur. Mais surtout égoïstement pour elle. Il n'était plus présent. La tatoueuse fixa ses jambes rouges sans rien dire de plus avant de ne pouvoir s'empêcher de sourire légèrement en l'entendant échouer de parler. Lui. C'était risible. Mais doucement, elle attrapa sa main. Comme pour lui dire de rester. De ne pas partir. Mais les mots lui manquaient, elle n'arrivait pas à les prononcer tout simplement. C'était dur. Très dur. Comment lui parler? Les larmes déjà présentes affluèrent finalement. Pour la bonne et simple raison que son jumeau lui manquait. Plus que tout. Il était une part d'elle qui avait été si vide puis trop longtemps que ça en était douloureux. Tout son corps lui criait qu'elle l'aimait et qu'il lui manquait comme jamais. Mais aucun son n'arrivait à traverser ses lèvres alors que les sanglots affluaient dans la pièce.
Mais quand l'eau entra en contact avec sa peau, un cri de douleur ne put s'empêcher de s'échapper de ses lèvres, la faisant revenir à la dure réalité. Les larmes envahirent ses yeux alors qu'elle cherchait à se contrôler, comptant sagement dans sa tête pour se maîtriser. Elle ne montrait plus ses émotions à San. Alors autant continuer à les cacher.
Doucement, elle releva son regard vers lui, et elle fut surprise d'y lire cette telle affection qu'elle ne put le supporter, détournant la tête. A sa question, elle y répondit franchement. "Non" Parce qu'il n'était plus là. Pour elle. Pour son frère. Pour sa soeur. Mais surtout égoïstement pour elle. Il n'était plus présent. La tatoueuse fixa ses jambes rouges sans rien dire de plus avant de ne pouvoir s'empêcher de sourire légèrement en l'entendant échouer de parler. Lui. C'était risible. Mais doucement, elle attrapa sa main. Comme pour lui dire de rester. De ne pas partir. Mais les mots lui manquaient, elle n'arrivait pas à les prononcer tout simplement. C'était dur. Très dur. Comment lui parler? Les larmes déjà présentes affluèrent finalement. Pour la bonne et simple raison que son jumeau lui manquait. Plus que tout. Il était une part d'elle qui avait été si vide puis trop longtemps que ça en était douloureux. Tout son corps lui criait qu'elle l'aimait et qu'il lui manquait comme jamais. Mais aucun son n'arrivait à traverser ses lèvres alors que les sanglots affluaient dans la pièce.
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Re: Le coeur serré - Nan twins | Mar 7 Avr - 23:15 Citer EditerSupprimer
La situation n’aurait pas pu être plus étrange. Mais au final, n’étais-je pas celui qui l’avait provoquée ? J’étais à l’origine même de mon transfert, sans que personne ne le sache, et j’avais gagné le repaire de ma fratrie, dans l’unique but de pouvoir me rapprocher d’eux… et quelque part, de m’absoudre ? Chercher le pardon là où j’avais semé le doute et la douleur, simplement en n’ayant jamais rien fait pour leur venir en aide. En les écoutant souffrir des cris et des coups, uniquement en prétextant être le fantôme qui ne leur tendrait jamais la main… Mais à cet instant, la brûlure sur les jambes de Sori me fit l’effet d’un électrochoc et sans même m’en rendre compte je l’entraînais déjà vers la salle de bain. Je m’attendais à tout, et à rien, mais certainement pas à ce que la négation ne glisse sur sa langue. Après tout, elle n’avait pas besoin de l’énoncer, je le sentais. Je savais que rien n’allait, que son cœur souffrait, mais si j’ignorais encore de quoi il retournait, je me promettais intérieurement de ne pas la laisser souffrir seule cette fois-ci. Tandis que je m’attelais à soulager sa peau meurtrie, les mots me faisaient défaut. Hésitant, bafouillant, ignorant la marche à suivre, j’attendais simplement son feu vert. Et ce fut sa main venant chercher sa jumelle qui m’apporta la réponse. Le soulagement m’étreignit soudainement, avec tant de force que mes yeux s’inondèrent à leur tour, et face à l’autre moitié de mon âme dont les perles noyées ne parvenaient plus à retenir les cristaux liquides qui roulaient finalement sur ses joues, je restais muet. J’avais tant à lui dire, tant d’excuses à lui faire, et tant de pardon à lui demander… mais rien ne vint. Tout ce à quoi j’avais pu penser jusque maintenant semblait s’être évaporé pour que mon esprit ne soit vide. Je ne savais que dire, que faire, si ce n’était rester face à elle et lui avouer au travers d’un regard que je n’étais qu’un crétin. Les minutes s’étiraient, lorsque l’idée, sans doute ridicule me vint. Je me redressais alors pour ouvrir le haut de ma chemise et dévoiler le début de tatouage qui décorait ma peau. « Je crois bien que je vais avoir besoin de ton aide… » lâchais-je finalement. L'encre trahissait le dessin loin d'être achevé... volontairement.
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