« Il Kyang tu fais quoi ce soir ? Viens on se voit, faut qu’on parle. » Un message que j’ignorais, comme tous les autres. Un soupir que je gardais pour moi, avachi sur un banc une bouteille de bière à la main. Il était encore tôt dans l’après-midi, mais ça m’importait peu. Toujours à la recherche de cette échappatoire, je passais le moins de temps possible au dortoir. Cette peur de la croiser, de se retrouver nez à nez avec elle sans rien avoir à lui dire. Blessé et désemparé ce soir encore je vais sortir. Oublier mes problèmes en me plongeant dans l’alcool. Finalement, drogue si douce, euphorisante à son tour, sans cette même addiction qui me rongeait. Tout a fini par devenir plus facile dans ma vie pourtant. Une fois ce contrat en poche, je n’avais plus qu’à être heureux. Mais me voilà, plusieurs jours après à me morfondre sur ce qui m’a échappé. Kitae ne cesse de me harceler. Il sait, mieux que personne ce vers quoi je vais et me précipite. Il a peur… peur que je replonge, peur qu’à l’une de ces soirées je finisse par accepter cette poudre blanche. Peut-être a-t-il raison, je n’y pense plus. Au fond je suis juste dévasté par ce qui m’arrive. Oh certains rirait, d’un malheur pas si horrible que ça. Mais à quoi bon me mentir, je suis accro… totalement obsédé par cette fille. Alors imaginer ma vie sans elle, c’est comme devoir continuer à marcher alors qu’on a les pieds liés. Je soupire sur cette nouvelle pensée. Ce vide béant dans ma poitrine ne m’a pas quitté depuis de cette soirée. Une illusion de courte durée, pire que tout lorsqu’on se réveillait l’un à côte de l’autre avec dégout et rancœur. Je la hais ! Autant que je la désire et peu importe ce que je ferais, je sais qu’aujourd’hui il est trop tard. Je dois accepter le fait de continuer. Et même si j’ai peur d’affronter demain, je veux me laisser vivre aujourd’hui. Je veux sombrer pour mieux oublier, pour avoir moins mal. Qu’on me laisse tranquille avec leurs leçons de morale à la con. Kitae me gave a toujours être sur mon dos. S’il croit que c’est facile de passer au-dessus, il se goure. Lui et sa vie parfaite de célibataire, sans aucune attache à ne jamais que vivre pour la musique. J’étais comme lui avant, mais il faut croire que le temps et Ye Won ont eu raison de moi. Depuis, je ne suis plus qu’un imbécile amoureux avec des sentiments. Une merde sans nom ! Voilà ce que c’est et ce que ça fait d’être esclave de ces émotions. Je déteste ça et la raison m’a quitté depuis trop longtemps pour faire machine arrière. Alors je subis, reste triste et ne trouve plus aucun courage pour affronter mes journées. Ça me passera… voilà ce que je me dis bêtement en haussant les épaules l’air de rien. Une bouteille de plus que je finis, avant d’errer à nouveau dans les rues de la capitale. Je n’irais pas voir Kitae ce soir. Je prévois de noyer mon chagrin dans l’alcool et tous ces clichés bidon auxquels je me refusais de céder. Mais finalement, c’est assez facile de prendre ce chemin. De le suivre sans jamais regretter ce qu’on fait. Et même si les lendemains sont difficiles, je m’en fiche. Je préfère oublier le temps de quelques heures ce que je ressens. Un message de plus à ceux avec qui j’aime partager ce genre d’instants. Jamais dernier pour accepter, je n’aurais qu’à suivre le mouvement. Le reste de la journée ne fut pas plus glorieux. Presque impatient à l’idée de me laisser aller, je retrouvais ces vieilles habitudes à trainer toujours le soir. Une idée proposée par l’un d’eux pour passer la nuit au club de strip-tease. Je crois que ça faisait bien des années que je n’avais pas mis les pieds là-dedans. Mais l’idée m’avait plus, une meilleure façon encore d’oublier ce qui me rongeait. Attendant de retrouver ces visages familiers que je gratifie d’une accolade amicale. Je m’attarde un peu plus vers Si Hyun, un vieil ami avec qui il était facile de renouer quand on avait déjà passé autant de temps à prendre le meilleur de chacun. « Salut ! Prêt à passer une bonne soirée ? » Une nouvelle qui déplairait à mon meilleur ami Kitae, qui n’a jamais pu l’apprécier. D’une mauvaise influence sur moi, qu’il disait avec son air agacé. Au fond, je me fiche pas mal de ce que les gens disent. Suivant le groupe parmi la foule du club, je trouve une place sur une banquette près d’une table prête à accueillir la première tournée d’alcool.

 

La tête remplie de responsabilité dont il ne voulait pas et n’assumerait jamais, Sihyun sait qu’un jour où l’autre tout lui reviendrait dans la gueule. C’était ce qui s’était passé avec la grossesse de Meili. Il refusait toujours de considérer ce truc dans le bide de la chinoise comme sien. Après tout, elle écartait les cuisses pour n’importe qui. Elle n’avait aucune certitude que le truc qu’elle portait en elle était bien de lui comme elle semblait le croire et l’avancer. S’il avait été moins con, peut-être qu’il aurait pu l’aider, assumer cette paternité. Mais, en plus de ne pas être sûr que ce soit le sien, Sihyun avait peur. Il n’était clairement pas prêt pour endosser cette casquette de sa vie. Jamais il ne s’était vu père et encore moins d’une femme avec qui il avait couché quelques fois. Si vraiment, il voulait devenir papa, il aurait voulu le faire avec sa petite amie de longue date, mais également parce qu’ils le voulaient tous les deux. Là, ce n’était pas le cas. Ni Meili ni lui ne voulaient de ce gamin. Ils ne se connaissaient pas en plus. Ils avaient juste couché ensemble quelques fois et c’était tout. Il n’y avait rien de plus entre eux. Certes, Meili n’était pas désagréable à regarder et assez facile à vivre à dire vrai, mais Sihyun n’était pas amoureux d’elle et ne voulait pas de cet enfant. Alors, il ignorait la jeune femme et tout son entourage. Il avait d’ailleurs été attaqué par cette blondasse aux seins refaits parce qu’il ne voulait pas assumer, parce qu’il ne voulait pas voir en face qu’il était le père de ce gamin. Cependant, tant qu’on ne lui aura pas mis devant les yeux qu’il était réellement le géniteur de ce truc qui grandissait dans la chinoise, il ne prendrait pas ses responsabilités. Quoique, même s’il était lié par l’ADN à cette chose, jamais, il se soustrairait à cette charge. Jamais il ne pourrait laisser tomber cette liberté qu’il avait sous prétexte qu’il allait avoir un enfant et surtout pas parce qu’il était obligé. Sihyun aimait trop sortir et ce même s’il ne buvait pas énormément. Depuis l’accident qui lui avait valu de disparaitre de Corée du Sud pour la Thaïlande, il ne lui arrivait que très rarement d’avoir un verre d’alcool dans la main. Certes, il pouvait ingurgiter une ou deux bières, mais ça n’allait jamais plus loin. Le pyobeom ne voulait plus perdre le contrôle comme ce soir-là où il avait failli tuer quelqu’un. Maintenant, il faisait attention pour ne plus finir dans la même situation. Ça ne l’empêchait, cependant pas, de sortir pour passer du temps avec ses amis et c’était exactement ce qu’il allait faire ce soir. Il avait prévu une soirée dans un club de striptease avec quelques-uns de ses amis. Ça leur changerait les idées à tous. Ils avaient tous des soucis dans leurs vies et même s’ils n’en parlaient pas, ils le savaient. Le jeune homme attend donc que ses amis le rejoignent et il adresse un signe de la tête à chacun d’eux. Un sourire s’affiche sur ses lèvres quand Ilkyang apparait dans son champ de vision. « Salut. Prêt et toi ? » Il le suit à l’intérieur et s’assoit à ses côtés. « Je t’offre à boire ? » Il commençait doucement pour ne pas éveiller les soupçons. Il avait des comptes à régler avec Ilkyang ou plutôt son frère jumeau de ce qu’il avait déduit et compris. A cause de ce mec, il avait pris une raclée parce qu’il flirtait avec sa meuf. Certes, il aurait réagit pareil si ça avait été l’inverse, mais là, il avait été humilié et il comptait bien faire en sorte de rendre la pareille.